le 10 du mat num 14 10/02/2016

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Le pastafarisme. p7 Les martyrs de Lyon p.6 Pas de Facebook pendant le carême p.3 www.10dumat.iscpalyon.com Actualité, analyse et dérision, tout sur les religions à Lyon PROMOTION 2015 / 2016 - ISCPA - J3 -MERCREDI 10 FEVRIER 2016 N° 14 Le scoutisme : un idéal laïc @le10duMat

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Tout en couleur, profitez en avec un très bon dossier sur le scoutisme

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Page 1: Le 10 du Mat num 14 10/02/2016

Le pastafarisme. p7Les martyrs de Lyon p.6Pas de Facebook pendant le carême p.3

www.10dumat.iscpalyon.com

Actualité, analyse et dérision, tout sur les religions à LyonPR

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°14 Le scoutisme :

un idéal laïc

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EDITOLéa MasseguinRédactrice en chef

La haine à l’égard des juifs date de la nuit des temps et semble avoir pris racine dans notre pays. De l’affaire Merah à la prise d’otage

de l’Hyper Cacher, les actes allant à l’encontre de cette communauté sont considérables (806 en 2015). Cette attitude d’hostilité et de discrimina-tion envers les juifs a un nom. Elle s’appelle an-tisémitisme et possède un cousin éloigné : l’anti-sionisme. En termes d’apparence et de sonorité, la ressemblance est frappante. Mais est-elle celle qui justifie les amalgames ? Manifestement, non. Selon le dictionnaire Larousse, le sionisme est dé-finit comme étant un « mouvement dont l’objet fut la constitution, en Palestine, d’un Etat juif ». Par définition, l’antisionisme est donc l’opposition au projet puis au maintien de l’Etat d’Israël, créé en 1948. Pour le premier ministre Manuel Valls, « un nouvel antisémitisme (...) se cache derrière un an-tisionisme de façade ». Pour légitimer leur haine, certains tentent de se cacher sous le masque de l’antisionisme en associant les juifs à Israël, qu’ils considèrent comme un Etat « assassin ». En France, le conflit israélo-palestinien déchaîne les passions, les populations juives ou musulmanes s’identifiant à celles duProche-Orient. Le cas de l’étudiante de Sciences Po, exclue de son établissement le mois dernier pour des propos antisémites, en est un exemple significatif. Après avoir traité les juifs de « déchets » et de « rats maltraités partout dans le monde » sur les réseaux sociaux, la jeune fille s’est disculpée eninvoquant la nationalité de sa mère, palestinienne. Mais quels que soient les ar-guments, les actes et les propos antisémites sont injustifiables, tout comme ceux commis envers les autres communautés religieuses.

Le monde des religions

Coup d’envoi du Carême

Temps fort de la foi chrétienne, le Carême 2016 démarre ce mercredi 10 février. Cette période de jeûne et d’abstinence (pour les catholiques et les orthodoxes uniquement) s’étale sur quarante jours. Elle commence lors du mercredi des Cendres, au lendemain de Mardi Gras,

et dure jusqu’au lundi de Pâques. « Dans la tradition chrétienne, le Carême marque le premier jour d’une période de jeûne destinée à se purifier de ses erreurs et à s’expier de ses pêchés », explique le père Georges Laïlo, curé de la paroisse de Chassieu. « Ces quarante jours de pénitence sont calqués sur la même période passée par Jésus-Christ dans le désert. » Pendant quarante jours donc, les chrétiens se privent de certains aliments et consomment moins de viande. En fin de Carême se produit un autre temps fort : la Semaine sainte. Elle débute une semaine avant Pâques, lors du Dimanche des Rameaux et se poursuit notamment avec le Jeudi saint (la Cène, dernier repas) et le Vendredi saint (crucifixion de Jésus-Christ).

Y’a-t-il une barbe dans l’avion ?

Ahmed Ali et son épouse s’ap-prêtaient à décoller vers le Maroc depuis l’aéroport de

Manchester, samedi matin, lors-qu’ils ont été invités à descendre de l’avion par des agents de police. Ali, qui vit à Derby en Angleterre, s’estime victime d’un délit de faciès à cause du port de sa barbe assimi-lée à l’expression d’un islam radical. Il est revenu sur cet événement dans une vidéo postée mardi sur inter-net. Dans cet extrait, il affirme « lut-ter contre toute forme d’extrémisme et se battre contre la radicalisation. » Marqués par cet événement, Ahmed Ali et sa campagne, qui fêtaient leur lune de miel, ont décidé de porter plainte contre la compagnie aérienne.

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Manifestations homophobes au Sénégal

La polémique enflamme le pays depuis plus de dix jours et ne cesse d’enfler. Dans son dernier clip intitulé Stay, le chan-

teur à succès local Wally Ballago Seck a scan-dalisé les foules en s’affichant avec un sac à main pour femmes. L’artiste, très porté sur la mode, est devenu la cible des opposants à l’ho-mosexualité, sujet qui déchaîne régulièrement les passions au Sénégal. « L’Islam est contre, la Bible aussi, la Torah aussi. Donc un homme qui va avec un autre homme, on ne comprend pas», explique Babacar, jeune sénégalais interrogé par LeMonde.fr. « Aujourd’hui, on ne reconnaît pas les femmes des hommes. Certains portent des pan-talons avec des tops serrés, comme les femmes. On tente de faire accepter un code vestimentaire pour ensuite faire accepter l’homosexualité. » Au Sénégal, les homosexuels risquent jusqu’à cinq ans d’emprisonnement.

De l’antisionisme à l’antisémitisme…

Directrice de la publicationIsabelle DumasDirecteur de la rédactionRaphaël RuffierRédactrice en chefLéa MasseguinRédacteursAxel Poulain, Lilian Gaubert, David Hernandez, Laura Turc, Florentin Schweppes, Maxime Feuillet, Leo Roynette, Léa Masseguin, Charline Bakowski, Hugo Borrel, Charlène Ravella, Pierre-Antoine Barut, Arnaud Bastion, Johanne-Eva Desvages, Paul Dalas, Stéphane Monier, Morgan [email protected]

Pour réagir et approfondir la lecture

www.10dumat.iscpalyon.com

68%-34% Selon une enquête menée par le CNRS et Sciences Po Grenoble, 68% des collégiens musulmans et 34% des élèves catholiques préfèrent se fier à leur

religion en cas de contradiction entre leurs principes religieux et la loi républicaine.

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Arnaud Bastion

Les chrétiens déconnectés pendant le Carême

Actualité

Après les diverses gourmandises dégustées pour Mardi gras, les catholiques entrent ce mercredi dans la

période du Carême. Une période de quarante jours, qui précède Pâques, où chaque catholique est censée se priver, ou plutôt se restreindre, dans l’unique but de se rapprocher de Jésus.

C’est l’occasion d’intensifier ses prières, d’avoir une plus grande attention envers les autres, ou encore de faire pénitence. Si dans la religion catholique traditionnelle, le jeûne effectué durant cette période était très strict, à l’exception du poisson le vendredi et de légers repas le dimanche, il est un peu moins drastique aujourd’hui. « Il consiste à faire un seul véritable repas durant la journée, et à ne prendre qu’une collation frugale le matin et le soir », explique Jean-Eude, un catholique lyonnais. Mais il ne s’agit pas là du seul jeûne effectué pendant ces quarante jours.

Les catholiques d’aujourd’hui adaptent le Carême à la vie contemporaine, en se déconnectant complètement des réseaux sociaux, et particulièrement du plus fameux de tous : Facebook. « C’est un jeûne de certaines

distractions ou divertissements, comme cela se fait depuis toujours », précise Jean-Eude. Car avant Facebook et l’avènement d’internet, les catholiques se privaient aussi de télévision, de téléphone, ou encore de Minitel. L’objectif est de revenir à une « vie traditionnelle, sans fioriture», souligne le catholique lyonnais. Une manière comme une autre de se « libérer » de Facebook, beaucoup trop présent dans notre quotidien.

Moins de Facebook, pour plus de (vrai) partage

Avec ses 30 millions d’utilisateurs en France, le célèbre réseau social provoque une certaine addiction chronophage. Le temps passé derrière son écran pourrait être mis à profit pour effectuer de véritables rencontres.

C’est ce qu’explique le père Olivier Petit, prêtre de l’ensemble paroissial de la Guillotière : « passer moins de temps sur l’ordinateur pour prendre le temps de donner un peu de densité et d’épaisseur à notre existence. » Délaisser le vir tuel pour plus de partages réels. Comme une sorte de prise de recul

face à cette vie fictive. Une idée partagée par le pasteur Benjamin Corbaz, fervent défenseur du « carême Facebook » : « C’est l’occasion de faire le point sur notre relation avec Dieu. Se priver de quelque chose pour obtenir quelque chose en plus. » Il ne s’agit pas là d’une simple contribution ou d’un défi, mais plutôt d’un rapprochement de Dieu en se focalisant sur les vraies choses de la vie.

Le père Olivier Petit tient tout de même à mettre un bémol à cette initiative : « Certains vont boycotter Facebook pendant le Carême mais n’en profiteront pas pour se rapprocher de leur amis ou faire de nouvelles rencontres. C’est presque du masochisme. » Alors si l’envie vous prend de participer à ce Carême 2.0, prenez le temps de vous recentrer sur vous-même, pour retrouver ce semblant de liberté. Mais surtout, n’oubliez pas de désactiver les notifications.

Si les catholiques débutent le Carême en ce mercredi des Cendres, certains ont choisi de suivre cette tradition à leur manière, en prenant du recul avec l’utilisation des réseaux sociaux.

Facebook, une addiction pour des millions de Français ©Domaine public

« Se priver de quelque chose pour obtenir

quelque chose en plus» Benjamin Corbaz

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LE SCOUTISME EN FRANCE

Créé il y a plus de 100 ans par un ancien militaire britannique du nom de Baden-Powell, le mouvement scoutisme rassemble plus de 30 millions de membres dans le monde. En France, il rassemble plus de 140 000 personnes. Six mouvements appartiennent la Fédération du scoutisme français : - Les Eclaireuses et éclaireurs de France, mouvement laïc fondé en 1911. - Les Eclaireuses et éclaireurs unionistes de France, mouvement protestant également fondé en 1911. - Les Eclaireuses et éclaireurs israélites de France, mouvement juif fondé en 1923 - Les Scouts et des Guides de France, mouvement catholique né d’une fusion en 2004. - Les Scouts musulmans de France, mouvement musulman créé en 1990. - Les Eclaireurs et éclaireuses de la nature, mouvement d’inspiration bouddhiste créé en 2007.

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Qu’ils soient musulmans, catholiques ou juifs, tous ont pour but « de prendre place dans la société afin devenir des citoyens

actifs et des artisans de la paix », souligne Zora Chabira-Merazig, responsable des Scouts musul-mans de France (SMF) à Lyon. Pour atteindre cet objectif, le scoutisme s’appuie à la fois sur des ac-tivités physiques et en pleine nature, mais aussi des activités « intellectuelles », qui passent notam-ment par un apprentissage spirituel et religieux.

Si trois grands mouvements catholiques (Scouts et Guides de France (SGDF), Scouts Unitaires de France (SUF) et Scouts et Guides d’Europe (AGSE) représentent plus de 80% des effectifs français, le scoutisme ne leur est pas uniquement réservé; on retrouve également des scouts laïcs, protestants, juifs, musulmans ou encore des scouts d’inspira-tion bouddhiste.

Chacun d’entre eux conserve une identité confes-sionnelle plus ou moins affichée : plusieurs fois par mois, les mouvements organisent des temps spirituels qui s’articulent autour de plusieurs thématiques. D’après Zora Chabira Merazig (des Scouts musulmans de France), dans sa petite an-tenne locale de Saint-Genis Laval, « les animations s’organisent cette année autour du désir de paix,

une thématique très forte que nous avons vou-lu mettre en place après les tristes évènements de 2015. » Du côté des Eclaireurs de la nature (scouts bouddhistes), Karine Nivon, responsable à Lyon, pratique avec son groupe « la pleine conscience » un dimanche par mois : « C’est une expérience en pleine nature que les autres mouve-ments nous envient, car les valeurs du scoutisme et du bouddhisme sont très proches. » Pour les Eclaireurs et Eclaireuses israélites (EEIDF), ainsi que les unionistes de France, ses moments spi-rituels se rapprochent davantage de la religion : il s’agit généralement d’offices et de louanges, mêlées à des mises en scènes et pauses lu-diques : « En plein milieu de l’office, on coupe avec une histoire juive, pour appor ter un as-pect plus ludique et pédagogique au moment, raconte Romy Benguigui, co-représentante des EEIDF à Lyon. Il faut faire en sor te que les en-fants puissent tous se retrouver dans ces mo-ments, quel que soit leur « degré » de religion. » Et comme le rappelle Pierre Msika, président des Scouts unionistes de France, « les par-ticipations ne sont nullement obligatoires. » Pour les Scouts et Guides de France, mouve-ment majoritaire en France et d’origine catho-lique, c’est une autre affaire : « Le groupe est très élargie, alors les SGDF respectent tous

les temps de prière », rappelle Betrand Rigoulet, membre actif. Seule l’animation d’une messe tri-mestrielle marque encore un peu la présence de la religion dans le mouvement.

La fraternité au cœur du scoutisme français

Si les associations de Scoutisme français organisent respectivement leurs propres activités, il n’est pas rare que leurs membres se retrouvent réguliè-rement autour d’événements communs, d’enver-gure régionale, nationale et même internationale. Pour Zora Chibira Merazig (SMF), c’est un véritable atout, à la fois en termes de valeurs fraternelles

A bas les clichés sur le scoutisme sectaire. Si aujourd’hui quelques groupes font de la religion un axe majeur de leur pédagogie, les six mouvements issus de la Fédération du scoutisme français prônent la laïcité, la fraternité et l’ouverture culturelle.

Charlène Ravella

Les Scouts musulmans de France, un des six mouvements reconnus par le Scoutisme Français @DR

Les scouts sur le sentier de la laïcité

Le dossier

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et universelles, mais aussi pour « jumeler » les patrimoines : « En 25 ans d’existence, nous, les Scouts musulmans de France, nous sommes des petits nouveaux. Alors ces rencontres inter-scouts sont un moyen de s’appuyer sur la richesse de groupes centenaires. » Le Roverway est une des rencontres les plus attendues de l’année pour les scouts. S’adres-sant aux 16 – 22 ans, il s’agit d’un rassem-blement d’aînés et de compagnons venus de toute l’Europe. « Cette année, c’est la France qui a été choisie pour accueillir l’évènement du 3 au 14 août prochain, explique Betrand Rigou-let, en charge de l’organisation d’une partie du Roverway en région Auvergne Rhône-Alpes. Tous les deux ans, un nouveau pays présente sa candidature pour accueillir le Roverway. » Le principe est simple : la France est divisée en carrefours et en une centaine de routes. La première semaine, les scouts européens choisissent un carrefour, durant lequel ils ef-fectueront une route en partenariat avec une association : « Dans le carrefour des Mas-sifs, les scouts pourront notamment travailler avec Emmaüs », rappelle le membre des SGDF. Du côté des Scouts musulmans de France, Zora Chabira Merazig pense accueillir une cinquantaine

de jeunes, pour leurs faire découvrir le patrimoine religieux de la région, « en leur faisant visiter nos mosquées, nos synagogues ou nos églises. » La deuxième semaine, tous les scouts se réuniront près de Paris. Et c’est un défi de taille pour les organisateurs, car ce sont plus de 5000 scouts qui sont attendus en France. Un nombre impres-sionnant qui n’est rien comparé au Jamborée, fête internationale qui réunit les scouts du monde en-tier. En 2015, ils étaient près de 33.000 Japon.

Ces rassemblements de dimension internatio-nale ne sont pas les seuls à être mis en avant par l’association de Scoutisme français. « Vis Mon Camp » est une autre initiative portée par les six mouvements « agréés ». « Se rassembler sans se ressembler », tel est le slogan du pro-gramme. Il s’agit de jumeler des camps d’été : « nos jeunes Scouts musulmans ont pu vivre pendant les deux derniers étés avec les Scouts et Guides de France et les Eclaireurs de la na-

ture, raconte Zoba Chabira Merazig. Les enfants ont pu découvrir différents dogmes, prières et sacrements, par le biais de jeux et d’échanges ». Une idée que valide Romy Benguigui, respon-sable des scouts juifs de Lyon, qui n’a pourtant pas fait le choix d’y participer : « Nous sommes un petit groupe à Lyon et c’est pourquoi nous préférons déjà que nos scouts israélites se réu-nissent entre eux. »

D’autres journées sont organisées en parallèle. La journée de la fraternité, notamment, orga-nisée le 28 février prochain au Parc de la Tête d’Or, réunira tous les groupes. De manière plus ponctuelle, les associations préparent des rencontres œcuméniques ou ré-pondent à l’invitation d’organisations : après les attentats du 13 novembre dernier, les Scouts et Guides, les Eclaireuses et Eclaireuses israélites et les Scouts musulmans de France ont répondu à l’appel de l’association Coexister pour fabriquer et distribuer des guirlandes en forme de cœur. Le « vivre-ensemble », un concept que Pierre Msi-ka, président des scouts unionistes de France sou-tient fermement : « Ces évènements sont un réel enjeu de laïcité. Non pas dans une démarche d’ef-facement de la religion, mais plutôt de partage. »

Les Scouts musulmans de France, un des six mouvements reconnus par le Scoutisme Français @DR

Chaque association, en parallèle de son identité confessionnelle, revendique une certaine ouverture aux autres religions. Au sein des Scouts musulmans de France, « on accepte toutes les religions : cer-taines familles ont deux croyances. Il m’est arrivé de rencontrer une famille qui a inscrit un de leur fils aux Scouts et Guides de France (historiquement catholiques) et l’autre chez nous », raconte Zora Chabira Merazig, responsable à Lyon. Pour cette dernière, il faut même dissocier spiritualité et reli-gion : « La spiritualité est un état d’esprit ». Une pensée que partage Karine Nivon, responsable des Eclaireurs de la nature à Lyon : « On ne parle jamais de Bouddha lors de notre projet spirituel. » Les Scouts et Guides de France,

dévoués initialement à l’éduca-tion d’une jeunesse catholique, se disent également ouverts ; à la différence des Scouts Unitaires de France ou Scouts et Guides d’Eu-rope, qui exigent que leurs jeunes soient baptisés ou en passe de le devenir : « C’est le scoutisme de nos grands-parents », plaisante Bertrand Rigoulet, membre actif des Scouts et Guides France.

Pour les Eclaireuses et Eclaireurs unionistes aussi, le mouvement a évolué au gré des changements de l’Eglise protestante. Son président lui-même, Pierre Msika n’est pas de profession protestante. Pourtant, pour Romy Benguigui, représen-tante des Eclaireurs et Eclaireuses israélites de Lyon, si son groupe fait la promesse d’accueillir tout le

monde, elle n’a jamais reçu de de-mande d’autres confessions : « Il y a encore beaucoup de préjugés sur les juifs malheureusement. »

Des jeunes en quête de re-pères

Combattre les préjugés, tel est pourtant l’objectif du scoutisme. Et c’est dans cette démarche qu’est née, en 1990, l’association des Scouts musulmans de France. Ses fondateurs sont convaincus que l’idéal scout constitue une réponse évidente au malaise identitaire des jeunes musulmans : « Après la guerre d’Irak et la guerre civile algérienne, les jeunes se sont sentis abandonnés, perdus entre deux nationalités, française et musulmane, raconte Zora Chabira

Merazig. Plutôt que de laisser ses jeunes aux mains des mosquées trop rigoureuses ou des parents trop laxistes, le scoutisme veut les réconcilier avec les valeurs républicaines de la France et reje-ter le communautarisme. » Fouad Khatil, membre du conseil national des Scouts musulmans de France déclarait en janvier dernier au Fi-garo : « Nous sommes la 3ème voie entre les parents et les mos-quées. »

Si les scouts n’ont dans leur ma-jorité pas vocation d’apprendre les dogmes de chaque religion, ils ont finalement pour but de les appliquer en communauté, comme le rappelle la responsable des SMF de Lyon : « Vous avez appris, alors maintenant, à vous de le vivre. »

Entre médiation religieuse et sociale

« De la connaissance de l’autre naît la compréhension»

Zora Chabira Merazig

D’abord créé pour les jeunes désœuvrés des banlieues ouvrières du Royaume-Uni, le scoutisme atteint les classes moyennes et supérieures au cours des années 1970, avant de renouer avec sa mission d’origine une vingtaine d’années plus tard : toucher les classes populaires. Tantôt laïcisé, tantôt proche des lieux de culte, le scoutisme a su préserver son rôle de médiateur.

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Lilian Gaubert

Société

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I l s’agit d’un événement majeur et fondateur de l’histoire du christianisme en France », ex-

plique Pierre Tricou, directeur de l’Antiquaille pour l’ECCLY (Espace culturel du christianisme à Lyon).

En effet, les mar tyrs de Lyon sont la première trace d’une commu-nauté chrétienne en Gaule. « Il y en a peut-être eu d’autres mais nous n’avons aucune trace ar-chéologique ou littéraire » ajoute cet agrégé de géographie. Cette preuve provient d’une lettre qui retranscrit les persécutions des Romains à l’encontre des chrétiens en 177 ap. J.-C. In-titulée Lettre des chrétiens de Lyon et de Vienne à leurs frères d’Asie et de Phrygie, elle a sans doute été écrite par des contem-porains de ces évènements. Ces persécutions ont com-

mencé par une violente émeute populaire contre les chrétiens leur interdisant l’accès aux lieux publics, ce qui conduit à de nombreuses arrestations. Ainsi, à partir du mois de mars, ces derniers sont interrogés et tor-turés. « Les autorités vont même commencer à en liquider un certain nombre » précise Pierre Tricou. Cette période a continué jusqu’au mois d’août. Si plusieurs n’ont pas eu la force de résister aux tortures et ont été libérés après avoir abjuré leur foi, il y a eu au total 48 chrétiens tués. « Ce chiffre peut être contes-té car on a découvert tardivement qu’un martyr avait un double nom, grec et latin (Zacharie et Vettius, ndlr). Il y en aurait donc en fait 47. »

Certains ont succombé dans leurs prisons comme ce fut le cas de saint Pothin, chef de la communauté et

donc premier évêque de Lyon, « un homme très âgé de plus de 90 ans » ajoute le directeur de l’Antiquaille. D’autres sont gardés pour l’exemple et sacrifiés devant les délégués de toute la Gaule réunie dans l’am-phithéâtre des Trois Gaules, pour la fête d’Auguste, au mois d’août. A l’image de Blandine, un des sym-boles des martyrs de Lyon.

« Les chrétiens accusés de tous les maux »

A cette époque, Lyon était une co-lonie romaine et capitale des Trois Gaules. « Il y avait donc une présence romaine importante : politique, éco-nomique, militaire et juridique.Un légat dirigeait les Trois Gaules (la Gaule aquitaine, la Gaule lyonnaise etla Gaule belgique) au nom de l’em-

pereur », explique Pierre Tricou.Or, les chrétiens ne bénéficient pas du même statut que les juifs, qui peuvent pratiquer leur religion sans avoir à rendre de culte à l’em-pereur. Seulement les chrétiens refusent cette vénération envers un empereur déifié de son vivant. Ce sera alors la première cause de tension avec l’Empire au pouvoir.

La seconde raison serait, elle, plus locale. « Il semblerait qu’à Lyon, en 177, il y ait eu une crise écono-mique. Les chrétiens auraient alors été accusés de l’avoir provoquée. En minorité, ils sont accusés de tous les maux, comme cela se fera vis-à-vis des juifs au Moyen-Âge », com-mente le directeur de l’Antiquaille. Mais à la suite de cette tragédie, le christianisme ne cessera de se développer, notamment sur le ter-ritoire français.

En 177 après J.-C., près de cinquante chrétiens ont été tués après six mois de persécution par l’Empire romain. Ces martyrs de Lyon auront néanmoins un impact majeur dans l’installation du christianisme en France.

Lyon : berceau du christianisme français ?

Lyon, toujours capitale

des Gaules :L’archevêque de Lyon, actuellement le cardinal Barbarin, bénéficie d’un statut particulier au sein de la com-munauté chrétienne française. En effet, il est également le primat des Gaules, titre conféré au représentant de l’Eglise catholique à Lyon en réfé-rence à son histoire fondatrice de la religion dans l’hexagone. Mais même si c’est unique cela « reste honori-fique » précise Pierre Tricou, directeur de l’Antiquaille pour l’ECCLY (Espace culturel du christianisme à Lyon). Crypte des mosaïques située dans lʼAntiquaille représentant, ici, les chrétiens livrés aux bêtes avec Blandine à leur tête et, sur le mur

de droite, les auteurs de la «Lettre des chrétiens de Lyon et de Vienne à leurs frères dʼAsie et de Phrygie». ©Antiquaille-ECCLY-P. Tricou

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Stéphane Monier

Le monstre de spaghetti volant aurait crée le monde en quatre jours alors qu’il était complètement

saoul. « Les premiers pastafariens étaient tous des pirates. Vendredi est un jour saint où l’on doit boire un maximum de bières. Toutes les prières se finissent par Ramen. Le paradis abrite des strip-tea-seuses et des usines high-tech. » Tous les préceptes farfelus de cette religion sont tirés d’une lettre ouverte écrite par Bobby Henderson à l’administration américaine, en 2005. Ce document d’une dizaine de pages devient le point de départ d’une nouvelle religion : le pastafarisme. Alors que l’on qualifierait ce culte de farfelu au premier abord, il s’avère néanmoins défendre un combat beaucoup plus profond, si l’on se donne la peine de creuser un peu.

Pastafarisme contre créationnisme Yves le corsaire, responsable de la page Facebook « Pastafarisme Marseillais »,

explique : «Nous ne croyons pas réellement au monstre de pâtes. Ce que l’on veut dénoncer à travers le pastafarisme, c’est le créationnisme des religions. » En effet, Bobby Hen-derson et tous ses adeptes critiquent ouvertement l’enseignement de la religion comme un fait scientifique, alors qu’aucune preuve tangible ne prouve une implication divine. Ce sujet est aussi sensible pour les scientifiques qui ne savent pas tou-jours comment l’aborder dans l’édu-cation. Jean-François Favrot, doctorat en physique et vacataire à Lyon I se pose souvent la question de comment aborder la création à ses élèves : « Même si l’évolution darwinnienne est vraie, rien ne dit que les milieux favorisant le développement de notre terre n’ont pas été favorisés de ma-nière divine. Il faut donc prendre des pincettes et ne rien affirmer. » Le cré-do pastafarien s’appuie sur la théo-rie de la théière de Bertrand Russel. Au XXème siècle, le philosophe

explique qu’une théière gravite-rait autour de la terre et du soleil. Cette analogie permet de «dénon-cer l’idée que c’est au sceptique de réfuter les bases invérifiables de la religion et d’affirmer que c’est aux croyants de les prouver. » Cette théorie, véhiculée par les pas-tafariens, n’a pas fait que des émules parmi les religieux traditionnels, qui se sont senti blasphémés et outrés. Pierre, adepte de la première heure et responsable de la page Facebook communautaire « L’Eglise du monstre en spaghetti volant de Paris », l’ex-plique : « Nous n’avons aucun pro-blème avec les autres religions. Cha-cun est libre de croire en ce qu’il veut. Notre problème, c’est la religion qui se pose en tant que science.» Scepticisme et traitement par l’humour Cette communauté de « scep-tiques », comme ils se qualifient

eux-mêmes, regroupe 9 242 per-sonnes sur Facebook, via deux pages basées à Paris et à Mar-seille. Pour Yves le corsaire, «il n’y a pas de page pour Lyon. Cependant, cela pourrait évoluer. Pour le moment, les Lyonnais qui veulent nous rejoindre doivent se dé-placer aux alentours de Marseille.» Si la communauté pastafarienne descend parfois dans les rues pour se faire entendre, grimée en pirates ou en monstres de spaghetti, leur terrain de prédi-lection n’est autre qu’internet. À grand coups de détournement d’images (appelés Mêmes pour les initiés) ou de blagues potache, les « prédicateurs » du pastafa-risme utilisent l’humour et le gro-tesque pour faire passer le message.Dans le monde, d’autres croyances basées sur le théisme de Russel existent. C’est le cas du culte de la Licorne Rose Invisible ou encore celui du canard en plastique de Léo Bassi.

Le pastafarisme, culte de l’anti-créationnisme

Représentation du monstre de spaghetti intégré dans lʼoeuvre de Michel-Ange « La Création dʼAdam » exposé dans la chapelle Sixtine. ©Topito

Créée en 2005 par Bobby Henderson, physicien de l’Oregon, le pastafarisme est une croyance dite décalée. Ses adeptes vénèrent leur dieu, un « monstre de spaghetti volant ». Si elle s’apparente au premier abord à une blague, cette religion dénonce le créationnisme des autres cultes. Explications.

Il était une foi�...

HENDERSON, LE CRÉATEUR

Bobby Henderson est diplômé de physique à l’université d’État de l’Oregon. Né le 18 juin 1980, il fonde le pastafarisme en 2005.

Il publiera par la suite l’ouvrage L’Évangile du Monstre en spaghetti s volant afi n d’expliquer sa dénonciati on du créati onnisme

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Le quiz de la rédac

QUESTION 1 QUESTION 2

QUESTION 3 QUESTION 4

REPONSE 2 :B Selon les estimations de 2013 de la North America Jewish Data Bank, 82% des 13,9 millions de juifs dans le monde vivraient en Israël (6 014 300, 43%) ou aux Etats-Unis (5 425 000, 39%). Loin derrière ce total, la France est le troisième pays comptant le plus de juifs sur son territoire (478 000, 3,4%) devant le Canada (380 000, 2,7%) et le Royaume-Uni (291 000, 2,1%).

REPONSE 1 : A Riche marchand, Abû Bakr est le pre-mier converti extérieur à la famille de Mahomet. Lors de l’hégire, Abû Bakr quitta la Mecque pour s’installer avec Mahomet à Médine. À la mort du prophète, il fut choisi pour lui succéder par les Muhajirun (les compagnons de Mahomet qui émigrèrent avec lui de La Mecque à Mé-dine). Il devint le premier calife (successeur de l’envoyé de Dieu).

REPONSE 2 : B L’animisme (du latin animus, ori-ginairement esprit, puis âme) est une conception générale qui attribue aux êtres de l’univers, aux objets et aux éléments naturels, une âme analogue à l’âme humaine. Ces âmes pourraient agir sur le monde tangible, de manière bénéfique ou non. L’objet « animisme » ne correspond à aucune réalité religieuse se revendiquant comme telle.

REPONSE 3 : C Les anges et les archanges consti-tuent deux des neuf chœurs des anges (avec les Sé-raphins, les Chérubins, les Trônes, les Dominations, les Vertus, les Puissances et les Principautés). Dans la hiérarchie de ces créatures célestes, les archanges forment le second niveau, juste au-dessus des anges eux-mêmes. Les anges sont des messagers et les ar-changes annoncent les plus grands événements.

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Quelle est la différence entre un ange et un archange dans les textes sacrés ?

Qu’est-ce que l’animisme ?

Après Israël et les Etats-Unis, quel pays compte le plus de juifs sur ses terres ?

Qui est Abû Bakr pour les musulmans ?

A- Le Canada B- La France

C- Le Royaume-Uni

A- La première personne, hors famille de Mahomet, à se convertir à l’Islam

B- Le fils adoptif de Mahomet C- Un riche marchand qui obligea Mahomet à

quitter La Mecque en 622 (l’Hégire)

A- Les archanges sont des anges déchus B- Les archanges ont six ailes

C- Les archanges sont les « supérieurs » des anges

A- Une pratique centrée sur la médiation entre les êtres humains et les esprits de la nature

B- La croyance en une âme, une force vitale C- La croyance en une animation naturelle