republique de la guinee-bissau - le hub...

56
REPUBLIQUE DE LA GUINEE-BISSAU ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE (FAO) “DIAGNOSTIC DE LA SITUATION DE L’AGRICULTURE, ELEVAGE, FORETS, PECHES ET NUTRITION, DANS LE CADRE DE LA SECURITE ALIMENTAIRE - Une contribution au processus CCA - Bissau, Décembre 2000

Upload: others

Post on 17-Feb-2021

6 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

  • REPUBLIQUE DE LA GUINEE-BISSAU

    ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE (FAO)

    “DIAGNOSTIC DE LA SITUATION DE L’AGRICULTURE,

    ELEVAGE, FORETS, PECHES ET NUTRITION, DANS LE CADRE DE LA SECURITE ALIMENTAIRE”

    - Une contribution au processus CCA -

    Bissau, Décembre 2000

  • TABLE DES MATIERES

    Liste des abréviations 1

    I. Le secteur agricole et son évolution 3

    a. Place de l’agriculture dans l’économie nationale 3 b. Utilisation des terres et systèmes d’exploitation 3 c. Les performances récentes 5

    II. Potentialités et contraintes des secteurs d’agriculture et des pêches 6

    a. Potentialités 6 b. Situation des secteurs 6 c. Contraintes 7

    III. L’évolution récente des différents sous-secteurs 9

    3.1. Le sous-secteur de l’agriculture 9

    a. Contexte 9 b. Dynamique agricole actuelle 9 c. Conséquences 10

    3.1.1. Les cultures vivrières 10 a. Les céréales 10 b. Les cultures maraîchères 12 c. Les racines et tubercules 13 d. Le niébé 14

    3.1.2. Les cultures de rente 15 a. L’anacardier 15 b. Les productions fruitières 16 c. Le coton 16 d. L’arachide 17 e. Le palmier à huile 17

    3.2. Le sous-sectreur de l’élevage 18 3.3. Le sous-secteur des forêts 21 3.3.1. Production et consommation forestières 23 3.4. Le sous-secteur de la pêche artisanale 24

  • 3.5. Le sous-secteur de la nutrition 26

    3.5.1. La demande alimentaire et les besoins nutritionnels 30 IV. La situation de la sécurité alimentaire 31 4.1. Les disponibilités alimentaires 31 4.2. Importations commerciales et aides alimentaires 33

    V. Les conséquences de la crise politico-militaire sur le secteur agricole et rural 35

    5.1. La Table Ronde de Genève 35

    VI. Le suivi du Sommet Mondial d’Alimentation 36

    Liste des documents consultés 40

    Annexes 43

  • 1

    LISTE DES ABREVIATIONS

    AMAE : Association des Femmes pour l’Activité Economique ANAG : Association Nationale des Agriculteurs Guinéens BAD : Banque Africaine de Développement BADEA : Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique BHP : Projet Santé de Bandim CARITAS : (ONG catolique) CCA : Evaluation Commune de la Situation du Pays CCIA : Chambre du Commerce, d’Industrie et d’Agriculture CILSS : Comité Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse au Sahel DEA : Division de Statistiques Agricoles DEPA : Departement d’Expérimentation et de Recherche Agricole DSFC : Direction des Services Forestiers et Chasse DSNVA : Direction du Service National de Vulgarisation Agricole ECHO : Organisation Humanitaire de la Communauté Européenne FAO : Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture FIDA : Fonds International pour le Développement Agricole GAPLA : Cabinet de Planification Agricole IITA : Institut International d’Agriculture Tropical INPA : Institut National de la Recherche Agricole LPDA : Lettre de Politique de Développement Agricole MAFC : Ministère de l’Agriculture, Forêts et Chasse MDRA : Ministère du Développement Rural et de l’Agriculture MSF : Médecins Sans Frontières MUAC : Circonférence moyenne du bras ONG : Organisations Non Gouvernementales ONU : Organisation des Nations Unies PAM : Programme Alimentaire Mondial PCT : Projet de Coopération Technique PDFN : Plan Directeur Forestier National PIB : Produit Interne Brut PME : Petites et Moyennes Entreprises PNDS : Plan National de Développement Sanitaire PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement PPA : Peste Porcine Africaine PPCB : Péripneumonie Contagieuse Bovine PPR : Peste des Petits Ruminants PSSA : Programme Spécial pour la Sécurité Alimentaire RADHORT : Réseau Africain pour le Développement de l’Horticulture SMI : Santé Maternelle-Infantile UBT : Unité Bovine Tropicale UE : Union Européenne UMOA : Union Monétaire Ouest-Africaine

  • 2

    UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l’Enfance ZEE : Zone Economique Exclusive

  • 3

    I. Le secteur agricole et son évolution

    a. Place de l’agriculture dans l’économie nationale L’agriculture (y compris les sous-secteurs d’agriculture, élevage et forêt) est le secteur d’activité économique le plus important, contribuant avec 50% au PIB et 93% aux exportations et employant 82% de la population active. En 1990, les produits agricoles proprement dits représentaient 70% du total du secteur ; les produits forestiers et les produits de la pêche, ayant des poids respectifs de 12% et 18%. En 1994, la situation est très différente : 97% pour les produits agricoles, 2% pour les produits forestiers et 1% pour les produits de la pêche. La noix de cajou est pratiquement le seul produit exporté, ce qui place l’économie bissau-guinéenne dans une dépendance complète de son marché.

    L’agriculture relève de deux catégories d’agriculteurs : – les petits producteurs des villages «tabancas», estimés à l’ordre de 90.000 exploitants, qui

    constituent l’essentiel de la population rurale et réalisent 90% de la production ; – les «ponteiros» (2.200 concessions, dont 1.200 réellement installées), généralement des

    exploitants agricoles modernes, disposant de concessions foncières importantes (de taille moyenne de 136 ha, variant de 20 à 3.000 ha) fournies par l’Etat, couvrant 27% des terres labourables (soit 9% de la superficie totale du pays) et occupant les meilleures terres agricoles.

    b. Utilisation des terres et systèmes d’exploitation

    Le potentiel des terres agricoles représente 51% de la superficie totale du pays, soit 1.810.000 ha. Au niveau national, en 1995, la superficie cultivée était estimée à l’ordre de 400.000 ha (⅓ des terres cultivables), étant environ 220.000 ha occupés avec les cultures annuelles (65.000 ha pour le riz, dont 37% de riz pluvial «pam-pam», 43% de riz de bas-fonds et 20% de riz de mangrove en eau salée). En 1995, la superficie des autres céréales cultivées était de 14.800 ha pour le maïs, de 15.400 ha pour le sorgho, de 37.200 ha pour le mil et de 3.500 ha pour le fonio, couvrant un total de l’ordre de 70.900 ha avec des rendements faibles de 500 à 1000 kg/ha. Les autres productions cultivées comprennent le manioc (1.400 ha), l’arachide (15.700 ha), le coton (3.000 ha), ainsi que les haricots (3.500 ha), puis les légumes frais, les autres tubercules, l’huile de palme et les fruits (bananes, mangues, citrons, etc.). En 1995, la superficie de cajou plantée était de 103.000 ha. Les sols à vocation pastorale extensive, ou sujets à érosion (versants), occupent une grande partie de la zone Est (68% de la superficie totale de la zone, soit 9.000 km², avec plus de 75% des bovins et l’ensemble des petits ruminants) et de la zone Nord (37% de la superficie totale de la zone, soit 4.000 km², avec la moitié de l’effectif national de porcins). Le pays dispose de ressources forestières considérables avec près de 2 millions d’hectares de surfaces forestières.

  • 4

    Les principaux systèmes de production présents en Guinée-Bissau sont les suivants : – Sur la façade maritime, le système de production se base essentiellement sur la riziculture de

    mangrove en eau salée «bolanha salée», exploitée par les groupes balantes et felupes : par famille, la superficie moyenne cultivée est faible (0,75 ha), en moyenne 1 bovin, 3-4 ovins ou caprins et 1 porc. La riziculture de mangrove est en crise: superficies considérables abandonnées chaque année à cause de la diminution de la pluviométrie, de la salinisation et acidification des sols, de l’émigration des jeunes, entraînant l’insuffisant entretien des ouvrages hydrauliques et du croissant désintérêt relativement à cette culture en faveur du cajou et d’autres cultures du plateau.

    – Sur les plateaux de l’intérieur (région nord-ouest), le système de production prédominant est un système agro-pastoral, pratiqué par les populations peuls et mandingues : combinaison entre élevage de bovins et de petits ruminants et culture du mil, du sorgho, du maïs, de l’arachide et du coton sur les plateaux (pratique de défriche-brûlis sur forêt sèche-claire ou sur savane arbustive), riz et arboriculture fruitière dans les bas-fonds ; en moyenne, 1,5 ha de superficie cultivée, 4 à 5 bovins et 4 à 5 caprins par famille.

    – Dans la zone intermédiaire, le système de production est un système mixte : riziculture de

    mangrove sur les superficies limitées avec un niveau de technicité inférieur aux balantes, culture pluviale sur défriche-brûlis de riz (pam-pam), de mil, sorgho, maïs, arachide, riziculture de bas-fonds et fruticulture (cola, banane, cajou, agrumes) ; 2 bovins et 2 porcs par famille. La plantation d’anacardier joue un rôle particulièrement important comme culture de rente. Dans cette zone à plus forte densité de population, le système de défriche-brûlis avec jachère longue commence à entrer en crise.

    – Le système «ponteiro», correspondant à des exploitants généralement propriétaires de

    superficies importantes et disposant de moyens financiers. Selon des estimations récentes, il y aurait 2.200 concessions «pontas», dont 1.200 réellement productives, avec une taille qui varie entre 20 et 3.000 ha, soit une moyenne de 8 ha de surface cultivée par «ponteiro». Dans la plupart de ces exploitations, la culture de cajou est prédominante ; la culture mécanisée du riz de bas-fonds et la culture fruitière destinée à l’exportation se développent.

    Le développement d’une Association Nationale des Agriculteurs (ANAG) a permis d’appuyer les paysans les plus dynamiques (ponteiros). Ainsi, profitant de la libéralisation et d’un appui assez récent des bailleurs de fonds, le secteur des «ponteiros» a renforcé sa modernisation et son orientation vers la diversification des filières d’exportation. Néanmoins, dans la situation actuelle, la modernisation et le dynamisme des «ponteiros» ne profitent pratiquement pas aux villages «tabancas» et il se pose actuellement le problème pour ces petits producteurs de leur non-représentation par l’ANAG. Une association de femmes ayant une activité économique s’est également créée au niveau national (AMAE), mais est encore peu représentée dans les zones rurales.

  • 5

    c. Les performances récentes

    Les statistiques de production sont différentes, selon les sources d’information, et parfois avec des variations très importantes. Selon les statistiques officielles, les rendements des principales cultures (1990/91-1993/94) sont décroissants, en particulier pour le riz paddy, le maïs, le sorgho et le mil. L’augmentation faible des productions pour l’ensemble des vivriers serait dûe probablement à un accroissement de la superficie cultivée et dans une moindre mesure aux variations pluviométriques.

    Tableau 1. Evolution rétrospective de la production brute céréalière en tonnes

    Années Produits 1990(¹) 1991(¹) 1992(¹) 1993(¹) 1994(¹) 1995*(¹) 1996*(¹) 1997(²) 1998(²) 1999*(²)

    Riz 118.834 123.564 114.612 125.907 130.967 133.261 120.207 99.940 87.200 80.273 Mil 17.435 28.262 22.980 26.419 28.634 34.698 21.185 10.350 21.500 12.425 Maïs 13.675 12.838 10.277 12.516 12.842 15.336 8.885 20.646 9.700 24.775 Sorgho 11.271 13.474 10.694 13.914 14.209 15.526 22.468 12.384 11.300 14.861 Fonio 1.574 1.176 1.432 1.983 2.438 1.704 1.013 3.938 1.600 4.332 Céréales SAB - - - - - - - - - 2.000 Total 162.789 179.314 159.995 180.739 189.090 200.525 173.758 147.271 131.300 138.666

    * Prévisions Sources : (¹) DIAPER III/CILSS, 1997 ;

    (²) Rapport de mission conjointe CILSS/FAO d’évaluation préliminaire de la campagne agricole 1999/2000 en Guinée-Bissau, 1999.

    Observ. : On n’a pas les données réelles de production de 1995 et l996, parce que au moment que DEA devait procédér à leur traitement, le conflit armé a éclaté et presque tout a été volé au niveau de ce service.

  • 6

    II. Potentialités et contraintes des secteurs d’agriculture et des pêches a. Potentialités Le pays dispose globalement de potentialités importantes d’amélioration de la production agricole en termes de superficie, et, sous certaines conditions d’intensification, compatibles avec une gestion rationnelle des ressources naturelles. Il est difficile d’évaluer les potentialités du pays en matière d’élevage dans la mesure où les ressources fourragères sont mal connues, ainsi que les paramètres zootechniques, faute d’enquêtes systématiques. Cependant, en matière de ressources pastorales, les savanes naturelles de l’Est, où se concentrent l’essentiel du troupeau bovin et une grande proportion des petits ruminants, restent mal gérées d’une manière générale. Les ressources forestières, initialement importantes, s’épuisent en fait rapidement en raison d’une exploitation de «type minier» (sans ou avec faible renouvellement). Avec une biomasse brute d’environ 1.300.000 tonnes, il est possible de faire au pays une exploitation de 200.000 à 300.000 tonnes/an sans affecter les ressources halieutiques. La connaissance qu’on a sur les cycles biologiques, les relations trophiques et les déplacements est très rudimentaire. b. Situation des secteurs L’activité agricole est principalement tournée vers la production vivrière, la riziculture et les céréales pluviales pratiquées de façon extensive, avec un recours à la jachère qui n’est pas suffisant pour reconstituer la fertilité des sols sans engrais. En raison d’une politique inadéquate, le pays importe du riz alors qu’il pourrait être autosuffisant. Les revenus d’exportation du pays sont fortement dépendants d’une monoculture : les plantations d’anacardiers (cajou) qui sont soumises aux fluctuations du marché mondial. Les institutions et l’organisation du secteur agricole sont inadéquates. Une restructuration du Ministère de l’Agriculture, Forêts et Chasse et une gestion appropriée de son personnel sont demandées par les donateurs potentiels du pays. Des schémas directeurs agricoles régionaux avec une harmonisation nationale ont été préparés par la FAO ; les résultats de cette étude ont été largement repris pour la préparation de la Lettre de Politique de Développement Agricole et celle de son Plan d’Action. La Guinée-Bissau bénéficie d’abondantes ressources halieutiques, exploitées au niveau industriel par des bateaux étrangers, à travers l’octroi de licences de pêche effectué sans un contrôle rigoureux et en l’absence de toute politique de gestion durable de ces ressources. Actuellement, les recettes tirées des licences de pêche constituent la deuxième source de devises du pays. La pêche artisanale s’est développée ces dernières années même si les techniques et le niveau de professionnalisme restent à améliorer (les pêcheurs étrangers représentent 25% du total des pêcheurs, mais assurent l’essentiel des prises).

  • 7

    c. Contraintes

    L’observation de la situation actuelle dans l’ensemble du pays et en particulier dans ses diverses zones, montre l’existence d’obstacles majeurs à réduire ou à éliminer en priorité. Il s’agit notamment de : – l’absence d’organisation du secteur agricole, qui se traduit par un déséquilibre au niveau

    régional et en milieu rural entre les partenaires du développement, la faiblesse des capacités d’intervention du MAFC en milieu rural, la quasi-absence de coordination des actions et des interventions au niveau décentralisé et une insuffisance de confrontation des connaissances acquises par les projets et de concertation dans l’amélioration de ces connaissances ;

    – une dynamique défavorable à la production vivrière, et particulièrement à la production rizicole nationale, due à la dégradation des systèmes de culture rizicole de mangrove, à la facilité des importations de riz avec incitation de fait à ces importations (encouragement du troc cajou contre riz par les producteurs de cajou), à l’insuffisance de protection du marché intérieur et à l’insuffisance de définition d’une politique claire à ce niveau ;

    – un décalage entre le potentiel de production et la valorisation actuelle de ce potentiel, qui est caractérisé par les aspects suivants : la transformation primaire des céréales est le plus souvent traditionnelle et hautement

    consommatrice de main-d’œuvre, essentiellement féminine ; la diffusion des petits équipements mécaniques en milieu rural est encore limitée ;

    les réseaux de commercialisation privés sont encore peu performants à l’issue de la libéralisation du commerce ; les commerçants ont des difficultés d’accès au crédit ;

    pour une part quasi-totale de ses recettes totales d’exportation, le pays dépend du marché extérieur, et en particulier de celui de cajou ; il existe un risque de fléchissement des cours mondiaux de la noix de cajou ;

    le développement de la culture du cajou (qui se fait sous forme extensive) est peu maîtrisé, ainsi que les conditions de production et la qualité des produits ;

    l’organisation commerciale dans le secteur des fruits et légumes est insuffisante et il est nécessaire de mettre en pratique des critères de qualité et de régularité en vue de l’exportation ;

    les investissements publics dans le sous-secteur de l’élevage sont relativement faibles ; de même, l’intégration élevage-agriculture est faible. La productivité des troupeaux est peu élevée en raison de l’insuffisance de la couverture sanitaire, de l’absence d’une gestion rationnelle des points d’eau, de l’exploitation extensive des pâturages et du mode traditionnel d’élevage sur parcours. La commercialisation du bétail est peu développée ;

    les ressources forestières se dégradent. On observe une dépréciation qualitative du patrimoine forestier, avec la disparition des formations denses au profit de forêts dégradées et de savanes ; les productions forestières autres que le bois diminuent. Les actions de reboisement compensatrices de l’exploitation forestière sont absentes ou inefficaces, aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé.

    – une dynamique d’exploitation extensive des ressources naturelles, qui se manifeste par :

  • 8

    l’attente de l’application de la loi foncière et de l’application des règles de reboisement ; la prise en compte insuffisante des aspects pastoraux (connaissance peu précise des

    ressources pastorales, points d’eau en nombre insuffisant, absence d’organisation des pâturages et parcours, difficulté de détermination précise des terroirs et des droits coutumiers d’usage de l’espace rural) ;

    la faiblesse des opérations de rationalisation de l’exploitation forestière, le manque d’efficacité dans l’application des plans forestiers existants et la faiblesse des actions de sensibilisation des populations ;

    une stratégie extensive d’appropriation foncière (tendance à l’extension des concessions «pontas», réaction également extensive des agriculteurs ou des éleveurs traditionnels).

    – la présence d’illégalités, d’irrégularités et de carence de capacité nationale au niveau du secteur

    des pêches, ce que conduit à la prédominance étrangère dans l’exploitation des ressources halieutiques et dans la dilapidation du patrimoine de pêche du pays. L’inefficacité presque totale dans la fiscalisation de la pêche a fait perdre annuellement au pays des dizaines de millions de dóllars.

  • 9

    III. L’évolution récente des différents sous-secteurs 3.1. Le sous-secteur de l’agriculture

    a. Contexte L’agriculture bissau-guinéenne, qui actuellement fournit un peu plus de la moitié du PIB du pays, est dominée par deux cultures : le riz et l’anacardier. La Guinée-Bissau a une tradition rizicole très ancienne. Le riz y est surtout produit dans les zones de mangrove, après aménagement long (il dure plusieurs années), et selon les techniques culturales complexes et bien adaptées. Aménagement et culture sont très exigeants en travail. La consommation de riz par habitant et par an (120 kg, soit les ¾ de la consommation céréalière totale par personne et par an, estimée à 160 kg) est parmi les plus élevées du monde. Le développement de l’anacardier est récent. Les exportations de noix de cajou commencent en 1978 avec 200 tonnes. Elles s’élèvent à 29.000 tonnes en 1995, à l’environ 38.600 tonnes en 1996 et à l’environ 57.900 tonnes en 1997, et diminuent en 1998 (33.800 tonnes), comme conséquence du conflit armé. L’essor de la culture constitue un véritable phénomène social. Mais les techniques de production, rudimentaires, pourraient être améliorées dans de grandes proportions. La culture est beaucoup moins exigeante en travail que le riz de mangrove. Pour stimuler la collecte des noix de cajou auprès des agriculteurs et pour encourager la production, l’Etat a instauré, en 1984, un système de troc entre ces dernières et le riz blanc importé. Le troc, toujours en vigueur, s’éffectue aujourd’hui sur la base d’un kg de noix pour un kg de riz. Malgré des conditions agro-écologiques favorables à l’essor d’une agriculture à bon potentiel, la production céréalière nationale, toutes céréales confondues, ne suffit pas à couvrir les besoins du pays. En 1996, ils étaient de 170.000 tonnes pour une production nette de 125.000 tonnes. Le déficit vivrier, 45.000 tonnes environ, est comblé par les importations de riz, dont la valeur se situe actuellement autour de 15 millions de dollars par an. Les achats de riz sont financés par les exportations de noix de cajou, dont la valeur peut être estimée, quant à elle, à 20 millions de dollars, ce qui correspond à plus de 80% de la valeur totale des exportations. b. Dynamique agricole actuelle Les observations de terrain, de même que les appréciations formulées par les principaux acteurs de l’agriculture bissau-guinéenne, permettent d’affirmer que l’on assiste, depuis une décennie environ, à une profonde reconversion de cette dernière. La culture de l’anacardier se généralise et tend à se substituer progressivement aux cultures vivrières, phénomène qui semble s’accélérer dans quelques années. Cette dynamique est d’abord la conséquence d’une conjoncture mondiale favorable en Guinée-Bissau depuis plus de dix ans, période pendant laquelle les noix de cajou ont été vendues à des cours élevés (supérieurs à 750 USD/t) et le riz a été importé à des cours attractifs (250 USD/t en moyenne). Elle résulte également de conditions naturelles particulièrement propices à la

  • 10

    production d’anacardier. Elle est, pour le moment, à l’avantage des producteurs, des commerçants et de l’Etat. Les producteurs y trouvent un intérêt économique mais aussi social. L’anacardier, peu exigeant en main-d’œuvre, leur procure en effet une valeur ajoutée par jour de travail largement supérieure à celle qu’ils obtiennent avec les autres cultures (soit par exemple +2.475 FCFA par rapport au riz de bas-fonds ou +1.720 FCFA par rapport au coton). Le système de troc contre un produit vivrier de première nécessité (le riz) constitue, par ailleurs, un facteur de sécurisation alimentaire et contribue à modifier leurs stratégies de production. Les commerçants sont assurés de réaliser des bénéfices substantiels tant que le cours international de la noix sera élevé et celui du riz est bas. L’Etat, qui applique actuellement la taxe de 13% sur les exportations de noix de cajou et de 22,5% sur les importations de riz, doit tirer de cette situation une part importante de ses recettes budgétaires. c. Conséquences Parmi les nombreuses conséquences qu’entraîne cette dynamique, trois méritent d’être soulignées : l’accroissement de la dépendance économique et alimentaire envers un seul produit d’exportation, la noix de cajou ; la diminution des superficies consacrées aux cultures vivrières ; et l’aggravation du déficit vivrier (la superficie rizicole a progressivement diminué depuis 1980 pour atteindre environ 65.000 ha en 1995). 3.1.1. Les cultures vivrières

    a. Les céréales Le riz, dominant le sous-secteur des cultures vivrières, a une production annuelle estimée de 133.000 tonnes de riz paddy (1995/96), soit 66% de la production céréalière totale d’environ 200.000 tonnes dans ce même période. Entre les campagnes agricoles de 1990/91 et 1995/96 (6 années), la moyenne de la production de riz paddy a été de 126.500 tonnes et la croissance de 1,4% par an. La variation des rendements de riz est la suivante : 1700 à 2600 kg/ha pour le riz de mangrove, 800 à 1200 kg/ha pour le riz de bas-fonds et 400 à 600 kg/ha pour le riz pluvial «pam-pam». Manque d’enquête agricole sur le terrain depuis 1997, car avec le conflit armé cela n’a pas pu être réalisée par des raisons financières, ce que n’a pas permis de mesurer des superficies et des rendements des différentes cultures céréalières. Leur production a été estimée en 1999 sur la base des éléments recueillis auprès des agents de terrain et des producteurs de quelques régions, ce qui a donné les taux de variation de la production pour chaque culture, par rapport à 1997/98, comme suit : – une augmentation de production de 10% pour le riz pluvial ; – une augmentation de 20% pour le mil, le sorgho et le maïs ; – une augmentation de 10% pour le fonio ;

  • 11

    – une baisse de 35% pour le riz de bas-fonds ; – une baisse de 60% pour le riz de mangroves. En fait, en 1999/2000 la production céréalière totale a été estimée à 138.666 tonnes ; il ressort une baisse de 6% par rapport à 1997/98 et une augmentation de 6% par rapport à l’année 1998/99. La production totale de riz est de 80.273 tonnes, résultant une baisse de 20% et de 8% respectivement par rapport à 1997/98 et 1998/99, comme conséquence des inondations et du parasitisme dans les bas-fonds et les mangroves. D’autre part, on observe une augmentation des productions des autres céréales (23% et 32% par rapport à 1997/98 et 1998/99, respectivement), dûe principalement à l’augmentation des superficies emblavées et au grand niveau des réserves en eau des sols. Le tableau suivant montre cette estimation et les variations mentionnées.

    Tableau 2. Production céréalière de la campagne agricole 1999/2000

    Comparée à celles de 1997/98 et 1998/99

    AnnéesCultures

    1997/98 1998/99 1999/2000* % par rapport à 1997/98

    % par rapport à 1998/99

    Riz pluvial Riz de bas-fonds Riz de mangroves Riz S.A.Bissau

    38.759 36.658 24.523 -

    28.100 42.500 16.600 -

    42.635 23.828 9.810 4.000

    +10 -35 -60 -

    +52 -44 -41 -

    TOTAL Riz 99.940 87.200 80.273 -20 -8 Maïs Mil Sorgho Fonio Céréales S.A.Bissau

    20.646 10.350 12.384 3.938 -

    9.700 21.500 11.300 1.600 -

    24.775 12.425 14.861 4.332 2.000

    +20 +20 +20 +10 -

    +155 -42 +31 +171 -

    Autres Céréales 47.322 44.100 58.393 +23 +32 TOTAL Céréales 147.271 131.300 138.666 -6 +6

    Source : Rapport de mission conjointe CILSS/FAO d’évaluation préliminaire de la campagne agricole 1999/2000 en Guinée-Bissau, 1999 * Prévisions D’une manière générale, on peut dire que la campagne agricole 2000/2001 s’est déroulée d’une façon satisfaisante, malgré que les semis des céréales ont démarré avec un léger retard, au mois de juin, dû essentiellement à une pause pluviométrique en mai, observée après les premières pluies. Tout au long de la saison agricole (de juin à octobre), les cultures ont bénéficié d’une bonne alimentation hydrique pour leur développement et leur croissance végétatifs. Les réserves en eau des sols ont été bien approvisionnées. L’évolution de la campagne agricole est positive, à l’exception des régions de Bafatá et Gabú, où on prévoit une diminution significative de la production du mil, sorgho, maïs et du riz de bas-fonds. Cette situation est, en ce qui concerne le mil et le sorgho dûe essentiellement au manque de sarclage liée aux pluies abondantes enregistrées durant les mois de juin et juillet, avec des conséquences négatives sur les travaux de sarclage. Les superficies emblavées pour les cultures du riz de plateau ont augmenté très considérablement par rapport à celles de l’année passée.

  • 12

    Les récoltes ont commencé pour le maïs, le sorgho, le mil, l’arachide et le riz de plateau. Les riz de bas-fonds et de mangrove sont en cours de repiquage avec plus d’un mois de retard. Relativement à la situation phytosanitaire, il y a eu des incidences plus ou moins importantes des parasites sur les différentes cultures. Quant aux acridiens, la situation a été calme. Grâce à l’appui de la FAO aux directions régionales de l’agriculture, des traitements ont été faits et d’autres sont en cours.

    Tabeau 3. Infestation des parasites sur les cultures céréalières (Campagne Agricole 2000/2001)

    Mois Parasites Cultures Régions Juin - Coléoptères (Heteronychus oryzae) Riz de bas-fonds (en semis

    directs) - Bafatá - Gabú - Oio

    Fin juin-début juillet - Chenilles défoliatrices (Spodoptera exempta)

    Riz pluvial, maïs, sorgho -Bafatá - Cacheu (Canchungo) - Quínara

    Début août - Coléoptères (Hispa sp.) - Orseolia orizivora - Trichispa serricae

    Riz de bas-fonds et riz de mangroves

    - Tombali

    Septembre - Chenilles de lépidoptère (Nymphula sp.)

    Riz de bas-fonds - SAB - Gabú

    Septembre - Helminthosporium sorghi - Sclerospora sorghi

    Sorgho - Gabú (Pirada)

    Septembre - Pyricularia oryzae Riz de bas-fonds - Bafatá - Gabú - Oio

    Septembre - Orseolia oryzae Riz de bas-fonds - Oio Septembre - Zonocerus variegatus Petit mil - Gabú

    Source : GTP (Groupe de Travail Pluridisciplinaire constitué par DSPV, DEA, BPSA, Elevage, Météorologie et Hydrologie)

    b. Les cultures maraîchères

    Dans le sous-secteur agricole, l’horticulture joue un rôle de plus en plus important en Guinée-Bissau, puisqu’elle contribue de façon substantielle au programme de sécurité alimentaire. Actuellement, elle est pratiquée dans toutes les régions du pays et par tous les groupes éthniques. Pratiquée par les femmes, principales gestionnaires et plus actives pour le développement de la filière maraîchère du pays, surtout celles des ethnies Mancanha, suivies des Balantes ainsi que de la population musulmane, les hommes n’interviennent que pour certaines activités, comme creuser les puits ou clôturer les terrains à cultiver. Selon les estimations, en tenant compte des données de base de 1994 du projet «Ceinture Verte», sur l’ensemble du pays, les cultures maraîchères couvraient une superficie de 450 ha et occupaient

  • 13

    9.600 exploitations. Au cours de la campagne 1999/2000, avec l’intervention des projets TCP/GBS/7821, OSRO/GBS/901/SWE, PNUD/GBS/97/015 et certaines ONG’s, on estime la superficie à 665 ha, avec 15.162 exploitations maraîchères, couvrant 33.246 femmes. La production de légumes a atteint 16.668 tonnes en 1997 contre un voulme de 11.495 tonnes en 1996. Etant une des meilleures sources de revenus pour la population paysanne, à l’heure actuelle, la production nationale des légumes s’élève à 40.000 tonnes. Les données disponibles sur la production au pays devraient être mieux contrôlées, par des enquêtes de terrain, car les rendements calculés sont effectivement parmi les plus élevés de la sous-région, alors que le pays fait face à des graves problèmes de maîtrise des productions : difficulté d’approvisionnement en intrants et tout particulièrement en produits phytosanitaires, techniques culturales performantes mal connues par les producteurs, etc. En saison sèche, le maraîchage périurbain couvre de 70 à 80 % de la demande du marché en légumes frais ; en saison des pluies, période de pénurie en légumes, la demande n’est couverte qu’à 60%. En Guinée-Bissau, la production maraîchère se fait principalement en saison sèche et fraîche. En saison pluviale, les cultures vivrières occupent le terrain par diverses raisons, comme les traditions culturales, les besoins en produits de base, mais aussi par manque d’expérience et de disponibilité sur le marché local de semences des variétés adaptées à l’hivernage, le manque de parcelles appropriées et le non appropriation des terres par les producteurs. Il y a encore d’autres contraintes qui se présentent à la production maraîchère, telles que : la faible information des femmes sur les résultats des recherches dans la matière, surtout au niveau de la sous-région ; la faible organisation des circuits de commercialisation, à cause des barrières routières, coûts de transport très élevés, prix des produits bas ; la faible intervention des partenaires en matière de formation-vulgarisation (techniques de conservation, stockage et transformation des produits) ; l’absence du secteur privé dans l’approvisionnement en facteurs de production (semences, engrais, pesticides, arrosoirs) ; et le fait de la production locale de semences être embryonnaire.

    c. Les racines et tubercules Les racines et tubercules jouent aussi un rôle important en matière de sécurité alimentaire, malgré qu’ils soient considérés comme des cultures secondaires. Ils sont produits au niveau du pays entier, mais la concentration de la production se trouve dans certaines régions. Les données statistiques indiquent que la production annuelle de racines et tubercules serait de l’ordre de 18.000 tonnes. Dans les dernières années, on a pu vérifier un grand développement de la production du manioc, de la patate douce et du taro, qui ne sont pas utilisés seulement comme des compléments pour

  • 14

    l’alimentation familiale, mais ils sont aussi cultivés comme culture de rente et commercialisés sur les marchés nationaux et les marchés sénégalais frontaliers. La production de manioc a enregistré une croissance de 50% en passant de 21.118 tonnes en 1996 à 31.676 tonnes en 1997. Cette augmentation est liée non seulement à l’augmentation des superficies cultivées, mais aussi au bon niveau pluviométrique observé en 1997. Les patates douces ont connu un développement significatif de 30.0% en 1997 par rapport à 1996. Elles constituent un des deux produits dont la production pourrait augmenter les années à venir, compte tenu de la tenu de la forte demande émanant du Sénégal. Au niveau du manioc, il faut noter l’existence de variétés améliorées performantes telles que «Sweat Cassava» et deux variétés locales «Samua» et «Colio», avec un cycle de 8 à 12 mois. Le test variétal de «Sweat Cassava» a été réalisé en 1992 par le Centre de Recherche de Contuboel, à travers son Programme de recherche sur les racines et tubercules, et comportait 12 variétés provenant de Sierra Léone. Certaines variétés ont donné de très bons résultats en termes de rendement et de résistance à la cochenille du manioc et à la mosaïque, telles que : 60121 ; 82000033 ; 4(2)1425 ; et 8200422. Certains agriculteurs de Saradjobo (Région de Bafatá) disposent de plus de 8 hectares à l’une ou l’autre de ces variétés. Au niveau de la patate douce, il y a la variété «Bela Flor», en provenance du Cuba, actuellement diffusée sur une grande échelle à Bambadinca. Concernant le taro, il y a les variétés locales, mais une variété améliorée a été introduite depuis plus de cinq ans avec une importante valeur nutritionnelle ; il s’agit de la variété «Havana Rosada», actuellement vulgarisée par le RADHORT (à Bissau, Gã-Mamudo et Coli/Quebo). Les principales contraintes pour le développement des racines et des tubercules sont liées à leur base génétique restreinte, provenant d’un matériel végétal local sensible aux maladies et à l’absence de possibilités de conservation et de transformation.

    d. Le niébé Depuis très longtemps que la culture du niébé est pratiquée par les Mancanha. Constitués en 1993 par le programme de recherche en milieu paysan de la Station de Recherche de Contuboel, les groupes d’intérêt sur le niébé ont cultivé plus de 25 ha de cette culture, avec un rendement moyen de 1.200 kg/ha (avec un bon traitement), ce qui équivaut à une production totale estimée à 30 tonnes. Pour le niébé, nous avons la variété traditionnelle appelée «Feijão Mancanha», avec un cycle de 120 jours. Il y a aussi une variété locale de cycle court, la variété «Pli Plolo» de 60 jours. Concernant les variétés améliorées introduites, l’ex-DEPA a introduit plus de 43 variétés en provenance de l’IITA, parmi lesquels 3 sont actuellement vulgarisées, à savoir : – IT 82 E - 9 (1985) ; – IT 82 D - 889 (1989) ;

  • 15

    – KVX 309 - 1 (1989). Il faut souligner aussi que l’introduction de ces variétés a permis de mieux faire face à la période de soudure qui correspond aux mois de juillet et août, en raison de leur cycle court (45 à 56 jours), ce qui permet aux agriculteurs de faire double culture. 3.1.2. Les cultures de rente Selon les estimations de l’Institut National de la Statistique et du Recensement, en 1997 toutes les cultures d’exportation ont connu un accroissement sensible de la production par rapport à 1996. Cette évolution est dûe à l’augmentation des superficies cultivées et de l’effet favorable de la pluviométrie.

    Tableau 4. Exportation des cultures de rente de l’année 1994 à l’année 1997 (en tonnes)

    EXPORTATION CULTURES

    DE RENTE 1994 1995 1996 1997 Arachide 16.325,8 15.509,5 15.819,7 16.136,1 Noix de cajou 24.792,7 29.007,4 38.579,9 57.869,8 Palmiste 1.153,6 1.785,5 252,2 253,3 Coton 1.181,2 783,9 520,2 634,2 Fruits 186.524,6 210.100,8 309.555,6 477.653,1

    Source : Institut National de la Statistique et du Recensement (INEC), publié par Rapport annuel de la BCEAO, 1997.

    a. L’anacardier Au niveau national, l’essor de la production de l’anacardier date du début des années 80, mais les exportations de la noix de cajou ont commencé en 1978 avec 200 tonnes, et sont passées à 16.400 tonnes, en 1990. En 1995, elles étaient d’environ 29.000 tonnes, en 1996 elles ont augmenté à l’environ 38.600 tonnes, puis en 1997 elles ont encore augmenté à l’environ 57.900 tonnes, pour diminuer en 1998 à 33.800 tonnes, à cause de la guerre, et de nouveau augmenter en 1999 à 64.000 tonnes et en 2000, d’environ 72.725 tonnes. Disposant le pays d’un milieu très favorable au développement de la culture, il existe encore d’autres avantages comme la qualité potentielle du matériel végétal, les faibles distances à parcourir, une main-d’œuvre abondante et disponible. Au niveau international, les amandes et le baume sont bien appréciés. En 1995, la superficie plantée était de 103.000 ha (selon une étude de la filière cajou réalisée avec l’appui financier de l’Union Européenne). A un taux moyen annuel d’expansion de 18,2%, la superficie de plantation à l’année 2000 devrait être d’environ 238.000 ha. Le rendement en noix de cajou est satisfaisant, estimé à 970 kg/ha (en année moyenne) sur les vergers en âge de pleine production. A considérer que les fortes augmentations de superficies des dernières années et la jeunesse des plantations sont d’importants facteurs d’augmentation de la production.

  • 16

    Toutefois, la filière doit compter sur trois contraintes essentielles qui difficultent son essor et celui aussi de l’agriculture nationale en général : – la qualité défectueuse des noix exportées ; – l’application de techniques culturales rudimentaires (le caractère semi-extensif des

    interventions culturales, apparente l’anacardier à un produit de cueillette) ; – le mode de commercialisation (troc) des noix peu souple et déstabilisateur.

    b. Les productions fruitières Concernant les fruits, pour la Guinée-Bissau les plus importants sont le cajou, les agrumes, les bananes, les mangues, les papayes, les ananas, les goyaves, les noix de palme et les noix de cola. En 1995, les exportations des fruits ont été comme suit : 750 tonnes d’agrumes, 180 tonnes de bananes et 130 tonnes de mangues. D’autres fruits sont aussi exportés, mais en très petites quantités, tels que les noix de palme, les noix de cola, les ananas et les melons. Quant aux mangues, plusieurs nouvelles variétés (Kent, Keith, Palmer, Amélie, Eldon, Smit et autres) ont commencé à être utilisées et cultivées par les paysans et «ponteiros», ce qui a permis d’élargir sûrement la période de disponibilité des mangues (mai à septembre) sur les marchés et de réduire les achats faits avant à partir de Ziguinchor.

    c. Le coton Cultivée depuis une vingtaine d’années, la culture cotonnière a trouvé des conditions climatiques, pédologiques et humaines favorables à son développement, notamment dans les régions de Gabú (secteurs de Pirada, Pitche, Sonaco et Gabú), de Bafatá (secteurs de Bafatá, Contuboel, Xitole, Gamamudo, Galomaro et Bambadinca) et au Nord de la région d’Oio (Mansabá et Farim). Dans ces zones, la superficie cultivée pourrait être de 15.000 à 20.000 ha si l’on atteint à un taux de diffusion de la culture cotonnière de 40 à 50% des exploitations. Cela représenterait à long terme à une production potentielle d’environ 15.000 tonnes de coton graine. L’outil industriel existant peut traiter 10.000 tonnes de coton graine, avec possibilité d’augmentation de sa capacité de traitement. Considérant les variétés actuellement utilisées dans la sous-région et ayant une amélioration des performances de l’outil industriel, un rendement à l’égrenage de 41,3% est envisageable. C’est-à-dire, une capacité de production d’un peu plus de 6.000 tonnes de fibre et de 8.000 tonnes de graines de coton. Toutefois, malgré les données présentées dans le tableau 4 (Source : INEC), selon l’Unité de Gestion Cotonnière (UGA) les productions de coton et les exportations de fibre ont été respectivement : en 1997, de 4.391 et 1.862 tonnes ; en 1998, de 2.792 et 1.192 tonnes ; et en 1999, de 2.097 et 956 tonnes. Ces données sont considérées plus fiables que celles du tableau et montrent clairement que la production ainsi que l’exportation ont diminué dans les dernières années. Les principales contraintes liées au coton sont les besoins en intrants et en travail. L’introduction de cette culture a permis un changement considérable dans la technique de production (utilisation de la traction animale), ce qui s’est traduit par une augmentation de la production de cette culture

  • 17

    et d’autres cultures alimentaires, par un allégement du travail sur les cultures vivrières. L’engrais fourni sous forme de crédit de campagne, permet une augmentation des rendements des cultures vivrières au détriment du coton. En fait, on constate un certain retard dans les semis, un entretien insuffisant et le détournement des intrants vers les autres cultures, car les producteurs donnent priorité aux cultures de subsistance et laissent en second plan la culture de rente. D’autre part, le référentiel technique est bien connu en théorie, mais mal maîtrisé ou très peu intégré aux systèmes de production locaux. Il faut faire un travail au niveau des forgerons locaux pour réveiller tout le matériel dormant existant au niveau des agriculteurs jadis encadrés par le projet. La culture attellée pourrait aussi être utilisée pour la mise en valeur des bas-fonds, en vue d’alléger le travail des femmes.

    d. L’arachide Avec des conditions climatiques et pédologiques particulièrement favorables à la culture de l’arachide (à l’Est et au Nord), sa production annuelle est de 16.000 tonnes ; une partie est consommée sous forme de pâte et d’huile au niveau national, et l’autre partie commercialisée dans la frontière avec le Sénégal. Les cours internationaux des huiles alimentaires à base d’oléagineux et l’ouverture du marché sous-régional ont un niveau très bas. Par conséquent, le MAFC appuiera d’abord la création de conditions favorables au développement de l’arachide de bouche. La production d’arachide est évaluée à 16.136 tonnes en 1997 contre 15.820 tonnes en 1996, soit un accroissement de 2.0%. L’adhésion à l’UMOA et les perspectives d’exportation vers les industries alimentaires du Sénégal, devraient stimuler la production qui pourrait atteindre les niveaux observés au cours des années 1970 (environ 30.000 tonnes par an).

    e. Le palmier à huile Distribué partout dans le territoire national, surtout autour des bas-fonds de vocation rizicole et au long des galeries forestières, le palmier occupe une surface totale estimée de l’ordre de 100.000 ha, couvrant les plantations améliorées (pisifera) 100 ha dans les fermes de l’Etat (Pessubé, Prábis, Canchungo et Bubaque). Le palmier à huile constitue une grande importance pour les producteurs, une fois qu’il est une grande source de revenus (vente de noix, d’huile et de savon), qu’on l’utilise dans l’alimentation et il se sujette à une forte demande dans les pays voisins. Les noix de palme sont récoltées dans les palmeraies naturelles ; une partie est consommée localement et l’autre exportée. Le développement éffectif de la filière est difficulté par le manque d’équipement pour le stockage et la transformation (il se pose un problème d’extraction). Entretemps, depuis 1994 le Ministère a commencé l’introduction des variétés améliorées (d’origine de la Côte d’Ivoire), plus productives que les variétés locales.

  • 18

    3.2. Le sous-secteur de l’élevage En Guinée-Bissau, l’élevage constitue 17% du PIB, estimé à 169 millions de dollars en 1989, et représente 32% des revenus agricoles. C’est un sous-secteur fragile, subissant la contrainte des maladies infectieuses et parasitaires. Cependant, il apporte : – 6.500 tonnes de viande par an, dont 1/3 en viande bovine et 40% en viande de porc ; – 5.000 tonnes de lait. D’après une estimation de la FAO en 1992, la Guinée-Bissau a produit : – 3.000 tonnes de viande de bœuf et de veau ; – 1.000 tonnes de viande de mouton ; – 1.000 tonnes de viande de chèvre ; – 9.000 tonnes de viande de porc ; – 1.000 tonnes de viande de poulet ; – 12.000 tonnes de lait de vache ; – 604.000 tonnes d’œufs de poulet. Au niveau national, les statistiques de l’élevage donnent (DIAPER/CILSS, 1991) : – 410.000 têtes de bovins, dont 74% en zone Est ; – 240.000 ovins, dont 85% en zone Est ; – 225.000 caprins, dont 58% dans la zone Est et 26% dans la zone Nord ; – 67.000 porcins (49% dans Nord, 19% dans la zone Sud et 17% dans les îles) ; – plus de 473.000 volailles distribuées assez uniformément dans les différentes zones. Il faut souligner qu’au niveau du pays on a observé une baisse du taux annuel de croissance de 2,5% pour les porcins, pendant la période entre le recensement de l’élevage réalisé en 1985 et l’enquête faite par le DIAPER/CILSS, en 1991. Cette baisse a été dûe à une grande mortalité provoquée par la Peste Porcine Africaine (PPA). Cependant, les pays membres du CILSS utilisent un taux moyen de croissance de 2,5% pour les bovins, de 3% pour les petits ruminants, de 4% pour les porcins et de 7% pour les volailles ; à partir de ces taux et des données statistiques de l’enquête effectuée en 1991, on arrive aux estimations du tableau suivant.

    Tableau 5. Cheptel en milliers de têtes

    Espèces 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 Bovins 410.0 420.25 430.76 441.53 452.57 463.88 475.48 487.36 499.55 512.04 Ovins-caprins 465.0 478.95 493.32 508.12 523.36 539.06 555.23 571.89 589.05 606.72 Porcins 67.0 69.68 72.47 75.36 78.38 81.52 84.78 88.17 91.69 95.36 Volailles 473.0 506.11 541.54 579.44 620.00 663.41 709.84 759.53 812.70 869.59

    Seulement au niveau de Bissau, des unités semi-industrielles de production d’œufs et de poulets de chair se sont développées. Bien que le marché soit potentiellement important, notamment en zone périurbaine, la production laitière est encore peu développée ; la consommation moyenne est de 6

  • 19

    kg par personne par an. La consommation en viande est faible, de 7,7 kg par habitant par an, dont 2,6 kg de viande bovine et 3,4 kg de viande porcine. Les études existantes sur l’élevage mettent en évidence que la plupart des producteurs agricoles réalisent un peu d’élevage sur leurs exploitations, mais que les systèmes de production où l’élevage prend vraiment une place importante est située dans les zones de l’Est et du Nord, qui comptent environ 95% de la charge animale de ruminants. La grande majorité du bétail ruminant est gérée par les agropasteurs Peuls dans la zone Est. Cette forte concentration à l’Est se traduit par une pression importante sur les ressources naturelles, ce qui risque de constituer bientôt une contrainte majeure. Certains secteurs connaissent déjà des phénomènes de surpâturage, notamment en fin de saison sèche. Ainsi, 74,27% des bovins et 75,08% des petits ruminants se trouvent dans les régions de l’Est, majoritairement musulmanes, tandis que 61% des porcs sont produits dans les autres régions, où les populations sont davantage chrétiennes et animistes. La répartition des bovins par habitant est de 0,9 à Bafatá et 1,3 à Gabú. Ces régions, ayant une tradition d’élevage, pratiquent la transhumance pendant la saison sèche (décembre à juin). Au cours des deux dernières décennies, l’augmentation des exploitations commerciales a considérablement réduit les terres anciennement réservées aux pâturages. Il en a résulté une surcharge de plus en plus importante aboutissant à la dégradation de l’environnement. Certains éleveurs sont obligés de conduire leurs troupeaux dans les forêts lointaines où les animaux subissent une pression plus importante de glossines et d’autres vecteurs inéxistants dans leur environnement habituel. Il s’ensuit de nouvelles affections même si les Ndama sont trypano- tolérants. La péripneumonie contagieuse bovine (PPCB) n’a jamais été introduite en Guinée-Bissau, malgré sa persistance dans les pays voisins. Il n’en demeure pas moins qu’elle reste une menace permanente qui requiert une surveillance rigoureuse, afin qu’elle ne franchisse jamais les frontières du pays. Quant à d’autres maladies virales d’expansion rapide (peste des petits ruminants, peste porcine africaine, maladie de Newcastle de la volaille), elles sévissent chaque année dans les élevages, même si le diagnostic clinique n’est pas confirmé par des tests de laboratoire.

  • 20

    Tableau 6. Les principales maladies diagnostiquées en Guinée-Bissau

    Bovins Petits ruminants Porcs Volailles VIRUS PPR PPA Maladie de NewcastleBACTERIES Charbon bactéridien

    Charbon symptomatique Septicémie hémorragique Brucellose (hygroma du genou)Tuberculose (abattoirs=rare)

    Charbon bact. Pasteurellose Brucellose

    RICKETTSIES Cowdriose (suspicion) Cowdriose

    MYCOPLASMES PPCB (suspicion) HELMINTHES Douves

    Nématodes Cestodes (cysticercose)

    Dicroceliose Cysticercose

    Cysticercose Nématodes

    PROTOZOAIRES SANGUINS

    Trypanosomose Babesiose Theileriose Anaplasmose

    PROTOZOAIRES INTESTINAUX

    Coccidiose Coccidiose

    PARASITES EXTERNES

    Tiques Gales

    Source : Les contraintes de santé animale en Guinée-Bissau et la formulation d’un projet (rapport de mission), SYLLA, D., FAO/Bissau, 2000 Du fait de leur valeur économique, les bovins font, en premier lieu, l’objet d’interventions médicales, malgré l’éxistence de maladies sévères dans les autres espèces (peste porcine africaine, maladies aviaires, pneumopathies des petits ruminants, etc.). Les activités des services vétérinaires se limitent pratiquement aux vaccinations contre le Charbon symptomatique avant les pluies (mai, juin) et à des déparasitages. Le calendrier des vaccinations tient compte des mouvements de transhumance du bétail. Dans la région de Gabú, les interventions se font en saison des pluies (mois d’août) où les animaux sont regroupés, alors qu’ils sont en transhumance en saison sèche jusqu’en juin.

    Tableau 7. Vaccinations et traitements effectués en 1998-1999

    Ch. bactér. Ch. sympt. PPR Rage M. Newc. DéparasitageGabú 1998

    1999 12.000 30.000

    12.500 36.000

    1.350 29.500

    30 50

    1.200 9.000

    Bafatá 1998 et 99 11.251 11.251 Oio 1999 233 233 Cacheu 1999 86 12 Biombo 1999 179 36 (bovins)

    12 (chiens) Tombali 1998 239 239 72

    Source : Les contraintes de santé animale en Guinée-Bissau et la formulation d’un projet (rapport de mission), SYLLA, D., FAO/Bissau, 2000

  • 21

    Sur le plan de la santé animale, pour la campagne agricole 1999/2000 on a observé des cas de Charbon symptomatique, de Charbon bactéridien et de la Peste Porcine Africaine. La propagation de cette dernière maladie se fait par la consommation par des porcs sains des restes d’animaux morts, ce qui aura besoin d’une campagne d’information et de sensibilisation des éleveurs sur ce sujet. Concernant la Peste des Petits Ruminants (PPR), qui tuait des animaux, on a obtenu des vaccinations avec la FAO et beaucoup de caprins et ovins ont été vaccinés dans le secteur de Farim. La campagne agricole 2000/2001 a été signalée par des cas de Charbon symptomatique et de Charbon bactéridien. Une campagne de vaccination a pu être entreprise seulement dans la région de Gabú, ce qui n’avait pas été fait depuis plusieurs années. Au sud du pays,dans la région de Tombali, la présence de la Peste des Petits Ruminants (PPR) a été rapportée, causant des dommages plus ou moins importants. Aucune campagne de vaccination n’a été entreprise. Comme l’année précedente, il a été signalé aussi la présence de la Peste Porcine Africaine (PPA). Malgré tout, comme l’année passée, la situation agro-pastorale dans le pays a été globalement satisfaisante. Les pâturages abondants partout, il n’y avait aucun problème pour l’abreuvement du bétail dû à l’abondance d’eau. En général, les principales contraintes au développement de l’élevage sont liées au manque de pâturages, à la santé animale, à une certaine dégénérescence génétique des races locales et, surtout, à l’insuffisance des points d’eau pendant la saison sèche, qui pousse les éleveurs de bovins à ramener leur bétail vers les zones de bas-fonds durant cette période. Ce système reste peu productif et est très exigeant en surface : au minimum 6 à 7 hectares par UBT. Par ailleurs, les feux de brousse restreignent les superficies disponibles. Si les animaux ont accès aux résidus de récolte (tiges, chaume, etc.), les tourteaux de coton ne sont pas consommés, bien que riches en protéines (10 à 15%). Il faut souligner que la FAO a financé, dans le cadre du Programme Téléfood/97, deux micro-projets pour ce sous-secteur, qui sont dans la phase finale : «Appui au développement de petits ruminants en milieu rural» et «Développement de l’aviculture en milieu rural». 3.3. Le sous-secteur des forêts Avec une grande potentialité des sols (d’environ 3.830.000 ha), le pays dispose de ressources forestières considérables de l’ordre de 2 millions d’hectares de surfaces forestières et a une grande diversité écologique (forêts sous-humides, sèches, galeries, savanes, palmerais et mangroves) ; des réserves de bois sont estimées à 48.3 millions de m³, en 1995. Ces ressources sont théoriquement suffisantes pour couvrir la consommation nationale, estimée à près de 1,2 millions de m³, comprenant le bois d’œuvre, le bois de service et le bois d’énergie. Ce dernier comprend le bois de chauffe (de l’ordre de 650.000 tonnes/an, pour la consommation intérieure) et le charbon de bois (137.000 tonnes/an, pour la consommation intérieure). Il faut

  • 22

    ajouter encore les exportations officielles ainsi que les exportations clandestines (notamment du charbon de bois), ce que faisait une consommation totale de l’ordre de 2,1 millions de m³/an (en 1992). Des graves problèmes de détérioration des ressources naturelles se manifestent pratiquement sur l’ensemble du territoire national. Conforme la SCET International (1978), les formations forestières ont considérablement régressé au cours de la période entre 1946 et 1968, en comparant les photos aériennes prises dans ces occasions (voir le tableau suivant).

    Tableau 8. Evolution des formations végétales en Guinée-Bissau au cours de la période 1946-1968

    % SURFACE TERRITORIAL

    FORMATION VEGETALE

    1946 1968

    COMMENTAIRES

    Forêts 28,8 3,4 Savanes boisées 31,3 4,6

    Destruction presque totale du couvert forestier

    Savanes arbustives 13,9 17,6 Savanes buissonnantes, rares arbres, cultures marginales 7,8 31,7 Savanisation et érosion Friches, buissons, sol nu avec érosion 0,5 19,9 Cultures avec végétation naturelle 17,6 5,5 Cultures continues 0 17,4

    Mise en culture

    Source : Eléments d’un Plan Directeur d’aménagement et de gestion des ressources naturelles, 1992, p.7. Aussi, dans le tableau qui suit on peut apprécier les résultats de deux inventaires des ressources forestières effectués, le premier en 1978 par la SCET International dans le cadre d’une étude sur les potentialités agricoles, forestières et pastorales, et le deuxième en 1985 par ATLANTA Consult, dans le cadre d’un inventaire des ressources forestières.

    Tableau 9. Evolution des ressources forestières au cours de la période 1978 – 1985

    Type de forêt Invent. SCET 1978 (ha) Invent. ATLANTA 1985 (ha) Différence (ha) Forêts sub-humides 178.800 135.431 43.369 Forêts sèches 848.300 844.959 3.341 Forêts galeries 79.950 52.909 27.041 Savanes 1.237.900 996.985 240.915 Total 2.344.950 2.030.284 314.666

    Source : Eléments d’un Plan Directeur d’aménagement et de gestion des ressources naturelles, 1992, p.8. Ces résultats n’incluent pas les données des mangroves et des palmeraies, qui ont été évalués en 1977 à 356.900 ha et 112.700 ha, respectivement. L’analyse des deux tableaux montre une situation inquiétante quant à la dégradation des ressources forestières car, selon les études d’inventaires il y a une destruction de l’équivalent de 2 à 3% du couvert forestier chaque année, sous les effets conjugués des interventions humaines (feux de brousse, exploitation peu ou pas planifiée, défrichement pour l’agriculture, carbonisation, etc.),

  • 23

    accompagnées d’une dépréciation de l’ensemble des forêts, c’est-à-dire, une perte de l’équivalent de 0.966 m³ de bois/ha/an, et qui se manifeste par les phénomènes de savanisation de ces dernières. Certes, il y a beaucoup d’études concernant ce sujet, et chacune présente ses chiffres, démontrant qu’il existe une diminution de la surface forestière, qui s’accentue de plus en plus au cours du temps. La FAO avait avancé une estimation de 34.000 ha/an pour la période 1981-1985. Il y a ceux qui avancent des chiffres encore supérieurs ; par exemple, H. Bianchi (1986) a avancé le chiffre de 60.000 ha/an et Sardinha, 80.000 ha/an. Mais les pertes probables de surfaces forestières sont à l’ordre de 50.000 ha/an. En effet, les ressources forestières sont actuellement en forte dégradation, avec une baisse des réserves de l’ordre de 625.000 m³/an, qui se traduit principalement par la réduction des surfaces forestières : – baisse de 30% des surfaces de forêts sub-humides denses de Tombali ; – baisse de 57% des surfaces des forêts de savane de Bafatá, Oio et Gabú, et – réduction de 19% des surfaces de forêts de mangrove. Concernant le charbon de bois, la carbonisation est considérée comme une des principales causes de la dégradation forestière. Compte tenu de la nécéssité d’un appui dans ce domaine, il existe un projet (dans sa phase finale) financé par l’UE et éxécuté par la FAO, avec l’objectif d’assurer la rationnalisation et la professionalisation de la filière production et commercialisation de charbon de bois au niveau national, par une gestion économique et écologique, en assurant une formation adéquate et l’emploi permanent aux ruraux impliqués dans ce sous-secteur. La carbonisation améliorée répond à cette recommandation et vise à augmenter le rendement et la valorisation des déchets d’exploitation, pouvant favoriser la régénération naturelle de la forêt. La promotion de plantations d’espèces à croissance rapide constitue aussi un axe important de réflexion. 3.3.1. Production et consommation forestières Pour l’exploitation du bois d’œuvre, l’inventaire d’ATLANTA Consult de 1985 avait avancé les chiffres de productivité de la forêt de l’ordre de 55.000 m³ d’accroissement annuel. Entretemps, même s’agissant de données indicatives, elles ont été prises en compte pour l’octroi des autorisations d’exploitation de bois de sciage délivrées par la DSFC. En se basant sur des zones de formations ligneuses (estimées en 1992 selon les images Landsat, de 1990 pour l’Ouest et de 1987 pour l’Est du pays), la constatation est que la productivité totale annuelle en bois (des différentes formations) pourrait atteindre entre 600.000 et 700.000 m³/an. Les mangroves ont été très peu étudiées en vue de leur éventuel aménagement dans un but de production ligneuse. Plusieurs auteurs en ont estimé entre 5 et 10 m³/ha/an dans la sous-région Sénégal-Gambie.

  • 24

    Il n’y a presque pas une contribution des plantations artificielles dans la production annuelle de bois, car elles sont pratiquement inéxistantes. Avec une bonne implantation et gestion, on pourrait atteindre une production de 2 à 15 m³/ha/an. Concernant la consommation, le tableau ci-dessous a été établi sur la base d’une actualisation des statistiques de consommation de bois de feu et de charbon de bois en Guinée-Bissau.

    Tableau 10. Evaluation quantitative des produits en bois de feu et en charbon de bois en Guinée-Bissau (actualisation statistique et estimations pour 1999)

    Niveau Production primaire débitée des forêts

    Année 1999 Niveau Consommation finale (en tonnes)

    Niveau Consommation primaire brute (en tonne équivalent bois) En tonne de bois (2) En m³ de bois (3)

    Bois de feu Charbon de bois

    715.000 27.200

    715.000 151.000 (1)

    794.000 168.000

    1.203.000 255.000

    Total -- 866.000 962.000 1.458.000 Source : Récolte, transformation et consommation des bois en Guinée-Bissau : filières bois d’œuvre et bois d’énergie, DIOMBERA, K., Nancy, 1993

    (1) – Rendement pondéral moyen à la carbonisation traditionnelle : 18% (100 tonnes de bois pour 18

    tonnes de charbon de bois) ; (2) – Pertes à la production au stade exploitation du bois sur pied : 10% du volume bois sur pied est

    laissé sur place ; (3) – 1m³ de bois = 0,66 tonnes

    Relativement à la consommation du bois d’œuvre (des différentes espèces), les données statistiques de la DSFC concernant les exploitations faites par les entreprises de sciage, selon les licences, sont les suivantes : – pour l’année 1996, de 1.250 m³; – pour l’année 1997, de 7.375 m³; – pour l’année 1998, de 2.676 m³; – pour l’année 1999, de 3.723 m³; – pour l’année 2000, jusqu’au mois de juillet était de 4.881 m³. Particulièrement pour le rônier, dans la campagne 1999/2000 la DSFC a délivré des autorisations de coupe de 263.763 planches. La DSFC a aussi délivré des autorisations de chasse à 94 touristes, pendant cette année 2000 (jusqu’au mois de juillet). 3.4. Le sous-secteur de la pêche artisanale Le secteur des pêches contribue avec 4% au PIB et 43% au budget général de l’Etat, ce qui correspond à une recette annuelle d’environ 10 à 15 millions de dollars, et emploie 120.000 personnes.

  • 25

    Au pays, il existe deux types de pêche : la pêche artisanale et la pêche industrielle, étant celle-ci pratiquée par les grands bateaux sous licence concedée par le département de tutelle. La pêche en petite échelle a augmenté d’importance dans les dernières années, en ce qui concerne le nombre de personnes actives dans le secteur et la quantité du poisson disponible sur le marché. Le tableau suivant, présenté par le Département des Statistiques du Ministère de la Pêche en 1995, donne une idée des captures réalisées entre 1990 et 1995.

    Tableau 11. Evolution des captures par espèces de 1990 à 1995 (en tonnes)

    Années Crevettes Céphalopodes Poissons

    (fond de mer) Poissons (pélagiques ou de surface)

    Autres

    1990 4.275 14.574 37.946 50.354 8.589 1991 3.755 10.385 31.226 41.751 4.210 1992 4.005 3.182 18.932 14.810 4.028 1993 2.830 3.843 11.224 6.320 1.882 1994 2.576 4.975 19.003 762 2.494 1995 2.829 7.748 10.370 2.651 9.212 Source : Département des Statistiques du Ministère de la Pêche, 1995 et Plan Annuel de Gestion, 1996 Les éléments du diagnostic établi par le département de tutelle caractérise la pêche artisanale par l’éxistance de deux types d’exploitations : – une pêche traditionnelle pratiquée sans embarcations ou à l’aide de pirogues dépourvues de

    moteurs (monoxilas) ; – la pêche commerciale pratiquée par l’utilisation d’embarcations et d’engins plus modernes. Les ressources halieutiques que le pays possède sont accessibles à la pêche artisanale, dans des nombreux estuaires et sur l’ensemble du plateau continental ; exploitées avec peu de contrôle par des pêcheurs étrangers, ces ressources sont exportées vers les pays voisins sans grand profit ni pour l’Etat ni pour la population locale. La pêche artisanale est confrontée à des problèmes techniques de conservation et de transformation (essentiellement traditionnelles). La pratique du séchage, salage de la fermentation et du fumage sont fortement en augmentation, entraînant des conséquences négatives sur l’environnement. La pêche artisanale commerciale se trouve dans une phase embryonnaire de développement par rapport aux pays de la sous-région. En 1999, le Ministère de tutelle a traité de relancer les activités productives et commerciales de ce sous-secteur, car il est une source de protéine animale et une diversification des sources de revenus monétaires très important. Certaines mesures et actions ont été retenues dans le Plan Directeur pour améliorer la situation, telles que : diversifier et améliorer les techniques de pêche, former les acteurs de toute la filière et améliorer leurs capacités, améliorer les technologies adaptées de transformation, de conservation et de conditions de commercialisation, etc. Les données récentes sur la pêche artisanale situent le nombre de pêcheurs à l’ordre de 9.000, qui utilisent environ 2.300 pirogues type «nhomincas» et «monoxilas», dont 24% avec moteur. Des

  • 26

    3.000 propriétaires des pirogues (destinées à la pêche et au transport du poisson), la plupart (68,5%) travaille partiellement dans cette activité. Parmi les pêcheurs avec licence, environ 901 sont nationaux, 501 sont sénégalais et les restants d’autres nationalités. A souligner aussi qu’il y a un nombre élevé de femmes (plus de 1000) qui ont un rôle très important dans le développement de cette activité, au niveau du secteur informel. La production annuelle de poisson est estimée à l’ordre de 85.000 tonnes, dont 20.400 tonnes de la pêche artisanale. Ce sous-secteur fournit 62% du poisson consommé au pays. La consommation annuelle de poisson par habitant est de 25 à 28 kg. Dans la perspective de construire plus de caisses isothermes et d’équiper progressivement les embarcations de la flotte nationale de la pêche artisanale, la FAO, à travers le Programme Téléfood, a financé deux micro-projets de construction des caisses isothermes propres pour la conservation du poisson, destinées à la région de Bolama-Bijagós, dans un montant de 16.000 dollars. Cette organisation a approuvé en novembre/99 un projet PCT d’approvisionnement en équipements et matériels de pêche destiné aux pêcheurs de la région de Bolama-Bijagós. On doit également souligner qu’il y a trois projets qui ont reçu bien récemment l’agrément de la FAO concernant leur financement, dans le cadre du Programme Téléfood/99, à savoir : «Amélioration du fumage de poisson à Cacine», «Appui aux femmes transformatrices de poisson» et «Développement de la pêche artisanale de crevettes dans la région de Biombo». Le projet «Développement de la pêche continentale dans la région de Bafatá» sera dûment examiné par les services techniques de la FAO, à Rome, et mis en réserve pour un financement ultérieur dans le cadre du Programme Téléfood. 3.5. Le sous-secteur de la nutrition L’accroissement des disponibilités alimentaires totales enregistrées depuis 1980 n’a pas bénéficié de façon égale à tous les groupes de population. Cet accès inégal a affecté les plus pauvres, notamment en zones rurales. Le régime alimentaire inadéquat et le faible indice nutritionnel des populations pauvres, auquel s’ajoute l’influence des mauvaises conditions d’hygiène dans lesquelles elles vivent, sont à l’origine des taux de malnutrition, qui sont élevés. Par l’analyse des données existantes, on estime que la situation nutritionnelle du pays s’est détériorée de façon sensible depuis 1987, année où l’on a commencé à observer des cas de malnutrition grave dans les centres de santé. A titre d’exemple, les résultats d’une étude conduite en 1991 par le Ministère de la Santé avec le concours de la Banque Mondiale, démontrent que 58,4% des enfants de 0-5 ans se trouvent en dessous d’un écart-type et que 32,9% en dessous de 2 écarts-type par rapport à la moyenne. Pourtant, un tiers des enfants guinéens se trouvent dans la situation de risque nutritionnel (pour eux, le risque de mourir est 2,2 fois supérieur par rapport à ceux qui s’alimentent mieux).

  • 27

    Les anémies, associées aux parasites et à la grande dépense d’énergie, sont fréquentes et contribuent à une mortalité élevée d’enfants et mères. Une étude épidèmologique sur la santé maternelle et infantile conduite en 1990, indique un taux de mortalité maternelle de 914 pour 100.000 naissances vivantes, et peut être plus si l’on considére certaines études (UNICEF, 1988) qui indiquent des taux très élevés, 1.700 pour 100.000 naissances vivantes. Sur 1.000 naissances vivantes, 140 enfants ne vivent pas au-delà des cinq premières années, classant la Guinée-Bissau parmi les pays ayant le plus haut taux de mortalité infantile du monde. Les principales causes de mortalité (plus des 60%) refère à la malnutrition et aux maladies qui lui sont associées, telles que les maladies diarrhéiques, le paludisme, les infections respiratoires, la rougéole, etc. Le taux de prévalence est estimé à 12% à Bissau, 5% en milieu urbain et seulement 10% en milieu rural. Les études de masse corporelle chez l’adulte montrent que 40% en risquent une insuffisance corporelle chronique. L’anémie ferriprivée est élevée, en particulier dans le Nord, où elle a un caractère endémique ; près de 74% de femmes souffrent d’anémie, avec près de 21% de naissance d’enfants avec un poids de 2,5 kg, signe évident d’un état sanitaire inadéquat et un niveau nutritionnel préoccupant, les mères dont nombreuses sont entre 14 et 17 ans, donc en pleine croissance elles-mêmes. La cause déterminante de cette situation nutritionnelle est une consommation alimentaire insuffisante en général, et plus particulièrement en viandes, riches en protéines et en légumes, riches en fer et vitamine A. En ce qui concerne les autres micronutrients, on a constaté la carence d’iode, par manque d’habitude d’utilisation du sel en quantité suffisante dans les aliments, causant une forte incidence de la Maladie de Basedow «bócio» dans les régions de Bafatá (58%), Gabú (52%) et une partie d’Oio (44%), dans les secteurs de Farim et Mansabá. Globalement, l’information sur la consommation et l’état nutritionnel des populations reste souvent fragmentaire. Cependant, des enquêtes récentes du Ministère de la Santé et de la Banque Mondiale/IRAM en 1991 permettent de dégager des tendances qualitatives suivantes : – l’omniprésence du riz dans l’alimentation quotidienne et son importance (en moyenne 65% de

    la valeur du repas) ; – l’importance de la production alimentaire familiale : plus de 90% des familles pratiquent des

    cultures vivrières pour l’auto-consommation ou le troc, 81% pratiquent l’élevage et 30% la pêche.

    Toutefois, si ces valeurs sont assez indicatives d’un cadre alimentaire ou l’apport en protéine d’origine animale est très réduit, son explication réside non seulement dans les indicateurs de pauvrété des familles qui nécessairement orientent leur revenu vers ce qui est prioritaire, c’est-à-dire l’acquisition de riz. En 1993, seulement 40% de la population avait accès aux services de soins de santé primaire et l’accès à l’eau potable n’est réservé qu’à 31% de la population. La situation et les tendances

  • 28

    démographiques posent d’importants problèmes liés à la satisfaction des besoins de base et l’espérance de vie ne dépasse guère 43 ans (l’un des plus bas du monde). Le conflit armé de 1998 a contribué à détériorer davantage la situation sanitaire au pays, car les principaux centres de santé ont été détruits, les populations déplacées et accumulées dans des champs en conditions précaires, le personnel médecin en éxode et le manque d’aliments, ont provoqué l’aggravation de l’état de santé et de nutrition de la population guinéenne. L’on a encore le sentiment que les causes sous-jacentes telles que le faible niveau d’éducation nutritionnelle, les critères de partage d’aliments et les causes culturelles pèsent beaucoup sur cette situation. Les aspects socioculturels ont une incidence sur la situation alimentaire, dans la mesure où la consommation de viande, en particulier bovin, se fait surtout à l’occasion de cérémonies rituelles ou réligieuses. En plus d’un ensemble de tabous alimentaires, des prohibitions culturelles comme la consommation d’œufs, de lait, aliments hautement riches en protéines et nutriments protecteurs pour l’enfant en croissance. Une alternative à cette situation sera, peut-être, un engagement plus important du Ministère de la Santé Publique, dans le changement des habitudes alimentaires de cette population, améliorant la qualité diététique. Voyons, pendant la crise politico-militaire, les différentes enquêtes menées par les ONG’s ont utilisé différents indicateurs, et il s’est averé difficile de faire une conclusion qui soit objective et représentative.

    Tableau 12. Indicateurs utilisés pour évaluer la situaltion nutritionnelle

    ONG Malnutrition modérée Malnutrition sévère CARITAS Poids/âge < 80% Poids/âge < 60% MSF MUAC 110 – 124 mm MUAC < 110 mm BHP MUAC < 130 mm* SMI Poids/âge < 80% Poids/âge < 60%

    Source : Suivi du Sommet Mondial de l’Alimentation – Bilan 1996/1999 (Rapport national de la Guinée-Bissau), MAPRN, 1999 * BHP ne fait de distinction entre le degré de malnutrition ; MUAC < 130 mm = malnutrition Les zones à risque nutritionnel plus élevé sont principalement la ville de Tite (8,75% MS) dans la région de Quínara, et la zone frontalière avec la Casamance – São Domingos, Ingoré, Bigene (5% MS). Dans cette région, les intervenants ont remarqué surtout une croissance des cas de malnutrition. CARITAS a implanté un système de dépistage, de suivi et de récupération nutitionnelle, avec un total de 19 centres administrés par les religieuses de la mission catholique. La plupart de ces centres n’ont débuté leurs activités nutritionnelles qu’en novembre 1998, et il est difficile d’en évaluer leur impact. Ce projet de CARITAS mérite d’être supporté par les organismes internationaux ; le PAM et l’ECHO qui l’appuient déjà, devraient continuer une telle collaboration.

  • 29

    Lors de la campagne de vaccination dans les régions de Bafatá, Oio et Cacheu, l’équipe de Médecins Sans Frontières (MSF) a utilisé le MUAC pour évaluer l’état nutitionnel des enfants de 6-59 mois.

    Tableau 13. Résultats de taux moyens de malnutrition recueillis lors des campagnes de vaccination par MSF (MSF, 1998)

    Malnutrition modérée MUAC 110 – 124 mm

    Malnutrition sévère MUAC < 110 mm

    Région

    Résidents Déplacés Résidents Déplacés Oio 6,4% 4% 1,1% 0,6% Bafatá 5,4%* 1,2%* Cacheu 4,4%* 0,8%*

    Source : Suivi du Sommet Mondial de l’Alimentation – Bilan 1996/1999 (Rapport national de la Guinée-Bissau), MAPRN, 1999 * Il n’y a pas eu de distinction entre les résidents et les déplacés. Ces résultats et ceux présentés par CARITAS sont très différents, d’où l’importance d’avoir un standard national quant aux méthodologies employées pour faire les enquêtes nutritionnelles. Il est important de souligner que les enquêtes réalisées pendant les campagnes de vaccination touchent davantage les enfants en santé, ce qui expliquerait en partie les faibles taux de MSF. Les enfants résidents ont des taux de malnutrition supérieure, qui pourraient s’expliquer par les facteurs suivants : – Niveau de scolarisation faible des mères ; – Conditions de vie plus difficile des enfants ; – Enfants laisser à eux-mêmes ; – Nombreux tabous alimentaires. BHP a aussi utilisé l’indicateur MUAC, mais n’a pas utilisé les mêmes valeurs pour définir la malnutrition : < 130 mm = malnutrition. L’étude analysait la relation entre la malnutrition, la consommation familiale de riz et la mortalité, chez les enfants de 9-23 mois dans les zones fortement peuplées (Prábis). Tableau 14. Taux de malnutrition obtenus entre juillet et septembre 1998 (Aaby et al. 1998)

    1ère visite 2ème visite 3ème visite 4ème visite 5ème visite Résidents 24% 29% 33% 27% 17% Déplacés 13,5% 18% 11% 16% 9,5%

    Source : Suivi du Sommet Mondial de l’Alimentation – Bilan 1996/1999 (Rapport national de la Guinée-Bissau), MAPRN, 1999 Cette étude démontre qu’il y a eu détérioration nutritionnelle et un risque de mortalité accru (7 fois) chez tous les enfants résidents ou déplacés pendant la crise. Il semble que les enfants résidents aient davantage souffert. La consommation familiale de riz n’a pas été associée à une

  • 30

    détérioration de l’état nutritionnel. Tous les enfants ont récupéré plus rapidement lors du retour des populations vers Bissau. Dans le réseau médical du pays, c’est principalement la pénurie de médicaments et de vaccins qui a le plus nui à la santé des enfants. MSF a pallié à ce manque en distribuant des médicaments et des vaccins dans les centres de santé. En 1999, la mortalité maternelle a été de 337 pour 100.000 naissances vivantes à l’Hôpital National Simão Mendes (à Bissau), de 788 pour 100.000 à l’hôpital de Bafatá et de 2.418 à ce de Gabú. On a diagnostiqué 197.454 cas de paludisme, représentant 58% des consultations, affectant surtout les enfants agés entre 0 et 4 ans, où la mortalité est de 0,2%. Le taux de mortalité globale de cette maladie a été de 16%, étant plus élevé entre les 5 et 14 ans (1,3%). Dans cette même année, au niveau des centres et hôpitaux du pays, on a eu ces cas suivants : 27,824 de maladies diarréiques, représentant 8% des consultations ; 33.764 cas de maladies respiratoires aïgues (IRA), représentant 10% des consultations ; 8.389 cas de rougéole ; 6.369 de maladies sexuellement transmissibles, représentant 4% des consultations des adultes ; et 2.328 cas de malnutrition grave, des 18.789 consultations effectuées. Concernant l’état nutritionnel, à travers une enquête aux indicateurs multiples (MICS – 2000) réalisée dans le cadre d’un accord entre le Gouvernement et l’UNICEF, on peut apprécier quel est le pourcentage d’enfants agés de moins de cinq ans souffrant de malnutrition sevère ou modérée, illustré dans le tableau de l’Annexe 8. 3.5.1. La demande alimentaire et les besoins nutritionnels Les normes de consommation retenues sont de 129,90 kg/ha pour le riz, 8,47 kg pour le blé, 36,63 kg pour les céréales sèches, soit 175 kg de céréales par personne et par an. Cette consommation nationale est parmi les plus élevées du monde. Dans ces conditions, avec une population de 1.060.000 habitants en 1995, les besoins céréaliers s’élèvent à 170.000 tonnes composés de 127.000 tonnes de riz blanc et 43.000 tonnes pour les autres céréales. La production disponible étant de l’ordre de 125.000 tonnes, le pays accuse alors un déficit de 45.000 tonnes. Ce déficit correspond d’une manière générale au volume annuel de riz importé évalué à quelque 50.000 tonnes. Malgré que la Guinée-Bissau ne soit pas autosuffisante selon le point de vue alimentaire, les niveaux et caractéristiques de consommation mentionnés avant montrent que les causes de la mauvaise nutrition ne seraient fondamentalement dûes à la production et disponibilité alimentaires, mais surtout aux connaissances sur les besoins nutritionnels, des facteurs et populations de risque, des possibilités de diversification et équilibre alimentaires, à travers une meilleure utilisation des ressources alimentaires disponibles localement. Il s’agit d’un problème de sécurité alimentaire des familles, attribué au bas niveau d’information et d’éducation, aggravé par la pauvreté généralisée.

  • 31

    La ration protéique de 44,5 grammes/habitant/jour est insuffisante par rapport aux besoins qui sont d’environ 50 grammes. Cette ration protéique n’était que de 36,6 gm en 1991. Ceci montre une amélioration notable, quoique insuffisante sur le long terme et une baisse par rapport à la période 1981-83, dont il est difficile de dire, faute de données suffisamment précises, si elle traduit véritablement une tendance actuelle. La proportion de protéine animale dans la ration protéique moyenne est de 19% (24% en 1971-73). Les apports protéiques proviennent essentiellement des céréales (67% en1989-90 et 54% en 1971-73). Les bilans montrent que les disponibilités alimentaires exprimées par habitant et par jour ont augmenté au cours des dernières années, puisqu’elles sont passées de 2.016 kcal en 1980 à 2.570 en 1993. L’augmentation des disponibilités alimentaires totales exprimées en énergie qui a été de 65% entre 1980 et 1993, doit être comparée à l’augmentation du besoin en énergie de la population de la Guinée-Bissau qui était de 22% pendant la même période. Toutefois, l’effort d’accroissement des disponibilités alimentaires devra donc être poursuivi afin de satisfaire l’augmentation des besoins énergétiques pour l’ensemble de la population qui sera, selon les prévisions relatives à l’accroissement démographique et aux changements de structure de la population, de 44% entre 1993 et 2010. L’augmentation des besoins énergétiques totaux sera beaucoup plus importante pour la population urbaine (121%) que pour la population rurale. En termes de structure des disponibilités alimentaires, l’importance de la contribution des céréales à l’apport énergétique total a légèrement diminué pendant cette période de 1980 à 1993 (de 61% à 59% - avec une omniprésence du riz – 45%) ; ce