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LA PERSPECTIVE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE DANS LA SENSIBILISATION À L’ARCHITECTURE, À L’URBANISME ET AU PAYSAGE Actes du 7 e séminaire national de formation Groupe Ressources, compétences, pratiques pédagogiques auprès des jeunes Paris, 24 septembre 2009, 26 novembre 2009, 4 février 2010, 1 er avril 2010 Sous la direction de Marie-Claude Derouet-Besson Centre Paul Lapie, ENS de Lyon-Institut Français de l’Éducation

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LA PERSPECTIVE DU DÉVELOPPEMENT DURABLEDANS LA SENSIBILISATION À L’ARCHITECTURE,À L’URBANISME ET AU PAYSAGE

Actes du 7e séminaire national de formationGroupe Ressources, compétences, pratiques pédagogiques auprès des jeunes

Paris, 24 septembre 2009, 26 novembre 2009, 4 février 2010, 1er avril 2010

Sous la direction de Marie-Claude Derouet-BessonCentre Paul Lapie, ENS de Lyon-Institut Français de l’Éducation

Désormais partie intégrante d’un large pôle de sensibilisation au sein de laFédération nationale des CAUE, l’éducation des jeunes à l’architecture, l’urba-nisme et l’environnement reste une mission d’intérêt général pour l’ensembledes CAUE. Preuve en est la dynamique constante qu’a insufflée le collectif«Ressources, Compétences, Pratiques pédagogiques auprès des jeunes» depuisdes années, pour rassembler, mutualiser, diffuser, former aux différentes dé-marches que l’on peut entreprendre dans ce domaine.Après la publication de l’ouvrage 50 activités pour découvrir l’architecture etl’urbanisme avec les CAUE, il était indispensable de répondre aux attentes desministères de la Culture et de l’Éducation nationale par une réflexion méthodo-logique qui s’intéresse à la fois aux nouvelles orientations de l’enseignement del’Histoire des arts, mais aussi aux thématiques d’actualité qui suscitent de nom-breuses interrogations de la part d’enseignants de diverses disciplines. Ces actessont une première réponse. Ils réunissent le contenu de quatre journées deformation et d’échanges entre professionnels des CAUE, institutions, structureséducatives françaises et étrangères, qui ont rassemblé leur savoir et expertisesur la perspective du développement durable dans la sensibilisation à l’archi-tecture, l’urbanisme, au paysage.Une lecture indispensable pour tous ceux qui s’engagent dans une démarche pé-dagogique avec des jeunes mais aussi auprès de publics variés, associations,professionnels, élus.

Fédération nationale des Conseils d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement108-110 rue Saint-Maur

75011 ParisTél. 01 43 22 07 82 – Fax 01 43 21 42 89

www.fncaue.frwww.fncaue.fr/pedagogie/

Déjà parus

Actes 6e séminaire, Concevoir etmutualiser des outils pédagogiques grâce aumultimédia,architecture, urbanisme et développement durable, Lille 25-26 septembre 2008, Pôle«Pratiques pédagogiques auprès des jeunes» FNCAUE, M.C. Derouet-Besson (dir.), 2010.

Actes 5e séminaire, Sensibilisation à l’architecture et à la ville : quels apports réciproquesentre pratiques pédagogiques auprès des jeunes, conseil aux particuliers et aux collec-tivités, Marseille, 12 et 13 décembre 2006, Pôle «Pratiques pédagogiques auprès desjeunes» FNCAUE, M.C. Derouet-Besson (dir)., 2008.

Actes 4e séminaire, Du parcours architectural et urbain à la représentation de l’espace,Lyon, 23 novembre 2004, Pôle «Pratiques pédagogiques auprès des jeunes» FNCAUE,M.C. Derouet-Besson (dir.), 2005.

Actes 3e séminaire, CAUE et sensibilisation des jeunes au cadre de vie, Le Mans, 29 janvier2003, Pôle «Pratiques pédagogiques auprès des jeunes», FNCAUE, M.C. Derouet-Besson(dir.), 2003.

Actes 2e séminaire, Éléments pour construire une pédagogie de l’espace auprès desjeunes. Des pratiques de formation en question, Paris, 6 et 7 mai 1999, Commission«pédagogie» de la Fédération des CAUE, FNCAUE, M.C. Derouet-Besson (dir.), 2000.

Actes 1er séminaire, Éléments pour construire une pédagogie de l’espace auprès desjeunes. L’apport des sciences humaines. Paris, 14 et 15 mai 1998, Commission «péda-gogie» de la Fédération des CAUE, FNCAUE, M.C. Derouet-Besson (dir.), 1999.

Vente en ligne sur www.fncaue.fr/pedagogie

Ouvrage

Marie-Claude Derouet-Besson (dir.), Béatrice Auxent, Christine Belliard-Roman, OdileBesème, Myriam Bouhaddane, Agnès Frapin, Françoise Miller, Karine Terral, 50 activitéspour découvrir l'architecture et l'urbanisme avec les CAUE. De l'école au collège.Collection : 50 activités, édition CRDP Midi-Pyrénées, 2008.

LA PERSPECTIVE DU DÉVELOPPEMENT DURABLEDANS LA SENSIBILISATION À L’ARCHITECTURE,À L’URBANISME ET AU PAYSAGE

Actes du 7e séminaire national de formationGroupe Ressources, compétences, pratiques pédagogiques auprès des jeunes

Paris, 24 septembre 2009, 26 novembre 2009, 4 février 2010, 1er avril 2010

Sous la direction de Marie-Claude Derouet-BessonCentre Paul Lapie, ENS de Lyon-Institut Français de l’Éducation

Fédération nationale des CAUE

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Préambule

Le pôle de ressources et de compétences « Pratiques pédagogiquesauprès des jeunes» a organisé un cycle de quatre journées deformation en 2009-2010 sur le thème de la perspective du déve-loppement durable dans la sensibilisation à l’architecture, àl’urbanisme et au paysage. Cette formation a été possible grâce ausupport logistique de l’Union régionale des CAUE Rhône-Alpes,organisme de formation et au soutien de la Commission paritaireet du financement d’Habitat Formation.Cette formation active a eu pour objectif d’aborder les évolutionsinstitutionnelles, les actions de sensibilisation et d’éducationnovatrices, les pratiques pédagogiques développées dans la pers-pective de la mise en place de l’enseignement de l’histoire des arts,mais elle a aussi traité de la production d’outils pédagogiques et dedémarches applicables à un public élargi. Sous la forme de confé-rences, d’interventions de partenaires et d’acteurs de la sensibili-sation au développement durable ainsi que d’un témoignageinternational, cette formation a rassemblé les professionnels desCAUE mais aussi des enseignants et des représentants desréseaux qui enrichissent la mutualisation des expériences que cegroupe de travail de la Fédération nationale s’attache à faireconnaître et diffuser.Ce document rassemble l’ensemble des interventions et deséchanges qui ont eu lieu lors de ces quatre séminaires.

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Sommaire

Module 1 Jeudi 24 septembre 2009Patrimoine, ville, paysage et nouvelles données du développement durable

Questions posées à la sensibilisation par les deux impératifs à la mode : développement durableet histoire des artsMarie-Claude Derouet-Besson, maître de conférence, Centre Paul Lapie-INRP (UMR Éducation & Politiques)La sensibilisation vue par la Direction de l’architecture et du patrimoineRosemarie Benoit, Direction de l’architecture et du patrimoine (Ministère de la Culture et de la Communication)Création d’un outil de sensibilisation autour des chartes paysagèresJocelyne Grenier, directrice du CAUE de l’AllierLa Ville en valiseSylvain Manhes, association Robin des villes

Module 2 Jeudi 26 novembre 2009«L'œuvre» comme support de sensibilisation au développement durable

Le développement durable comme levier d’actions pédagogiquesPierre Bernard, urbaniste de l’État, Plan Urbanisme, Construction, Architecture, ministère de l'Écologie, du Développementet de l'Aménagement Durables«L'œuvre» urbaineHervé Rattez, architecte, directeur du CAUE du Calvados, enseignant à l’ENSA de Normandie«L’œuvre écologique» support de sensibilisation au développement durableDominique Gauzin-Muller, architecte, commissaire de l’exposition Habiter écologique, présentée à la Cité de l’Architectureet du Patrimoine

Module 3 Jeudi 4 février 2010Quels professionnels de la sensibilisation face à l’enjeu du développement durable ?

Les territoires en résidence des designers de serviceStéphane Vincent et Romain Thévenet, La 27e Région « laboratoire des nouvelles politiques publiques à l’âge numérique»Quels outils communs pour des professionnels différents ? L’Annuaire de l’enseignement de l’histoire des artsÉlizabeth Fleury, chef du projet de l’Annuaire, Marion M. Laprade, Délégation au Développement et aux affaires Internationales,ministère de la Culture et de la CommunicationLes animateurs de l’architecture et du patrimoine et le réseau des Villes et Pays d’art et d’histoireXavier Bailly, président de l’Association des animateurs du patrimoineCréation et médiation sur le cadre de vieSabine Thuilier, association PixelÀ propos des pôles «métiers» de la fédération des CAUEYves Brien, directeur de la Fédération nationale des CAUE

Module 4 jeudi 1er avril 2010Utilisation des Systèmes d’Information Géographique et rapport au développement durabledans la sensibilisation à l’architecture et à l’urbanisme

Construction de l’espace et visualisation d’images numériques, regards croisés entre différentes disciplinesGilles Aldon et Sylvain Genevois, EducTice, INRP

Contribution des CAUE à l’évolution de la cartographieLe groupe «SIGistes» de la Fédération nationale des CAUELaure Briard, CAUE de l’Aisne et Aurélien Sebert, CAUE du Nord

L’approche de la sensibilisation à l’architecture et à l’urbanisme en AutricheBarbara Feller, docteur en histoire contemporaine, directrice de la Fondation autrichienne pour l’architecture, responsable du domaine«Architecture» au sein de KulturKontakt

Postface

Ressources compétences et pratiques pédagogiques auprès des jeunes : une perspective durable ?Marie-Claude Derouet-Besson, Centre Paul Lapie, ENS de Lyon-Institut Français de l’Éducation

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Module 1 Jeudi 24 septembre 2009

PATRIMOINE, VILLE, PAYSAGEET NOUVELLES DONNÉES DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

Questions posées à la sensibilisation par les deux impératifs à la mode :développement durable et histoire des artsMarie-Claude Derouet-Besson, maître de conférence, Centre Paul Lapie-INRP (UMR Éducation & Politiques)La sensibilisation vue par la Direction de l’architecture et du patrimoineRosemarie Benoit, Direction de l’architecture et du patrimoine (Ministère de la Culture et de la Communication)Création d’un outil de sensibilisation autour des chartes paysagèresJocelyne Grenier, directrice du CAUE de l’AllierLa Ville en valiseSylvain Manhes, association Robin des villes

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Pendant très longtemps, la sensibilisation à l’architecture, à l’urbanisme,au paysage est entrée dans ce que nous appelons les «éducations à», commel’éducation à la santé ou au code de la route et nous nous demandions commentfaire pour que tout le monde puisse avoir accès à cette sensibilisation. La questiona été posée à de multiples reprises, avec davantage de succès auprès duministère de la Culture que de celui de l’Éducation nationale. Depuis quelquesannées, le braquet a changé, cette généralisation espérée dispose de diversesvoies d’existence sur le terrain : les programmes scolaires ordinaires d’abord,beaucoup plus ouverts sur ces questions qu’on le pense, les textes d’introductionde l’éducation au développement durable ou de l’enseignement de l’histoire desarts. La généralisation est désormais affirmée comme un objectif même si ellen’est pas encore réalisée, tandis que dans le même temps les points de vue surl’architecture et l’urbanisme ont évolué. Les deux impératifs qui montent en puis-sance, l’histoire des arts et le développement durable, sont aussi deux modes quitraversent le champ de cette sensibilisation généralisée. Ils dépassent la questionde la sensibilisation. Il faut trouver la manière d’articuler l’ensemble alors quele champ de la sensibilisation est modifié. La conjoncture générale évolue, renvoieà des problèmes généraux, qui conduisent à poser des questions beaucoup pluslarges pour revenir vers la sensibilisation.Il s’agit bien d’impératifs car qui ne parle pas de développement durable,aujourd’hui, n’est pas crédible et qui ne parle pas d’histoire des arts n’est pas«branché». Ces deux impératifs sont pourtant de nature différente, tant sur le fondque du point de vue des origines, de l’importance et des demandes de nos inter-locuteurs.

L’histoire des arts constitue une évolution interne à l’Éducation nationale, unenouvelle organisation du temps et des contenus scolaires. Pour ce ministère, lagénéralisation, y compris celle de la sensibilisation à l’architecture, s’inscrit dansce cadre. Sa conception correspond au moment où nous sommes de l’évolutiondes disciplines scolaires. Jusqu’en 2001, la Culture et quelques personnes del’Éducation nationale défendaient la nécessité d’une discipline nouvelle.François Barré, à la Direction de l’architecture, plaidait par exemple pourl’introduction de l’enseignement de l’architecture dans les établissementsscolaires, comme une nouvelle discipline. Cependant, l’idée dominante à l'Édu-cation nationale refusait cette introduction d’une nouvelle discipline dans desprogrammes jugés déjà trop chargés.Une discipline d’enseignement est un produit historique et culturel et non scien-tifique (Compère M.M. & Chervel A. dir. 1997 «Les humanités classiques»,numéro spécial d’Histoire de l’éducation-74), il y a toujours un décalage entreles contenus purement scientifiques et savants des disciplines universitaires et cequi est traité à l’école. Le changement actuel s’inscrit dans cette histoire desdisciplines scolaires mais il fait aussi écho à tout ce qui a été dit depuis plusieursdécennies sur l’importance de l’interdisciplinarité. Ainsi, l’enseignement de

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Questions posées à la sensibilisation par les deux impératifs à lamode:développement durable et histoire des arts

Marie-Claude Derouet-BessonMaître de conférenceCentre Paul Lapie INRP (UMR Éducation & Politiques)

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l’histoire des arts doit être abordé au travers desautres disciplines, ce n’est pas une discipline quis’ajoute aux autres avec des enseignants et deshoraires particuliers. Cette proposition fait écho auxpropos d’Edgar Morin, par exemple, sur la nécessitéd’une autre approche des contenus disciplinaires,plus transversale. Elle met aussi en œuvre des idéesexprimées depuis plusieurs années, qui veulenttransformer l’enseignement traditionnel par le biaisdu regard et de la dimension artistiques. Ce qui estainsi proposé par cet enseignement de l’histoire desarts est en décalage avec la sensibilisation menée parles CAUE. Ceux-ci devront choisir de s’y adapterou non, de se l’approprier ou non.Une rapide présentation de l’enseignement de l’his-toire des arts s’impose. Il concerne essentiellementtrois disciplines : l’histoire, les arts plastiques et lamusique. Il se distingue de la discipline universi-taire existante qu’est l’histoire de l’art et ne seconfond pas non plus avec une généralisation del’option «histoire des arts » qui existe au lycée.Il s’agit de procéder différemment, d’aborder ladiscipline enseignée, quelle qu’elle soit, par le biaisde l’histoire des arts sans se contenter d’importerquelques éléments de connaissances supplémen-taires. Ce qui pose un grand nombre de questionsaux enseignants et aux intervenants susceptibles deles aider puisque tout est intégré à l’enseignementordinaire du programme. Les demandes directesadressées aux CAUE concernant ce domaine del’histoire des arts sont d’ailleurs encore rares.L’examen de la circulaire créatrice de cet enseigne-ment montre qu’il est très centré sur l’œuvre. Orl’âme des CAUE est la transversalité entre l’objetarchitectural, l’urbanisme et l’environnement, voireaujourd’hui le paysage. Par conséquent, ce pro-gramme ne correspond pas vraiment à vos envies.Si l’architecture a, évidemment, toute sa place dansles arts, elle n’est pas réductible à sa dimensionartistique. L'entrée par l’œuvre, l’insistance sur lebeau, peut aller à l’encontre de ce que vous souhaitezfaire. Il faudra sans doute interpréter ou donner dupoids à certains éléments qui envisagent l’œuvresous différents champs au lycée –champ esthétique,champ anthropologique, champ technique, champhistorique et social… Quant aux enseignants, ilsaffichent une réticence massive. J’ai pu assister aucolloque à la Sorbonne de lancement de l’histoiredes arts, dans une salle principalement composéed’inspecteurs, de conseillers pédagogiques et deproviseurs, avec très peu d’enseignants de base etpourtant marquée, même à ces échelons, par unenette réserve, feutrée certes mais indubitable. Ladécision imposant cet enseignement émane duprésident de la République et non des acteurs del’éducation, ce qui a nécessairement un impact surson accueil. En outre, la circulaire ne prévoit ni de

formation ni d’heures de concertation. Elle estune incitation à travailler différemment, dans sadiscipline et avec les autres, sans moyens supplé-mentaires ni véritable possibilité de travaillerensemble sérieusement.

Le deuxième impératif, celui du développementdurable n’a rien à voir avec l’Éducation nationale,dont les textes produits à ce sujet depuis plusieursannées nous ont considérablement moins interpel-lés. Si le développement durable est déjà intégrédans la démarche des CAUE, un effort est encorenécessaire face à l’urgence qui semble se dégager,toujours plus vive, face au dérèglement climatique.Il revêt une dimension planétaire et interrogechacun de nous, toute la population, y compris lesélèves et fait l’objet, d’après vous, d’une demandeforte des enseignants. Pour l’instant, je n’ai peut-être pas suffisamment enquêté mais je ne vois guèreles réponses à cette question du développementdurable s’appuyer sur la transversalité traditionnelledes CAUE. J’ai vu arriver des personnels nouveauxchargés de la dimension énergie dans les CAUE.Mais j’ai l’impression que, pour la traiter, vousn’avez pas puisé dans les compétences nouvelles ettransversales des CAUE mais plus souvent faitappel à des spécialistes.L’évolution des CAUE, depuis quelques années, estla multiplication, aux côtés des architectes, de pay-sagistes. Le développement de ces compétences surle paysage croise et rencontre sans difficultémajeure les problématiques concernant l’environ-nement. Cependant, la logique d’approche quiapparaît la plus fréquente est centrée sur la nature.La relation au cadre bâti existe mais la démarches’est déjà quelque peu extériorisée par rapport auxquestions centrales que vous traitez par ailleurs àl’échelle du territoire. Vous évoluez avec la sociétéqui s’est emparée de sujets à sa portée : l’énergie etles déchets. La question du développement durableest majoritairement traitée à partir de ces thèmes,même s’ils sont réducteurs. Le choc de ces deuxperspectives est déjà extrêmement présent dans lavie des CAUE. Chacun d’entre vous dispose déjàsans doute de spécialistes des questions énergé-tiques dans son équipe. Il me semble être témoind’un choc assez vif entre votre vision traditionnelleinitiale et transversale et ces questions énergétiques.Le mariage ne se fait pas vraiment me semble-t-il.Je vous livre mon sentiment sur ce que je constateen allant vous rendre visite ici ou là. La manièredont vous avez intégré les paysagistes, de façon trèsconstructive et détaillée, me paraît nettement plusréussie que l’intégration des énergéticiens.Certes, le développement durable ne se limite pasaux déchets et à l’énergie, même si vous vous êtesemparés du sujet pour des actions de sensibilisation.

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ce n’est pas votre créneau d’action principal. Ungroupe de l’université permanente de la fédérationest chargé de l’étalement urbain et de la densité.Cette préoccupation est constante mais il manqueencore les moyens d’une démarche de sensibilisa-tion claire et précise autour de ces sujets et laconstruction d’un nouvel axe transversal est à pré-voir autour d’une approche CAUE du développe-ment durable.

Ces deux impératifs d’histoire des arts et de déve-loppement durable se doublent d’une dimensionpolitique extrêmement forte. Le travail réalisé surle Grenelle en témoigne qui trouve des échos danstoutes les facettes de votre travail. Pourtant, il existeune grande différence entre les deux. S’agissant dela volonté de l’Éducation nationale, il ne suffit pasd’une injonction nationale forte pour que des effetsimmédiats s’en ressentent sur le terrain. Les acteursont toujours la possibilité d’avancer avec plus oumoins de fougue et d’intérêt. L’enseignement del’histoire des arts peut constituer une opportunitéà saisir pour faire passer vos préoccupations enmatière de sensibilisation. C’est ainsi qu’elle a étécomprise par le Pôle de ressources et de compé-tences «Pratiques pédagogiques auprès des jeunes»mais la prise en compte sur le terrain sera détermi-nante. Cela n’a rien à voir avec le raz-de-marée dudéveloppement durable et la manière dont la popu-lation s’en est emparée, au travers de thèmes quiinterpellent fortement, comme les économiesd’énergie.J’espère que des membres de ces «Espaces Info-énergie» (EIE) rejoindront ce groupe car lesquestions posées sont nombreuses. Tous les CAUEdisposent de documents pour apprendre à réaliserdes économies d’énergie mais simultanément, jevous entends déplorer l’inadéquation architecturaledes solutions proposées. Je me trompe peut-être

mais le choc résultant du nombre et de la place deces nouveaux professionnels parmi vous me paraîtimportant. Les CAUE doivent recomposer une cul-ture nouvelle pour l’approche de ces questions,comme ils le font depuis trente ans sur leurspremières missions. J’ai été surprise de constaterl’interrogation, à l’université d’été des CAUE,sur la nécessité de constituer un groupe «énergie»distinct ou transversal.

En conclusion, il n’y a pas de sortie possible sansréunir ces deux impératifs, sans restituer pour le déve-loppement durable une dimension culturelle dans la-quelle, pour l’instant, il ne s’inscrit pas du tout. S’iIest omniprésent dans de nombreuses controversesscientifiques et dans des perspectives politiques, ilest partout traité exclusivement selon l’angle, certespertinent, de l’urgence climatique. Si d’autres liensà caractère culturel ne sont pas tissés avec cettepréoccupation, vous ne pourrez pas apporter uneautre dynamique correspondant davantage à l’espritdes CAUE. Ces derniers ont une place à prendre quiconstitue un nouveau défi pour eux. À l’universitéd’été, des choses passionnantes ont été dites parexemple sur la nécessité de reprendre l’isolementdes toits des chalets d’alpage en Savoie quand onen change l’usage à des fins touristiques : le toittraditionnel est incompatible avec l’installationd’un chauffage. Comment faire ? Des solutions ontété trouvées qui rendent quasiment invisibles etesthétiquement satisfaisantes les adaptations. Dansce cas, la technique et l’esthétique architecturalesse combinent pour sauver un bâtiment traditionnelinscrit dans la culture du territoire. Plus largement,il faut s’attaquer de front à la dimension culturelle,pas seulement esthétique et artistique, du dévelop-pement durable. L’approche conjointe avec l’ensei-gnement de l’histoire des arts est une opportunitépour notre réflexion commune.

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Jocelyne GrenierConstatez-vous, sur le terrain, des rapprochementsconcrets entre le monde enseignant et les CAUE surces aspects ? Tous les CAUE n’ont pas la mêmehabitude de travail avec les enseignants.Béatrice Auxent

Pour le Nord, nous avons la chance d’avoir troisdisciplines représentées au CAUE dans notreservice éducatif. Nous abordons le sujet par laformation continue. Sur l’année scolaire 2009-2010, nous organisons deux stages sur le cadre devie dans le parcours d’éducation au développementdurable (éco-quartier, en France et en Europe) et lesregards croisés sur l’histoire des arts appliquée à nossujets. Nous menons également des actions directesauprès des classes, avec de nouveaux ateliers Pas-semurailles : le développement durable appliqué àl’urbanisme et, pour les plus petits, à l’architecture.Nous intégrons la culture dans notre sensibilisationau développement durable.Nous utilisons également lesAgendas 21 scolaires,en suivant deux initiatives. La première est ratta-chée au parc naturel de l’Avesnois dont le CAUEest membre du comité de pilotage. La seconde estune expérimentation d’Agenda 21 lancée par leConseil général auprès de dix collèges. Le CAUEsert de passerelle entre le Conseil général et l’Édu-cation nationale et établit un lien entre le bâtiment etson utilisation. Nous sommes à la deuxième annéed’expérimentation. L’objectif est une généralisationà terme. Un collège «haute qualité environnemen-tale» a ouvert l’année précédente, à Oiselle. Nousl’utilisons pour sensibiliser les enseignants aux com-portements différents qu’il implique.Jocelyne Grenier

Ce pôle pédagogique pourrait former des formateurs.Les gros CAUE ont les moyens d’organiser une telleexpérience dont les petits pourraient bénéficier. Nouséviterions ainsi les disparités en fonction des moyens.Béatrice Auxent

Le pôle entend bien continuer à œuvrer dans ce sens :mutualisation, capitalisation et production.Odile Besème

Il existe en effet une demande. Nous pourrionsinviter les CAUE proches du nôtre à assister à laformation.Jocelyne Grenier

Il pourrait y avoir plusieurs pôles en France.Marie-Claude Derouet-Besson

Le «pôle de ressources et de compétences» est des-tiné au partage des ressources et des compétences.Nous partageons déjà les premières mais pour lessecondes, la pratique est plus discrète et moinsformalisée.

Rémi KuentzNous allons proposer au CAUE du Nord uneformation à l’enseignement de l’histoire des artsautour de la question de l’architecture. Simultané-ment, j’ai la responsabilité d’une formation desenseignants de collège à cet enseignement. Lapanique suscitée est telle que de nombreusesacadémies proposeront des stages pour aider lesenseignants. Les CAUE pourront offrir leursservices.Béatrice Auxent

Une intervention sur l’approche culturelle desCAUE peut être intéressante.Rémi Kuentz

La culture, qui s’est échappée de l’Éducationnationale, semble y revenir.Karine Terral

En Franche-Comté, c’est plutôt nous qui orientonsles enseignants. L’an dernier, une classe de primairem’a sollicitée pour l’histoire des arts. Nous avonségalement organisé une formation autour d’uneœuvre : à l’usine Dodane à Besançon construite parles frères Perret. S’agissant de l’intégration des pay-sagistes, elle est efficace car leur formationcorrespond à celle des architectes, contrairementaux techniciens spécialistes de l’énergie. L’équipede l’espace Info-énergie est aussi nombreuse quecelle du CAUE d’origine, ce qui pose des problèmes.Nous ne parvenons même pas à produire des docu-ments communs et à travailler ensemble. Nous neparlons pas du tout des mêmes choses.Françoise Miller

L’un de nos trois techniciens Info-énergie estarchitecte. Il a suivi une formation à l’ADEME pourdevenir technicien. Nous avons beaucoup de travailavec les techniciens EIE qui opèrent essentiellementdans une optique de comptabilité. Ils remplissentdes tableaux de chiffres et ont le désir de privilégierla quantité tandis que nous privilégions la qualité.Karine Terral

Mes collègues ont effectivement présenté leur bilan«contact» sous la forme de coût travaux.

Catherine Grandin-MaurinCette pratique n’est pas étonnante puisque lestravaux sont soumis à des impératifs d’efficacitéchiffrée pour que le particulier puisse obtenir sonprêt. Le système est comptable par nature. Lespoints info-énergie sont une manière d’approcherle développement durable. Les artisans s’engouf-frent dans ces domaines en proposant diversproduits plus ou moins recevables. Nous devonsjouer un rôle de formation et d’orientation desateliers, entre le prescripteur et l’artisan. La forma-

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Échanges

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tion des élus me paraît très importante aussi car toutest plus aisé avec le soutien des élus. La formationdépasse les seuls publics scolaires.Je remercie Marie-Claude pour son analyse descompétences. Nous avons tous tendance à traiterl’environnement avec une approche par le paysage.Au CAUE de Nantes, des paysagistes ont suiviune formation à l’urbanisme. L’urbanisme, entrel’architecture et l’environnement, pourrait constituerun lien pour mieux aborder le développementdurable. Outre l’énergie et les déchets, la dimensiondes transports, très importante pour le Grenelle del’environnement, échappe quelque peu aux CAUEen dépit de son enjeu. Nous revenons à desquestions de planification, de PLU… En outre, leGrenelle a insisté sur les questions de gouvernance.La notion d’éco-quartier est mise en cause par lescommunes qui regrettent que, par leur installation,tous les autres aspects soient oubliés. Or l’instaura-

tion d’une gouvernance autour de l’écoquartierpermet de réinsuffler un peu de culture. Nous devonsaussi prendre en compte le fait que l’œuvre, enarchitecture, peut être urbaine.Les CAUE ont un rôle à jouer dans la culture descourants écologiques. Nos élus lyonnais ont étéépoustouflés par l’exposition Cité végétale deSchuitten à Bruxelles. Aujourd’hui, il me paraîtraitdangereux de ne pas accompagner d’une approchecontemporaine du développement durable ces dis-cours sur l’écologie et le bio-mimétisme et surtoutl’exposition de l’œuvre d’un artiste avec un passéécologiste. L’œuvre est admirable mais nous devonsêtre à la pointe de l’analyse critique et replacer letout dans une préoccupation d’écologie sociale.Béatrice Auxent

Justement, lors de l’avant-dernier séminaire dupôle, nous avons rappelé la nécessité d’ouvrir lesCAUE à tous les publics.

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Je vous remercie de m’avoir invitée à dialoguer avec vous dans le cadre decette formation. À la DGP, nous suivons avec intérêt et plaisir l’action des CAUE.Je voudrais revenir sur la nécessité de resituer la dimension culturelle dans ledéveloppement durable. Ce point alimente la réflexion du ministère de la Cultureet s’est concrétisé au travers de deux événements : la présidence française del’Union européenne et le Grenelle de l’environnement. Le conseil des ministresa adopté, le 20 novembre 2008, des conclusions intitulées»contributions de laculture au développement durable». Celles-ci s’inscrivent dans le cadre dela nouvelle stratégie de l’Union, de la Charte de Leipzig du 24 mai 2007 et destravaux du forum européen des politiques architecturales qui ont abouti à unséminaire à Bordeaux, en novembre 2008. Je vous distribuerai ces conclusionsdont je relève des points essentiels. Elles invitent l’ensemble des pays européensà prendre en compte l’architecture dans un rôle de synthèse et d’innovation, touten privilégiant des approches culturelles dans la création d’un cadre de vie dequalité. Le texte fournit un cadre à cette dimension de développement durable àlaquelle nous sommes tous attachés.Une deuxième réflexion est engagée depuis deux ans, avec le Grenelle de l’envi-ronnement, durant lequel le ministère de la Culture a parfois eu des difficultés àfaire valoir son point de vue. Cette réflexion a abouti à la loi de programmationd’août 2009 dite «Grenelle I» qui mentionne la préservation et la mise en valeurdes paysages. La loi de mise en œuvre («Grenelle II») est actuellement en dis-cussion au Sénat. Le ministère de la Culture a soutenu plusieurs éléments, dontla lutte contre l’étalement urbain ou la nécessité que les collectivités locales dis-posent de compétences pour produire des documents relatifs à l’urbanisme dequalité, en insistant toujours sur la dimension culturelle. Nous avons fait insérerla notion de développement culturel à côté du développement économique etinsisté sur le rôle des architectes, pour apporter une vision synthétique du déve-loppement durable.Nous avons confié au Conseil d’État un travail de réflexion sur l’architecture,dont le rapport a été remis récemment au ministre. L’une des pistes est de mettreen exergue la dimension culturelle du développement durable et d’introduiredans la loi de 1977 la contribution de la culture au développement durable. Cetobjectif est déjà présent dans l’enseignement de l’architecture. Il doit l’être dansle cadre de la formation des maîtres d’ouvrage et des Architectes des bâtimentsde France. Vous connaissez le débat sur ce sujet. La réflexion ne doit pas se faireau détriment du patrimoine tout en intégrant les préoccupations écologiques.De très nombreux particuliers s’opposent par exemple aux interdictions desArchitectes des bâtiments de France (ABF) d’installer des panneaux solairessur leurs maisons. Nous avançons sur ces pistes en dispensant des formations àces architectes.La question du «Grand Paris» a également soutenu cette réflexion. Une dizained’architectes a été consultée, ainsi que des urbanistes, des paysagistes et dessociologues. Tous ont mis en avant le développement durable au travers de la

La sensibilisation vue par la Direction de l’architectureet du patrimoine

Rosemarie BenoîtAdjointe à la sous-directrice de l'architectureDirection de l’architecture et du patrimoine (DAPA)Ministère de la Culture et de la Communication

Repères pédagogiques en architecture.Pour le jeune public. MCC, Paris, 2007.

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lutte contre l’étalement urbain, de la densité et destransports. Cette réflexion se poursuivra dans unatelier ad hoc et un travail entre les écoles d’archi-tecture et certaines métropoles françaises. Leministère entend utiliser ses structures pour pro-mouvoir la préoccupation de développementdurable et diffuser largement l’attention à la qualitéarchitecturale durable. Comme Philippe Madec, jepense que la reconnaissance du rôle de la culturedans le développement durable est la clé de laréussite.S’agissant de l’histoire des arts, cet enseignementconstitue une véritable révolution puisqu’un oral estprévu au brevet dès 2010 et contribuera à la sensi-bilisation à l’architecture. Il ne s’agit pas seulementd’architecture mais des patrimoines et des paysagesau sens plus large. Le ministère de la Culture a misà disposition des enseignants des ressources au

travers d’un annuaire en ligne, sur son site Internet,renvoyant à des fiches pédagogiques situées sur dessites d’autres réseaux. Les CAUE y participent demême que d’autres réseaux (Villes et Pays d’arts etd’histoire, maisons d'architecture…). L’ouverture estprévue le 5 octobre. Cette réponse n’exclut pas laprésence des professionnels auprès des enseignantspour des formations mais aussi des actions pédago-giques sur le terrain. En effet, les professeursrisquent d’être démunis et l’appui d’un professionnelsemble essentiel.Je suis très intéressée par vos pistes de travail etla suite de la réflexion. Il me semble essentiel deréfléchir avec l’ensemble des réseaux aux pistespédagogiques pour les enseignants. Il est nécessaireque les acteurs de la culture puissent répondre à vosdemandes. Je suis à l’écoute et prête à continuer letravail engagé.

Exemple de projet proposé par le CAUE des Côtes-d’Armor in Repères pédagogiques en architecture. Pour le jeune public. MCC, Paris, 2007, pages 70 et 71.

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Béatrice AuxentQu’est-il demandé aux DRAC, de manière descen-dante ou ascendante ?Rosemarie Benoît

Les conseillers aux affaires éducatives et culturellessont mobilisés dans le cadre de l’annuaire «histoiredes arts» et d’actions de terrain. Nous travaillonsparallèlement avec des conseillers chargés de l’archi-tecture ou des réseaux de promotion de l’architec-ture et du patrimoine.Béatrice Auxent

Vous nous conseillez de rencontrer les représentantsrégionaux du ministère?Rosemarie Benoît

Le ministère est en cours de réorganisation.Les services départementaux de l’architecture etdu patrimoine (qui inclut les ABF) rejoindrontprochainement les DRAC.Jocelyne Grenier

Rejoignent-ils physiquement les DRAC ?Rosemarie Benoît

Le rapprochement est principalement hiérarchiqueet dans certaines régions le STAP de la capitalerégionale rejoindra les locaux de la DRAC .Catherine Grandin-Maurin

Existe-t-il une volonté de rapprochement plus pro-fond ?Rosemarie Benoît

Avec la future Direction générale des patrimoines,issue de notre fusion avec la Direction des muséeset celle des archives, chaque DRAC disposera d’unpôleArchitecture et patrimoine. Il regroupera toutesles questions liées à l’archéologie, aux monumentshistoriques, etc. L’objectif est que ces servicesrendent des avis cohérents, quel que soit leur pointde vue. De son côté, le ministère est sommé deréduire les directions centrales. À partir de janvier2010, il ne comptera plus que quatre directions. Leservice de l’architecture sera intégré à la Directiondes patrimoines.Jocelyne Grenier

L’ABF nous dit qu’il n’a plus les moyens, sur leterrain, d’exercer son rôle et demande que le CAUEle remplace pour le suivi des ZPPAUP.Rosemarie Benoît

Le ministère de la Culture souhaite réintroduirel’avis de l’ABF sous une nouvelle forme, non plusde manière étroite mais selon une approche large ettransversale. Dans le cadre de la loi Grenelle II, ils’agira de voir comment l’avis de l’ABF, sans êtrenécessairement conforme, peut être réintroduit dansune telle optique. Non seulement lesABFmanquentde moyens mais ils ressentent la volonté de réflé-

chir et de travailler avec les acteurs locaux pour dis-poser d’une vision partagée avec les élus. Leurpréoccupation résulte de la nécessité d’avoir unevision élargie plutôt que d’une volonté de délégation.Jocelyne Grenier

Nous essayons de construire une relation dans cebut, notamment sur le photovoltaïque, parce quenous sommes plutôt démunis sur ces questions.Catherine Grandin-Maurin

Pouvez-vous nous en dire davantage sur l’Annuaire ?Rosemarie Benoît

Il prend comme entrée le texte du Bulletin officielde l’Éducation nationale avec des champs tels que :arts de l’espace, arts visuels, etc., et une déclinaisonpar niveau scolaire (primaire, collège, lycée…).Jocelyne Grenier

Pourrons-nous l’alimenter au fur et à mesure ?Rosemarie Benoît

C’est l’objet. Il est actuellement limité à 3000fiches mais d’autres pourront être ajoutées par lasuite. Un groupe de travail de la DAPA et de laDDAI, chargée de la mise en ligne, veille auxcontenus.Marie-Claude Derouet-Besson

Chaque enseignant pourra chercher un niveau, unepériode et un thème et disposera de dix à trenteressources. J’ai l’impression que nous avons aidél’interface entre des enseignants et la DDAI qui enmanquait. Certains de nos collègues ont pu donnerleur avis et influencer l’architecture d’ensemble del’outil. Le ministère de la Culture voulait proposerun outil efficace et simple qui serve de portail surles différentes ressources existantes. J’ai trouvé par-ticulièrement intéressant que cette initiative s’ajouteà un portail plus large qui inclura notamment, pourvous, la carte des ressources de l’Éducation natio-nale, alimentée par des entrées territoriales maisaussi des éléments de formation, les plans acadé-miques de formation et de nombreuses informa-tions. Il devrait être en place courant novembre, sur lesite Internet de l’Éducationnationale.L’annuaire devraitêtre disponible sur : www.histoiredesarts.culture.fret le portail sur : www.portail-eac.gouv.frPour résumer, tous ceux qui disposent de ressourcesinformatiques descriptives ont un clic à faire pournous les envoyer. Nous établissons ensuite avecchacun d’entre vous une collaboration sur cette res-source. J’ai lancé un appel à l’assemblée généraledes CAUE pour qu’ils prennent conscience de lapuissance de leur réseau, si chacun des cent envoiemême une seule ressource !Karine Terral

La seule condition est qu’elle soit numérique. L’espacepédagogique du site de la fédération vous donnera

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Échanges

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des idées («Contribution des CAUE à l’enseigne-ment de l’histoire des arts»).Rosemarie Benoît

Sur le sitewww.vpah.culture.fr qui est celui desVilleset Pays d'art et d'histoire, vous aurez d’autres idées.Béatrice Auxent

Le lien avec la politique de la ville est fréquent. Lesdémarches pédagogiques vis-à-vis des scolairessont similaires.Marie-Claude Derouet-Besson

N’oubliez pas non plus de nous aider à enrichirnotre glossaire illustré, en envoyant des photogra-phies et des références de sites intéressants, pourque nous créions tous les liens et que chacun aitaccès à toutes les informations.

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Exemple de projet proposé par le CAUE de l’Hérault in Repères pédagogiques en architecture. Pour le jeune public. MCC, Paris, 2007, pages 72 et 73.

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Le CAUE de l’Allier est de taille modeste, par rapport à d’autres CAUEplus grands et disposant d’importants moyens. Nous sommes sept personnesreprésentant quatre équivalents temps plein. La taxe nous rapporte environ200000euros par an. Malgré tout, notre volonté de poursuivre nos actionsauprès du jeune public est grande, certainement parce que j’aurais moi-mêmesouhaité être enseignante. Depuis une quinzaine d’années, nous menons desprojets territoriaux, par exemple Village au fil de l’eau. Cependant, aucun posten’est dédié spécifiquement au jeune public. Nous sommes plutôt convenus demettre des outils à disposition des enseignants, tout en étant disponibles pourprésenter et accompagner leur action mais sans intervenir dans les classes. Nousavons toujours travaillé avec l’Inspection académique du département etnotamment le conseiller pédagogique en arts plastiques avec lequel nous menons encommun toutes nos actions, notamment celle que je vais présenter aujourd’hui.Nous avons créé un outil sur la base d’une vingtaine de chartes architecturaleset paysagères. Pratiquement toutes les communautés de communes ont réaliséune telle charte. C’est un outil intéressant, même s’il présente des limites et quesa déclinaison concrète demeure bien faible. Il nous semble regrettable que cetravail détaillé reste lettre morte. Nous avons donc souhaité nous appuyer dessuspour concevoir un outil pédagogique à destination du jeune public. Une étu-diante de l’école d’architecture de Clermont-Ferrand nous a beaucoup aidésdurant six mois au CAUE, dont quatre comme stagiaire. Elle a commencé parune analyse des chartes existantes, qui sont réalisées par différents bureauxd’études mais avec une trame commune. Elle en a extrait les trois grands thèmes(environnement, urbanisme et architecture) et a préparé, à destination des en-seignants, un DVD qui contient diverses informations et documents :• Une présentation générale de l’action et du support ;• Une fiche d’aide pour les enseignants, réalisée par l’Inspection académique etreprenant toutes les notions à préparer avant d’aborder ce travail ;• Une bibliographie ;• Les instructions officielles ;• Les références de toutes les chartes réalisées dans notre département ;• Un lexique ;• Des fiches «enseignant» et «élève» présentant diverses pistes pédagogiques.Ce DVD est diffusé dans toutes les communautés de communes, accompagnéd’un courrier commun de l’Inspection académique et du CAUE leur proposantde le diffuser dans toutes les écoles, en précisant que nous nous tenons à la dis-position des enseignants pour mettre en place ces actions. Nous manquons derecul compte tenu de la nouveauté de l’action. Nous l’avons testé auprès de cinqou six enseignants. L’outil s’adresse plutôt au public de troisième cycle duprimaire.La première fiche d’aide pour les enseignants rappelle les connaissances de baseque les élèves doivent maîtriser (cartographie, plans, notions de «2D» et «3D»,

Création d’un outil de sensibilisation autour des chartes paysagères

Jocelyne GrenierDirectrice du CAUE de l’Allier

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volumes simples…) et ce que l’enseignant peutapporter (articles, photographies, visites, événe-ments, appel à un parent, échanges avec d’autresécoles…). Il s’agit de recommandations préalables.La bibliographie est classique. Nous pouvons prêtercertains des ouvrages cités. Nous avons repris lesclassiques, notamment 50 activités pour découvrirl’architecture et l’urbanisme, des livres plus spéci-fiques du département et d’autres à la région, lesproductions du CAUE de l’Allier et des sites Inter-net. Nous devrions rajouter les sites Internet dontvous avez parlé ce matin. Sont cités les associationslocales, qui peuvent apporter un complément, etdivers sites de production industrielle (tuileries,fabrication de chaux, carrières…).Les enseignants ne connaissent pas nécessairementles chartes architecturales et paysagères. Il est expli-qué qu’elles sont une réflexion sur un territoireentre les élus, un bureau d’études et les organismeset associations concernés par le terme. Ellespermettent un diagnostic des caractéristiques du ter-ritoire pour en faire comprendre aux élus la richesseet débouchent sur plusieurs orientations. C’est undocument de sensibilisation et non un documentopposable, contenant uniquement des recomman-dations adressées aux élus pour leurs projets d’ur-banisme et d’architecture. Le territoire considérépeut être le département mais aussi, dans notre cas,les communautés de commune. Dans l’Allier, larégionAuvergne avait fortement incité ces dernièresà les réaliser pour pouvoir prétendre ensuite à desfinancements de projets. Elles constituaient un peuun passage obligé mais cette contrainte nous a permisde traiter les thèmes qu’elles abordent, en parlantglobalement des paysages et des enjeux qui leursont liés. Chaque communauté de communes y étaitassociée. S’agissant d’une obligation, certainesl’ont valorisé et d’autres non.Nous fournissons également les coordonnées descommunautés de communes associées à chaquecharte. Chacune comprend les trois parties : paysage,urbanisme et architecture. Chaque école a norma-lement un accès aisé à ces chartes. Le lexiqueproposé aux enseignants reprend les termes utilisésdans les fiches et, par la suite, par les élèves quipeuvent en retrouver les définitions. Les illustra-tions montrent aux enseignants qu’ils peuventtravailler sur différents types de plans et cartes, àdifférentes échelles.Je vais vous présenter quelques fiches. Nous avonsdécliné la notion de paysage en : relief, géologie ethydrographie, outre les entités paysagères et l’agri-culture. Les observations peuvent se faire sur pho-tographies mais les visites sur site sont préférables.Les fiches abordent les notions de repérage sur unecarte IGN, d’orientation et d’utilisation d’uneboussole, de point culminant, d’origine géologique,de nature du sol du village, etc. La fiche renvoie

toujours à la charte qui comporte un certain nombrede réponses.

Béatrice AuxentLa charte est-elle en ligne ?

Jocelyne GrenierCertaines sont en ligne.Derrière la fiche, se trouvent des mots et leur défi-nition. Chaque fiche dispose d’une contrepartiepour l’enseignant avec les réponses. L’enseignantest guidé. Il lui est par exemple proposé de conduireles élèves dans une région disposant d’un pointd’eau. Des indications sont données pour menerle travail. L’ensemble a été relu et vérifié parl’Inspection académique, notamment pour veillerau respect des notions du programme et du niveaudes enfants. Nous montrons l’exemple d’un travailqui peut être fait sur une carte IGN. Nous avons évi-demment demandé l’autorisation d’utiliser cescartes. Je vous fais passer les fiches qui suiventtoutes la même présentation.Ce système de questionnaires et de travaux proposéspermet de «décortiquer» littéralement le paysage,l’urbanisme et l’architecture, par le biais de diffé-rents outils et toujours selon les principes d’obser-vation, de schématisation, de représentation et delexique. Les fiches sont conçues pour montrerl’action de l’homme sur les paysages, l’urbanismeet l’architecture. Nous essayons à chaque fois defaire comprendre aux enfants que l’homme a étéactif dans le passé et continue de l’être par seschoix. Cette notion est omniprésente.Par exemple, dans un département rural commel’Allier, les agriculteurs constituent des acteurs im-portants du paysage. Il est demandé aux enseignantsde faire un travail sur l’agriculture, pour montrerson évolution dans le temps et son impact sur lacommune. Il peut s’agir d’un travail sur un site agri-cole, avec des représentations puis une analyse etune restitution, sur la fonction des bâtiments et tou-jours un lien avec les mots et les définitions.Sur la forme urbaine, je peux présenter l’exempled’un travail sur le cadastre. Il permet de se rendre enmairie pour étudier les outils disponibles. Il est pro-posé aux enseignants un travail d’analyse et dedéduction sur l’évolution de l’urbanisme. Le mêmetravail d’analyse et d’observation peut être menésur l’architecture.Les thèmes abordés incluent les voies de commu-nication, les bâtiments publics, les matériaux…L’outil se termine par des fiches géographiques cor-respondant aux petites régions du département, avecses trois villes principales, la vallée de l’Allier,l’entité paysagère du Bocage, la Sologne bourbon-naise, la montagne bourbonnaise, le Val d’Allier etles Combrailles.Il s’agit d’un travail relativement complet qui peut

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être abordé par thème et par territoire, sans êtretraité intégralement. Il peut être utilisé sur plusieursannées. Les approches peuvent être croisées. Il peutservir de base pour aller plus loin. Il appartient àl’enseignant d’exploiter cet outil comme il l’entend,en fonction des moyens dont il dispose. Nousl’avons conçu comme un projet de territoire pourque les écoles d’une communauté de communespuissent travailler ensemble et échanger leurs don-

nées, en débouchant éventuellement sur un exposé.Cela semble ambitieux mais intéressant. Un ensei-gnant peut aussi travailler simplement sur une fiche.Le travail peut porter sur les environs de l’école oul’ensemble de la commune. Les points d’entrée sontnombreux.Cet outil est finalisé depuis l’an dernier. Nousn’avons encore aucun retour, hormis un test réalisésur seulement deux mois, avec cinq enseignants.

Outil pédagogique du CAUE de l’Allier sur les chartes paysagères (www.caue03.com)

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Françoise MillerComment les enseignants sont-ils informés de l’exis-tence de cet outil ?Jocelyne Grenier

Nous demandons aux communautés de communesd’en assurer la reproduction et la diffusion, à raisond’un par école. Nous leur avons communiqué laliste des écoles.Béatrice Auxent

Ont-ils été diffusés ?Jocelyne Grenier

Non, il est trop tôt pour le dire. Les testeurs ontregretté l’absence de banque de photographies.C’est peut-être une suite que nous donnerons à cetravail. Nous disposons d’un fonds photographiqueimportant mais qui demande un long travail de tri.Françoise Miller

Il serait intéressant d’avoir un retour sur cetteexpérience.Jocelyne Grenier

Je le ferai volontiers mais ce ne sera que l’annéeprochaine.Béatrice Auxent

Quel était votre partenaire à l’Inspection acadé-mique ?Jocelyne Grenier

Nous travaillons avec le conseiller pédagogique enarts plastiques, avec une validation par l’inspecteurd’académie. L’outil a été montré aux inspecteurs del’Éducation nationale et à plusieurs conseillers péda-gogiques, pour qu’ils puissent le relayer. Le DVDfigure également sur le site Internet de l’Inspectionacadémique de l’Allier, parmi les documents res-sources. Nous préparons une mallette sur le rôled’architecte que nous voudrions compléter par lesrôles d’urbaniste et de paysagiste, pour former unensemble d’outils que nous prêterions aux ensei-gnants. Nous sommes à leur disposition pour lesaider à mettre en route le travail, même si nousn’intervenons pas dans les classes.Béatrice Auxent

L’Inspection académique est-elle intéressée par desformations spécifiques pour inciter davantage lesenseignants ?Jocelyne Grenier

Ce n’est pas prévu mais nous l’espérons.Marie-Claude Derouet-Besson

Avez-vous réalisé cet outil sur vos fonds propres ouavec des financements de l’Inspection académique ?Jocelyne Grenier

L’Inspection académique ne donne que du tempsmais nous apprécions beaucoup de travailler

ensemble. Nous avons utilisé nos fonds proprespour financer les travaux initiaux de notre stagiaire.Quant à la reproduction des CD, elle n’est guèrecoûteuse. Nous ne fournissons pas les fiches enversion papier mais au format PDF, sur le CD. Lesenseignants peuvent ensuite réaliser des tirages deplus grand format. Ils adaptent les dessins, cartes etautres au format qui les intéresse.Nous avons tout fait nous-mêmes avec cette étu-diante que nous avons eu la chance d’avoir. Nousavons utilisé le réseau des communautés de com-munes pour les impliquer. Certaines se sontempressées d’oublier leurs bonnes résolutions parla suite et aucune n’avait mis en route quelquetravail que ce soit avec les écoles. Nous espéronsque les élus s’impliquent pour favoriser le lien avecles enseignants. Je reviendrai dans un an pour vousen parler.Nous aimerions qu’il s’agisse d’un travail partenarialentre collectivités locales, CAUE et Inspection aca-démique mais aussi d’autres acteurs locaux dupatrimoine comme les associations. Nous espéronsque l’enseignant s’appuie sur ce travail pour ren-contrer les acteurs du territoire (les agriculteurs dansles départements ruraux, le maire, les artisans, etc.) eteffectuer des recherches sur l’activité économique.Marie-Claude Derouet-Besson

Ce travail a-t-il incité l’Inspecteur d’académie àsiéger au conseil d’administration du CAUE ?Jocelyne Grenier

Il y siège constamment. Nous avons toujours tentéde conserver un lien avec l’Inspection académiqueet ses conseillers pédagogiques, même lorsque nousne produisions rien. Nous faisons également partiedu groupe de travail «Arts et culture » du dépar-tement, mené par l’Inspection académique etaccueillant des enseignants de tous niveaux. LeCAUE est repéré comme le seul interlocuteur localsur les questions d’urbanisme et d’architecture et,par conséquent, est mis en valeur. Il en va de mêmeau niveau de la DRACAuvergne.Nous espérons que l’outil nous permettra de diffu-ser un peu de culture paysagère. Le développementdurable n’est pas cité mais est sous-jacent dans tousles thèmes. Nous ne pourrons guère aller plus loindans les interventions concrètes. Nous devronssolliciter les conseillers pédagogiques.Éric Brun

Vous devriez consacrer une journée, l’année pro-chaine, au retour sur cet outil et ses exploitationspossibles. Vous pouvez maintenant travailler sur laperception et le côté plus sensible du paysage, autravers d’ateliers, au cours d’une journée de forma-tion. Pour un investissement mineur en formation,vous aurez ainsi un retour important.

Échanges

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Marie-Claude Derouet-BessonJe crois que les conseillers pédagogiques se réunis-sent deux ou trois demi-journées chaque année. Ilssuivent des formations communes qui sont propicesà une intervention de notre part. En général, ilconvient de l’anticiper. Vous pouvez demander unecourte intervention ou une présentation de fond.Vous ne faites pas d’activité sur le terrain. Commentavez-vous conçu les exercices ? Les enseignantsavec lesquels vous avez travaillé les ont-ils conçus ?Jocelyne Grenier

Le CAUE les a conçus en partenariat avec leconseiller pédagogique. Les enseignants les ontensuite testés. Nous avons acquis une expériencepratique par le passé. Nous ne pouvons plus inter-venir sur place mais nous l’avons fait. Le retour duconseiller pédagogique était essentiel, notammentsur les notions abordées. Il a réalisé la fiche d’aidepour l’enseignant présentant le travail préalable ouparallèle à réaliser sur les notions d’échelle, decarte, de représentation, etc.Marie-Claude Derouet-Besson

Vous a-t-il conseillé le support CD au lieu d’un sup-port Internet ? Ce travail est susceptible d’intéressertout le monde, ici. Nous pouvons l’héberger surnotre site et diffuser l’outil à l’échelle nationale.Jocelyne Grenier

Nous sommes tout à fait d’accord pour le partager.Thérèse Rauwel

Il n’est pas téléchargeable depuis le site Internet dudépartement.Karine Terral

Vous auriez dû le mettre en ligne sur votre site.Jocelyne Grenier

Nous voulions engager les communes à le diffuser.Marie-Claude Derouet-Besson

De nombreux éléments peuvent être aisémentrepris par des «pillards» aussi professionnels et

organisés que nous. Dans quelle mesure nous auto-risez-vous à le faire ? Vous pouvez répondre plustard. Nous ne voulons pas nuire à votre action poli-tique locale.Jocelyne Grenier

Nous sommes fiers d’intéresser les autres avecnotre petit travail et nous sommes ouverts à sa largediffusion. Je pense que nous pouvons tout à fait lediffuser dans d’autres départements sans mettre enpéril notre organisation. Je dois y réfléchir mais jepense que cela ne pose aucun problème. Je suismoi-même ravie d’utiliser le travail des autres.Cette action est extrêmement récente. Nous nel’avons pas diffusée à tous les CAUE de France.J’ignore si l’outil est aisément consultable sur unsite Internet.Emmanuel Soulier

Il est un peu lourd. Vous devez vérifier que l’auto-risation de l’IGN couvre également Internet.Jocelyne Grenier

Nous disposons d’un accord écrit dont j’ignore lavalidité pour Internet.Marie-Claude Derouet-Besson

Qu’est devenue votre stagiaire ?Jocelyne Grenier

Elle a réintégré l’école d’architecture. Son nomapparaît sur le produit.Marie-Claude Derouet-Besson

Il est important de ne pas perdre notre relation avecdes personnes qui ont travaillé, à un moment ou unautre, sur des éléments parallèles. Nous devonspenser à organiser la traçabilité des compétences.Jocelyne Grenier

Son travail était très efficace. Elle a tout d’aborddécortiqué les chartes architecturales dont elle aextrait diverses questions à l’usage des enseignants.La charte constitue l’outil de base d’analyse duterritoire.

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L’association Robins des Villes a été créée par des étudiants en architec-ture de la région Rhône-Alpes, à partir d’une manifestation visant à développerun échange. Des actions ont ensuite été menées dans les écoles et les hôpitauxpour rendre la ville plus lisible pour ces publics. Depuis 1997, nous avons réa-lisé 900000 actions pédagogiques, formelles ou informelles. Il s’est avérénécessaire de créer des outils pour fournir une base pédagogique aux nouveauxanimateurs, autour de trois pôles : éducation, sensibilisation et concertation.L’équipe est pluridisciplinaire et compte des architectes, des urbanistes, des géo-graphes, des sociologues, des étudiants en sciences politiques et en institutd’urbanisme. Divers corps de métier se retrouvent autour d’une idée fondatrice.Le pôle «concertation» vise à faire travailler les habitants à l’échelle du micro-espace, via des ateliers de coproduction.L’une des activités majeures des Robins, depuis l’origine, est l’éducation àl’environnement urbain, auprès de publics variés. Il s’agit de fournir des clésde compréhension à l’enfant pour qu’il soit acteur, autant pour des actionsponctuelles qu’à long terme. Nous agissons parfois en simple soutien ou commeformateurs.Nos outils visent à permettre aux nouveaux Robins de disposer d’un soclepratique, face aux enfants et plus généralement à toute personne en contact avecles enfants, sans être un professionnel de l’éducation. Il permet aussi auxprofessionnels d’articuler des projets sur la ville et de doter les enfants descompétences demandées à la fin de chaque cycle.Le comité de suivi de la Ville en valise est en place depuis quatre ans. Il a com-mencé par un herbier des villes. Il existe un grand nombre d’outils sur l’envi-ronnement au sens large qui ont fait leurs preuves mais aucun sur la ville. Nousavons travaillé avec des professionnels de la ville pour arriver à une valisettequi paraît relativement aboutie. Des tests ont ensuite été réalisés, animés par lesRobins puis en autonomie, tant par des enseignants que des parents, conformé-ment à l’objectif de l’outil dont la prise en main se veut rapide. L’outil a aussipour vocation d’être utilisé par des animateurs, dont ceux de l’éducation popu-laire. Il s’agit véritablement d’un outil d’aide au projet.Je vous propose d’ouvrir la valise. Elle comprend six valisettes thématiques etune valisette « ressources». Le développement durable est pris en compte dès lacréation de l’outil. Les contenus et contenants sont créés par des entrepriseslocales. L’objet fait la part belle à la pédagogie active, en mettant en avant lamanipulation et la progression sur le terrain. Les objectifs généraux sont trèsnombreux. Les valisettes s’appuient sur un travail en petits groupes sans négligerl’expression individuelle. Le caractère ludique suscite la curiosité des enfants.La valisette « ressources» comprend des éléments transversaux aux autresvalises et un guide qui permet de naviguer de l’une à l’autre. Il rappelle l’histoirede l’outil et détaille les pictogrammes qui permettent de s’orienter avec l’outil,ainsi que les liens avec les apprentissages fondamentaux. Un enseignantretrouve ainsi aisément le champ sur lequel il veut travailler, par exemple la

La Ville en valise

Sylvain ManhesAssociation Robins des villes

Présentation de la Ville en Valise,association Robins des villes,Lyon, 2010

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maîtrise du langage et de la langue française, la géographie, l’apprentissage del’autonomie, etc. Chaque valisette propose une progression pédagogique enincluant des fiches en complément des outils à utiliser avant ou après la mani-pulation. Elles sont articulées l’une avec l’autre. Des croisements sont prévus.Je vais m’arrêter sur les valisettes «architecture », «urbanisme» et «paysage».Toutes sont organisées de la même manière. Elles sont achetées par lescollectivités locales et généralement mises à disposition des établissementsdans un centre de ressources. Chacune comprend un livret, des photographies et desactivités.La valisette « représentation» permet aux enfants de se familiariser avec lepassage de la réalité à la représentation, avec les notions de plan, de maquette,de 2D et 3D, d’échelles, etc.La valisette « transformation» présente les mécanismes de transformation de laville, les métiers et les outils. Les enfants peuvent comprendre un chantier et serendre compte que les habitants peuvent exercer leur esprit critique.La valisette «sensible» vise à mettre les sens en éveil, essentiellement le toucher.Elle permet d’appréhender la ville comme un cadre vécu.Les trois autres valisettes présentent différentes facettes de métiers, avec desdéfinitions très simples. Le travail est fait par tranche d’âge, du premier autroisième cycles.La valisette «urbanisme» comprend de nombreux éléments, en particulier la«maquette urbaine modulable». Il s’agit de petits éléments correspondant àdiverses fonctions urbaines et tout un réseau de moyens de communication maisaussi des surfaces planes (lacs et parcs). Quatreméthodes différentes pour l’abordersont présentées, pour comprendre le fonctionnement des villes et leur organisa-tion. Les enfants sont amenés à recréer la ville en jouant le rôle d’usager.Ils sont sensibilisés aux contraintes d’un site, selon une méthode participative.La notion de patrimoine est abordée (éléments bleus). Le gris représente lesentrepôts et les sites de stockage. L’enfant étudie le passage du gris au bleu.Dans la future valisette «développement durable», l’accent sera mis sur lamanière de réorganiser les espaces.La valisette permet aussi de traiter la différence entre les espaces publics etprivés, ce qui n’est guère évident non plus pour de nombreux adultes. Uncertain nombre d’images de référence sont utilisées. À partir d’une réflexion surles usages des espaces (mobilier, implantation, personnes), on explique quel’espace n’est pas conçu de manière anodine, selon qu’il s’agit d’un quartierd’affaires ou d’une zone riveraine d’une école. Des planches représentent lesdifférents revêtements de sols et les mobiliers urbains. L’enfant tire au hasarddeux cartes contraintes (« aspect » et «usage») qui définissent un cahier descharges à partir duquel il devra présenter une réalisation au groupe.La valisette «paysage» a pour premier objectif d’appréhender cette notion enrenvoyant au métier de paysagiste. Il s’agit toujours de partir des représenta-tions de l’enfant en lui demandant d’apporter des illustrations. Nous essayonstoujours d’associer un métier. En effet, la représentation du paysage varie selonqu’on est peintre ou paysagiste. L’enfant doit être en capacité de décrypter lepaysage. Une fois encore, deux approches sont proposées, l’une sur la perspec-tive et la ligne de fuite, l’autre sur les plans. Une photographie est même fourniedécomposée en différents plans, pour que l’enfant comprenne mieux cette notion.Après ces éléments de lecture du paysage, il est demandé à l’enfant de «croquer»le paysage et de le représenter. L’enfant devient ainsi capable de décrypter laville simplement en lisant le paysage urbain.

Présentation de la Ville en Valise,association Robins des villes,Lyon, 2010

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Catherine Grandin-MaurinComment avez-vous organisé la conception de cettevalise ?Sylvain Manhes

Le projet a commencé avec la création du comité desuivi regroupant différent métiers et un de nos salariésa toujours été chargé d’élaborer des contenus, en senourrissant du terrain par des tests. Progressivement,l’outil s’est amélioré. Quatre personnes y ont travaillépendant cinq ans. Raphaël Jourjon a consacré beaucoupde temps à cette valise. Les bonnes volontés du comitéde suivi ont été primordiales pour parvenir à un contenupertinent et adapté.S’agissant de la production, le cahier des charges stipu-lait que la valise devrait peser le moins lourd possible etque sa fabrication demeurerait dans la région Rhône-Alpes, à moins d’une justification claire.Catherine Grandin

Avez-vous étudié les outils, les mallettes pédagogiquesdéjà existants ?Sylvain Manhes

Nous nous sommes inspiré des réussites et des échecsd’une valise baptisée Roule ta boule. Il existe néan-moins très peu d’outils pédagogiques pour l’éducationà la ville. Nous disposons d’une niche économique.Béatrice Auxent

Ce projet provenait d’un appel d’offres de la Fonda-tion de France, auquel avait répondu Vis ta ville.Arc en rêve s’était lancé dans une valise mais quin’existait qu’en un seul exemplaire.Sylvain Manhes

Nous avons étudié de nombreux autres exemples. Nousavons précédé ce travail d’un temps de recherche. Lescollectivités devaient s’en emparer et trouver le projetintéressant. Ce n’était pas gagné.Notre site Internet propose de nombreux outils à usagelibre. La valise coûte 2000 euros avec une journée deformation à l’utilisation. Elle revient à 1200 euros poursa fabrication et la journée de formation représente en-viron 600 euros. Nous pourrions dégager un léger bé-néfice pour être indépendants mais l’aspect financierreste difficile.Cathy Pons

D’où vos questionnements proviennent-ils, à l’origine ?Sylvain Manhes

Des intervenants créent et utilisent des supports. Jesuis le seul, parmi les Robins, à ne pas avoir un cursusentièrement urbain. Cependant, nous ne sommes pasdes professionnels de la pédagogie. Nous nous nour-rissons du terrain. Des professionnels nous aident etorientent nos actions. Nous suivons aussi l’évolutionde l’Éducation nationale et les connaissances entermes d’apprentissage.Cathy Pons

Pourquoi vous limitez-vous aux 6-12 ans ?

Sylvain ManhesNous pensons que l’outil permet de nourrir et d’ap-puyer le travail pour cette tranche d’âge-là, surtout lesdeuxième et troisième cycles. Si certaines notions nesont pas acquises à cet âge, elles ne le seront jamais.Marie-Claude Derouet-Besson

Ne soyez pas si pessimiste. L’acquisition est plus dif-ficile mais pas impossible.Cathy Pons

Un certain niveau de maturité est indispensable pouracquérir certaines compétences.Sylvain Manhes

C’est vrai mais nous sommes souvent étonnés de lamaturité des plus petits, avec lesquels nous privilé-gions l’approche sensible.Claire Garbay

Dans quel cadre avez-vous utilisé cette valise au collège ?Sylvain Manhes

Elle a été utilisée comme support dans une classe dequatrième. Nous avons abordé la ville en général, puisla notion d’écoquartier. Nous avons choisi des élémentsdans les différentes valisettes. Il est envisageablequ’elle soit utilisée en autonomie par un professeurd’histoire-géographie. J’ai passé deux jours à l’Institutfrançais de Casablanca pour y former les enseignants.Certains éléments ne fonctionnent pas au Maroc. Parexemple, le repérage avec les plaques de rues est im-possible car elles n’existent pas à Casablanca, pas plusque les plans à disposition. Ces éléments ont nécessitéun temps d’appropriation préalable par l’adulte.Béatrice Auxent

Avec les 50 activités pour découvrir l’architecture etl’urbanisme, nous savons combien le travail de géné-ralisation est difficile mais utile.Marie-Claude Derouet-Besson

Celui-ci ajoute de la manipulation.Béatrice Auxent

Le CAUE du Nord s’est porté acquéreur de la valiseen versant une partie de la somme pour enclencher lafabrication. Nous pensons que cet outil est complémen-taire des nôtres et permettra aux enseignants d’aller plusloin. Nous poussons également quelques communes ànous suivre.Sylvain Manhes

J’imagine que vous avez prévu une intervention en auto-nomie par certains enseignants. Des formations doiventêtre mises en place. C’est un travail compliqué. Pour leNord, le CAUE serait référent et chargé de dispenser lesformations sur place.Béatrice Auxent

Nous pouvons imaginer un fonctionnement en réseau.Sylvain Manhes

À travers le site Internet et l’échange de pratiques,nous ouvrons le contenu des valisettes à l’expériencede chacun, via le comité de suivi.

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Module 2 Jeudi 26 novembre 2009

L’ŒUVRE COMME SUPPORT DE SENSIBILISATIONAU DÉVELOPPEMENT DURABLE

Le développement durable comme levier d’actions pédagogiquesPierre Bernard, urbaniste de l’État, Plan Urbanisme, Construction, Architecture, ministère de l'Écologie, du Développementet de l'Aménagement Durables«L'œuvre» urbaineHervé Rattez, architecte, directeur du CAUE du Calvados, enseignant à l’ENSA de Normandie«L’œuvre écologique» support de sensibilisation au développement durableDominique Gauzin-Muller, architecte, commissaire de l’exposition Habiter écologique, présentée à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine

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Je travaille en tant qu’urbaniste au PUCA, une structure dont l’objet estd’organiser des événements de recherche, installée dans l’Arche de la Défense etdépendant du ministère de l’Écologie. Elle est également une fusion du Planurbain et du Plan construction architecture, au sein du ministère de l’Équipement.Nous avions donc pour tâche principale la construction d’infrastructures diversestelles que les autoroutes, les ponts, etc. Depuis peu, une révolution culturelle aeu lieu puisque nous avons eu pour mission de tenir compte d’une partie de lafaune. Cela allait donc presqu’à l’inverse de ce que nous faisions habituelle-ment. Pourtant, notre structure de recherche ne comprend aucun écologue nibiologiste, mais des géographes, architectes, ingénieurs, etc. Il me semble, dèslors, que ce ministère, qui défend l’écologie et dont la pédagogie est un élémentessentiel à sa révolution, devrait être doté de moyens. Il conviendra donc decombler ces manques si on souhaite voir les objectifs remplis.Le PUCA est prescripteur de recherches dans trois domaines : la construction,les sciences humaines, l’urbanisme et l’aménagement. Certaines actions en coursrelèvent du développement durable. Il en va ainsi, par exemple, d’un appeld’offres (REA) des grands bâtiments d’habitation, du programme DESIGN pourintégrer le vieillissement de la population ou d’une initiative relative aux habi-tations des étudiants. Je peux mentionner également le programme «Villeailleurs, ville durable» qui a répondu à l’appel d’offres «Eco quartiers» ou unprojet transversal actuellement en préparation sur le thème «Nature en ville».Nous travaillons aussi sur la mobilité dans le périurbain. Un programme appelé«Architecture de la grande échelle» vise à imaginer les grands territoires de de-main. Le projet du Grand Paris est un élément de cette analyse. Un autre projetdevrait naître l’année prochaine sur l’aménagement lié à l’économie de laconnaissance et particulièrement l’aménagement universitaire. Les enjeux sontlà aussi importants, même si peu considérés, puisque le Grand Paris compte600000 étudiants.J’ai proposé de lancer un projet autour de l’éducation au développement durable.Ma proposition n’a pas marché mais je vais essayer de la relancer cette année.

Je voudrais par ailleurs vous parler d’un petit projet qui fonctionne depuis 2003.J’étais à l’époque conseiller à laMission art et culture (au ministère de l’Éducationnationale). Mon idée était de construire des cabanes dans des classes en faisantvenir des architectes et d’autres professionnels du secteur.J’ai ensuite développé un projet autour du jardinage, mais il n’intéressaitpersonne. Je l’ai donc fabriqué de mon côté de manière artisanale, sans un sou.L’origine du projet porte sur la question de la représentation de l’espace chezles enfants. Il vise à rendre plus sensible au monde vivant. L’idée était decomprendre comment les enfants vivent et se représentent l’espace qu’ils par-courent tous les jours, de faire une projection mentale et cartographique de cetespace. Très peu de chose existe sur ce sujet. L’exercice consiste à travailler surla notion d’échelle. Une bande de 5 mètres de long constitue le plan où les

Le développement durable comme levier d’actions pédagogiques

Pierre BernardUrbaniste de l’État, Plan Urbanisme, Construction, Architecture (PUCA),ministère de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement Durables

Un jardin « format A4»,voir le site www.format-a4.org

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enfants installent leur petit jardin et le cultive. J’avaismême fabriqué de petits outils [Pierre Bernard aapporté une trousse de ces outils miniature].J’ai testé ce projet avec des enfants de CLISS, quiétaient très agités. Chacun d’eux devait prendre unoutil, s’en servir et travailler. Le fait que les enfantstravaillent sur un petit espace les avait amenés àse passionner pour leur jardin et à se construireeux-mêmes. J’ai donc souhaité étendre le projet etl’expérimenter dans d’autres écoles. Nous avonsainsi mis au point une plate-forme numérique àpartir de laquelle les petits participants peuventfabriquer un cahier numérique. Depuis trois ans, leprojet est repris à l’échelon national et développédans environ 200 classes. Les enseignants créentdes comptes pour les enfants et organisent uneexposition à la fin de l’année.

Le principe est de construire une présence attentivedes enfants, de les inscrire dans le réel, de déve-lopper une approche sensible et sentimentale dumonde, de les intéresser au monde du vivant, de lesamener à prendre soin des choses et enfin de lesinscrire dans la temporalité.Le concept de fond est de créer un jardin formatA4. À partir de cette surface qui sert d’axe, l’ensei-gnant articule une relation au réel qui est lejardin en 3D car une plante vit dans les troisdimensions.J’ai proposé trois types de jardin :– le jardin urbain : l’enfant prend soin d’uneparcelle de terre sur l’espace public ;– le jardin nomade, qui pousse dans une boîte.L’intérêt est que le jardin peut se développer dehorsou dans la classe. À la fin de l’année, les enfantspeuvent le prendre avec eux. Lors de la récréation,ils préféraient aller jardiner ;– le jardin en pleine terre avec cette notion d’amé-nagement, de lotissement. Les enfants marquentleur espace. Ils doivent s’organiser pour les espacesintermédiaires, avec une notion de vivre ensemble.L’exercice n’est pas théorique. Il est vécu par lesenfants, à leur échelle.Ce projet, qui ne coûte rien, a été lancé il y a unmois ; cent classes y sont déjà inscrites.J’ai quelques exemples de ces jardins en archives,par exemple celui d’une classe de CP à Lignan. Lesenfants ont eu l’idée de dessiner un jardin en cerclequi, s’il représente une unité, se détaille en jardinsindividuels.Ailleurs, dans une école du départementdu Nord, une classe a choisi de développer un jardindans l’espace public. Enfin, une école du Val-d’Oise a préféré créer une sorte de lotissement. Lesenfants ont commencé par dessiner leur jardin surune feuille, avant de mettre en œuvre leur projet.

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De la salleAvez-vous rencontré des réticences de la part desinstitutions ?Pierre Bernard

Le projet se développe tout seul. Je trouve regretta-ble qu’il n’y ait pas de réflexion au ministère sur laquestion suivante : «Comment faire en sorte que lesidées prennent racine ?». Je n’ai pas pris le tempsde vendre mon projet, mais je sais que de nom-breuses autres initiatives pourraient être réalisées.Cette année, j’ai lancé l’idée de la nature en ville.Les écoles qui s’inscrivent sont souvent des petitesécoles de campagne. Il devrait y avoir des actionsfortes à Paris. Pour l’instant, une seule classe estinscrite dans la capitale. D’autres écoles pourraientêtre intéressées par notre projet. Il serait bien éga-lement que les CAUE puissent venir en appui surcette question.Marie-Claude Derouet-Besson

Je me souviens, Pierre, d’une action «adopter unemauvaise herbe» que tu avais menée il y a quelques

années. Cela avait très bien marché. En ville, elleavait rencontré beaucoup de succès et elle est toutà fait compatible avec la nouvelle politique qui im-plique de ne plus tout arroser de désherbant.Béatrice Auxent

Une opération a été menée avec la maison de l’en-vironnement à Lille. Le CAUE participe pratique-ment depuis le début au comité de pilotage d’unlabel Nature en ville pour lequel est élaborée unegrille assez complète d’analyses sur l’aspect socialet la participation. Des documents référents permet-tant d’analyser l’action sont déjà très aboutis sur cesujet.De la salle

Jusqu’à quand les enseignants peuvent-ils s’inscrire ?Pierre Bernard

Il n’y a pas de date limite. Il arrive souvent que lesenseignants développent le projet sans s’inscrire.Le site www.format-a4.org est très simple d’utilisa-tion, permet de s’inscrire et archive tous les projetsréalisés.

Extraits de cahiers d'élèves composés à propos de jardins A4,autour des thèmes de la croissance d’une plante ou de l'adoption d'une «mauvaise herbe».

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Parallèlement à mes fonctions de directeur du CAUE du Calvados, je suisenseignant à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Normandie. Depuis1987, mes cours concernent d’une part le projet architectural, d’autre part lathéorie de l’architecture, sur le thème de « l’histoire du logement social duXVIIIe au XXe siècle».Un débat agite notre milieu en ce moment, relatif à la manière dont il convientd’enseigner le développement durable dans les écoles d’architecture. Il est évi-dent que nous devons donner aux étudiants une connaissance technique utilelors d’échanges avec des ingénieurs ou d’autres participants à un projeturbain par exemple. Je pense toutefois que dans une société de produits consom-mables et achetés tout faits, le développement durable vise à reconsidérer lanature réelle de ce qui nous entoure et à s’inscrire dans une démarche de projets,une pensée sur mesure de l’espace. Un livre magnifique est consacré à ce sujet.Il s’agit de l’Apprentissage du regard : Leçons d'architecture de DominiqueSpinetta, paru en 2002 aux Éditions de la Villette.Je vais vous présenter une plaquette réalisée en 2008 par le CAUE du Calvadosque je dirige depuis un peu moins de deux ans. Le directeur précédent, initiateurde cette plaquette, avait envisagé celle-ci comme une lecture de ville à Caen.Cette création faisait par ailleurs suite à la demande d’un enseignant. J’ai pour-suivi cette action en travaillant avec un historien offrant un double regard, celuide l’historien et de l’architecte.Plusieurs préalables sont nécessaires avant la présentation de la plaquette et j’ai-merais commencer par une très belle citation : «Toute ville est un trésor d’espaces.»Je souhaite d’abord revenir sur la notion d’«œuvre urbaine», laquelle me poseproblème. Je préfère en effet les termes de composition urbaine ou de projeturbain, de projet de territoire ou de projet architectural. Ces termes me renvoientà une étude faite par un de mes étudiants. Celui-ci s’interroge sur ce qui fait laville (les objets ou lieux qui la composent, ses habitants). Cet étudiant pose aussila question de savoir si l’architecture ne doit pas simplement organiser la viedes Hommes, les abriter ou les émouvoir. «À partir d’œuvres simples, fairenaître la complexité» est une formule qui me paraît bien plus adéquate.Le rôle des CAUE est de sensibiliser, de donner à connaître, d’apprendre à voir.Le CAUE du Calvados est très orienté vers l’urbanisme et les projets urbains.Depuis toujours, les élus de notre conseil d’administration insistent pour quenous soyons un lieu d’accompagnement pour ceux qui sont en charge deprojets territoriaux. Ils ont en effet besoin de découvrir ces éléments du quoti-dien d’une ville ou d’un territoire et qui ne font pas habituellement partie de leurformation. En cela, la plaquette, bien que dirigée vers les écoles, est destinée àdes publics plus larges. C’est une « lecture de ville » mais comment, àtravers elle, envisage-t-on le rapport avec le développement durable?Le développement durable, c’est comprendre que toute chose a été pensée avantd’être faite. Aujourd’hui, nous subissons l’urbanisme mais il peut y avoir unecomposition urbaine qui, si nous compressons les mécaniques essentielles et

«L’œuvre» urbaine

Hervé Rattez, architecte,Directeur du CAUE du Calvados, enseignant à l’ENSA de Normandie

Brochure, L'avenue du Six-Juin,CAUE du Calvados,www.caue14.fr/site/publications.html

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particulièrement spatiales, nous permettra peut-êtrede maîtriser le développement territorial.Voilà pour ce qui est des préalables. Pour revenir àla plaquette, elle se décompose physiquement endeux parties, l’une se déplie et l’autre prend laforme d’un petit cahier.Dans le dépliant, nous rappelons que Caen a été uneville sinistrée. Deux photos vous la présentent enruines puis, en septembre 1944, après que les ruesont été déblayées. À cette époque, Caen est uneville à reconstruire. Un débat opposa alors les an-ciens et les modernes, sur la manière dont devait êtrereconstruite la ville. Devait-elle l’être à l’identiqueou bien en suivant les principes modernes ? Lesdeux théories s’appuyaient sur les exemples d’unepart de Gien, de Varsovie, reconstruite à l’identiqueou dans l’esprit de la ville démolie, d’autre part duHavre, qualifiée de moderne.La reconstruction se devait de suivre des notions dequalité pour chaque habitation et considérait doncdes éléments tels que l’air, la lumière et le soleil.Yves Guillou, maire de Caen, et Marc Brillaud deLaujardière, urbaniste architecte en chef, ont décidédu réaménagement de la ville. Le premier avait unevision de la ville du futur et souhaitait une ville dis-ciplinée, sans chaos. Marc Brillaud souhaitait, quantà lui, ne pas tomber dans l’excès du modernisme.La plaquette présente une rue qui n’existait pasavant la guerre. Il s’agit d’une grande avenue, bordéepar l’Orne, qui se poursuit jusqu’au château deGuillaume le Conquérant, fondateur de la ville deCaen.La cartographie du remembrement fait figurer l’urba-nisme traditionnel et celui plus moderne. «La voietriomphale nouvelle » monte du fleuve de l’Ornejusqu’au château. Il s’agit de l’artère majeure, avecune voie de circulation et une mise en perspective.L’avenue a été pensée pour être remontée.Le petit cahier central de la plaquette est une invi-tation à la promenade. Il présente les différentesséquences que nous avons identifiées. La citation«On apprend enmarchant, on comprend en planant.»explique nos supports graphiques, une axonométrie

d’ensemble pour la composition générale des pers-pectives pour chaque séquence.Chacune des séquences se déroulant dans le cahierest par ailleurs représentée par une couleur. Suivrechacune d’elles permet de découvrir la ville, d’enétudier les différents aspects—disciplinés ou non—et bâtie selon les règles communes à l’architecture.Cette plaquette est prise en compte dans nosréflexions à destination des écoles. Produit priori-tairement pour la dimension pédagogique et, au-delà vers tous les publics, cette sensibilisation al’idée d’une composition urbaine «maîtrisée»prend tout son relief quand on se souvient queCaen est l’un des plus beaux exemples d’étalementurbain en France. La ville fragmentée existe et jeconsidère pour ma part qu’elle doit être envisagéecomme centrale dans notre réflexion sur l’aména-gement territorial car nous devons repenser l’urba-nisme à l’échelle territoriale. Après avoir quitté lescampagnes en masse vers les villes à la fin du XIXe

siècle et au début du XXe siècle, nos concitoyensont dans une proportion très importante effectué lemouvement inverse depuis quarante ans. Les nou-velles polarisations ainsi créées doivent être prisesen compte, quelles qu’elles soient. « Il n’y a pasde territoire sans enjeux» est le principe qui guidenos analyses. Des exemples d’études récentes aux-quelles nous avons été récemment associés sontintéressants, tel Grentheville qui s’est développéautour d’une maison de retraite pour les prêtres aumilieu d’un grand parc, elle est aujourd’hui désaf-fectée. La mairie a maintenant la possibilité denégocier ce terrain et d’envisager son utilisationpuisqu’il se trouve être le cœur d’une nappe delotissements construits autour saisissant ainsil’opportunité qui lui est ouverte de structurer uncentre bourg et de se donner enfin un cœur de ville.Enfin, je vous soumets ici quelques-uns des exem-ples de réflexion menée en périphérie de la ville deCaen par le CAUE pour aller dans le sens de cetteconsolidation, le projet de la ville territoire.

[Suit une présentation d’exemples d’études].

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Brochure, L'avenue du Six-Juin, CAUE du Calvados, www.caue14.fr/site/publications.html

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Béatrice AuxentNous avons utilisé le mot «œuvre», parce qu’il estcentral dans le programme d’enseignement de l’his-toire des arts, il est logique de nous appuyer dessus.Hervé Rattez

Il est rare de penser la conception d’un ensembleurbain et de la voir se réaliser. Cela me dérange devoir le mobilier urbain signé par des designers. Cesobjets n’ont pas vocation à être des objets d’art.Béatrice Auxent

Revenir sur l’idée d’œuvre nous interpelle puisquenous sommes généralement plus dans une démarchede projets.Hervé Rattez

Cela pourrait être une réponse au développementdurable ; il faut en effet revenir à des dimensionsde projets.Éric Brun, CAUE Haute-Savoie

Cette plaquette est un outil grâce auquel les ensei-gnants sont autonomes. Emmenez-vous des groupesen visite ?Hervé Rattez

Si on nous le demande.Éric Brun

D’où vient l’initiative ?Hervé Rattez

Nous répondons simplement aux sollicitationsquelles qu’elles soient.Éric Brun

Pour ma part, j’aurais plutôt souhaité que les com-munes soient demandeuses d’une visite et que celaaboutisse à une exposition destinée aux scolaires.Hervé Rattez

Encore une fois, nous ne refusons pas les demandeslorsqu’elles font suite à initiative. Cela peut setraduire par de l’accompagnement scolaire lors dela représentation d’une commune par exemple.Néanmoins, ces actions ne sont pas notre principalepréoccupation.Marie-Claude Derouet-Besson

Cela ressemble à ce que fait le CAUE de Loire-Atlantique.Monique Le Corre

En effet, lorsque le CAUE de Loire-Atlantiqueconseillait des communes sur un projet, nous pro-posions aux élus d’intervenir dans les écoles, pourles classes de CM1-CM2, et cela aboutissait à uneexposition communale en fin d’année. Le projetdonnait lieu à un livret dont l’aspect graphique étaittraité par des étudiants.

Hervé RattezLe CAUE de Seine-Maritime fait de la sensibilisa-tion auprès des collèges en s’appuyant sur des étu-diants de l’école d’architecture de Rouen.De la salle

Tous les ans, des étudiants en école d’architectureeffectuent des stages dans ce domaine.Hervé Rattez

Cela reste des stages; il est difficile pour nous d’orga-niser cela car Rouen, où est l’école, est loin de Caen.De la salle

Le sujet des villes détruites revient souvent. Il s’agitpeut-être d’un sujet à mutualiser.Hervé Rattez

À Lille, le CAUE du Nord a organisé un séminaireintitulé « la ville du Nord, laboratoire de la ville». Ilest évident que l’on apprend beaucoup en regardantce qui a déjà été fait.De la salle

Le sujet de la reconstruction est intéressant. L’en-visager en considérant le raccourci du tempspermet une visibilité rapide du projet.Hervé Rattez

Je ne suis pas tout à fait d’accord à ne nous en tenirqu’à une période de l’histoire urbaine. Le prochainsujet sera Hérouville-Saint-Clair, construite sur leshauteurs de Caen à partir des années 1970 commeune ville nouvelle. Tenir compte de tout ce qui s’estfait en amont est intéressant car le territoire avantd’être «projet» est histoire.Thérèse Rauwel

Le département de la Somme a été abîmé durant lapremière guerre mondiale et reconstruit dans les an-nées 1920-1930. J’ai travaillé sur ce sujet pour pro-duire cinq expositions. Le CAUE a produit uneexposition de synthèse qui tourne dans les collèges.Ce qui m’intéressait était de toucher un autre pu-blic. Au-delà des outils qu’on crée, la difficulté ré-side dans le lien avec les enseignants. Le projet dePierre Bernard est formidable, mais cent écoles surle plan national, ça me paraît peu. Comment com-muniquez-vous auprès des établissements scolairespour faire connaître ce document ?Hervé Rattez

La Somme est en effet un département exemplaire : iloffre de multiples lieux d’exploration architecturale.J’estime également tout à fait intéressant d’ouvrirnotre champ d’études à différents publics, dontcelui des scolaires. Nos actions sont évoquées à dif-férentes reprises, elles font l’objet d’articles dans lapresse par exemple. J’ai essayé de contacter direc-tement les enseignants des lycées et collèges en

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Échanges

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animant pour eux une journée sur le thème de« l’internationalisation à la mondialisation dansl’architecture et dans l‘urbanisme» à l’initiative del’inspection pédagogique (IPR). La journée a ététrès riche, mais depuis plus d’un an, mes offres deservice n’ont eu aucun écho.Pierre Bernard

Même lorsque des opérations sont lancées demanière massive par l’État, il n’y a pas forcémentbeaucoup d’effets. J’ai des contacts à l’Éducationnationale mais pour le primaire, les enseignants ontde nombreuses propositions. Leur univers est vaste,d’où la difficulté. Comment diffuser un projet àl’échelle du département ? Peut-être faut-il s’adres-ser à l’Inspection d’académie ou aux conseillerspédagogiques.De la salle

Je m’occupe des actions pédagogiques dans laHaute-Garonne. Nous avons de la lisibilité unique-ment lorsque nous existons dans la formation desenseignants. Nous devons faire des efforts pourexister à l’IUFM. Si nous obtenons une lisibilitédans la formation, nous arriverons à atteindre le pu-blic de manière plus large.Marie-Claude Derouet-Besson

Des CAUE sont saisis de demandes académiqueset participent à ces plans académiques de formation.De la salle

Beaucoup de CAUE sont en difficulté financière.Aujourd’hui se pose la question des partenaires del’Éducation nationale. Les directeurs sont déjà trèsaccaparés par d’autres responsabilités. Il y a unrisque important de voir ces missions disparaître.Marie-Claude Derouet-Besson

C’est une des sonnettes d’alarme que le pôle necesse de tirer. Cette action vis-à-vis de l’école estimportante. Il s’agit d’un risque que nous avions déjàrepéré dans l’enquête datant de 2002. Les activitéspédagogiques sont en danger. Et selon l’enquêteréalisée l’an dernier, la situation ne s’est pas amé-liorée. C’est un vrai problème auquel s’ajoutent desdifficultés d’organisation au sein de l’Éducation

nationale. Cela dit, votre plaquette créée à la suited’une demande d’enseignant est pertinente pourtous les publics.De la salle

Nous sommes pleins d’énergie, mais nos projetsbloquent souvent au niveau départemental.Marie-Claude Derouet-Besson

Les CAUE sont les seuls à proposer des ressourcesriches et des activités utiles pour différents publicsdont les scolaires. Vous êtes incontournables sur cessujets et peu de gens ont vos capacités de transver-salité.De la salle

Je suis enseignante. Pour expliquer le faible nombrede réponses de la part des enseignants, je crois qu’ily a une susceptibilité de l’Éducation nationale vis-à-vis de la pédagogie. Si les CAUE s’en mêlent,l’Éducation nationale a l’impression qu’on marchesur ses plates-bandes. Il y a un verrouillage car lapression d’obéissance au programme est de plus enplus forte. Si nous travaillons de manière pluslégère, nous devons pouvoir défendre nos projetsauprès de l’administration et des proviseurs qui nesont pas toujours prêts à prendre des risques. Ilexiste une frilosité à l’encontre de la pédagogie. Laseule solution est de trouver l’interlocuteur qui soitprêt à s’investir, même en prenant des risques.Hervé Rattez

Toute la question est en effet de rencontrer lesbonnes personnes et qu’elles souhaitent construireune suite à ces rencontres.De la salle

Je voudrais ajouter un aspect qui n’a pas été abordé.Il existe plusieurs niveaux dans l’Éducation natio-nale : les inspecteurs académiques pour le primaire,les IPR pour le secondaire, mais il y a aussi laDAAC qui rayonne et vous permet de vous adresseraux enseignants. C’est un référent qui fait le lienentre CAUE et enseignants.Marie-Claude Derouet-Besson

Les inspecteurs d’académies doivent siéger dansvos conseils d’administration.

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Je suis ici pour vous parler de l’œuvre comme support de sensibilisationau développement durable, ma spécialité depuis plus de vingt-cinq ans, en mebasant sur l’expositionHabiter écologique présentée du 12 mai au 1er novembre2009 au Palais de Chaillot à Paris dont j’ai eu l’honneur d’être commissaire,

Genèse de l’expositionMonter l’exposition a duré deux ans. Le même jour de juillet 2007, on m’aproposé de devenir rédactrice en chef de la revue EcologiK et commissaire d’uneexposition de 1000 m². Une gageure car je travaille depuis toujours seule, chezmoi, dans un bureau de 12 m². Devenir soudain chef de deux équipes était leplus grand des challenges.Au départ, le président de la Cité de l’architecture, François de Mazières,pensait à une exposition sur la maison écologique mais j’ai tout de suiteproposé d’élargir le thème à l’habitat en général car une maison individuellen’est, sur le principe, pas écologique. Dans l’avant-propos d’un de mes ouvrages(25 maisons écologiques), j’indiquais déjà que j’étais consciente de cette ambi-guïté. Environ 80% des Français rêvent d’une maison individuelle. La Cité nepouvait pas encourager les gens dans ce penchant que nous ne pouvons plusnous permettre. Elle devait proposer une alternative à la maison individuelle.Il s’agissait d’être conséquent sur ses choix.J’ai donc proposé d’établir unecharte, occasion de faire évoluer les mentalités à la Cité. Notre exposition, parexemple, est celle qui a produit le moins de déchets, comme le régisseur me l’aconfirmé après l’inauguration. J’ai été agréablement surprise à la fin de l’expo-sition de voir qu’il n’y avait quasiment pas eu de dégradation. Les visiteurs, ycompris les nombreux jeunes, ont été très respectueux.Lorsque François de Mazières m’a proposé ce poste de commissaire générale,je n’avais aucune expérience : c’était ma première exposition ! J’ai appliqué leprincipe des «organisations en apprentissage» de Peter Senge. J’ai ainsi décidéde faire des conférences informelles pour les collaborateurs de la Cité afin quenous puissions mieux travailler ensemble grâce à une base et des convictionscommunes. Je suis très attachée au « feed-back», au « retour d’expérience».Certaines idées qui ont émergé lors des échanges qui ont suivi les conférencesont servi à l’élaboration du contenu de l’exposition, par exemple la nécessitéd’intégrer le logement social.L’équipe de l’exposition, la «green team», était constituée de trois commissairesassociés, deux scénographes et deux graphistes, plus le groupe de la productionde l’IFA et les assistants aux commissaires. Tout le monde était très impliqué.Cependant, à la Cité, tout le monde n’était pas d’accord pour monter cetteexposition : en 2007, certains pensaient encore que l’architecture écologiqueétait une mode ! J’espère que nous avons su les convaincre qu’elle est aucontraire fortement liée à l’évolution de la culture et de la société du XXe siècle.

«L’œuvre écologique» support de sensibilisation au développement durable

par Dominique Gauzin-Müller, architecte, commissaire de l’expositionHabiter écologique, présentée à la Cité de l’Architecture et du PAtrimoine en 2009Rédactrice en chef de la revue EcologiK

Catalogue de l'exposition Habiter éco-logique. Quelles architectures pourune ville durable ?, Paris Actes Sud,CAPA, IFA, 2009

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Concept de l’expositionJ’ai bâti le concept de cette exposition sur l’imaged’un arbre. Il fallait trouver les racines de l’archi-tecture écologique et montrer les branches qui sesont développées depuis en répondant à chaquecontexte spécifique. L’objectif était d’ancrerl’exposition dans une réalité, de prouver qu’elles’inscrivait dans un mouvement plus global quiprend place dans tous les coins du monde. Unegrande partie de l’exposition concerne d’ailleursd’autres pays que la France.L’exposition est organisée en sept séquences et sixsalons. Les deux premières séquences sont consacréesaux racines, pour ancrer notre propos à la fois dansle temps et dans l’espace. Pour ce faire, la premièreséquence présente un tableau synoptique mettant enrelation des événements politiques, des projets d’ar-chitecture et d’urbanisme, des citations, des ouvrages.Cette frise chronologique fait face à une grandemappemonde montrant où sont les problèmes. Ladeuxième séquence donne les clés de l’exposition etdécrit l’approche «holistique», cette démarche glo-bale, intégrative et multidisciplinaire qui permetd’atteindre une architecture éco-responsable. Latroisième séquence présente neufs pionniers, laquatrième met en valeur les pratiques actuelles àl’échelon international. La cinquième séquence, dé-diée à la France, montre à la fois précurseurs et pra-tiques actuelles. La sixième est consacrée aux deuxappels à idées lancés dans le cadre de l’exposition.L’exposition se termine par quelques beaux projetsfrançais hors habitat, notamment des bâtiments cul-turels. Elle propose aussi une écothèque, élaboréeavec l’association Envirobat Méditerranée.L’exposition se compose de trois temps : unedescription sur les panneaux des séquences, uneréflexion sur les écrans des salons (où nous faisons

intervenir des économistes, géologues, sociologues,etc.) et l’émotion/sensation grâce aux salons, avecleurs matériaux à toucher. Je crois beaucoup à cettenécessité de combiner l’analytique et l’empathique.Dans le catalogue de l’exposition nous avons d’ail-leurs publié une interview de Daniel Pink, auteurde L’homme aux deux cerveaux (Éd. Robert Laffont2007). Il y explique que le cerveau gauche corres-pond à la rationalité et l’esprit analytique alors quele cerveau droit est celui de l’intuition, de l’empa-thie et de la pensée holistique (en réseau).Au fronton du Palais de Chaillot figure la mention :«Dans ces murs voués aux merveilles, j’accueilleet garde des ouvrages de la main prodigieuse del’artiste, égale et rivale de sa pensée. L’une n’estrien sans l’autre…» Cette citation me touche beau-coup car, comme le dit le philosophe Bergson : «Lamain parle au cerveau aussi sûrement que lecerveau parle à la main. » Aujourd’hui, dans lesécoles d’architecture, ce lien étroit entre théorieet pratique est quasiment inexistant. Si l’écoled’architecture de Grenoble, partenaire de notreexposition au travers d’un des appels à idées,connaît un grand succès auprès des étudiants, c’estqu’elle les implique dans le « faire».

Fil rouge de l’exposition : l’approche holistiqueLa détermination des clés de lecture pour les diffé-rents projets, c’est-à-dire les critères de l’architectureéco-responsable, a fait l’objet d’échanges intéres-sants au sein de l’équipe. La démarche HQE®(Haute qualité environnementale) comprendquatorze cibles, mais il vous suffit d’en remplirquatre pour être considéré comme «bon». Pour quenotre propos reste accessible au grand public et enparticulier aux jeunes, nous voulions avoir moinsde critères (nous en avons retenu quatre) pour bienmettre l’accent sur les interrelations entre eux. Ily a toujours deux mots pour chacun des critères :un qui désigne des choses concrètes, physiques ;l’autre qui prend en compte l’intervention del’humain. Nous avons ainsi : humain/usage, site/territoire, matériaux/techniques, énergie/ambiance.À la jonction entre ces critères se trouve la démarcheholistique, fil rouge de l’exposition.L’adjectif «holistique» vient d’une phrase du philo-sophe grecAristote : «Le tout est plus que la sommedes parties.» Un bâtiment n’est pas que la sommedes matériaux et des installations techniques mis enœuvre. Il est porteur du supplément d’âme des gensqui y ont travaillé. Cette vision permet de rappro-cher l’architecture d’autres domaines. En médecine,l’approche holistique signifie travailler à la fois surle corps, l’esprit et l’âme. En agriculture, elle se tra-duit par exemple par une pratique desAmérindiensqui cultivent ensemble maïs, haricots et courges. Le

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maïs sert de tuteur au haricot et produit l’azote quileur sert d’engrais alors que les courges font del’ombre et gardent l’humidité du sol. Utiliser l’ad-jectif «holistique» était donc un moyen de rappro-cher l’architecture d’autres secteurs d’activités.Le choix des projets était difficile car chacun a sapropre définition de l’habitat écologique. Nousavons défini des clés de lecture à respecter que jeviens de détailler. Nous souhaitions aussi trouverun équilibre entre les aspects sociaux et techniques,entre les matériaux en grains et ceux en fibres, touten offrant une large variété géographique. À la fin,face à notre panel pour les séquences internatio-nales, nous avons découvert que le lien communentre les architectes retenus était dans leur démarchegénéreuse, leur ouverture d’esprit et leur parcoursmulticulturel. Pour les séquences françaises, lechoix a été très ardu, car il existait encore peu deréalisations vraiment convaincantes. Nous aurionsaujourd’hui plus de réalisations à mettre en valeur.

Choix scénographiquesLe travail avec les scénographes a été pour moi trèsenrichissant et ils ont eu dès le départ une concep-tion en synergie avec le contenu. La salle était trèssombre, peinte en noir et sans aucune ouverture surl’extérieur. Ils ont dégagé les fenêtres, situées enhauteur dans ce demi-sous-sol et peint tout en blanc.Je voulais de la simplicité, de la modestie, une scé-nographie en cohérence avec ce qui était présentéet des matériaux qui donnent envie de les toucher.Les trois mots clés que j’ai indiqués aux scéno-graphes étaient donc humilité, adéquation contenu/contenant et matérialité. Ils y ont très bien répondu !Les supports sont des panneaux sandwich de Eggerà base de panneaux de particules enserrant une âmeen carton. Une seule entreprise avait une installationpermettant d’imprimer directement sur les pan-neaux. Nous aurions souhaité des encres végétales,mais le rendu était terne et il a fallu faire un com-promis entre l’écologie et le message à faire passer.Les buffets des manifestations associées étaientconfectionnés avec des produits écologiques etéthiques. Sauf celui de la conférence de presse quia donné lieu à une débauche de déchets en plas-tique… Il est essentiel pour moi de mettre les actesen adéquation avec les paroles. L’écologie, c’est aussiune forme de pensée qui s’applique au quotidien !Toutes les réalisations sont présentées selon lemême principe : une carte du monde pour les situer,puis une biographie de l’architecte, une descriptionglobale (plans, photos) et une citation sur les cinqcritères en frise. Pour aller plus loin, nous avons misdes citations en exergue ainsi que des écrans per-mettant d’approfondir le travail de l’architecte.Pour Anna Heringer, il y a par exemple un focus

avec des photos de chantier. Nous avons aussiquelques maquettes : la paillote de Pierre Lajus, lamaison en acier et verre de Werner Sobek et lamaison en terre de Martin Rauch.Les salons apportent entre deux séquences unmomentplus calme en position assise. Les scénographes lesont conçus comme des « folies» et utilisé différentsmatériaux isolants : laine de mouton, métisse fabri-quée par Emmaüs, etc. Des étiquettes expliquent lescaractéristiques de ces matériaux. La forme origi-nale du salon, en écho avec chaque matériau, créeun contact «physique» avec le visiteur et apporteun côté ludique pour éveiller la curiosité et susciterdes réflexions autour de sujets polémiques. Sur lesécrans sont diffusés des entretiens pour donner del’épaisseur au propos en l’élargissant à d’autres sec-teurs : philosophie, économie, sociologie, ingénie-rie, etc.Notre exposition a été plus coûteuse en prestationsintellectuelles qu’en matériaux. Parmi nos sponsorsfigurent la fondation EDF et Bouygues Immobilier,deux géants industriels qui ont de l’argent à inves-tir dans du mécénat. Cela ne me pose pas de pro-blème tant qu’ils n’ont aucune ingérence sur lecontenu de l’exposition, ce qui a été le cas. La res-ponsable de la Fondation EDF m’a dit qu’elle étaitravie par l’exposition.L’exposition a été conçue dès le départ comme unesuccession de séquences et salons afin qu’elle puisseêtre itinérante. Je suis profondément provinciale.Pour moi, il n’était pas pensable que cette exposi-tion ne vive qu’à Paris. Elle peut voyager entière(comme ce sera le cas àGrenoble et Liège), mais aussiêtre découpée et présentée par exemple dans plu-sieurs lieux d’une même ville ou de manière décaléedans le temps au sein du même lieu. Mais je trouvedommage que seuls les panneaux voyagent et pasles «folies» en isolant qui font l’âme de l’exposition.

Visite virtuelleL’exposition commence par quatre textes : le pre-mier du président de la Cité, François de Mazières ;le suivant du directeur de l’IFA, Francis Rambert ;un troisième que j’ai signé en tant que commissaire.Dans le dernier, les scénographes Serge Joly etPaul-Emmanuel Loiret expliquent leur démarche.

Séquence 1Elle présente un siècle de réflexions autour del’écologie dans le but de prouver que l’architecturedurable n’est pas une mode, contrairement à ce quecertains disent encore. Le temps défile avec unepremière citation de Roosevelt datant de 1907 :«Attention, l’eau, le bois, les énergies fossiles nesont pas renouvelables et illimitées et si on conti-nue à les gaspiller comme on le fait aujourd’hui,

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nos successeurs en seront privés deux ou troisgénérations avant ce que l’on prévoit. » Sont égale-ment présentés les sommets touchant l’écologie ausens large, des réalisations architecturales ainsi quedes livres témoignant des premières prises deconscience, dont beaucoup ont été écrits par desAméricains ou des Anglais. Lisez La Convivialitéd’Ivan Illich (Le Seuil, 2003, Coll. Points Essais,Traduction de Tools for Conviviality de 1973).En face du tableau chronologique, une mappe-monde témoigne des problèmes majeurs : crois-sance démographique, urbanisation, changementsclimatiques.

Salon 1Ce salon s’intitule : «Allons-nous vers un effon-drement du modèle des sociétés occidentales ?»L’économiste Serge Latouche et le géographeAugustin Berque y répondent à mes questions. Jevous conseille d’ailleurs les petits livres Survivreau développement et Petit traité de la décroissancesereine de Serge Latouche. Pour lui, les villesidéales ne dépassent pas 30000 habitants afin d’êtreplus facilement autonomes pour la production denourriture et d’énergie.

Séquence 2Elle porte sur l’approche holistique. Nous y pré-sentons un projet résidentiel de l’architecte autri-chien Wolfgang Ritsch, situé dans une anciennefriche industrielle. Je suis allée tourner deux fois surplace à Bregenz deux films de dix minutes. Le pre-mier décrit le projet en lui-même, le second ex-plique la méthode de «conception consciente»développée par l’architecte. Il s’agit d’un projetpilote du ministère autrichien de la recherche surl’habitat de l’avenir et il comprend quatre immeublesde vingt logements. Le but du promoteur HubertRhomberg était d’individualiser le collectif.

Salon 2Le second salon interroge le visiteur : «Faut-ilquantifier la démarche éco-responsable ?» J’aidemandé à Daniel Fauré et Alain Maugard d’inter-venir. Alain Maugard a été pendant quinze ansprésident du CSTB. Daniel Fauré, ingénieur ther-micien, a développé en tant que président de l’as-sociation Bâtiment durable méditerranéen (BDM)une grille de lecture pragmatique, gratuite pourceux qui souhaitent s’auto-évaluer, qui est utiliséepar la région PACA pour l’attribution de subven-tions. La rencontre entre les deux hommes étaitétonnante. Des découvertes ont vraiment eu lieu àl’occasion du tournage des films des salons : AlainMaugard, un des initiateurs de la démarche HQE®,était finalement assez d’accord avec mon ami Danielet moi…

Séquence 3Elle présente neuf pionniers issus des cinq conti-nents : l’américain Frank LloydWright, le finlandaisAlvar Aalto, l’Australien Glenn Murcutt, le norvé-gien Sverre Fehn, l’égyptien Hassan Fathy, l’IndienBalkrishna Doshi, le brésilien Zanine, l’italien PaoloSoleri (architecte de la ville utopique d’Arcosantidans le désert de l’Arizona) et le français Pierre Lajus.Certaines réalisations sont de taille domestique,d’autres ont l’échelle d’un quartier. Les matériauxen fibres (bois, bambou) sont aussi présents queceux en grains (béton, terre crue, pierre).

Salon 3Dans ce salon la philosophe ChrisYounès et le socio-logue Jean-Pierre Worms répondent à la question :«Sommes-nous toujours héritiers de Descartes ?»Je pense pour ma part que la pensée cartésienne —sans doute mal interprétée— a actuellement uneinfluence néfaste sur la France, car elle freine lenécessaire changement de paradigme. L’enseigne-ment magistral théorique prédominant rend difficilele partage de connaissances dans des groupes plu-ridisciplinaires. Quand Descartes a dit « Je pensedonc je suis», il imaginait la libération de gens enesclavage qui n’avait pas la liberté de pensée. Maisnous vivons aujourd’hui dans une autre conjoncture !

Séquence 4Cette séquence met en valeur les pratiques actuellesà l’échelon international, du low-tech au high-tech :le Chilien Alexandro Aravena, le vorarlbergeoisWalter Unterrainer, etc. La villa en verre et acier deWerner Sobek à Stuttgart voisine avec l’école Meti,construite en terre et bambou au Bangladesh parAnna Heringer, et la villa réalisée en auto-construc-tion en bois local par Olavi Koponen dans la ban-lieue d’Helsinki. Avec sa maison en pisé. MartinRauch, milite de son côté pour que des gens plusaisés fassent des maisons en terre et montrer qu’onpeut en faire une architecture à l’esthétique contem-poraine. Là encore, nous avons recherché unegrande variété dans les démarches, le choix des ma-tériaux, etc.

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Salon 4Ce salon est l’occasion de poser une question quifâche : «La France du durable est-elle en retard, enquoi et pourquoi ?» Dans cette « folie» assez intro-vertie, fabriquée en panneaux d’isolation en fibresde bois pressé, nous avons donné la parole aux ac-teurs et témoins de la révolution verte à la françaiseet en particulier à Françoise-Hélène Jourda, bien sûr !

Séquence et salon 5La séquence dédiée à la France montre à la fois lesprécurseurs (Jourda et Perraudin, Edmond Lay, Ro-land Schweitzer, etc.) et des exemples d’habitat plusdense dans les pratiques actuelles. Le salon, intitulé« la maison individuelle, un rêve sans avenir ?» aété sponsorisé par Saint-Gobain qui nous a offertdifférents types de vitrages innovants.

Séquence 6Nous tenions à avoir une séquence tournée vers laprospective. Celle-ci est consacrée aux deux appels àidées lancés dans le cadre de l’exposition : une auprèsde huit architectes européens, l’autre auprès des étu-diants de cinq écoles d’architecture françaises.Le projet proposé à Philippe Madec, FabienneBulle, Brochet-Lajus-Pueyo, Wolfgang Ristch,Mario Cucinella, Olavi Koponen, Lipsky-Rollet etHérault-Arnod était un immeuble autonome enénergie dans une dent creuse à Boulogne-Billan-court. Le budget théorique prévu était assez confor-table pour permettre l’innovation sur un projetcherchant à individualiser le collectif. Les étudiants,nous les avons fait travailler sur de l’habitat social,en partenariat avec la fondation Abbé Pierre qui aexpliqué les problèmes existants afin que les pro-jets soient ancrés dans la réalité. L’opinion du mem-bre de la fondation présent au jury a d’ailleursinfluencé le choix du lauréat.

Salon 6Ce salon traitet d’un autre sujet qui fâche : «La tour,solution verte du futur ?» Dominique Perraut ydonne sur écran son opinion dans une « folie» enrouleaux de laine de mouton. Ce salon fait face àune écothèque construite en collaboration avec En-virobat Méditerranée.

Séquence 7Intitulée «Passage à l’acte»,elle nous a permis demontrer des équipements publics, projets culturelset tertiaires, plus nombreux à l’époque que l’habi-tat en France.

Manifestations associéesNous avons proposé des visites gratuites pour lesjeunes et une exposition N’en jetez plus ! organiséeen parallèle à l’étage de la Cité. Elle était composéede deux « igloos» en bois avec une très belle scé-nographie. Les gens apportaient des bouteilles enplastique, des canettes et des journaux. Les enfantsbricolaient pour que les cases se remplissent. Enmême temps, dans un troisième lieu, l’expositionGaudi présentait les résultats du concours d’étu-diants, dont le premier a été lancé en 2006.Nous avons organisé une manifestation en associa-tion avec l’Unicef et j’étais ravie d’être marraine decette première Biennale Les jeunes dans la Cité.Pendant deux jours, 80 enfants et adolescents, âgésde 11 à 20 ans, ont travaillé en petits groupes sur unprojet éco-responsable dans leur commune, visiténotre exposition et celle sur les tours à l’Arsenal, sesont promenés en bateau-mouche, etc. Pour cer-tains, c’était le premier voyage en train ; pour d’au-tres, la première découverte de Paris. Les troiséquipes lauréates vont partir à Barcelone pour visi-ter les lieux écologiques de la ville.Dans le cadre de l’appel à idées auprès de huit ar-chitectes européens, nous avons organisé avant ledébut de l’exposition une première table ronde aucours de laquelle les projets ont été présentés. Grâceà l’absence de classement, donc de compétition, lesarchitectes ont beaucoup appris les uns des autres.Le but était d’échanger les idées. À la fin de l’ex-position, à la mi-octobre, une table ronde entre leshuit architectes a été organisée, suivi d’un débatavec le public. Nous avons par ailleurs mis en placedes conférences d’architectes (Anna Heringer, Mar-tin Rauch, etc.), ainsi qu’une formation continue dedouze jours en partenariat avec le GEPA. Elle s’estclôturée par un très sympathique «pique-nique desterroirs » pour lequel les 200 participants ont ap-porté une ou plusieurs spécialités de leur région.Le fil rouge de notre exposition et des nombreusesmanifestations associées est cette approche globale,pluridisciplinaire et intégrative que j’aime appelerholistique. C’est un processus ouvert basé sur lepartage des connaissances, la confiance mutuelle,l’intelligence collective et l’empathie créative.Même s’il est indispensable de maîtriser les savoirsliés aux nouvelles technologies, l’essentiel est dansl’humain, pas dans la technique.

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Module 3 Jeudi 4 février 2010

QUELS PROFESSIONNELS DE LA SENSIBILISATIONFACE À L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ?

Le développement durable comme levier d’actions pédagogiquesLes territoires en résidence des designers de serviceStéphane Vincent et Romain Thévenet, La 27e Région « laboratoire des nouvelles politiques publiques à l’âge numérique»Quels outils communs pour des professionnels différents ? L’Annuaire de l’enseignement de l’histoire des artsÉlizabeth Fleury, chef du projet de l’Annuaire, Marion M. Laprade, Délégation au Développement et aux affaires Internationales,ministère de la Culture et de la CommunicationLes animateurs de l’architecture et du patrimoine et le réseau des Villes et Pays d’art et d’histoireXavier Bailly, Président de l’Association des animateurs du patrimoineCréation et médiation sur le cadre de vieSabine Thuilier, Association PixelÀ propos des pôles «métiers» de la fédération des CAUEYves Brien, directeur de la Fédération nationale des CAUE

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Stéphane VincentLa 27e Région est née dans un livre paru aux éditions Autrement, en mars2007. J’avais travaillé durant sept ans au conseil régional du Limousin, où j’étaisen charge des politiques numériques, avant de devenir consultant sur les mêmesmissions pour de nombreuses autres collectivités locales, de toute taille. Cetteexpérience de quatorze ans a progressivement nourri mes frustrations mais aussimes envies. Nous étions nombreux à trouver incroyable que les Régions ne dis-posent d’aucun lieu de recherche. Toutes les grandes organisations possèdentpourtant des structures qui servent à penser les usages et les services de demain.Google le fait avec ses utilisateurs. Les services publics ont eu le Commissariatau Plan mais aucune structure comparable n’existe sur l’action territoriale.Parallèlement, je faisais partie d’un think tank (cellule de réflexion) qui réflé-chissait à ces questions.Aujourd’hui, les collectivités répondent aux préoccupations des utilisateurs encréant des sites Internet mais les enjeux sont considérablement plus forts.En outre, les usagers deviennent de véritables acteurs de la vie publique et nepeuvent plus être considérés comme des cibles passives des politiques et desservices publics. La 27e Région répond à la volonté de créer un cadre pour cetravail.

Romain ThévenetCette 27e Région est une Région virtuelle, chargée de réaliser des expérimenta-tions, qui s’ajoute aux vingt-six Régions françaises.

Stéphane VincentRomain Thévenet nous a rejoints en 2008. Nous avons tenté d’inventer desmodalités d’expérimentation pour les Régions. Par exemple, elles entretiennentun rapport très traditionnel à la prospective. Elles font travailler des experts quiproduisent des rapports écrits. Nous pensions qu’il était nécessaire d’innovernotamment sur les formats, en recourant davantage à la vidéo par exemple.Avecla Région Nord-Pas-de-Calais, nous avons raconté la vie quotidienne d’un agri-culteur « chti » en 2040, sur un ton ludique qui reprenait sans les trahir lespropositions des experts mandatés par la Région.Le problème est que les approches traditionnelles, en matière de prospective,manquent de créativité. Le forecasting consiste à prolonger les tendancesactuelles de développement tandis que le backcasting part du principe que lesgrands problèmes contemporains ont été résolus et se propose d’expliquerde quelle manière. En décembre dernier, nous avons tenté un tel exercice debackcasting.

Romain ThévenetNous avons constitué des groupes de prospective dont un était chargé de préparerles élections de 2028.

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Les territoires en résidence des designers de service

Stéphane Vincent et Romain ThévenetLa 27e Région, «laboratoire des nouvelles politiques publiques à l’âge numérique»

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Stéphane VincentNous travaillons en marge des élections actuelles.Nous invitons des élus et des créatifs à réfléchirautrement le temps d’une journée.Nous avons commencé par un travail importantd’inventaire des pratiques en vigueur à l’étranger.Nous continuons d’exercer une veille dans cedomaine. D’autres acteurs publics ont travaillé avecdes populations pour imaginer des solutions localesaux problèmes d’une communauté. En mars der-nier, nous avons organisé un voyage à Londres,avec des élus régionaux et des fonctionnaires, pourvoir sur place le meilleur de l’innovation socialedans des agences de design de services. Nous orga-nisons un tel déplacement chaque année.Le ministère des Finances danois dispose, au rez-de-chaussée, d’une agence créative baptisée«Mindlab» et chargée de travailler avec les utilisa-teurs, internes ou externes, pour améliorer sesservices. Elle regroupe des personnes de divers ho-rizons. Leur organisation est à l’anglo-saxonne. Ilsse réunissent dans un local aveugle qui se refermecomme un sous-marin.

Romain ThévenetÀ côté, ils disposent d’un vaste espace ouvert.

Stéphane VincentEn mars prochain, nous publierons le Design despolitiques publiques, un ouvrage qui inventorie cesnouvelles méthodes et nouvelles façons de travail-ler avec les acteurs, susceptibles d’intéresser lesacteurs publics, sur la base d’une trentaine d’exem-ples. Parallèlement, nous avions envie de construirenotre propre apprentissage et de nous confronter à la

réalité. Nous avons retenu des éléments d’opérationsqui nous intéressent, pour bâtir un mode opératoireoriginal que nous testons dans des territoires trèsdifférents.

L’opération Territoires en résidencesRomain ThévenetAu départ, je dispose d’une formation de designerindustriel, plutôt spécialisé dans les objets du quo-tidien. Je me suis progressivement éloigné de cesecteur pour m’intéresser à l’industrie du service.À partir d’une méthodologie de conception créa-tive, centrée sur l’utilisateur, il est possible deconcevoir des services attractifs. Par exemple,lorsque nous créons une image pour un outil,celle-ci doit favoriser l’utilisation d’un outil. Enconception, la question de l’utilisateur est toujoursimportante. Dans le circuit de conception, il estreprésenté par le designer, qui étudie l’appropriationd’un objet ou service au sens large. Évidemment, ledesign n’est pas réservé aux designers. Les archi-tectes pratiquent le design thinking, qui s’attache àl’utilisation finale de l’objet.Je coordonne le projet «Territoires en résidence»pour la 27e Région, qui s’inspire d’expériencessimilaires notamment au Royaume-Uni. Il reposesur le principe de résidence et l’idée qu’on ne parti-cipe pas de la même manière à un territoire si l’onestime y vivre. Lorsqu’il nous a été demandéd’intervenir dans le design d’un lycée, nous avonssouhaité y retourner pour vivre le lycée aujourd’hui.Simultanément, nous pensons que les résidencesd’artistes manquent souvent d’un retour vers lesdécideurs pour passer au stade de la concrétisation.

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«Cette année, 2242 habitants au lycée…dont beaucoup d'invisibles»,

Résidence 27e Région au lycée d'Annecy,mai 2010.

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Nous avons construit une dizaine de zones d’expé-rimentation en France. Nous avons identifié desterritoires de résidences, dans un premier cas avecdes régions intéressées, par exemple avec Cham-pagne-Ardenne pour un Lycée. L’autre méthodeconsiste à travailler directement avec un acteurlocal, par exemple à Rennes, disposant d’un creusetpropice à l’innovation et d’ensuite se tourner vers laRégion pour construire avec elle l’expérimentation.Notre protocole est toujours le même. Il repose surdes périodes d’immersion d’une semaine, sur deuxà trois à mois, consistant à mettre en relationdes créatifs, au sens large : designers, architectesurbanistes, sociologues, chercheurs, innovateurssociaux… Ceux-ci réfléchissent à des projets àcourt (prototypes réalisés sur place), moyen (astucesappliquées au territoire) et long termes (dans uneperspective d’utilisation plus large du territoire).Nous disposons d’un budget de 30000 euros, outredes subventions européennes. Nous ne sommes niprestataires ni sous-traitants des Régions. Nouspassons des conventions avec elles.Parmi nos réalisations, nous avons déjà travaillé surun lycée de «haute qualité humaine». À Rennes,une association de quartier, La Ruche, a conçu unFacebook local s’adressant aux associations et auxcitoyens (concept de «citoyenneté augmentée»).L’outil avait été créé par l’association avant notrearrivée. Leur volonté était de constituer un Wikiterritorial (base de données de connaissancesco-construite), pour mettre en ligne des informa-tions à caractère local. Les membres de La Rucheont travaillé dans un premier temps avec une asso-ciation travaillant sur la mémoire d’un quartier.Pour que le projet ne reste pas purement numérique,chaque article en ligne racontant un souvenir de laville est associé à un marquage physique au sol, surle site concerné.Sur la communauté de communes de Pionsat(Auvergne), la Région avait un projet de maison desanté et supposait que le bâtiment résoudrait tousles problèmes. Nous avons passé trois semaines, surplace, pour réfléchir aux usages de cette maison.L’équipe comprenait une designer, une architecte,une sociologue et un entrepreneur social. Elle a uti-lisé l’outil de «table d’échange» pour faire le point surles attentes et les contraintes des usagers. ÀBordeaux,dans une résidence consacrée au numérique, nousavons installé pour de vrai les balises «A» ou «B»,utilisées dans Googlemap pour situer des lieux.Dans le Nord-Pas-de-Calais, nous avons travailléavec les élus régionaux sur la manière dont ils viventleur mandat.

Stéphane VincentÀ l’heure où l’on parle de démocratie participative,la question des élus est très importante. Or les inté-ressés manquent de recul sur leur propre façon de

travailler. Nous avons utilisé comme cobayes desélus de partis différents, dont deux avaient égalementun mandat municipal.

Romain ThévenetL’un des projets dans ce cadre consiste à construireun « kit du mandat» avec toutes les informationsnécessaires. Il comprend une partie en ligne et unepartie physique et s’adresse également aux colla-borateurs des élus.Notre méthode de travail s’appuie sur des inter-views et des réunions créatives, où nous sommes encontact avec les personnes. Outre la table

d’échange, nous avons recours à divers systèmes deconcrétisation de la réflexion. Il s’agit réellementde productions. Nous prenons position par rapportà un projet. Parmi ces objets tangibles, nous utilisonsdes photomontages par exemple pour expliquercomme les élus travaillent ensemble. Un des pho-tomontages réalisé pour un projet intitulé Macollectivité en 2030, reposait sur l’idée qu’à l’avenir,certaines collectivités pourraient volontairementchoisir d’être déconnectées de tout. La photoreprésentant un panneau de signalisation avec untéléphone barré à l’entrée du village, permet deconcrétiser l’idée et favorise la prise de position surcette thématique. Un système de cartes a été conçupour être utilisé dans une instance qui serait bapti-sée le «colaboratoire».Nous ne partons jamais sans présenter des propositionsde projets, en construisant une participation. Nousessayons au maximum d’accompagner le territoiredans une dynamique. Je vous invite à consulter notre

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Création d'instruments de communication lors d'une résidence27eRégion au lycée d'Annecy, mai 2010

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blog : http://territoiresenresidences.wordpress.comdans lequel nous demandons aux résidents deraconter leurs actions au quotidien, dans chaquerésidence.

Stéphane VincentLe principe consiste à documenter le développe-ment de l’outil pour faire le point sur ses forces etfaiblesses.

Romain ThévenetDes photographies appuient les expérimentations etles enseignements que nous en tirons.

Le Campus ouvertLa première de nos résidences renvoie directementà la sensibilisation à l’architecture. La RégionChampagne-Ardenne est marquée par un soldemigratoire négatif. Nous sommes dans une bouclede la Meuse, à Revin. Le lycée se trouve sur le hautd’une colline, à l’extérieur de la ville, près d’unecité réputée difficile. Parfois les bus scolaires n’ar-rivent pas à monter jusqu’au lycée à cause de laneige. La moitié des bâtiments du lycée est vides.Le bâtiment avait été conçu pour la ville d’Oranavant la guerre d’Algérie. Il comporte une piscinequi n’a jamais été terminée. Les parents adoptentdes stratégies de contournement pour éviter celycée. Il reste un gymnase mais une partie del’internat a été détruite. Un pôle hôtelier a étérécemment installé.Nous avons effectué les premières visites l’andernier, en hiver. La Région avait décidé dereconstruire intégralement le lycée, jugeant qu’ilconstituait un outil d’aménagement indispensabledu territoire. Le projet architectural est un projetHQE®. Seul le bâtiment le plus récent seraconservé. Les travaux sont prévus à partir demi-2012 et coûteront 38 millions d’euros. Les inter-rogations sont nombreuses, notamment sur l’em-placement.

Stéphane VincentPour la Région, il s’agit d’un véritable pari.

Romain ThévenetNous ne sommes intervenus qu’après le choix ini-tial. Nous avons alerté la Région sur le risque dedéplacer les problèmes actuels dans un bel écrin.Notre «QG des résidents» s’est installé près de lasalle des professeurs. L’équipe comprenait troisdesigners mais aussi un programmiste pour nousaider à comprendre les plans, notre directeur scien-tifique… Les réunions sont quotidiennes. Nousallons au-devant des lycéens et nous déjeunons aveceux ou leurs enseignants. Nous travaillons avec lesassociations du lycée et les associations de parentsd’élèves. Nous considérons le lycée dans son «éco-système territorial ».Chaque semaine, nous réalisons une présentationpour faire le point sur nos travaux. Nous avonsorganisé la deuxième à l’extérieur du lycée. Géné-ralement, nous définissons un thème d’entrée aprèsdeux prévisites. Nous préconisons de penser celycée non comme une cité scolaire mais comme uncampus ouvert, qui ne serait pas réservé aux lycéensmais accueillerait des citoyens ou des entreprises.Pour concrétiser cette idée, nous avons voulu parlerdu lycée à l’extérieur du lycée. L’histoire estracontée sur le blog. Nous avons raconté l’histoirede personnages fictifs dans ce futur lycée, pouraider chacun à se projeter. Tel professeur raconte laconstruction d’un club livres. Tel retraité racontequ’il vient y suivre des cours. Nous avons lu noshistoires à voix haute aux acteurs, pour engager ledialogue. Nous avons présenté des photographiesdu lycée. Les designers ayant l’habitude de l’image,ils savent rendre désirable l’objet photographié.Nous avons bénéficié d’une opération «portesouvertes».Par la suite, nous avons mis en place un stratagèmeavec des cartes « chance», comme au Monopoly,qui permettent à chacun de décider de l’emploi d’un

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budget de rénovation ou de l’organisation duprogramme d’une journée. Ces cartes, bien queséduisantes, n’ont recueilli aucun intérêt : les élèves,qui n’avaient pas l’habitude d’être consultés, n’ontformulé que des réponses extrêmement scolaireset convenues. En revanche, les professeurs étaientintéressés à pouvoir les utiliser pour leurs cours.Nous avons construit un campus wall. Le proviseurprévoyait d’installer un grand écran pour faire pas-ser des informations sur le lycée. Pour rendre ceprojet opérationnel rapidement, nous avons com-mencé à construire le «prototype» de l’objet àl’aide d’un ordinateur récupéré dans la salle infor-matique, et détourné pour ce nouvel usage. Nousavons construit l’objet «mur» et le support d’infor-mation, constitué de textes limités (140 caractèrespar écran) sous Powerpoint, pour éviter le phéno-mène classique de superposition des informationsqui les rend illisibles. Le terme fait référence auwall de Facebook et renvoie au vocabulaire deslycéens. Nous avons ensuite accompagné leslycéens dans la création d’un groupe d’édition del’information pour faire vivre ce wall. Nous leuravons appris à utiliser Powerpoint. Ils ont ensuiteété missionnés par l’équipe enseignante pour relayerles informations sur la vie du lycée.Pour poursuivre la présentation des histoires écritessur l’avenir possible du lycée, nous les avons rac-crochées à des projets mis en image. Nous avonsphotographié une salle de classe et ajouté despersonnages fictifs. Nous avons utilisé la mise enimage pour un projet «d’école des parents ». Autotal, nous avions déterminé une vingtaine d’usagesdu futur lycée. La notion de «prof d’un jour», parexemple, consiste à faire appel à un spécialiste pourun cours qui n’aurait lieu qu’une fois par an.Nous avons jugé étonnant qu’en dépit du budget

prévu, les «habitants» du lycée, pensaient que lenouveau bâtiment ne serait jamais reconstruit. Nousavons invité les lycéens à étudier les plans et à pren-dre position. Nous avons exploité les vues à troisdimensions de l’architecte. Nous avons mêmedemandé à ce dernier, Duncan Lewis, de venirprésenter son projet aux lycéens. Il est venu avecson associé pour prendre connaissance des sugges-tions des lycéens et répondre à leurs questions. Cer-taines portaient sur le futur lycée mais aussi sur lesemplois potentiellement associés à sa construction.Des porteurs de projet ont été identifiés pour diversprojets : buvette mobile, parrainage par une entre-prise, forum des associations du lycée, jardin aro-matique… Les visites architecturales pourront fairedes lycéens les ambassadeurs du bâtiment ; ils pré-senteront aux visiteurs les spécificités d’un bâti-ment HQE®. Lors de la dernière réunion avec leproviseur, nous avons présenté les différents pro-jets : Club campus wall, Aménageons ensemble lenouveau lycée, grande médiathèque de Revin, ClubHQE (visites du chantier)… Le projet «Picnic au-tour du carnet de correspondance» est lié à celuid’École des parents. En effet, 30% des parents étantd’origine étrangère, ils maîtrisent mal le français. Ils’agit d’inviter les parents à un pique-nique pourleur présenter l’utilité du carnet de correspondanceen profitant du bilinguisme français-arabe du CPE.L’illustration de chaque projet par une image aide àse projeter dans l’objectif. À la fin, nous avonsconçu une publication retraçant notre aventure quis’est terminée par une conférence de presse. À lasalle des fêtes de la commune, afin d’associer tousles habitants, j’ai présenté la résidence et l’archi-tecte son bâtiment.Nous avons aujourd’hui un projet similaire dans unautre lycée.

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Création d'instruments de communication lors d'une résidence27eRégion au lycée d'Annecy, mai 2010

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Béatrice AuxentVous avez mentionné un financement européen.Stéphane Vincent

Nous avons besoin que les projets s’inscrivent dansles politiques régionales mais ces dernières touchentpratiquement à tous les sujets, de nos jours. Dans laréalité, nous passons souvent des accords avec desmunicipalités, des pays et des agglomérations. Nousavons un projet dans un quartier de Lille.Romain Thévenet

L’important est de nourrir la réflexion de la Régionen la rapprochant du citoyen. Il s’agit de remettre dela participation citoyenne au cœur des pratiques. Lefonds européen est EUROPACT mais nous nousconsidérons comme produisant en open source. Nosréflexions sont en creative commons et serventl’intérêt général. Même les Régions ont des straté-gies de compétitivité territoriales les unes vis-à-visdes autres. Nous travaillons dans une optique inter-régionale, dans laquelle chaque projet nourrit lesautres.Stéphane Vincent

Il s’agit de rendre un service concret sur le terraind’accueil et de revenir vers la Région. L’Associa-tion des Régions de France participe à notre finan-cement.Danièle Bordessoule

Votre intervention à Revin ne vient-elle pas troptard ? Si vous intervenez après le programmiste,beaucoup de décisions sont déjà prises.Stéphane Vincent

Nous considérons que tout moment est le bonmême si vous avez raison, fondamentalement. Lavie publique est rythmée par son propre calendrier.Sur le terrain, nous n’avons pas trouvé de mauvaismoment. Nous avons pu étudier avec l’architected’autres entrées et sorties du lycée. La Régionvoulait que les salles informatiques puissent parexemple être utilisées par des chômeurs. Pour cela,il suffit d’ouvrir des entrées directes.Romain Thévenet

De même, nous avons forcé l’architecte à revoirl’accessibilité de la médiathèque, qui était prévueau milieu du bâtiment.Stéphane Vincent

Comme souvent, la Région n’avait pas songé aufonctionnement réel et à l’usage du bâtiment. Ledirecteur des lycées à la Région a reconnu «avoirpensé le hard mais pas le soft». La Région travaillesur un schéma fonctionnel qui consiste surtout àadditionner des normes mais pas à établir un lieude vie.

Romain ThévenetNous avons attiré l’attention du concepteur sur lechoix du mobilier, très traditionnel par rapport auprojet de bâtiment.Stéphane Vincent

Avec l’architecte, les concepteurs ont estimé qu’illeur restait encore du travail. Nous aurions préféréintervenir en amont mais il n’était pas trop tard.Romain Thévenet

Les habitants de la maison de santé pensaient quenous venions pour produire le cahier des chargesjuridique et technique, alors que nous intervenionstrès en amont de la conception.Stéphane Vincent

La Région Auvergne était très demandeuse car elledispose de multiples projets qui doivent répondre auproblème d’exode médical. Pour l’instant, ce sontsouvent les médecins qui décident à quoi doit res-sembler une maison de santé, sans se soucier vrai-ment des pratiques réelles des patients-utilisateurs.Danièle Bordessoule

Quelles sont vos relations avec l’Éducation natio-nale ?Stéphane Vincent

En Champagne-Ardenne, le recteur, qui avait donnéson accord sans trop savoir, a beaucoup apprécié leprojet qu’il souhaite maintenant généraliser. Nousavons engagé des réflexions pour que le ministèrese dote d’une telle démarche.Romain Thévenet

Nous avons pris bien soin de ne pas traiter les ques-tions pédagogiques, selon l’idée qu’on ne se rendpas au lycée uniquement pour aller en cours.Stéphane Vincent

Des actions seraient nécessaires sur le contenu descours mais les Régions ne sont pas légitimes dansce domaine.Claire Chapelet

Comment sélectionnez-vous les projets ?Stéphane Vincent

Nous nourrissons un dialogue avec les Régions quinous saisissent de projets sous forme de cooptation.Le tout fonctionne bien. Notre principale grille delecture est de trouver des terrains complices car nosméthodes sont peu classiques.Romain Thévenet

Nous avons besoin de personnes qui acceptent de«se laisser faire». Nous n’avons pas d’autre straté-gie. Nous sommes saisis d’un projet et nous faisonsune première visite sur place. Dans une région viti-cole, nous n’avons pu rencontrer que le proviseur

Échanges

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du lycée. Nous avons conclu que nous reviendrionslorsque le lycée serait prêt à proposer d’autres in-terlocuteurs.Stéphane Vincent

Nous n’intervenons pas en prestation mais en co-expérimentation. Nous faisons le choix délibéréd’éviter les modes de sélection complexes et nor-més. Si nous lancions des appels à projet, nousconsacrerions la moitié de notre temps à sélection-ner des projets et à faire des choix, peut-être mau-vais. Nous savons que nous avons commis deserreurs dans nos choix puisque nous effectuons unsuivi mais nous apprenons de celles-ci.Romain Thévenet

Dans un lycée à Annecy, un professeur de philoso-phie a pris connaissance de notre action sur Internetet nous a contactés.Stéphane Vincent

Il défend personnellement le projet sur place.Béatrice Auxent

Êtes-vous une association ?Stéphane Vincent

Non, nous sommes un programme de la FING(Fondation Internet Nouvelle Génération). Notreorganisation compte trois personnes, dont une à mi-temps, mais travaille en réseau. En quinze rési-dences, nous aurons travaillé avec des dizainesd’experts. Nous construisons ce réseau. Laconstruction de l’équipe de résidence représente unenjeu particulier. Nous avons le sentiment de tra-vailler avec des personnes qui sont toujours quelquepeu en marge de leur métier.Béatrice Auxent

Connaissez-vous les CAUE ?Stéphane Vincent

Non, nous savons simplement qu’il s’agit d’un lieuoriginal avec lequel nous nous comprenons. Noussommes d’accord avec l’idée que l’architecte doitêtre pédagogue. Nous voulons permettre aux habi-tants d’une résidence d’être plus indépendants.Nous ne sommes pas chez Jean Nouvel ! J’ai le sen-timent que les CAUE s’inscrivent dans la même op-tique. Les gens ont été dépossédés de leur habitatet nous devons le leur rendre.Béatrice Auxent

Le CAUE local serait intéressé par visiter vos lieuxde résidence.Aurélie Top

Dans quel quartier de Lille opérez-vous ?Stéphane Vincent

Ce n’est pas encore décidé.

Béatrice AuxentLe CAUE de Lille avait participé à une expositionassociant deux collèges. Nous cherchions à favori-ser l’accueil des élèves par d’autres élèves. Nousvoulons créer un électrochoc qui engendre une dy-namique.Romain Thévenet

Dans ce lycée de Champagne-Ardenne, pour la pre-mière année, les effectifs ne sont pas en baisse.Stéphane Vincent

Les projets se concrétisent progressivement. L’ex-position des actions entraîne un engagement de lapart des usagers. Nous sentons que, dans toutes lesRégions où nous travaillons, chacun est intéressépar reproduire la démarche.Pauline de Divonne

Effectuez-vous un suivi ?Stéphane Vincent

Nous invitons toutes les parties prenantes des rési-dences à se retrouver dans des « interrésidences»pour échanger sur les méthodes et faire le point surcelles qui fonctionnent ou non. Le proviseur deRevin ne manquera pas de répondre à notre invita-tion dans un autre lycée HQE®. Au départ, nousétions quelques-uns et notre communauté s’élargitconsidérablement. Notre mission n’est pas de laveille mais bel et bien de favoriser la création d’unlaboratoire comparable dans chaque Région.Danièle Bordessoule

Que faites-vous en Île-de-France ?Stéphane Vincent

Nous avons engagé une discussion à Bobigny surles instances de participation. La Région et leConseil général de Seine-Saint-Denis sollicitentnotre intervention pour tenter de favoriser la parti-cipation des jeunes à un forum. Nous avons un pro-jet sur l’avenir des gares rurales en Bourgogne oul’espace Internet en PACA. Depuis quinze ans, deslieux d’accès à Internet sont créés. Les gens conti-nuent d’y aller bien qu’ils aient Internet chez eux,ce qui signifie que ces lieux répondent à un besoinde lien social. Les chercheurs d’emplois sont trèsintéressés pour les aides qu’ils y obtiennent. Nousdevons intervenir dans la faculté de Lyon I (LaDoua) qui est une véritable ville de 27000 étudiantsdont personne n’a le plan. Nous l’appréhenderonsavec une approche comparable au Guide du rou-tard.Françoise Miller

Combien de temps consacrez-vous à préparer vosinterventions sur place ?

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Stéphane VincentNotre délai le plus court a été de quatre mois, leplus long de seize mois. Nous organisons toujoursdeux ou trois visites sur place pour «mettre le doigtdans l’eau» et prendre la température. La premièresemaine de résidence, nous nageons dans le bassin.Le processus est celui d’un apprentissage continu.Nous organisons un débriefing après les visitespour savoir si nous pouvons commencer ou s’il esttrop tôt. Certains interlocuteurs nous quittent encours de route. Nous regrettons les fois où nousavons avancé trop vite. Nous engageons les habi-tants à venir voir les résidences pendant que nousles tenons. Le fait d’opérer en mode ouvert parti-cipe de l’expérimentation. Nous demandons un bu-reau ouvert, des horaires élargis et une connexionWIFI. Nous privilégions le dialogue.Sabine Thuillier

Comment vous situez-vous dans le choix d’actiondes résidences ?Stéphane Vincent

Nous avons bâti un protocole méthodologique quiest nourri progressivement par les résidences. Lapremière semaine est généralement consacrée à

l’exploration, la seconde à la co-construction et latroisième à la prise en main mais ce cadre peutchanger. Nous demandons aux intéressés d’être trèsprésents et de publier régulièrement. Nous ne de-mandons pas de rapport à la fin. Ce qui nous inté-resse est l’interaction entre les personnes. Nousconseillons d’exposer chaque semaine les travaux.Nous donnons des conseils méthodologiques et lespersonnes que nous rencontrons ont généralementle même type d’approche, quelle que soit leur ori-gine. Le plus difficile est que nous travaillons surdes laps de temps court, de l’ordre de quelquesmois. Nous engageons les intervenants à ne pas êtretrop ambitieux et à privilégier des projets suscepti-bles de se concrétiser en trois ou quatre mois. L’ac-teur public a souvent une vision sur un temps pluslong. Or ces cycles longs ne permettent pas d’inter-roger les personnes ni d’ajuster le projet immédia-tement. Si vous sollicitez les usagers tous les troismois, ils ont le temps d’oublier leur précédentecontribution. Nous mettons l’accent sur le prototy-page concret, le pire étant qu’une idée reste dans unrapport. Il s’agit davantage d’un conseil méthodo-logique que d’un carcan.

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Élizabeth FleuryNous nous inscrivons dans la une perspective qui consiste à partir des usa-gers et des usages. Nous avons mis en place l’annuaire de l’enseignement del’histoire des arts dans le cadre du plan gouvernemental pour l’Éducation artis-tique et culturelle (2008), sur un mode collaboratif. Nous avons commencé àréaliser le portail Histoire des Arts en avril 2009 et l’Annuaire était en ligne dèsnovembre. En premier lieu nous avons sollicité les établissements sous tutelledu ministère de la Culture et de la Communication disposant d’un très grandnombre de ressources éducatives relatives aux œuvres qu’ils conservent et dif-fusent. Le portail est référencé dans le portail interministériel pour l'Éducationartistique et culturelle en cours de rénovation. Au départ, il nous était demandéune sitographie, nous avons été plus loin en proposant tout de suite un outil com-mode d'accès pour l'enseignant afin de l'aider dans sa recherche de ressourcespour l'organisation de ses cours dans le domaine de l'histoire des arts.Les sites de la BNF ou du Louvre sont très riches mais comment les enseignantspeuvent-ils s’en emparer ? Nous avons considéré le programme d’enseignementet sélectionné des ressources correspondant à celui-ci sur les sites de ces éta-blissements. C’est un hyperlien qui amène l’internaute directement à desressources. Ce dernier peut ensuite naviguer sur le site. De ce fait, le portail estamené à valoriser les données culturelles produites par tout le réseau culturel,musées, services d’archives, bibliothèques, associations à vocation patrimoniale,théâtres et lieux du spectacle vivant, orchestres, etc., sur le territoire national :nous allons donc étendre le travail en cours à ces diverses institutions en régionsavec l’aide des directions régionales des affaires culturelles et l’accord des col-lectivités concernées. Nous avons d’ores et déjà été particulièrement heureuxde travailler avec l’Association des Villes et Pays d’art et d’histoire, avec lesCAUE grâce au service de la direction des patrimoines. Une fois les contactsétablis, nous entrons en contact directement avec les structures pour le choixdes ressources mises en ligne.Nous disposerons prochainement d’un site informatique dédié :www.histoiredesarts.culture.frJe voudrais dire quelques mots de ce que nous entendons par « ressources édu-catives».Par exemple, je tape le mot-clé «Panthéon» pour illustrer le sujet de l’architec-ture. Nous obtenons vingt-et-un résultats. Un document réalisé par le centre desmonuments nationaux fournit une présentation PDF, richement illustrée avecdes plans architecturaux et historiques et des objectifs pour l’enseignant, avantet après la visite. Cette deuxième page illustre la structure de l’annuaire.

Marion LapradeÀ titre d’illustration, je sélectionne le niveau «Collège», pour afficher les thèmeset périodes qui lui correspondent, j’obtiens quatre résultats dont un du Centre

QUELS OUTILS COMMUNS POUR DES PROFESSIONNELS DIFFÉRENTS ?L’ANNUAIRE DE L’ENSEIGNEMENT DE L’HISTOIRE DES ARTS

Élizabeth Fleury, chef du projet de l’AnnuaireMarion LapradeDélégation au Développement et aux Affaires Internationales,ministère de la Culture et de la Communication

Le site www.histoiredesarts.culture.fr

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Pompidou. De nombreux documents sonores vien-nent de la Cité de la musique ou de la Médiathèque.Une fiche décrit la nature du document, les domainesconcernés et les thématiques. Je peux accéder audocument présentant la Petite renarde rusée pourdisposer d’une biographie de l’auteur. Divers liensentre l’œuvre et la musique expliquent, par exemple,la traduction en musique, par les violons, du bruis-sement de la forêt. Un autre lien conduit vers unguide d’initiation à l’écoute d’une œuvre.Nous comptons pour l’instant une vingtaine dedocuments provenant des CAUE.

Marie-Claude Derouet-BessonDans la liste des partenaires, il conviendrait d’ajouterla Fédération nationale des CAUE, en plus dechaque CAUE contributeur.

Marion LapradeVoici deux exemples de documents réalisés par lesCAUE. Ils sont richement illustrés de photogra-phies et de plans.

Élizabeth FleuryCes documents sont vraiment très pédagogiques etclairs.

Marie-Claude Derouet-BessonTous les CAUE qui n’ont pas encore apporté leurcontribution disposent, dans leurs tiroirs, de ressourcesnumériques exploitables. La partie «Pédagogie» dusite de la Fédération peut les héberger et bien sûrles transmettre pour inscription dans l’annuaire duministère.Dans vos réflexions, avez-vous envisagé une évo-lution de l’Annuaire et de quelle nature ?

Élizabeth FleuryNous découvrons les apports des uns et des autresà mesure que nous progressons. Nous voulonsconserver la richesse des propos d’origine. Danstoutes les DRAC, on nous dit que ces ressourcesincitent chacun à en produire d’autres. Nous n’ap-portons pas de valeur ajoutée à la ressource propre-ment dite mais dans la sélection et la discussionavec les contributeurs. Les conseillers d’éducationartistique et culturelle des DRAC se sont emparésdu sujet et souhaitent, dans la mesure du possible,donner quelques indications pour aider à produireces documents.Par «ressources», pour ce portail, nous pensons à desdocuments qui sont eux-mêmes des objets culturels.Les publics touchés seront plus larges que les seulsenseignants et incluent les médiateurs –nous vou-lons approfondir nos contacts avec leurs associationsreprésentatives–, les éducateurs, parents d’élèves etélèves, qui prendront l’habitude de consulter le por-tail, s’ils sont convenablement informés.

Au plan documentaire, nous voulons des élémentsqui permettent d’appréhender une œuvre. Le docu-ment qui présenterait seulement l’œuvre ne nousintéresse pas. L’approche doit être riche. Il est trèsimportant que le numérique amène au physique,que le document conduise la personne devant l’œuvreet prépare la visite qui suivra. Enfin, le documentdoit être relativement pérenne. Le concepteur duportail, Bertrand Sajus, chargé d’études documen-taires, parle de «capsules de savoir» qui contiennenttous les éléments permettant d’appréhender uneœuvre. De fait, nous limitons autant que possibleles liens renvoyant vers d’autres pages.

Françoise MillerAvez-vous listé des thèmes pour lesquels les res-sources manquent ?

Élizabeth FleuryPour le patrimoine, nous pouvons encore augmenterle fonds documentaire. Nous disposons de nom-breuses ressources dans le domaine du cinéma.Inversement, nous en manquons pour les jardins.Dans l’espace de recherche libre, vous pouvezeffectuer une recherche par noms propres. Nouscomptons actuellement environ 3000 ressources.Nous en prévoyons 1000 de plus d’ici fin 2010.Notre démarche est plus celle de l’échantillonnageque de l’exhaustivité et nous ne dépasserons pro-bablement pas 6000 ressources. Un point qui mérited'être souligné : nous installons une transversalitéentre les thématiques traitées par plusieurs établis-sements et qui n’avaient jamais confronté leurs ap-proches auparavant. Nous sommes bien partis.Signalez-nous tout manque. Nous avons un compteFacebook !

Françoise MillerJe travaille beaucoup avec une personne de laCulture, à Nîmes. Les animateurs font beaucoup desensibilisation en milieu scolaire. Nous utilisons desoutils communs et je pense que nous devrionsdavantage échanger de la matière.

Élizabeth FleuryNous voudrions solliciter également des associa-tions d’élus. Nous avons un travail de sensibilisationà mener. Vous pouvez certainement nous aider. Nousessayons aussi de réunir des extraits de spectacles,voici un exemple de dossier réalisé par l’Opéra-comique qui propose un extrait du spectacle.

Marie-Claude Derouet-BessonTrès souvent, les ressources associées à un événe-ment disparaissent une fois l’événement terminé.

Élizabeth FleuryNous insistons sur la pérennité des ressources.

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L’Opéra-comique sait que ce contenu doit resteren ligne. Nous dialoguons avec les théâtres et lesorchestres pour poser la question de la captationavant et non après la représentation. Nous devonspenser en termes de ressources et non plus de valo-risation du spectacle, dans ce souci de pérennité et nond’exploitation événementielle. Au moment où lespectacle se monte, il est plus aisé de négocier avecl’artiste. Vous avez raison de souligner le problème.

Stéphane VincentAvez-vous l’impression que les établissementspublics ont la main pour aller sur les lieux virtuelspublics comme Facebook ?

Marion LapradeOui, le Théâtre de la Colline, par exemple, a mis enligne ses captations sur You Tube.

Stéphane VincentNous avons l’impression que ces contenus sont deplus en plus pérennes parce qu’ils circulent et queles internautes s’en emparent.

Élizabeth FleuryUn département des programmes numériques estconstitué, cette année, et s’attachera à la mise enligne et l’usage des données numériques culturelles.Il intègre l’équipe histoire des arts.

Stéphane VincentLe gouvernement danois a autorisé les visiteurs àprendre des photographies dans tous les musées età les publier pendant une seule journée. Outrel’impact favorable sur la visite, les Danois se sontapproprié cette méthode et ont contribué à la diffu-sion du patrimoine.

Élizabeth FleuryNotre portail est l’embryon de cette réflexion tour-née vers les usagers et appelant une réflexion pluslarge sur l’utilisation de ce type de ressources.

Marie-Claude Derouet-BessonUn de nos problèmes de fond, hormis pour lesœuvres anciennes, est la question des droits. C’estun véritable frein, alors que tous les ordinateurs desCAUE contiennent des diaporamas intéressants, surde nombreux thèmes, ils sont inutilisables à causedes droits.

Élizabeth FleuryDes moyens en personnel sont nécessaires pourprendre contact avec les personnes. Les métiers de laculture incluent les métiers émergents du numérique.Si vous pouviez bénéficier d’emplois aidés de cettenature, pour un coût très modique moyennant l’aidedu ministère, ce problème serait en partie résolu.

Marie-Claude Derouet-BessonNous avions envisagé une plus grande relation auxressources du territoire. Avez-vous avancé sur cettepréoccupation ?

Élizabeth FleuryDans notre prochaine version, nous disposeronsd’un référencement géographique. Pour l’instant,seule une recherche par ville est possible. Nousl’élargirons aux autres collectivités, pour soulignerle lien entre l’œuvre et sa localisation. En revanche,nous ne remplacerons pas la carte du CNDP deslieux ressources.Nous avons besoin de ressources encore plus nom-breuses de votre réseau. Nous nous tenons à votredisposition. Nos adresses e-mail sont les suivantes :<[email protected]><[email protected].>

Un exemple de consultation du sitewww.histoiredesarts.culture.fr

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Un animateur de l’architecture et du patrimoine opère dans un territoirelabellisé, dans le cadre d’une politique culturelle et ne peut raisonnablementenvisager sa mission que dans une dimension de partenariat. Je suis par consé-quent ravi d’être ici. Mon support visuel est un prétexte pour parler de l’actionquotidienne de personnels qui, au sein de ces territoires labellisés, s’inscriventdans la pluralité des actions qui font le territoire, avec l’objectif relativementflou de favoriser le cadre bâti, le paysage urbain et son implication dans le paysagenaturel, voire sa dimension patrimoniale, contemporaine ou ancienne.Dans son territoire d’action, la mission de l’animateur est définie par la collectivitéterritoriale et l’engagement à long terme. Ce réseau des Villes et Pays d’art etd’histoire se compose, à l’échelle du territoire français et dans les DOM-TOM,de paysages et d’éléments architecturaux du passé ou très proches de nous. C’estpar la définition de nos missions que nous nous distinguons des CAUE.Ces territoires peuvent aussi avoir leur mot à dire par la création architecturaleet s’organisent dans des tissus politiques de valorisation culturelle des territoires.Vous connaissez tous le musée des Écritures de Figeac et son dialogue trèsintéressant entre les différentes périodes, même dans une ville de taille plutôtmodeste. Ce réseau des Villes et Pays d’art et d’histoire est national, avec unemise en œuvre régionale. Nous avons un point de complémentarité avec vous surles échelles territoriales, vous à l’échelle du département et nous à l’échelle duterritoire labellisé. La structuration politique de ce dernier varie selon les terri-toires, de la communauté de communes à la ville. Les orientations politiquesdoivent trouver un équilibre entre la convention signée avec le ministère et lesuivi régulier des services déconcentrés de l’État, DRAC et STAP (ServicesTerritoriaux de l'Architecture et du Patrimoine), avec lesquels nous travaillonsbeaucoup. Notre partenariat va jusqu’au propriétaire privé, à l’habitant et auxassociations.Plusieursmots viennent à l’esprit et évoquent des domaines connexes. Par exemple,la notion de visite de la ville nous renvoie à des partenariats extrêmement forts,parfois privilégiés, aux frontières de l’univers marchand du tourisme. Les guidesconférenciers font vivre ces visites. Trois items déclinent cette notion de visite,à travers un projet culturel qui ne se construit que sur la base d’une connais-sance scientifique validée, avec une dimension partenariale (sur un projet à venirou du passé), sur le terrain et sous des formes variées, destinées à montrer laville dans sa pluralité, d’après différentes thématiques (matériau, personnalités,médias, etc.). Nous parlerons par la suite des outils d’aide à la compréhensionou à « l’interprétation», destinés à rendre intelligible ce que nous montrons.Nous nous adressons à des publics, ce qui suppose une définition des publics :habitants, jeune public, dans le temps de l’école ou en dehors de ce temps,populations limitrophes susceptibles de se sentir concernées par la valorisationd’un centre-ville, etc. La notion de «marquer la mémoire durablement» est unpari sur l’avenir de cette semence que nous plantons dans le champ de l’école,

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LES ANIMATEURS DE L’ARCHITECTURE ET DU PATRIMOINEET LE RÉSEAU DES VILLES ET PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

Xavier BaillyPrésident de l’Association des animateurs de l’architectureet du patrimoine

Collection laissez-vous conter les régions...sur le site du réseau des Villes et Pays

d’art et d’histoire :www.culture.gouv.fr/vpah/

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par exemple en choisissant des priorités de travailselon les publics scolaires.Notre travail consistant à « favoriser l’insertion dechacun dans la communauté» est parfois celui d’unagitateur. Il requiert un enthousiasme fort que vouspartagez. Il se construit à partir de peu de chosemais l’ambition politique est essentielle, au seind’une collectivité ou d’une association. L’animateurest alors expérimentateur pour semer dans lespublics les graines de l’émergence d’une cultureautour de la question du cadre bâti, du patrimoine etde l’architecture, en partenariat avec les actionslocales. L’animateur peut partir de l’architectured’aujourd’hui pour aller vers celle d’hier, au lieu dese contenter de la figer dans le passé. Il existe uneforme de militantisme chez l’ensemble des anima-teurs de ce réseau.Les axes de travail sont variés : danse, cirque, biblio-thèque, tout autant que les occasions de partenariat.Nous pouvons nous y adosser pour monter des pro-jets que l’animateur du réseau a parfois des diffi-cultés à concrétiser. Sa tâche est considérable. Lacontribution au portail que nous avons évoqué toutà l’heure en fait partie.D’après les illustrations, vous noterez que notre« terrain de jeu», comme le vôtre, est pratiquementillimité. Je travaille sur un territoire de 180000habitants et un site où l’occupation humaine estattestée 450000 ans avant la naissance de la Ville.L’enjeu est passionnant. La quasi-totalité du terri-toire national comprend des Villes et Pays d’art etd’histoire et je ne les citerai pas tous.

Danièle BordessoulePourquoi Paris n’en fait-elle pas partie ?

Rosemarie BenoîtCe serait justifié mais Paris n’a jamais fait lademande. Les villes sont plutôt petites et moyennes,hormis quelques grandes métropoles : Lille, Nantes,Bordeaux.

Xavier BaillyVotre question renvoie à la taille du territoire et auxenjeux qui l’animent. Dans des petits territoires,nous travaillons sur des patrimoines parfois relati-vement discrets. Je suis moins à l’aise pour parlerdes Pays car aucun n’est comparable. La conven-tion résulte de l’émergence d’une politique deterritoire adaptée au dit territoire et à ses enjeux.Dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, descommunes se sont investies et le CAUE est présent.Il y règne une véritable synergie. Ce réseau n’estpas isolé et la convention tire son sens de la réalitédu territoire. Par conséquent, les missions de l’ani-mateur du réseau sont chaque fois différentes.À Nantes, il existait déjà des actions et donc desenjeux, avant la signature de la convention, huit ans

plus tôt, par exemple autour du musée des Ducs deBretagne. La convention y diffère de celles de Lilleou d’Amiens.

Rosemarie BenoîtLes objectifs sont lesmêmesmais lesmoyens varient.

Françoise MillerLa carte montre des secteurs entièrement vides, parexemple en Champagne.

Xavier BaillyLa convention repose également sur un engagementde moyens. Les objectifs sont identiques mais l’ani-mateur peut avoir un profil différent selon le cahierdes charges. La plupart d’entre nous a une forma-tion d’historien de l’art mais, à Thouars, l’anima-trice est une architecte. À Nantes, il s’agit d’uneenseignante détachée. L’important est l’adéquationavec le projet local.Pour les professionnels du patrimoine, l’équipe deprojet se résume parfois à un seul animateur del’architecture et du patrimoine, avec un profild’attaché territorial ou de conservation. Noussommes déjà empêtrés par un titre qui ne nousfacilite pas la tâche. «Animateur de l’architectureet du patrimoine» indique que nous sommes réel-lement chefs de projet. Nous sommes le «poil àgratter» de la Direction du patrimoine et le débatsur nos missions n’est toujours pas clos. Par-delàles appellations, nous avons tous la même action.En outre, nous ne nous cantonnons pas à l’anima-tion. Nous travaillons plus souvent sur la rédactiond’un projet scientifique et culturel qu’à l’animationauprès des jeunes publics. L’animateur gère leprojet au quotidien pour son collège d’élus oul’instance détentrice du label. Ses partenariats lesituent à mi-chemin entre la connaissance scienti-fique (Universités, services de l’Inventaire, éruditslocaux, archives départementales ou municipales,archéologues, conservateurs, etc.) et la connais-sance des professionnels (architectes, urbanistes,etc.). Le champ d’investigation est pratiquementinfini et recouvre les parcs et jardins, les milieuxsensibles, etc.Nous cherchons des informations dans tous cesdomaines pour soutenir notre discours. Nous nenous définissons pas comme des spécialistes d’unsujet particulier mais d’un territoire. Nous n’avonspas la connaissance globale du territoire mais noussommes au carrefour des connaissances et chargésde l’interface entre les champs de connaissance etles publics. Nous ne nous érigeons pas en interlo-cuteur unique des uns ou des autres mais estimonsvoir les choses d’une autre manière qu’un archi-tecte, un urbaniste, un paysagiste, un architecte desmonuments historiques ou un restaurateur. Nouscherchons la connaissance pour la traduire à desti-

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Extrait de la brochure «Laissez-vous conter lepôle universitaire des Portes du Jura» co-éditéepar le Pays d’art et d’histoire de Montbéliard etle CAUE du Doubs, 2008

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nation des publics. Telle est notre forme de mili-tantisme. L’échange et l’établissement du dialogueavec nos publics sont essentiels.Nous travaillons beaucoup avec les guides confé-renciers. Ces derniers sont tout d’abord despersonnes qui se sont investies dans la médiation àdestination d’un public touristique. Ils ont généra-lement une culture exceptionnelle sur un domaineprécis. Nous les poussons quotidiennement pourqu’ils agissent dans d’autres champs. Un guideconférencier travaillant au Centre des monumentsnationaux diffère de son homologue des musées deFrance ou de notre réseau. Tous trois agissent néan-moins dans l’interaction entre l’œuvre et les publics.Ils font passer une connaissance qu’ils partagentavec des publics qui peuvent être des touristes carils possèdent ce savoir-faire particulier. Tous sontdes professionnels éprouvés, souvent dans des em-plois précaires et mal payés. Il s’agit d’une réalitéquotidienne. Les 1300 guides conférenciers sontdans des situations précaires mais savent dire leschoses. Ils connaissent les éléments déterminantsdans le parcours architectural de la ville. Nousrevendiquons le geste de la «main qui montre» carnous sommes rompus à l’exercice d’aide au regarddont ce geste est caractéristique.Nous définissons un projet avec des objectifs poli-tiques et un calendrier précis, parfois sur vingt ans.Nous avons toujours des choses à dire sur les terri-toires, avec nos mots, dans l’interaction que nouscréons avec nos auditeurs. Nous sommes parfoiscontraints de faire preuve d’ingéniosité pour établirun dialogue. Nous sommes très attentifs à la manièred’échanger nos expériences personnelles, par exem-ple pour travailler avec les personnes handicapées.De même, il est difficile de créer de l’appétencepour l’art ou l’architecture contemporains. Ce travaild’accompagnement culturel est indispensable. Nouspouvons revêtir un costume pour parler de JulesVerne ou George Sand, mais jamais nous ne feronsde compromis sur la qualité du discours ou notrevolonté de capter un public dont l’attention n’estpas acquise. Certains établissent des partenariatsavec des centres de détention ou des hôpitaux. Ilsuffit d’une volonté politique.Nous cherchons toujours la clé de la compréhen-sion. Nous reconnaissons unanimement que nousnous inscrivons dans l’aide à la compréhension etl’interprétation, quels que soient nos supports. Nouspouvons aujourd’hui, dans certains de nos champsd’action, instituer des parcours audioguidés. Ils fontpartie de la batterie d’outils que nous mettons enœuvre pour capter tous les publics et aboutir au«plus complet ». Un livret de deux pages avecdiscours et photographies constitue une premièreapproche. Un document d’aide à la visite et, plus

généralement, tout support de visite mais égalementl’espace de visite constituent autant d’outils quenous mettons en œuvre. Nos guides privilégient lapédagogie et la réponse immédiate à la questionposée. Nous travaillons tout autant sur un panneauà l’entrée de ville, alors que nos collègues de l’urba-nisme travaillent sur cette entrée de ville. Un teltexte peut avoir plusieurs cibles (enfant, adulte,personne handicapée, etc.). Nous ne renonçons àaucun outil pour fournir ces clés de compréhension.Nous réalisons quelques expérimentations. Nousorganisons des ateliers de manipulation avec lesadultes. Quels que soient les moyens, nous mettonsen œuvre cette politique de compréhension du ter-ritoire. La signalétique d’interprétation est distinctede la signalétique directionnelle. Nous portons cesdossiers pour une collectivité, en nous inscrivantdans le temps de la construction d’un projet, dans lalimite de notre savoir-faire. Nous n’hésitons pas àsolliciter ceux qui possèdent les connaissances quinous font défaut. À cette occasion, vous avez puêtre sollicités car nous sommes souvent démunis.Un Centre d’interprétation de l’architecture et dupatrimoine (CIAP) est prévu dans chaque conven-tion. Les questions qui en découlent consistent àsavoir où l’installer et sous quelle forme. Noussommes quelquefois seuls, en première ligne, àporter la bannière du ministère de la Culture et noussommes parfois abattus en plein champ.La population locale est un public prioritaire. Nousnous inscrivons comme référents, notamment sur lesJournées du patrimoine mais aussi dans de multiplesopérations nationales, comme relais du projet, voirecomme porteur si la collectivité locale le demande.Nous devons alors solliciter tous les acteurs deslieux qu’il nous semble pertinent d’associer auprojet. La programmation peut prendre la forme devisites guidées, d’atelier, de documents. Nous par-ticipons aux opérations locales, par exemple enouvrant des lieux architecturaux avec des artistespour une «nuit blanche». Les jeunes publics, danset hors du temps scolaire, sont également un publicprioritaire que vous connaissez bien.Nous nous situons également dans le développementtouristique du territoire, via nos guides conféren-ciers. Certains d’entre nous cumulent d’ailleurs leursfonctions d’animateur avec celles de Directeur d’unoffice du tourisme. À Thouars et Guérande, les ani-mateurs dirigent le musée local. Le dernier volet denotre action renvoie aux outils que nous produisons,principalement le Centre d’interprétation de l’archi-tecture et du patrimoine. Il comprend des maquettes,des jeux, des ateliers, etc. dont je pourrai vous com-muniquer un catalogue.Je pense avoir résumé l’activité quotidienne d’unanimateur de l’architecture et du patrimoine.

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Béatrice AuxentLes CAUE travaillent souvent avec les animateurs,qui constituent un atout et un relais extrêmementutiles. Ils sont trois dans le Nord (Lille, Roubaix etCambrai). Votre échelle, limitée au seul territoire,est problématique. Vous êtes sous la coupe forted’une politique plus proche de vous et disposezd’une faible marge de manœuvre.Xavier Bailly

Nous sommes en première ligne.Françoise Miller

Dans le Gard et à Nîmes, nousmultiplions les actionscommunes à nos deux structures. Nous mettonsactuellement au point des outils pour les actions quel’animateur propose aux enfants, en atelier. J’envoieles classes à leur atelier puisque je n’ai pas le tempsd’effectuer l’animation. À l’occasion de la cons-truction de Nemausus par Jean Nouvel, les anima-teurs ont organisé une visite guidée. Ils proposentun atelier sur les systèmes constructifs et la réalisa-tion de façades par les élèves. Une maquette montrela conception de Nemausus et présente les deuxsystèmes par empilement et assemblage. J’ai réalisédeux diaporamas sur les systèmes constructifs,d’une part, et l’originalité du projet de Jean Nouvelet les architectes des siècles précédents qui l’ontinfluencé, d’autre part. La présentation se fait entrois séances.Marie-Claude Derouet-Besson

Il s’agit d’un exemple classique de partenariat autourde l’architecture contemporaine.Françoise Miller

Nemausus est le seul bâtiment de la région labellisé«XXe siècle».Danièle Bordessoule

Quelles sont les conditions pour être labellisé dansle réseau ?Rosemarie Benoît

La volonté et la conscience politiques sont indis-pensables. Les élus doivent avoir la volonté de pré-server et faire évoluer leur territoire de manièrequalitative, en insistant sur les deux dimensionscontemporaine et patrimoniale. Les élus locaux doi-vent être consultés et adhérer au projet. Les personneschargées des questions éducatives ou sociales sontassociées au dossier de candidature, qui établit undiagnostic du territoire et présente le projet. Le labelsanctionne une volonté politique. Le Conseil natio-nal desVilles et Pays d’art et d’histoire, devant lequelchaque maire passe une sorte de grand oral, étudienéanmoins un projet concret. Ce Conseil est com-posé de représentants élus du réseau, de l’Éducationnationale, du Tourisme, de la DATAR et la Culture,outre des personnes qualifiées.

Depuis 2002, nous avons transformé l’expositionpermanente en «Centre d’interprétation de l’archi-tecture et du patrimoine» (CIAP). Nous laissons undélai de cinq ans après la signature de la conven-tion pour créer un tel centre mais, en pratique, ledélai est souvent plus long. Les approches sonttrès différentes. À Nantes, le centre est intégré auchâteau-musée.Xavier Bailly

De tels projets représentent un coût non seulementau départ mais en continu, pour faire fonctionner lecentre. Il convient de prévoir du personnel enconséquence. Le centre peut inclure une dimensionde projet urbain. La dépense freine toujours lesardeurs des élus qui pensent avoir le temps et necraignent guère que le label leur soit retiré.Rosemarie Benoît

Les retraits sont rares. Désormais, le label est re-nouvelé tous les cinq ans pour veiller à l’applicationde la convention.Béatrice Auxent

Un centre d’interprétation peut se concevoir à l’échelled’une ville entière et non d’un lieu spécifique ?Rosemarie Benoît

Il n’existe pas de définition stricte. Pour les Pays, lasignalétique est privilégiée.Béatrice Auxent

La signalétique urbaine me semble toujours relative-ment pauvre. Les supports sont toujours identiques.Connaissez-vous des exemples originaux ?

Xavier BaillyLe problème est l’absence de pérennité de ces supports.Karine Terral

Il existe des exemples intéressants à Besançon, initiéspar la Région.Béatrice Auxent

Il s’agit davantage d’information et de descriptionque d’interprétation. La 27e Région nous a donnédes envies de design.Rosemarie Benoît

Il existait un projet original à Aubusson avec undesigner. J’ignore s’il a vu le jour.Xavier Bailly

Différentes options peuvent être prises. La formedu mobilier peut associer une création de design. ÀFigeac, Nathalie a effectué des réalisations intéres-santes. Le principal obstacle, selon moi, réside dansle caractère éphémère. Les bornes interactives sontpourtant des outils extraordinaires.Thérèse Rauwel

À Amiens, nos institutions travaillent assez peu

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Échanges

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ensemble. Nous nous sommes rejoints sur un projetcommun «Maisons de la Somme». Nous voulionsprolonger notre publication sur les maisons tradi-tionnelles par une publication sur les constructionsmodernes. Nous avons approchéAmiens Ville d’artet d’histoire et conçu huit itinéraires de visite pourmontrer des maisons traditionnelles. Six mois depréparation ont été nécessaires pour s’entendre surles termes et les définitions. Le regard de l’archi-tecte n’est pas celui de l’historien. Les itinérairesdevaient mettre en évidence la diversité des typesde maisons dans chaque quartier. L’objectif, dumoins pour le CAUE, était de sensibiliser les habi-tants au patrimoine ordinaire de leur quartier enréconciliant lesAmiénois avec la maison amiénoiseouvrière traditionnelle, peu reconnue.Après avoir réalisé le contenu, la force du réseauest de produire des documents et d’organiser desvisites, avec des budgets. Cela ne sera jamais ànotre portée. Au fil des années, le réseau a main-tenu cette opération.Xavier Bailly

Cette opération fonctionne très bien et attire des vi-siteurs. Les guides en redemandent et nous pensonsmême passer à d’autres sujets.Thérèse Rauwel

Certains guides étaient très intéressés. Les échangesdirects avec les guides m’ont beaucoup intéresséemoi aussi. Pour l’instant, nous n’avons pas d’autreaction. Nous travaillons sur une mallette pédago-gique avec le réseau Ville d’art et d’histoire, laMaison de l’architecture, les deux autres CAUE dela région et le rectorat.Marie-Claude Derouet-Besson

Cette collaboration entre architectes et historiens del’art s’est inscrite autour de la maison traditionnelle.Qu’est est-il de la maison contemporaine ? Il seraitintéressant d’aller au bout de ce sujet qui touche deprès notre groupe de travail.Thérèse Rauwel

Cette action a également nourri notre propre ré-flexion. Les guides conférenciers sont habitués à

traduire les informations en des termes simples etmoins jargonneux. Les publications ont été pro-duites l’an dernier et je travaille déjà sur l’annéeprochaine. Quand j’interviens dans les établisse-ments scolaires, les visites sont complémentaires.ÀAmiens, je passe le relais à Amiens Ville d’art etd’histoire. J’effectue ainsi le lien entre ce dernier etles enseignants, sur le thème commun de l’archi-tecture contemporaine.Marie-Claude Derouet-Besson

Je vous engage à numériser ces éléments pour quenous les mettions sur le site fédéral.Thérèse Rauwel

Nous devons effectivement faire connaître nosoutils pédagogiques locaux. Je ne peux toutefoisrien promettre sans l’accord des architectes locaux.À ce propos, comment vous en sortez-vous avec laquestion des droits ?Xavier Bailly

Nous sommes confrontés à ces questions sur le droità l’image de l’architecture contemporaine, pourlaquelle nous n’avons d’autre choix que demanderl’autorisation au constructeur. En outre, nous avonssouvent affaire aux héritiers. J’ai la chance d’êtreprotégé par l’institution qui m’emploie mais jepense qu’un jour nous aurons des problèmes.Enfin, lorsque nous redessinons tout, par exemplepour un récent jeu de l’oie, nous devons acheter lesdroits au dessinateur.Béatrice Auxent

Pour ce dernier, vous réglez la question des droitsdès la commande ?Xavier Bailly

Un jeu a été conçu pour Chambéry mais n’a pas puêtre publié pour des raisons de droits. De même,pour le dossier sur l’histoire des arts, je n’utiliseaucune image de la cathédrale nettoyée. Je doisutiliser d’anciennes publications.

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Pixel est une association créée, depuis plusieurs années, par des architectesavec un projet de sensibilisation à l'architecture et à l'aménagement.Nous avons développé trois secteurs d’activité :- La sensibilisation. Nous intervenons en milieu scolaire de façon proche desCAUE (ateliers, formations, etc.). Nous suivons une approche transversaleet multidisciplinaire, à travers différents arts (plastiques, spectacle vivant,graphiques, de la rue…), en lien avec le territoire.- La diffusion de la culture architecturale. Nous avons organisé à Marseille en2007, les «Rencontres nationales des pratiques socioculturelles de l'architec-ture» avec des croisements d'artistes, architectes, sociologues, structures deterrain et chercheurs pour un questionnement et différents regards sur cespratiques et leurs modes opératoires. En 2003, Archi-court, événement de pro-jection de courts métrages sur la ville et l'architecture, a été programmé dansdifférents lieux de la ville. Nous éditons un bulletin d’information pour laRégion : PACA-TRACT, calendrier de manifestations culturelles en lien avecdes thématiques –architecture, ville, patrimoine et paysage.- L’expérimentation spatiale. Elle consiste à développer des projets pluridiscipli-naires pour l'espace public qui questionnent les territoires et leur transformation.J’insisterai davantage sur l’expérimentation et en particulier sur un projet : leBULB. Dispositif exploratoire du territoire, c’est une structure gonflable supportde projections d'images et de sons.Avec une équipe pluridisciplinaire (vidéaste,photographes, plasticiens, musiciens, etc.) nous investissons un lieu par unephase d'immersion en amont, pendant laquelle images, sons, paroles sont captéspour être restitués en live puis diffusés, après avoir été montés, assemblés. Ceprojet existe depuis 2003 et a investi différents territoires. Nous avons surtout étéaccueillis et soutenus par des festivals qui permettent de toucher un public largeet divers. À Villeurbanne, nous sommes intervenus en 2003 dans le quartier duCarré de Soie, qui était alors une friche, un espace en devenir composé de dentscreuses, espaces délaissés. Aujourd’hui, ce quartier poursuit sa mutation, sonurbanisation intensive. Nous avons porté un questionnement sur ce quartier enamont de sa transformation. Nous ne sommes pas le support de communicationd’un élu mais nous suscitons un débat sur l'aménagement du territoire. Nouscherchons des paroles d’origines diverses, d’habitants ou de spécialistes. Nousproposons divers dispositifs suivant les lieux pour recueillir des témoignagesdifférents : ateliers jeune public (architecture, photographique, vidéo, etc.),atelier d'écritures, stands, projections. En 2004, au festival des arts de la rue deChalon-sur-Saône, nous avons porté notre regard sur la rénovation du quartierde la Sucrière.L'équipe du BULB (environ dix personnes) intervient a minima une semainepour récolter la matière nécessaire à la fabrication du contenu multimédia. Celas'effectue pendant une cession de résidence in situ. Sur cette base, nous effec-tuons un travail d’écriture et de montage (son et image) qui donne lieu à un évé-nement d’un ou deux soirs durant lesquels tout est joué en direct. Le dispositif

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CRÉATION ET MÉDIATION SUR LE CADRE DE VIE

Sabine ThuillierAssociation Pixel

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est léger dans sa mise en œuvre et permet unecertaine mobilité. Entre 2006 et 2008, nous avons étéinvités dans un village de Camargue, Mas-Thibert,pour alimenter le débat autour d’un projet deconcertation pour un plandécennal de développement durable. Nous avonstravaillé durant trois ans en posant notre regard surleur projet à trois étapes différentes. Nous avonstravaillé sur différentes problématiques, notammentla question de la gouvernance dans un processus deconcertation et la question culturelle avec la popu-lation Harki qui avait largement contribué à l’histoiredu village, dans les années 1960.En 2004, nous avons travaillé à Lyon, invité par laFête des Lumières, dans le cadre des résidencesd'artistes, avec un regard sur la reconversion duquartier de Gerland. L’arrivée du métro a changé lamorphologie et la population de ce quartier : quelsimpacts, quels lieux, quels liens ?En 2008, nous avons participé au projet «Parc enrésidence» lancé par IPAMAC (Inter Parc Massif

Central), qui associait des artistes à des Parcs Natu-rels du Massif Central, pour questionner l'accueildes nouveaux habitants en milieu rural. Nous noussommes immergés en résidence dans les Caussesdu Quercy et avons suscité le débat sur le dévelop-pement d’un territoire agricole et protégé.En 2007, le BULB a été invité en Espagne, à Sala-manque, à l'occasion du «Festival Internacional deCastilla y Leon» et nous avons porté notre regardsur une ville au centre ancien muséifié et principa-lement développée autour du tourisme.Enfin, dernièrement, nous étions à Séoul, invités parun festival sur un quartier comparable à La Défense,en voie de reconversion, où l’habitat traditionnel esten cours de démolition.

Cet inventaire illustre la diversité de nos interven-tions. Le coût dépend de l'intervention, mais se situeen moyenne autour de 30000 euros. Nous prépa-rons une intervention à Clermont-Ferrand sur lamémoire d’un quartier bâti dans les années 1970,dont aucune histoire n’a encore été écrite alors qu’ilest prévu de le transformer dans le cadre d'une opé-ration de renouvellement urbain. Nous présenteronsle Bulb fin mars. Sur ce quartier, nous menons untravail sur le long terme, en multipliant les actionset dispositifs pendant six mois. Nous avons deuxrésidences, en janvier et février. Plusieurs ateliersont été proposés : ateliers vidéo pour les jeunes poursusciter une parole différente ; ateliers avec l'écoleprimaire sur le quartier, la culture et l'architecture.Lorsque les personnes acceptent de donner leur pa-role, celle-ci est livrée sur l’espace public, ce quisuppose une phase de mise en confiance. Dans cesquartiers, avec une grande proportion de populationissue de l'immigration, il est difficile d’obtenir desparoles de femmes. Nous avons constitué une sorte

de studio photographique où nous invitons lespersonnes à venir se faire photographier en famille.Nous montons un nouveau projet de créationWorkin progress qui consiste à investir des chantiers enactivité. Nous venons de finaliser deux résidences(Friche Belle de Mai et Lieux Publics) pour testerdes solutions techniques : transformation d'enginsde chantier pour projeter des images et pouvoirmanipuler des images avec des grues. La superpo-sition d'images créant une nouvelle image et autantde lectures différentes du paysage. Ce projet est encours d’élaboration. Il s’inscrira dans la durée, mêmesi nous ignorons quelle forme il prendra au final. Ilest difficile d’intervenir sur un chantier en activité.Nous considérons que cette intervention pourrait

Le Bulb de l'association Pixel, structure gonflable, support de projections d'images et de sons.

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Karine TerralLes artistes font-ils partie de l’association ou sont-ils locaux ?Sabine Thuillier

Nous travaillons avec une équipe régulière mais àgéométrie variable et nous associons régulièrementdes électrons libres qui sont invités. L'équipe étantéparpillée sur l'ensemble du territoire national.Marie-Claude Derouet-Besson

Quels types d’intervention pratiquez-vous en mi-lieu scolaire et avec quels fonds ?Sabine Thuillier

Tout dépend des interventions et des projets. Nousavons bénéficié de financements de la Région enPACA, de l’Union européenne (Fond Social Euro-péen), de la Ville de Clermont-Ferrand, de la DRACPACA, de la DRAC Auvergne, de l’Éducation na-

tionale, de Communauté de Communes, de com-mande privée (Karwan dans les Bouches-du-Rhône), etc.Marie-Claude Derouet-Besson

Les établissements vous contactent-ils ou lancez-vous des annonces ?Sabine Thuillier

Quand nous avons démarré à Marseille, en 2001,nous avons tenté le démarchage, avec un mailingadressé à l'ensemble des établissements scolaires du1er degré de la ville. Ce type de démarche n'est passatisfaisant, un seul établissement nous a contactéset a donné lieu à un atelier.Aujourd'hui nous sommes davantage dans un fonc-tionnement par bouche-à-oreille et dans une logiqueoù les ateliers s'intègrent dans des projets que nousproposons avec des financements croisés que nous

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relever du 1% artistique. Nous procédons à plu-sieurs tests in situ avec un partenariat avec l’INA(Institut national de l'audiovisuel) et la mise àdisposition d'images d'archives. Nous travaillonstoujours en nocturne pour pouvoir projeter desimages. Le public est invité à se confronter à notreregard sur les chantiers. Le débat intervient avantet après la projection, il est directement lié au lieu.Nous sommes actuellement en phase de création etnous n'avons pas encore chiffré le coût de diffusion.Pour l’instant, nous recevons une aide à la créationde la DMDTS (Direction de la Musique, de laDanse, du Théâtre et du Spectacle) de 20000 euros,de la DRAC PACA. Un tel projet exige un déve-loppement informatique préalable, afin de piloterles contenus multimédias et les manipuler par desengins de chantier. Nous avons eu la chance detrouver un conducteur de pelleteuse qui est égale-ment marionnettiste.

[Sabine Thuillier projette une vidéo de présentationdu BULB dans les Causses du Quercy.]

Depuis un an, nous développons le projet Pixelen milieu rural. Nous nous sommes installés enAuvergne, à Busséol, une petite commune de180 habitants. Nous avons monté un projet euro-péen pour financer le tout en créant un véritablelaboratoire. Nous sommes particulièrement intéressés

par les notions de projet collectif et d’espace public.En termes de sensibilisation et d'ateliers, nous avonsconduit plusieurs types de projets, par exemple, àMarseille près de la cité Bellevue, nous avons réa-lisé dans le cadre d'un atelier mené avec une classede CM un repérage sur les bâtiments désaffectésavec les enfants qui ont ensuite conçu des photo-montages sur le devenir possible des lieux, affichesconçues pour être exposées sur les bâtiments afinde créer une exposition urbaine (malheureusement,il n’a pas été possible d’afficher ces propositionssur des bâtiments appelés à être détruits). Un teltravail doit dépasser le seul quartier pour s’inscrireà l’échelle d’une ville. Nous intervenons en générala minima cinq ou six fois dans l'école pour ce typede projets.L'espace public et le projet collectif en interactionavec le champ artistique sont nos terrains d'investi-gation pour l'ensemble de nos projets. Les ateliersjeunes publics se situent pour nous autant dansle cadre scolaire que dans le champ de l'éducationpopulaire.Récemment, nous avons mené un projet en centre deloisirs où nous avons construit avec une quinzained'enfants de 7 à 13 ans, sur l'espace public, une ar-chitecture éphémère, en trois jours, une cabane encageots, parallèlement au projet «Horizon» qui re-pose sur des interventions artistiques dans le paysage.

Échanges

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avons sollicités en amont. Récemment nous avonslancé en partenariat avec la DAAC et la DRACAu-vergne, un projet fédérateur à destination des éta-blissements du 2nd degré du Puy-de-Dôme : il s'agitd'un appel à projet à destination des établissements.Thérèse Rauwel

Existe-t-il des liens entre le BULB et vos actionsplus traditionnelles en milieu scolaire ?Sabine Thuillier

Tout dépend du financement disponible. Dans lecadre du BULB, nous ne pouvons pas aller très loinet nous avons un impératif de temps. En revanche,à Clermont-Ferrand, nous menons un travail delongue haleine qui nourrira ensuite le BULB. Lelien que nous essayons de conserver est l'articula-tion avec le champ artistique, à travers la démarche,les outils, l'apport de références. Il ne faut pas res-ter cloisonné dans une discipline, mais s'ouvrir etcroiser les regardsMarie-Claude Derouet-Besson

Dans le milieu scolaire, vous intervenez essentiel-lement à Marseille ?Sabine Thuillier

Nous intervenons sur l'ensemble du territoire, mais,nous nous recentrons actuellement sur l’Auvergnepar rapport aux ateliers jeune public.Annick Prot

Vous êtes à la frontière d’une porte du parc natureldans le pays de Billom-Saint-Dier-d’Auvergne,nouvellement labélisé Pays d’Art et d’Histoire.C’est un territoire agricole très actif.Sabine Thuillier

Ce développement sur un territoire rural nous sem-blait essentiel si on s'interroge sur la transformationdu territoire de ne pas se cantonner au territoire ur-bain et d'investir les territoires ruraux.Marie-Claude Derouet-Besson

Comment caractériseriez-vous cette forme de trans-versalité dans votre équipe, qui est distincte de celledes CAUE ? Votre association a été créée par desarchitectes et, en dépit du vecteur utilisé, son ob-jectif n’est pas seulement esthétique.Sabine Thuillier

La relation art / architecture / territoire nous a tou-jours intéressés. Le croisement des regards et desdisciplines enrichit les points de vue et permet des'adresser à un large public. Les installations surl'espace public permettent d'interpeller le public,d'aller poser le débat sur l'espace public. Nous nenous inscrivons pas dans l’installation pérenne maisdans l’éveil de questionnements.

Béatrice AuxentApparemment, vous travaillez avec des personnesdisposant d’un double parcours professionnel.Sabine Thuillier

L'équipe a en effet une activité professionnelle di-verse, une grande partie de notre équipe est issuedu milieu audiovisuel et impliqué dans des actionsde télé associative, d'arts de la rue, il s'agit surtoutd'une histoire de rencontres.Marie-Claude Derouet-Besson

Avez-vous des retours sur le débat que vous avezlancé dans le Quercy ?Sabine Thuillier

Nous y sommes effectivement retournés, projeter lefilm qui relate l'expérience menée sur l'ensembledes cinq parcs avec les cinq collectifs d'artistes. Lespersonnes mécontentes n’ont pas participé à cetterencontre, ce qui est regrettable. Le parc du Quercyaurait souhaité que notre action se poursuive.Béatrice Auxent

Il n’est pas évident de préparer, avec le commandi-taire, le transfert d’une telle animation à des per-sonnes qui en assureront la pérennité.Sabine Thuillier

Tout dépend de la commande et du cadre. Dans unfestival, la pérennité n’est pas possible. Dans lesCausses du Quercy, la question se pose.Karine Terral

Vous saviez que des personnes étaient mécontentesde votre animation ?Sabine Thuillier

Oui, le soir même, des personnes m’ont fait part deleur mécontentement sur les questions posées et surle contenu diffusé. Dans les Causses du Quercy, trèspeu de personnes présentes depuis plusieurs géné-rations ont accepté de nous parler, de sorte que leurparole n’était pas représentée.Xavier Bailly

Comment peut-on vous joindre ?Sabine Thuillier

Nous disposons d’un site Internet :www.pixel13.orgSinon voici nos contacts :Pixel –6, place Saint-André – 63270 Busséol -04 73 78 23 20 – [email protected] –Friche Belle de Mai -41, rue Jobin -13003 Marseille - 04 95 04 95 73 [email protected]

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La Fédération est organisée selon trois axes :- la représentation, la défense et la sécurisation des structures et des personnes ;- les ateliers de l’Université permanente de l’architecture, de l’urbanisme et de l’environnement (UPAUE)avec pour vocation de débattre des pratiques avec les professionnels du réseau et hors réseau. C’est l’oc-casion d’oxygéner la pensée ;- Les pôles «métiers» qui ont vocation à accompagner la définition des métiers, échanger sur les pratiques.

Concernant le champ des métiers, la fédération n’aborde pas les métiers au sens de l’emploi, au sens droitsocial, mais celui des gestes professionnels. Les pôles définissent les contours des métiers.Le pôle formation a saisi l’enjeu de rendre visibles et accessibles les offres de formation des CAUE quisont nombreuses et diversifiées. La formation est une des quatre missions originelles des CAUE. Il a pro-duit une charte qui aide les CAUE à s’accorder sur une même définition et précise les spécificités de laposture CAUE. Tout l’enjeu est de faire vivre cette charte.Aujourd’hui, trente-quatre CAUE sont organismes de formation agréés. Le pôle agit à la fois comme ex-pert et fournisseur d’informations dans le cadre de la vie du paritarisme. Il propose au collège employeurs,chaque année, les éléments pour décider des priorités pour le fonds de formation du «compte de brancheparitaire». Ce fonds représente environ le tiers du disponible global des fonds de formation lequel s’élèveà 330000 euros.

Le pôle métiers de conseil. Il s’agit d’un chantier important qui concerne un enjeu majeur, car nous sommesface à un phénomène de multiplication des acteurs se réclamant du conseil transversal.L’enjeu du pôle des métiers de conseil est de pouvoir s’appuyer sur des fondements législatifs et trente ansd’expériences, ce qui constitue un socle de solidité pour dialoguer avec des partenaires. Il touche à latransversalité dans le champ du conseil avec l’émergence de nouvelles pratiques, par exemple les conseilsaux particuliers en lien avec des politiques publiques.Dans tous les réseaux professionnels dont ils relèvent, les CAUE contribuent à l’écriture de leur profes-sion avec leur style propre. Notre responsabilité est de faire vivre et de promouvoir la spécificité de l’exer-cice de nos métiers dans le cadre des missions CAUE.

À propos des pôles «métiers» de la Fédération nationale des CAUE

Yves BrienDirecteur de la Fédération nationale des CAUE

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De la salleDes priorités vont apparaître et mettre des équipesen danger. Comment le réseau va-t-il pouvoir êtremobilisé ? Ne s’agit-il pas d’un tournant un peudélicat, du fait de la mutualisation des groupes detravail, des thématiques ? Comment allons-nouspouvoir nous recentrer sur nos priorités ?Yves Brien

Nous avons fait le choix de nous resserrer sur despriorités opérationnelles. Des stratégies différentes ontété développées selon les CAUE. Les CAUE font deschoix en s’appuyant sur leur polyvalence et en assu-mant la limite de leurs moyens (de 5 à 20 personnes).Marie-Claude Derouet-Besson

L’histoire de la taille est ancienne et récurrente.Quelle que soit la situation financière, il y a une vo-lonté de maîtriser la taille d’une structure. Au-delàde 10 à 12 personnes, la gestion peut poser pro-blème. Je ne suis donc pas étonnée que les annéesfaciles ne se soient pas traduites par une augmenta-tion de la taille des CAUE.De la salle

Sur l’évolution des métiers au sein des CAUE, quefaire lorsque des inquiétudes entraînent le renonce-ment à certaines missions ?Yves Brien

Les inquiétudes ne sont pas fantasmées. CertainsCAUE annoncent une diminution probable deressources de taxe pouvant aller jusqu’à 37%.De la salle

Ceux qui vivent de conventions doivent aller dansl’utilitaire économique.Yves Brien

Il convient malgré tout de rester dans un certainéquilibre.De la salle

En Midi-Pyrénées, le pôle pédagogie a été recentrésur un pôle sensibilisation.Marie-Claude Derouet-Besson

Quels problèmes ce redéploiement a-t-il posé ?

De la salleNous allons être moins créatifs dans nos actions au-près des jeunes. Nous y consacrerons moins detemps, moins d’énergie. Nous devons arrêter la for-mation auprès des enseignants. En prenant ce typede décision, nous renonçons à des fondements quenous avons mis du temps à bâtir.Yves Brien

Ce point est ennuyeux. Dans nos dialogues avec lesréseaux, nous rappelons qu’en tant que CAUE, nousne pouvons pas être partout, mais nous voulons êtreen amont dans l’apport des compétences auprès desenseignants.De la salle

Oui mais aujourd’hui on nous dit que l’Éducationnationale n’amène pas d’argent.Marie-Claude Derouet-Besson

Il est vrai que les rémunérations des formations au-près des enseignants sont dérisoires comparées autemps que vous y passez. La régression est majori-taire. En revanche, une des évolutions constatéesest que vous faites davantage d’accompagnement àdistance. Un point central est de conserver ces for-mations d’enseignants qui permettent de développerdes actions cohérentes. Nous devons continuer àoffrir aux enseignants des ressources de qualitépour qu’ils aient le temps de construire un projetpédagogique. Si les CAUE renoncent peu à peu àl’ensemble du monde scolaire, ce groupe perd saconsistance. Continuons-nous tout de même à rem-plir le programme que nous nous sommes fixé ?J’appelle à continuer.Béatrice Auxent

Plus que jamais !Marie-Claude Derouet-Besson

Réfléchissez à ce que vous possédez comme res-sources sur le thème habitat et usage. Vous com-muniquez les adresses et les contenus à KarineTerral. Nous avons lancé un appel à contribution.Si vous produisez des outils, faites-le nous savoircar nous sommes en train de créer de nouveaux ou-tils qui vont répondre aux préoccupations des en-seignants. Mutualisons nos travaux et nous verronsensuite comment nous pouvons les réutiliser.

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Module 4 Jeudi 1er avril 2010

UTILISATION DES SYSTÈMES D’INFORMATION GÉOGRAPHIQUEET RAPPORT AU DÉVELOPPEMENT DURABLEDANS LA SENSIBILISATION À L’ARCHITECTURE ET À L’URBANISME

Construction de l’espace et visualisation d’images numériques,regards croisés entre différentes disciplinesGilles Aldon et Sylvain Genevois, EducTice, INRP

Contribution des CAUE à l’évolution de la cartographieLe groupe «SIGistes» de la Fédération nationale des CAUELaure Briard, CAUE de l’Aisne et Aurélien Sebert, CAUE du Nord

L’approche de la sensibilisation à l’architecture et à l’urbanisme en AutricheBarbara Feller, docteur en histoire contemporaine, directrice de la Fondation autrichienne pour l’architecture,responsable du domaine «Architecture» au sein de KulturKontakt

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Sylvain GenevoisJe suis géographe de formation.Avec GillesAldon, nous appartenons à l’équipeEducTice, une des équipes de recherche de l’INRP qui s’intéresse aux questionsd’intégration des technologies de l’information et de la communication dans lesenseignements et les apprentissages. L’équipe EducTice regroupe plusieursdisciplines et traite de l’usage des technologies numériques sous différentsangles (intégration didactique, conception et partage de ressources, développe-ment professionnel, etc.) . Je travaille sur l’intégration de la géomatique et desnouveaux outils numériques dans l’enseignement de la géographie. Je vousprésenterai des pistes de réflexion plutôt que des outils spécifiques.

Gilles Aldon [La présentation est enrichie de nombreuses illustrations dyna-miques.]Je suis mathématicien de formation. Je vais tenter de vous faire prendreconscience des aspects problématiques de l’espace pour les mathématiciens.Lorsque je considère un bâtiment —ici le château de Vizille—, en tant quemathématicien, j’y vois des structures géométriques sur lesquelles je peuxtravailler. Gérard Desargues, architecte lyonnais, a été le premier mathémati-cien à s’intéresser à l’intégration des constructions dans l’espace. J’ai moi-mêmeréfléchi à la pluralité des espaces. En effet, avec un regard de mathématicien, ilest difficile de considérer l’espace au singulier. J’ai retenu plusieurs notions.Celle de dimension me semble fondamentale, de même que celle de la repré-sentation de l’espace, liée à l’enseignement à l’école. Je vous montrerai deslogiciels permettant de donner en classe une vision de l’espace et de travaillerdessus. Le musée Guggenheim soulève des questions extraordinaires pour lemathématicien. Les surfaces sont d’une rare complexité et j’imagine les équa-tions différentielles nécessaires pour comprendre comment ce bâtiment tientdebout. Des mathématiciens très compétents me disaient que les outils mathé-matiques du XIXe siècle ne suffisaient pas à décrire et surtout à faire tenir cebâtiment. Les nouvelles descriptions des surfaces passent par des sciences trèsnouvelles.Les mathématiques ne sont pas la réalité mais des modèles. «La géométrie estla science de l’espace géométrique», comme le faisait remarquer un autremathématicien. De même, un nombre n’est qu’un élément d’un ensemble denombres. J’ai repris une phrase de Poincaré qui explique que la géométrie nousaide à représenter au mieux l’espace : « la géométrie n’est pas vraie, elle estavantageuse.» Par exemple, une exponentielle permet de définir les contours dela Tour Eiffel.Le jeu des ponts de Königsberg (ex-Kaliningrad) constitue un autre exemplefameux. Il s’agit de les traverser tous une fois mais en n’empruntant chaque pontqu’une seule fois. Vous pouvez essayer longtemps. C’est impossible maispersonne ne savait le démontrer, jusqu’à ce qu’Euler eût l’idée géniale de repré-senter le plan d’une manière géométrique : les espaces deviennent des points et

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CONSTRUCTIONDEL’ESPACEET VISUALISATIOND’IMAGESNUMÉRIQUES.REGARDS CROISÉS ENTRE DIFFÉRENTES DISCIPLINES

Gilles AldonSylvain GenevoisEducTice, Institut National de Recherche Pédagogique

Extrait de la présentation deGilles Aldon

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les chemins des lignes. Cette représentation est àl’origine de la théorie des graphes, très utiliséeaujourd’hui notamment en informatique (les don-nées d’un ordinateur sont représentées sous formed’arbre). Euler a pu ainsi simplifier le raisonnementet démontrer l’impossibilité de trouver un chemin«eulérien», qui passe part toutes les arrêtes etrevient au point de départ. Il n’existe de chemineulérien qu’à condition de passer à plusieursreprises par un pont. Cette représentation est radi-calement différente de l’espace. Dans ce problème,les surfaces sont représentées par des points parceque cette géométrie est utile. Elle n’aurait aucunsens pour calculer des superficies. Par conséquent,les espaces sont manifestement multiples.La notion de dimension est fondamentale. Chacunsait que la première dimension est la ligne, ladeuxième le plan et la troisième l’espace. Évidem-ment, un mathématicien ne peut s’empêcher degénéraliser, jusqu’à la dimension n ou jusqu’à ladimension infinie mais aussi aux dimensions 1,5 ouencore racine carrée de 2. La dimension est prisecomme une mesure de remplissage de l’espace ouune manière de repérer un point. Si je trace uneligne continue en géométrie « fractale» (nomméeainsi par le mathématicien Mandelbrot, du latinfractus, cassé), formée uniquement d’angles, la lon-gueur entre deux points pris au hasard sur cetteligne est infinie. La notion-clé est celle du remplis-sage de l’espace. Considérons le problème de lalongueur des côtes de Bretagne. À quelle échelledois-je prendre la carte ? Je m’aperçois que la côtede Bretagne est une ligne infinie. À cet égard, la di-mension relève plutôt du remplissage de l’espace.De même, les Espagnols et les Portugais n’ont ja-

mais été d’accord sur la longueur de leur frontière.Le Portugal est beaucoup plus petit que l’Espagne,à la même échelle. La dimension donne ici davan-tage de renseignements que la longueur. De même,je peux remplir intégralement le plan avec unesimple ligne, à condition de la replier indéfinimentsur elle-même. Les notions, précises au départ, sontainsi bouleversées.De même, il suffit d’un seul nombre pour situer unpoint dans le plan, à condition que ce nombre soitcomplexe, au sens défini par le mathématicienArgand. Pour représenter les points d’une sphèresur un plan, il est possible de considérer une droitepassant par le pôle nord et le point à représenter.Cette représentation correspond exactement à lasphère sur le plan. Seul le pôle nord ne pourra pasêtre représenté puisque la droite partira vers l’infini,ce qui n’est problématique que pour le géographe.Un parallèle sur la sphère est transformé en cerclesur le plan tandis qu’un méridien est représenté parune simple droite. Vous connaissez tous les projec-tions de la carte terrestre sur un plan. Elles présen-tent l’avantage de conserver les formes mais pas lesdistances. La sphère est un objet géométrique trèscompliqué qui ne peut être aplati. Chaque point duplan étant représenté par un point complexe, ladroite projective complexe permet de représenterune sphère de dimension deux. Ces exemples illus-trent le fait que ces notions sont très ténues.Revenons à la notion habituelle de dimension (lar-geur, longueur). Si nous étions des êtres à deuxdimensions, comment pourrions-nous percevoir latroisième ? Supposons que je suis un point M dansun plan et que je regarde un objet qui traverse monplan. Comme le percevrai-je ?

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«La dimension comme mesure de remplissage de l’espace» et«Représenter l’espace», extraits de l'intervention de Gilles Aldon.

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[Gilles Aldon présente une animation d’un objetgéométrique.]

Ici, l’objet est tout simplement un cube traversantun plan perpendiculaire à la diagonale.Au XIXe siè-cle, Bergson a remporté le premier prix de concoursgénéral de philosophie dont la question était de dé-crire cette interception du plan par un cube. La géo-métrie descriptive a longtemps constitué un secretmilitaire, interdit de divulgation et d’enseignementcar elle servait à fabriquer des fortifications. Elleconsiste à représenter l’espace dans deux plans, ver-tical et horizontal, pour les parties inférieures et su-périeures de l’objet.

Catherine GrandinElle est encore enseignée en école d’architecture.

Gilles AldonUn autre type de représentation, que vous connaissezcertainement mieux que moi, est l’apparition de laperspective à point de fuite au cours du Quattro-cento.La géométrie dynamique consiste à décrire des objetsdans un texte rédigé en français. Elle permet defaire bouger les objets dans l’espace en répondant àun grand problème de l’Antiquité sur la section desellipses, abordé dans le traité d’Apollonius. Lesellipses sont l’intersection d’un cône et d’un plan,qui peut être approchée avec l’éclairage d’une simplelampe de poche contre un mur. Ces objets peuventêtre construits par les élèves. Cependant, toutes lespropriétés des objets mathématiques manipulésdoivent être comprises pour y parvenir.La représentation de l’espace sur le plan ne permetpas d’identifier aisément un cube, par exemple.Dans la réalité, l’œil peut être placé de telle façonque le cube sera un carré mais il peut bouger plusaisément que l’écran. Si le cube est modélisé àl’écran, l’œil n’est plus le nôtre mais celui de lapersonne qui a modélisé le cube. Il ne s’agit pas dela réalité mais d’un modèle mathématique quidépend de la façon dont on veut montrer l’espace.Vous pouvez demander à des élèves de chercher lamanière de placer des points à équidistance d’uncube. Il s’agit de l’intersection du cube et d’unesphère.

Odile BesèmeLes élèves ont le plus grand mal à faire le lien entrece qu’ils apprennent au cours de mathématiques etla réalité. Les exercices pratiques font qu’ils s’inté-ressent nettement plus aux mathématiques.

Béatrice AuxentDes exercices pratiques de manipulation aident lesélèves à comprendre progressivement les modèlesde représentation.

Gilles AldonCes manipulations sont pratiques dans ce sens oudans l’autre, en partant du modèle pour arriver à laréalité. C’est l’essence des mathématiques. Lesdeux sont complémentaires.

Sylvain GenevoisLa géographie, pendant longtemps, a répondu auxproblèmes de description de la terre, les «géo-graphes» ont été pendant longtemps les écrivainsde la terre. Aujourd’hui, la géographie physique estdavantage laissée aux sciences de la terre, lesgéographes s’intéressant plutôt aux aspects humainset sociaux. La géographie étudie les acteurs et lesenjeux, en prenant en compte leur dimension spa-tiale. L’instrument privilégié des géographes est parexcellence la carte. Désormais, la carte a tendanceà devenir le territoire alors qu’elle n’a été longtempsqu’une représentation. Cette notion est celle de«néogéographie». Pour le grand public, il est aiséd’approcher la géographie avec des nouveaux outilstels que Google Earth. J’ai commencé à faire de larecherche avec l’INRP à l’occasion de l’introduc-tion des SIG en classe. Ils ont suscité de nombreuxproblèmes notamment d’ordre financier. Ma thèse aconsisté à mettre en ligne une plateforme avec desactivités pédagogiques, à destination des ensei-gnants et des élèves, pour réaliser des analysesarchitecturales ou urbaines. Un SIG est destiné àregarder mais surtout à faire subir des traitements àl’information, dans un souci d’analyse. À partir de2005, sont arrivés les nouveaux outils de visualisa-tion de l’information et notamment le GPS, grâceauquel nous sommes en permanence géo-localisés.Cet outil nous permet de visiter une ville à lamanière des audioguides. Je reviendrai sur cetaspect de découverte et de repérage dans un espaceà la fois réel et virtuel.En 2007, l’INRP a enquêté auprès des enseignantssur la manière dont ils utilisaient les cartes, sur leterrain et en classe. 80% visualisent des cartes maistrès peu cherchent à les éditer pour les modifier etles reconstruire. Les pratiques sociales influençantles pratiques scolaires, les enseignants s’en tiennentà la seule visualisation des cartes. Or nous l’avonsvu avec les mathématiques, l’aspect intéressant estd’agir sur la figure. Aujourd’hui, il n’existe prati-quement plus de frontière entre image, carte etpaysage. Ces notions sont fusionnées, ainsi que lesfrontières entre réel et virtuel. Au contraire, toututilisateur a sa propre carte. Auparavant, les carto-graphes étaient des spécialistes. Désormais, lecitoyen se réapproprie la cartographie même s’il nedéconstruit pas nécessairement les cartes. Nousne concevons plus l’espace de la même façon quepar le passé. Nos nouveaux outils de représentationde l’espace changent notre conception même del’espace.

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À l’époque de la télévision, les enseignants espé-raient beaucoup de l’image filmique. Allons-nousvers une éducation à l’image notamment à la carteet à l’image géographique ? De votre côté, vouséduquez les publics à la lecture du paysage urbain.Pour un géographe, le problème n’est pas de passerde deux à trois dimensions mais, à l’inverse, depasser de trois à deux.Ainsi, la vue du dessus d’unestation de ski n’est pas du tout parlante. La diffi-culté consiste à passer de l’image du paysage à lacarte. Le fondement épistémologique de la géogra-phie est de schématiser l’espace pour en compren-dre le fonctionnement. Or il ne suffit pas de prendrede la hauteur. L’image ne parle pas d’elle-même.Parfois, l’image en deux dimensions (la vue aérienne)n’apporte rien en termes de compréhension.Nous disposons aujourd’hui d’outils en trois di-mensions. Il ne s’agit pas réellement de 3D. Lesélèves qui jouent sur des consoles de jeu sontd’ailleurs très déçus car celles-ci présentent des uni-vers qui sont réellement immersifs (véritablementen 3D). Pour concevoir une image en «2D+», ilconvient de disposer d’un modèle de la surface et detirer sur les extrémités. L’objet n’est pas modéliséen trois dimensions mais simplement extrapolé.Google Earth repose sur un modèle numérique deterrain à 90mètres au sol contre 10 pour celui deGéoportail, ce qui pose des problèmes de précisionet d’analyse critique, dans certaines zones. Nousconfondons allégrement le zoom, l’échelle et l’alti-tude. Les outils grand public donnent toujoursl’altitude, qui ne fournit guère d’information, àmoins d’avoir l’habitude de visualiser des lieuxdepuis l’espace. Géoportail donne les échellesgraphiques et numériques, qui sont plus précises.La confusion se fait entre l’échelle de visualisationet celle à laquelle la carte a été conçue. Sur desécrans, tout est un problème d’affichage graphique.

Il est inutile de zoomer sur une carte dont l’échelleest constante. En outre, si le modèle est vectoriel,l’image est recalculée à chaque zoom alors qu’avecun modèle pixélisé, l’image devient simplement deplus en plus floue. Le zoom est un coefficientréducteur de l’image ; l’échelle est le rapport entrel’espace terrestre et l’espace représenté sur la carte.Avec Google Earth, nous pouvons accéder en per-manence à un double virtuel. Certains croient mêmequ’il est en temps réel. À force de confondrel’image et le territoire, on a le sentiment de sepromener virtuellement en se déplaçant sur la carte.Or, on ne parcourt que l’image à l’écran et absolu-ment pas l’espace réel, même si on peut zoomer ouchanger d’angle de vue. Des info-bulles donnentdes informations précises sur certains monuments.Les élèves ont accès à une pluralité d’images maisles compétences fondamentales n’ont pas changé ;ils doivent toujours commencer par se localiserà l’aide des grands repères (points cardinaux) etajouter une légende, même si l’enseignant disposede nouveaux outils. Il peut les utiliser à conditiond’apporter les compétences fondamentales.Désormais, la visualisation va plus loin ; elledevient tactile. Je peux toucher la Terre et la dépla-cer avec ma main, à condition d’avoir l’interfacequi le permet. Comme dans l’introduction du Tourde France de deux enfants, nous pouvons «voir ettoucher» l’espace. Une vue des gratte-ciel de NewYork illustrera bien la verticalité de la ville. On peutajouter une texture aux modèles géométriques mais,sans explication, je ne saurai pas que personnen’habite dans ces gigantesques immeubles, quin’abritent que des bureaux. Parallèlement, j’aibesoin d’un schéma m’expliquant le fonctionne-ment de la ville américaine pour sortir de la seuleapproche inductive qui ne suffit pas à expliquerla ville.

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Comparaison de représentations virtuelles du même site, extraits de l'intervention de Sylvain Genevois.

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Depuis longtemps, les cartographes exploitent latroisième dimension, le relief leur permettant demettre l’accent sur certaines informations. Danscertains cas, il n’apporte rien. Dans d’autres, lerelief illustrera parfaitement, par exemple, un picde consommation ou de pollution. Le CRENAM(Université de Saint-Étienne) réalise des maquettesen 3D capables de faire ressortir tous les élémentsd’un quartier pour concevoir des simulationsurbaines extrêmement détaillées. Nous pouvonssimuler le mouvement des arbres ou un nuage depollution. Avec des projets comme celui du GrandParis ou de Lyon Confluence, les images en 3D sontpléthoriques. Il ne s’agit plus de représentation duquartier mais de documents produits par les archi-tectes et les urbanistes pour convaincre de l’intérêtdes grands projets d’aménagement. Ce n’est plusune représentation mais un outil de communication.Tel dôme futuriste traduit une recherche architectu-rale avec un message et une certaine lecture possi-ble. Ces documents sont extrêmement intéressantspour décrypter un « imaginaire spatial» qui consti-tue, non un délire d’architecte mais bien une autrevision de la ville. Nous pouvons décrypter l’espaceen intégrant l’idée que l’imaginaire spatial a pro-duit de l’espace réel.Paris dispose actuellement d’une très bonne cou-verture en 3D, avec une prise aérienne depuis laTour Eiffel réalisée l’an dernier, à très haute réso-lution. Vous pouvez accéder à ces images depuis unsite Internet. Vous effectuerez un voyage virtueldans Paris depuis les toits, dans des conditionsidéales. Ces outils d’exploration de l’espace sontextrêmement intéressants. La plupart des imagesque je présente sont issues de liens échangés au seinde l’Observatoire de pratiques géomatiques del’INRP. Les aménageurs aiment beaucoup lessimulations car elles permettent d’apprécier l’impactvisuel des constructions, par exemple, du viaduc deMillau.L’animation paysagère repose, quant à elle, sur lelangage filmique. La ville de Courbevoie s’en estemparée pour illustrer l’impact du tramway. Dansl’animation qu’elle a fait réaliser, les monumentss’habillent progressivement et les arbres grandis-sent. L’objet est graphiquement beau mais les plansen 3D sont vus depuis des endroits précis, parexemple en descendant du tramway. Les élèvesdoivent apprendre qu’il s’agit d’un outil pourvendre la ville. Un chercheur réalise actuellementune thèse sur ces montages vidéo et la manière delire la ville à travers eux.Depuis deux ans, la « réalité augmentée» est à lamode. Des objets virtuels sont ajoutés à la réalité,constituant une réalité mixte, entre réel et virtuel.Second Life est un doublon numérique de la Terre.Vous pouvez y créer un alias qui évolue dans un

monde imaginaire semblable au monde réel. À tra-vers cet avatar, on peut suivre des cours à l’univer-sité, dispensés par la vidéo d’un universitaire. Lesjeunes ne jouent plus sur un ordinateur mais dansl’espace réel ; ils se tirent dessus avec des caméras.Ils communiquent via leur téléphone mobile avecun tiers à l’autre bout de la ville. Chacun peut par-ticiper à la résolution d’une énigme. Ces jeux sontdits «ubiquitaires». Le MIT (Massachusetts Insti-tute of Technology) développe sur cette base desapplications éducatives à l’environnement, dontl’une consiste à détecter une fuite de gaz sous laMaison Blanche. Les joueurs doivent s’orienterdans l’espace réel et collaborer pour résoudre leproblème.Nous participons, avec l’éditeur de jeu Ubisoft, àun projet similaire développé par un laboratoirecanadien (projet Geoeduc3d). Ces nouveaux jeux,par exemple sur la Wii, se déroulent dans l’espaceréel. Le cahier des charges est un jeu en 3D,immergé dans l’espace réel. L’INRP prend encharge une partie de l’expérimentation. Il s’agitd’implanter dans la ville de Sète des sites de pro-duction d’énergie renouvelable. Des entreprisesrépondent à l’appel d’offres de la municipalité etles élèves sont dans la position de l’aménageur.Munis d’un GPS, ils doivent découvrir l’espace réelet interroger les habitants pour connaître leur pointde vue. Dans un an, ce jeu sera accessible sur télé-phone mobile. Les élèves choisissent leurs pointsd’observation et les types d’équipement. À la fin dujeu, nous avons constaté qu’ils avaient parcourul’espace dans Google Earth avant d’aller sur leterrain lui-même, pour prélever des informationsqu’ils avaient utilisées dans un troisième tempspour réalimenter Google Earth et tester ainsi leurshypothèses. Ils ont reconstruit l’espace à partir dela réalité, pour élaborer une image virtuelle lamoins imparfaite possible. Ce type de jeu (baptiséserious games) dépasse le simple jeu de pistepuisque les élèves reconstruisent ensuite la réalité.Les élèves se prennent au jeu car ils ont l’habitudede s’envoyer des textos.Je n’ai pas insisté sur la superposition de couchesqui permet d’apprécier le même espace avec, àchaque fois, des informations supplémentaires. Jepeux ainsi analyser un espace qui est proprementinsaisissable. La formule d’Alfred Korzybski(1933) selon laquelle « la carte n’est pas le terri-toire » constituait le dogme de la cartographie.Désormais, les choses ne sont plus si simples.L’Observatoire de pratiques géomatiques est ouvertà toutes les collaborations. Nous avons des groupesde travail sur différents thèmes et nous avons conçudes parcours pour des personnes souhaitant seformer à ces nouveaux outils.

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Catherine GrandinAllons-nous vers un Wikipedia géographique ?Sylvain Genevois

Wikipedia est une encyclopédie contributive quipose quelques problèmes de validation de l’infor-mation mais est très utilisée et globalement satis-faisante. Vous posez une question double quirenvoie au statut de cet outil et à la géographie. Ilexiste déjà des bases d’information géographiquesur Internet mais le savoir encyclopédique manquedans ce domaine. Il existe des portails, comme«géo-confluence», plutôt destiné aux enseignantset avec un glossaire. Il est hébergé par l’ENS maisn’a pas de base contributive. Est-ce à faire ? Lesgrandes questions sont : qu’est-ce qu’un savoir en-cyclopédique et quel est le statut d’Internet ?Catherine Grandin

Vous avez présenté un jeu qui permet aux élèvesd’aller sur le terrain. Ils pourraient alimenter ainsiun atlas.Sylvain Genevois

Il existe des PPGIS, aux États-Unis, qui sont desSystèmes d’information participatifs permettant auxcitoyens d’échanger lors de la mise en place d’unprojet d’aménagement. Chacun alimente le «wiki»en déposant de l’information sur son quartier. Desprojets urbains ont été ainsi abandonnés, les inter-ventions montrant le manque de pertinence duprojet. Il s’agit plutôt d’un partage de l’informationen ligne pour habiter la ville, la lire et s’approprierl’espace.Pascaline Mauvais

Nous en sommes aux prémices, dans le CAUE duVal-d’Oise. Nous avons cette ambition mais il estdifficile de trouver une interface appropriée.Sylvain Genevois

Le programme INSPIRE fait que tous les citoyensde l’Union européenne doivent pouvoir accédergratuitement à toutes les données les concernant,par exemple pour savoir s’ils habitent une zone àrisque. Tous les risques d’avalanche ou d’inondationseront répertoriés par un tel portail. L’informationdevient accessible. Le ministère de l’Agriculture amieux négocié que l’Éducation nationale. Nousavons un portail payant auquel les établissementsdoivent s’abonner. L’IGN a pris ce mois-ci unedirective de gratuité de l’information pour le milieuéducatif. Nous pouvons en revanche imaginer desbases contributives pour ajouter de l’information.Ensuite, il conviendra de prévoir la formation, laprise en main des outils, les plateformes, etc.Leministère de l’Agriculture a négocié un accès directet gratuit pour le contrôle de la PAC. Il dispose d’uneplateforme extrêmement performante de SIG, àDijon.

Marie-Claude Derouet-BessonQuelles idées tirez-vous de tous ces possibles entermes d’utilisation pour nos publics ? La photo-graphie aérienne ou Google Earth sont utilisésdepuis longtemps mais posent souvent problème.L’aspect pratique et la forme du débat public sontaussi extrêmement importants mais renvoient plutôtaux actions de conseil aux particuliers. Cinq ans plustôt, la ville du Havre envisageait de tels développe-ments. Nous pourrions faire le point sur ces projetset d’éventuels blocages d’utilisation. Plusieursmunicipalités se sont engagées dans les sites parti-cipatifs que vous évoquez mais cela semble trèsdifficile en pratique, notamment faute de disponi-bilité des élus. Les citoyens posent de nombreusesquestions auxquelles les élus ne répondent pas.Sylvain Genevois

Le jeu que j’ai présenté est accessible en ligne surle site d’EducTice. Quand vous créez des scénariosdans Google Earth, vous prévoyez une éventuellesortie sur le terrain. Les scénarios pédagogiquessont différents. Certains éléments sont propres aujeu, qui doit inclure un défi et un enjeu et des tâchesprécises pour atteindre le résultat. Pour gagner,il convient non d’être le meilleur mais de savoircollaborer et s’approprier des compétences. Le butdu jeu n’est pas le jeu mais son utilisation pour met-tre les élèves en situation d’apprentissage. Seriousgame est un oxymore qui traduit cette idée ; un jeusérieux n’est pas vraiment un jeu. Vous avez lachance d’avoir les élèves en dehors de la classe, cequi facilite vos actions.Marie-Claude Derouet-Besson

Tout dépend des situations. Les interventions ontsouvent lieu dans le cadre strictement scolaire.Je crois que nous devons anticiper rapidement lamultiplication des téléphones mobiles, chez lesjeunes. Des musées ou des villes les utilisent déjàpour apporter de l’information sur le terrain. Ils’agit d’une piste de récupération et d’interférence,susceptible de renouveler les jeux de pistes ou lesparcours urbains.Marine Guyotat

Est-il possible d’envisager un jeu de réalité aug-mentée dans lequel un enfant verrait le lieu tel qu’ilétait dans le passé, sur son téléphone mobile ?Sylvain Genevois

Cela existe déjà. Il peut s’agir d’une vue d’un bâti-ment qui n’existe plus mais aussi de l’autre côté dubâtiment. Ce n’est plus une manière d’enrichir leréel par rapport à quelque chose qui n’existe pas,dans la mesure où toutes les images sont aisémentdisponibles sur Internet. En revanche, il est plusintéressant de jouer sur la pluralité des regards, en

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Échanges

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parcourant le quartier avec la consigne de voir dif-férentes choses. Les élèves sont obligés de confron-ter leurs points de vue par la discussion. C’est unevisite enrichie qui irait plus loin que la versionmoderne de l’audioguide. Il n’est plus nécessaired’avoir des écouteurs puisque les informations sontenvoyées directement à votre GPS. L’enjeu n’estpas seulement de recevoir mais d’échanger et departager.Béatrice Auxent

Les CAUE sont des petites structures pour les-quelles la recherche d’un bon rapport entre lesobjectifs, les moyens et les coûts est importante.Nous devons réfléchir à la manière de mutualisercertains coûts (mise en œuvre, équipement, etc.).La question des moyens permet de revenir à desnotions simples parce que l’objectif sera atteint dela même manière qu’avec un outil complexe. Desméthodes simples sont encore efficaces et ce sontplutôt les grandes structures qui mettent en œuvredes outils complexes.Sylvain Genevois

Vous avez tout à fait raison compte tenu du rapportcoût/efficacité et surtout de l’évolution extrêmementrapide des technologies numériques. Toutes lesmarques de téléphone mobile proposent désormaisla technologie 3G qui permet de se localiser avecun GPS à des prix relativement bas. Le terminal lui-même vaut cher et peu de jeunes en ont. Dans unan cependant, mes propos ne seront plus vrais. Nousaurons tous un téléphone de nouvelle génération.Cela pose des problèmes de surveillance car vousdevez refuser explicitement d’être géo-localisé.Lorsque le MIT a sorti ce jeu, il était révolution-

naire. Aujourd’hui, il est dépassé. Les pocket PC etles agendas électroniques sont révolus. Les jeunessont dans la communication et les téléphonesmobiles sont très répandus. D’ailleurs, les adultesont les mêmes outils. Le téléphone devient l’inter-face mobile numérique privilégiée à bas coût,même s’il pose des problèmes d’ergonomie. On estcapable maintenant de résoudre la question de la 3Dsur les téléphones mobiles. Cette technologie serabientôt grand public.Marie-Claude Derouet-Besson

Nous devons y réfléchir. Le mobile ne deviendra pasl’outil pédagogique de base mais sera un élément.Vous avez évoqué les fondements, l’accession et lanature des compétences acquises, la capacité à voirdifféremment qui restent utiles avec des moyensbasiques et habituels.Sylvain Genevois

Le professeur de géographie tient aujourd’hui « lemonde dans sa main» : d’un simple clic, il peutaccéder à n’importe quel espace dans le monde et lemontrer directement à ses élèves.Béatrice Auxent

Nous sommes conscients de cet enjeu. Noussommes organisés sur le territoire français de façonà être représentés partout. Nous savons que cettemission en direction du milieu scolaire est difficileà remplir. Nous misons aussi sur la notion de pas-serelles avec d’autres missions et personnes desCAUE. La ressource et la pédagogie concernenttous les acteurs des CAUE. Cette mutualisationnous permet d’augmenter nos capacités.

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De nouveaux choix de représentation :virtuelle ou photographique ? Extraitsde l’intervention de Sylvain Genevois

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Laure BriardLe SIG gère des informations de tout type, chacune étant géo-référencéeet localisée dans l’espace par des coordonnées x, y et z. Il s’agit d’un logicielinformatique dans lequel nous insérons des données modélisées par un mathé-maticien. La première partie du travail consiste à recueillir les données puis à lesstocker et les organiser par couches. Chaque couche est superposable aux autreset renseignée par des tables attributaires. Les données sont quantitatives ou qua-litatives. La simple compilation des données permet de réaliser un état des lieuxdes connaissances.L’analyse géographique peut être doublée d’une analyse temporelle. L’outil leplus spectaculaire du SIG est la 3D. Un aménageur peut l’utiliser pour déplacerdes objets. Par exemple, dans un projet de champ d’éoliennes, l’élu l’utilise pourapprécier l’impact sur le paysage. En outre, il est possible de réaliser des filmsd’animation. Le relief est doublé par de la photographie aérienne. L’exemple demodélisation montre parfaitement comment s’inscrit le village dans le paysage.Il est également possible d’ajouter des éléments pour un projet d’aménagement.Nous présentons d’autres exemples pour une étude des quartiers, sur la com-mune de Soissons. La ville avait un projet de lotissement. Chaque bâtimentest modélisé avec finesse et apparaît en relief à mesure que la vue bascule.Nous pouvons ajouter des textures pour habiller les bâtiments. Il est possible depratiquer des zooms.Dans ce cas, les données étaient disponibles moyennant paiement. En général lemontant varie en fonction de la superficie.Les données peuvent être visualisées et présentées de façon pédagogique auxélus ou aux citoyens, selon la demande. L’avantage est la rapidité d’exécution.Auparavant, des semaines étaient nécessaires pour réaliser une simple carte.Aujourd’hui, il suffit d’une heure et de quelques clics.

Martine CombeauCombien de temps la réalisation de l’animation en 3D a-t-elle pris ?

Laure BriardIl suffit d’une journée pour ajouter la végétation. En outre, toutes les donnéespeuvent être ainsi archivées, sans prendre l’humidité ou la poussière. La capacitéde gestion, de traitement et d’analyse est considérable. Des simulations virtuellessont possibles, ce qui constitue le principal avantage. L’outil permet une étudemulti-scalaire du paysage. Les élus bénéficient d’un accompagnement pour desPLU intercommunaux. Nous pouvons réaliser des zooms jusqu’à l’unité urbaine,pour des lotissements ou un parc éolien.L’outil n’est pas parfait mais ses limites sont loin de remettre en cause sescapacités. La saisie et la collecte des données sont soit chères, soit longues. Ellesnécessitent un investissement initial, notamment pour le SIGiste. Cet outil d’aideà la décision permet de communiquer et de sensibiliser mais aussi de gérer

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CONTRIBUTION DES CAUE À L’ÉVOLUTION DE LA CARTOGRAPHIE

Le groupe «SIGistes» de la fédération nationale des CAUE :Laure Briard, CAUE de l’Aisne et Aurélien Sebert, CAUE du Nord

Extrait d’un cahier numériquede territoire en cours de conception

par le CAUE du Nord

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l’urbanisme fonctionnel, par exemple les impôtsavec le cadastre, les transports scolaires (points deramassage), le stationnement, la voirie, l’électricitéet l’eau, le ramassage des ordures ménagères, etc.Les exemples sont nombreux. Cet outil a révolu-tionné la cartographie.Avec le SIG, nous avons créé un outil de connais-sance du territoire qui permet de modéliser la réalitépour créer des documents d’aide à la décision, préciset pertinents. L’investissement initial est largementrentabilisé. Nous avons voulu élargir les projets etréaliser une plateforme avec les CAUE qui possè-dent un tel outil. Actuellement, dix CAUE sontassociés, essentiellement dans le Nord, la Manche,le Val-d’Oise, le Loir-et-Cher et l’Ain. Nous nousrassemblons deux fois par an et pour une conférence.Pour l’instant, nous mettons en forme le cahier descharges avant d’ouvrir la structure à d’autres CAUEintéressés.

Aurélien SébertJe suis géomaticien au CAUE du Nord. Nouseffectuons des prestations de conseil auprès desparticuliers et décideurs mais aussi de sensibilisa-tion auprès du grand public, résumées en étapes :comprendre, agir et transmettre sur. Le CAUE faitface à différents interlocuteurs, souvent dispersés.Il convient de les rassembler autour d’un «centred’interprétation ou plateforme» qui peut compren-dre plusieurs outils : extranet, médiathèque, atlascartographique… Le CAUE du Nord a développéun observatoire du territoire qui est un SIG en ligne.La partie «historique» permet à l’usager de com-prendre l’évolution depuis le XVe siècle et dedécrypter les lignes de force du territoire. Dansla partie « agir », sont représentées les actions àdestination des communes et agglomérations. Elleconfère une visibilité aux acteurs.Les nouvelles technologies sont nombreuses et lesnouvelles données doivent être traitées de plus enplus rapidement. Les CAUE ont développé etmutualisé des outils comme le thesaurus (outilsmutualisés à l’échelle nationale), une documenta-tion AUE et l’Observatoire de l’AUEP. Plus de17 CAUE les utilisent déjà. Ils sont stables et leurscoûts sont partagés. Les bases de données sontenrichies par tous. Différents groupes de travailsont constitués, à la fédération. Nous avons prisconscience que ces systèmes devaient communi-quer entre eux et non être cloisonnés. Ainsi, celanécessite une base de contacts qui peut être utile àtous les autres outils.Le CAUE du Nord souhaite constituer une plate-forme rassemblant ces outils dont la clé d’entréeserait la base de contacts, avec un login et un motde passe.

Laure BriardL’intérêt est de gagner du temps en évitant d’allerchercher des éléments sur différents sites. Tout seraaccessible par la plateforme. La perte d’informationsera moindre.

Aurélien SébertJe vous présente un exemple, comme si nous accé-dions librement à la plateforme en tant que grandpublic. L’usager arrive directement sur son dépar-tement. Il retrouve les différents outils. Ces outilssont appelés depuis cette plateforme. Un usagerpeut s‘authentifier, cela lui permet d’accéder à desoutils supplémentaires : agenda, missions, groupesde travail, etc.

Laure BriardLes membres peuvent être les élus qui ont ainsiaccès à leurs propres études.

Aurélien SébertLe CAUE disposera d’un outil complémentairepour sa comptabilité analytique, d’une liste de mis-sions et d’un lien direct sur l’extranet, dans l’exemplevers le site du CAUE du Nord. Tout est relié sansperte de temps. Les liens entre les outils sontrapides, par exemple avec l’observatoire des réali-sations. L’outil communique directement avec le siteInternet développé par la société CNSX. J’appellele site Internet qui m’envoie les données directement.Je peux ainsi faire apparaître les logements HQE®et leur année de construction. Pour en savoir plus,je peux cliquer sur un logement et accéder à la fichedétaillée. Il s’agit d’une première modélisation.L’usager peut être un paysagiste travaillant sur ledépartement. Les documents relatifs à sa région etsa fonction peuvent remonter automatiquement.

Karine TerralEst-ce en place ou quel est le calendrier ?

Laure BriardLe logiciel est en phase de test mais pourrait êtreopérationnel à la rentrée 2011.

Karine TerralHier, en groupe de travail, nous avons évoqué laréalisation d’une carte de France des observatoireset les atlas des paysages. Il est donc inutile de com-mander ce travail puisqu’il sera possible ainsi.

Aurélien SébertGrâce à cette plateforme, toutes les possibilités duSIG collaboratif sont offertes et les usagers accèdentà la même couche d’information, il est ainsi possiblede créer à plusieurs un atlas national des paysages.

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Laure BriardChacun peut être acteur de sa carte et ne passeraplus par le SIGiste.

Aurélien SébertJe peux appeler différentes couches de données, parexemple l’occupation du sol et ainsi créer ma cartepersonnalisée. L’avantage est de présenter plus decouches que Géoportail.

Laure BriardLe SIGiste crée la plateforme et l’utilisateur créeensuite ses cartes.

Marie-Claude Derouet-BessonDans les groupes de travail, nous nous plaçons dupoint de vue des utilisateurs. Ils ont besoin devisualiser rapidement ce qui est disponible sur leurterritoire. Tout ce que vous avez engrangé dans lesCAUE doit être perceptible par l’usager extérieur,pour qu’il puisse repérer, par exemple sur l’atlas desjardins de certains CAUE, une note descriptive dujardin mais aussi du projet urbain ou récupérer desinformations intéressantes d’autres banques de don-nées.Le problème de fond est le «moissonnage de l’infor-mation» et sa qualité. En partageant les informations,vous pouvez créer un Wikipedia sans fiabilité…Mais supposons qu’il s’agit de récupérer des infor-mations fiables de différentes sources et de les mettreen commun. Pour les banques de données, la mul-tiplicité des logiciels l’interdit. Il semble qu’avec cesystème, il est possible d’incruster sur une couchedes éléments provenant de systèmes différents etaccessibles en toute autonomie, ce qui serait formi-dable. Le problème de facilité d’accès demeure.Les CAUE vont créer des couches correspondant àleurs préoccupations. N’ayant qu’une connaissanced’usager, comment puis-je disposer d’un outil derecherche pour faire mon propre choix d’utilisateur ?Comment pourrais-je faire mon choix entre descouches existantes ?

Aurélien SébertNous pouvons donner la possibilité de sélectionnerles couches affichées, en cochant des cases. Je trouveque cette méthode n’est pas très pédagogique. Nouspouvons imaginer un outil dans lequel l’usagersélectionne des thèmes puis l’outil lui envoie unecarte spécifique.

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Exemples de couches d'information combinables, CAUE du Nord

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Nicolas DelinLe problème deGoogle est qu’on ne sait pas où l’onva. En l’occurrence, il ne s’agit pas de donner toutesles couches, toutes les possibilités et toutes lesépoques mais de proposer des cartes selon unevéritable démarche pédagogique.

Aurélien SébertIl restera possible ensuite de construire ou recons-truire les cartes. Dans un mode participatif, l’usagerpeut ajouter des informations avec des outilsd’édition. Par exemple, je peux sélectionner l’outilde croquis et effectuer des dessins sur la carte.L’avantage de l’outil en ligne est d’être accessiblede partout et sans avoir un ordinateur extrêmementperformant.

Catherine GrandinVous mélangez des données du CAUE et des don-nées existantes d’acteurs qui ont leurs propres SIG.Il est notoirement compliqué de faire travailler lesdifférents acteurs ensemble, même entre services.Nous ne comprenons pas comment vous allezinclure les données externes aux données internes.

Karine TerralIl s’agit d’ajouter les couches du CAUE à une carteexterne.

Catherine GrandinComment pouvons-nous aller chercher la couchecorrespondant au PLU pour l’insérer dans notreSIG ? Nous ne pouvons pas exiger des organismesextérieurs qu’ils diffusent leurs couches.

Sylvain GenevoisIl s’agit d’un webservice. Un outil de navigationpermet d’aller chercher des données. Rien n’eststocké sur la machine. Il existe plusieurs types deplateformes. À Saint-Étienne, nous avons utiliséune plateforme fermée. Ici, le jeu de données pré-existant allège déjà une partie du travail. Il ne s’agitpas uniquement de visualisation mais d’un véritableSIG à distance. Nous avons créé des plateformesqui ne servent qu’à éditer (géo-référencer vosphotographies ou éditer des croquis) ou à accéder àdes bases de données. Dans un SIG, les donnéessont renseignées par des méta-données. Le travailtechnique d’indexation qui en découle est si fasti-dieux que nous l’avons abandonné. En revanche,vous avez l’occasion de disposer d’un packagecomprenant l’outil en ligne, la base de données etles fonctionnalités associées.Pour communiquer à l’extérieur, est-il nécessairede s’identifier ?

Aurélien SébertIl existe un accès libre pour le grand public.

Sylvain GenevoisLes croquis seront privés. Il convient de veiller àconstituer une véritable plateforme collaborative.

Aurélien SébertNous travaillons à un carnet dynamique dans lequelles pages peuvent être tournées comme dans unlivre. L’utilisateur peut toujours effectuer des zoomssur les cartes.

Catherine GrandinCes cartes sont-elles réalisées par le CAUE ?

Aurélien SébertOui, nous les concevons. Nous pouvons ainsi orga-niser le récit. Nous n’avons pas encore toutesles données historiques. Le département nous ademandé de constituer ce «carnet de territoire ».L’usager peut déclarer qu’il habite Cambrai etaccéder à toutes les cartes centrées sur ce territoire.Il pourra toujours se rendre dans une zone diffé-rente. À mesure que le zoom s’agrandit, les fondsdisparaissent. Sur le thème de la nature, parexemple, nous avons choisi de symboliser le bâtipar du blanc. Nous voulons faire ainsi remarquerl’absence de végétation et la possibilité d’insérer lanature dans cette zone. Inversement, je peux faireapparaître uniquement le bâti.

Sylvain GenevoisCes atlas peuvent-ils résulter du travail sur lescouches ?

Aurélien SébertOui, conformément à l’idée de webservice, le carnetest à jour tant que la donnée est maintenue à jourdans la plateforme.La carte des gîtes par exemple permettrait d’ajouterdes liens vers la fiche du gîte et l’observatoire desréalisations. En termes de transversalité, tous lesservices adhérents à la plateforme peuvent saisirleurs données, ainsi nous offrons une co-visibilité,entre des services qui ne communiquent pas néces-sairement.

Sylvain GenevoisNous avons mené une expérimentation pédagogiquesur la visualisation comparée de deux documentsauthentiques, avec une différence d’échelle.

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Béatrice AuxentLe projet européen SEPTENTRION aborde laquestion depuis longtemps pour rapprocher descartes d’origines différentes. Cet outil est particu-lièrement récent.

Aurélien SébertNous l’utilisons à l’essai. Nous avons interprété lacarte de Cassigny en dégageant les villes-fortes etles voies romaines.

Laure BriardActuellement, les CAUE ont du mal à communi-quer et produisent chacun leurs données. Nouspourrons désormais les partager.

Pascaline MauvaisAvons-nous le droit d’utiliser ces informations ?

Laure BriardLes limites sont les mêmes qu’avec Géoportail.

Aurélien SébertIl est possible d’imprimer une carte.

Pascaline MauvaisCependant, elle ne peut pas être diffusée.

Aurélien SébertNous bénéficions de nouveaux droits de reproduction.Nous pouvons diffuser l’information sur Internet.L’usager n’a pas le droit de la télécharger mais il peutl’imprimer. Le CAUE n’a pas le droit de l’imprimerà des fins de diffusion dans un ouvrage. Il doit préa-lablement prendre contact avec l’IGN.

Marie-Claude Derouet-BessonL’usage pédagogique est accepté, par exemple pourun cours ou une formation ?

Aurélien SébertLa diffusion doit être limitée et les sources précisées.

Sylvain GenevoisIl existe plusieurs niveaux de licence.

Marie-Claude Derouet-BessonVous reviendrez donc l’an prochain avec un outil toutprêt. La puissance du territoire, si souvent évoquéedans nos activités, peut trouver là une utilisationdouble : creuser les connaissances sur son propreterritoire mais aussi le comparer avec des territoireséloignés ou comparer des formes différentes,comme le bâti et non-bâti.

Catherine GrandinLes moyens posent problème. Nous risquons denous retrouver avec une cartographie pour CAUEriches et une autre pour les pauvres. La question desmoyens se double de celle de la formation des uti-lisateurs. La solution peut être trouvée à l’échelledes URCAUE.

Marie-Claude Derouet-BessonNous sentons qu’une phase d’utilisation intensiveest nécessaire, au sein des CAUE. Simultanément,vous travaillerez à l’accès par l’extérieur. Cela per-mettrait un accès national aux données recueillies.Même vis-à-vis du grand public, vos activités deconseil y trouveront de nombreuses applications.

Catherine GrandinMalheureusement, la pratique n’est absolument pascelle-là aujourd’hui. La question de l’usage quotidiendans les CAUE n’est pas résolue.

Charlotte LuthringerL’interface entre l’architecte et le SIGiste est inté-ressante. Le dialogue doit être suffisammentefficace pour éviter de perdre du temps, parexemple en faisant deux fois le même travail.

Nicolas DelinAurélien Sébert travaille étroitement avec lesarchitectes du CAUE.

Marie-Claude Derouet-BessonCela suppose une réflexion sur les métiers desCAUE.

Éric BrunNous sommes sollicités par différents publics. Larecherche des actions et informations existantesprend un temps considérable. Si nous disposonsd’uneméthode de classification efficace des données,cette recherche s’en trouvera facilitée, à conditionque tout le monde se l’approprie. Je suppose qu’ildoit être possible de partir d’un parcours urbain, desortir la fiche du cadastre, etc.

Aurélien SébertNous devons rassembler les outils déjà utilisés eten recueillir de plus en plus.

Marie-Claude Derouet-BessonNous avons tous conscience de l’océan de possibleset du travail qui s’ouvre devant nous.

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Je vous présente un point de vue global sur la sensibilisation des jeunespublics à l’architecture enAutriche. Je suis chargée de la gestion des opérationsde la Fondation architecturale autrichienne mais aussi d’une autre institution,KulturKontakt. Il est très difficile pour moi de faire cette présentation en fran-çais mais je vais essayer d’être compréhensible. Je présenterai en quelques motsle système scolaire en Autriche, les objectifs de la sensibilisation et la manièredont l’architecture apparaît dans les programmes. Je terminerai par la descrip-tion de projets et d’initiatives interconnectés, dans ce domaine.Le système scolaire autrichien vient d’être réformé. Le collège unique pour lesenfants de 10 à 14 ans existe depuis seulement deux ans. L’école commence àsix ans, par l’école élémentaire. Cette année, à l’automne, sera créée une annéeobligatoire d’école maternelle dès cinq ans. Comme dans le système allemand,une coupure a lieu à l’âge de dix ans. J’ai mené une étude dans six pays diffé-rents, je ne connais pas la situation française mais, dans ces six pays, la coupureprimaire/secondaire est plus tardive qu’en Allemagne et en Autriche. Lesystème scolaire autrichien n’est pas aussi centralisé qu’en France mais il l’estdavantage qu’enAllemagne. Même si nous comptons neuf régions fédérales, lalégislation scolaire et les programmes sont les mêmes dans tout le pays.En participant à l’étude pour le ministère de la Culture français sur la manièredont l’architecture est traitée dans les programmes de différents pays, j’ai vul’importance de la notion que nous employons et de la structure que nous avonscréée. La notion de Baukultur est centrale. Elle renvoie non seulement àl’architecture mais aussi à l’espace entre les bâtiments, aux aspects techniqueset sociaux. Ce terme ne peut pas se traduire par «architecture». Il doit être uti-lisé en anglais comme en français, langues dans lesquelles il n’a pas d’équivalent,cadre de vie n’est pas assez large. On trouve des éléments de Baukultur dansles disciplines techniques mais aussi artistiques, dans l’histoire, la géographieet l’économie. En réalité, les écoles ne s’en préoccupent pas vraiment car lamajorité des enseignants ne sont pas à l’aise avec ces notions.Nous pensons donc qu’il est nécessaire de sensibiliser à la Baukultur les jeunespublics mais aussi les enseignants, pour démontrer que l’espace a une influencesur nous. Il existe une différence entre vivre dans une maison grande ou petiteet dans des espaces libres ou séparés. Selon moi, il s’agit d’un élément d’édu-cation pour devenir majeur. Notre action consiste à aider les personnes, dansune première étape, à percevoir un espace. Il est possible d’être dans un espacesans rien y voir ou, au contraire, en remarquant les détails comme on le ferait enanalysant une architecture. La première étape est d’aider les personnes à voir. Laseconde consiste à leur permettre de parler de ce qu’ils voient pour être ensuitecapables de prendre des décisions. La plupart des gens dépensent de l’argentdans des éléments liés à l’architecture (jardin, logement, etc.) mais ils ne fontrien pour devenir majeurs dans ce domaine. C’est pourtant indispensable. Pourcela, nous devons préparer les citoyens à assumer leurs responsabilités. Chacun

L’APPROCHE DE LA SENSIBILISATION À L’ARCHITECTUREET À L’URBANISME EN AUTRICHE

Barbara FellerDocteur en histoire contemporaineDirectrice de la Fondation autrichienne pour l’architectureResponsable du domaine «Architecture» au sein de KulturKontakt

Exemple d'outil produitpar le domaine architecture

de KulturKontakt.

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a conscience des changements de l’environnementet doit assumer ses responsabilités lorsqu’il estprévu, par exemple, de construire un parc ou unbâtiment près de chez lui.Il est nécessaire d’expliquer aux gens que l’architec-ture n’est pas seulement la Bibliothèque nationalede France ou la Tour Eiffel mais le quotidien, lesendroits où nous vivons et où nous travaillons. Jecrois que l’éducation à l’architecture ne doit pasprendre la forme d’une esthétique normée maisd’une éducation à la complexité de l’architecture.L’université a formé de nombreux architectes, enAutriche. Elle n’a pas besoin de nouveaux candi-dats mais de former des personnes à comprendrel’espace en ne se contentant pas d’accepter sansfaire preuve d’esprit critique. L’architecture faitpartie de l’éducation artistique mais, plus encore,elle est une matière transversale qui se réfère à denombreuses disciplines scolaires. Notre action viseà former des citoyens qui revendiquent le fait queleur habitation remplit davantage de fonctions quele seul logement.Nous pouvons distinguer deux modes de traitement :à l’école et en dehors de l’école. À l’école, j’ai étudiéla transmission architecturale dans les programmesscolaires. Le terme est rare mais on y trouve desaspects nombreux de Baukultur. Beaucoup de motsclés figurent dans les programmes qui correspondentà cette préoccupation : espace, environnement cons-truit, cadre de vie, ville, histoire, environnement, etc.Parallèlement, je suis membre de KulturKontaktAustria, une institution qui existe depuis vingt anset traite de formation culturelle, de transmission dela culture et de dialogue entre cultures. Elle opèredans l’Europe du centre, du sud et du sud-ouest.Elle est financée par le ministère fédéral de l’Édu-cation, des arts et de la culture pour ses activités debase mais d’autres projets spécifiques sont financéspar nos partenaires. Nous recevons un financementd’État pour nos projets mais les autres institutionsdoivent payer pour des projets spécifiques. En ma-tière de transmission de la culture, KulturKontaktsoutient le développement et la réalisation de projetsnovateurs, de transmission des arts et de la cultureen milieu scolaire. Parmi nos programmes, nous or-ganisons des rencontres et des dialogues depuis lacréation de l’institution. Ils consistent à confronteractivement les enfants à l’art contemporain, enprésence d’artistes et d’enseignants, pour une durée

de deux unités d’enseignement (deux fois 52minutes). Si nous nous contentons de leur fairelire un livre, cela ne fonctionne pas. Un véritableaccompagnement est indispensable. Les écoles etles parents doivent participer au financement car,d’expérience, cette action perd tout intérêt si elle estgratuite.Le financement rémunère également les prestationsdes artistes. Ce sont souvent, des femmes quifacturent leurs interventions 200 euros. L’écoled’accueil verse 50 euros. Lorsque la région estpauvre, nous augmentons notre propre contribution.En centre-ville, si les parents ont des rémunérationsplus élevées, ce n’est pas un problème de demanderune participation de 100 euros. Ces rencontres sontpossibles pour toutes sortes d’école, sur tout leterritoire, pour l’ensemble des classes d’âges de 6 à18 ans et dans tous les domaines artistiques : litté-rature, musique, photographie, danse, média, etc.L’architecture est un domaine artistique modeste.La plupart des enseignants se sentent plus à l’aiseen musique, par exemple, qu’en architecture. Nousorganisons chaque année environ 3200 rencontresen direction de 130000 enfants, avec 3200 ensei-gnants et 800 artistes, pour un budget opérationnelannuel de 145000 euros. Les initiatives tournéesvers l’école sont très nombreuses. Nous avonscréé le concours «Héritage culturel » auquel desécoles soumettent un projet censé promouvoir l’artcontemporain à l’école. Un jury sélectionne lesgagnants.La transmission architecturale en dehors de l’écolerepose toujours sur des initiatives montantes. Pourprésenter la fondation architecturale autrichienne,j’ai prévu des dépliants en français. Il existe une«maison de l’architecture» dans chaque région. Undes projets est l’architecture à l’école. La plupartdes Maisons de l’architecture sont expertes dans latransmission à un large public et dispose de pro-grammes pour les jeunes, souvent adaptés à desévénements d’actualité ou des sujets précis.Quelques régions disposent d’institutions spéciali-sées pour les jeunes publics. Elles sont privées maisne sont pas toujours liées à la profession.Il existe, depuis onze ans, une coopération entreKulturKontakt, la Fondation de l’architecture et laChambre des architectes et ingénieurs techniciens(l’équivalent de l’ordre des architectes en France).Nous travaillons également avec un institut parte-

Activités menées en ville par des élèves engagésdans un projet pédagogique en coopération entreune institution culturelle et un établissement scolaire

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naire pour la construction des écoles et aires dejeu. Tous les niveaux et tous les types d’école sontconcernés. Un concours entre les candidats sélec-tionne les candidats retenus. Les projets font ensuitel’objet d’une documentation. La coopération estintensive et son champ est très large. Les brochuressont traduites. Je les envoie sur demande. Parmiles projets réalisés, certains portent sur des écolesélémentaires, des jardins d’enfants, une écolespécialisée ou un musée. Les enfants travaillent parexemple sur des matériaux textiles. Un projet a étédéveloppé sous forme d’un jeu de construction enpapier-carton.Pour terminer, j’insisterai sur les nombreux pro-grammes de coopération, notamment P[ART], unprogramme de coopération entre écoles et institu-tions culturelles. Les enseignants rencontrent lesintervenants de ces institutions et confrontent leurspoints de vue. L’architecture est concernée maisaussi le théâtre, le cinéma, etc. Une autre coopéra-tion est très visible pour le grand public : « lesjournées de l’architecture». Elles ont lieu dans toutle pays, une fois par an. Il s’agit d’un événementnational unique avec plus de 30000 visiteurs endeux jours, qui vise à ouvrir l’architecture à un largepublic. Plus de 300 ateliers d’architecte y partici-pent et plus de 600 bâtiments sont visités. Dans toutle pays, pour la première fois l’an dernier, plus de40 activités pour le jeune public ont été organiséesà cette occasion et remarquées par la presse. ÀInnsbruck, les enfants ont fait le tour de la ville. ÀVienne, ils ont construit des maisons individuellesavant de réaliser une performance artistique dansun espace public très fréquenté. Nous avons réaliséun film de cette action.Trois écoles, à Vienne, permettent d’étudierl’architecture : l’Académie, l’Université techniqueet l’Université des arts appliqués. Elles s’occupentde la relation entre l’architecture et la science,notamment la seconde qui favorise une grande coo-pération interdisciplinaire. En été, il existe uneuniversité pour les enfants avec une initiation auxprojets de recherche. La médiation et les méthodesarchitecturales constituent aussi une disciplinescientifique qui est effectivement enseignée à l’uni-versité.Le dialogue doit devenir scientifique. Nos servicessont étroitement connectés. Depuis l’automne 2006,nous organisons des rencontres avec des collègues

autrichiens, allemands ou suisses. Nous avonsfondé, cet hiver, l’association de développement dela Baukultur. Nous éditons un journal à destinationdes enseignants, présentant toutes les initiatives desdifférents pays. Nous avons également réalisé unposter d’étude thématique sur les couleurs ou leséchelles, pour afficher dans les classes. Les infor-mations qui y figurent constituent des aides à laréalisation de projets.Cette année, nous fêtons les 150 ans de l’ingénierietechnique. L’ordre des architectes et des ingénieurstechniques y est évidemment partie prenante. Cesderniers ont des difficultés à sensibiliser les jeunespublics et ont sollicité notre aide, notamment àdestination des 10-14 ans. Nous créons maintenantdes outils pour l’enseignement. Nous envisageonsde développer l’architecture et la Baukultur dansl’école, l’ancrage de l’architecture dans l’enseigne-ment, la professionnalisation et les contacts avec lescollègues étrangers. Nous disposons de nombreuxcontacts avec l’étranger, surtout enAllemagne maisje crois que l’Autriche est plus avancée que l’Alle-magne à cet égard.Je pense que, d’ici quelques décennies, une réformeradicale de la vision des arts et des médias en ferontdes disciplines scolaires plus importantes que lesmathématiques. Mon exposé se termine par desremarques d’enfants ayant pris part à nos projets.Ils ont compris que l’architecture ne se limite pas àla construction de maisons, qu’elle nous touche touset, surtout, qu’elle « fait plaisir ».

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Karine TerralJ’ai visité des établissements scolaires, enAutriche,avec des ateliers de menuiserie et de cuisine.Comment la journée d’un élève autrichien est-elleorganisée ? J’ai cru comprendre que l’enseignementincluait une transmission de savoir-faire.Barbara Feller

Ce n’est pas le cas général. Il doit s’agir d’une écoleréservée aux visites des touristes ! L’école se termineà midi. Nous sommes en retard sur les autres paysd’Europe à ce titre. Peu d’écoles enseignent lacuisine et elles commencent tout juste à ouvrirl’après-midi.Karine Terral

Quelles sont les disciplines enseignées et les activitésde l’après-midi ?Barbara Feller

Tout dépend de l’école : mathématiques, allemand,anglais, français, histoire, géographie, musique, artsplastiques, biologie, chimie, physique, etc. L’après-midi, il peut s’agir de soutien scolaire ou d’activi-tés sportives, souvent financés par les communes.Karine Terral

Vous avez parlé d’artistes. Les architectes en font-ilspartie ?Barbara Feller

Les architectes comme les paysagistes sont desartistes. La situation de l’architecture varie selon lesrégions. L’ouest bénéficie d’exemples d’architecturecontemporaine plus nombreux que l’est du pays.Marie-Claude Derouet-Besson

Les journées de l’architecture sont-elles exclusivementtournées vers le contemporain ?Barbara Feller

Non, des excursions sont organisées à la maison deWagner. Il est possible d’entrer dans des maisonsqui sont fermées d’habitude.Marie-Claude Derouet-Besson

Cela ressemble un peu à nos Journées du patrimoine ?Barbara Feller

Non, nous avons aussi ces dernières, qui sont plusorientées vers la culture.Raphaële Héliot

Les architectes sont disponibles et mobilisés enAutriche pour l’action pédagogique ? En France,des CAUE ont expérimenté des actions mais j’ail’impression que les architectes ne sont guèredisponibles.

Marie-Claude Derouet-BessonEnAutriche, les architectes qui interviennent sont-ilsdes libéraux qui ont des agences et qui construisent ?Barbara Feller

La plupart sont des femmes qui disposent d’uneagence. Elles savent combien il est importantd’apporter l’architecture aux jeunes. Le Ministèren’organise rien de lui-même. Les personnes àl’origine de ces initiatives lui demandent des finan-cements. Le ministère de l’Éducation, de l’art et dela culture a néanmoins décidé que l’entrée dans lesmusées serait gratuite à partir du 1er janvier 2010pour tous les jeunes. Exceptée celle-ci, les initia-tives viennent de la base et remontent au ministère.Marie-Claude Derouet-Besson

Existe-t-il une commission de sélection ?Barbara Feller

Oui, les commissions organisent la sélection. Lesmaisons de l’architecture sont des structures libreset autonomes qui démarchent d’autres institutionsrégionales ou nationales.Karine Terral et Béatrice Auxent

Les architectes reçoivent-ils une formation particu-lière à la sensibilisation, dans les universités ? Existe-t-il des cours de communication ou d’explication ?Barbara Feller

Seule l’académie de Vienne propose un tel cours.EnAllemagne, une université au sud de Berlin pro-pose quatre semestres en post-graduate. Je croisque l’université de Karlsruhe commence à le pro-poser.Marie-Claude Derouet-Besson

Vous avez évoqué la recherche. S’agit-il de rechercheen architecture ou sur sa transmission ?Barbara Feller

La recherche en architecture est très courante etnous souhaitons maintenant privilégier la recherchesur la transmission architecturale. Nous en sommesaux prémices.Marie-Claude Derouet-Besson

Envisagez-vous des liens avec d’autres pays surcette question ?Barbara Feller

Nous avons des liens avec l’Allemagne mais cesliens sont difficiles avec d’autres pays.

Échanges

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POSTFACE

Ressources compétences et pratiques pédagogiques auprès des jeunes : une perspective durable ?Marie-Claude Derouet-Besson, Centre Paul Lapie, ENS de Lyon-Institut Français de l’Éducation

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Ressources, compétences, pratiques pédagogiques auprès des jeunes :une perspective durable ?

Marie-Claude Derouet-Besson,conseiller scientifique du Groupe Ressources, compétences,pratiques pédagogiques auprès des jeunes,Maître de conférenceÉcole Normale Supérieure de Lyon-Institut Français de l’Éducation

Dans ces Actes des séminaires de formation 2009-2010, plutôt que decommencer par une présentation de ses intentions, le collectif qui animece pôle «Ressources, compétences, pratiques pédagogiques auprès desjeunes» a choisi de revenir, en fin de parcours, sur quelques points d’uneannée ponctuée par ces journées de formation : les partenariats et lecroisement des regards, les approches et les avancées sur les thématiqueschoisies, enfin les chantiers à travailler.

Partenariats et croisementsCes quatre journées de formation dont cette brochure rend compte, se sontappuyées sur la démarche partenariale du pôle qui associe la Fédération nationaledes CAUE, le ministère de la Culture et de la Communication et l’InstitutNational de Recherche Pédagogique (aujourd’hui Institut Français de l’Éducationde l’ENS de Lyon). Conçue pour croiser préoccupations et regards sur la sensi-bilisation à l’AUEP et ses pratiques, en particulier auprès des jeunes publics,cette formation active a abordé la tension vive créée par deux préoccupationssimultanées : mieux traiter l'omniprésence du développement durable et mieuxrépondre à l’introduction de l’architecture et de l’urbanisme dans le nouvelenseignement, en France, de l’histoire des arts. Comment faciliter la circulationdes savoirs, des pratiques éducatives entre ces deux dimensions a priori trèsétrangères l’une à l’autre ?Ces quatre journées ont ouvert au domaine de la formation le dialogue, caracté-ristique du pôle, entre personnels des CAUE, enseignants associés de l’InstitutNational de Recherche Pédagogique et personnels ministériels : quels modesd’intervention privilégier auprès des publics jeunes autour de ces deux thèmesdont la co-présence interroge ? Elles ont inauguré une nouvelle complémentaritéentre deux aspects des activités du pôle, la formation et la production encommun. Il s’agissait, grâce à la mutualisation et à une organisation collectiveforte, d’apprendre à travailler moins sur certaines tâches déjà réalisées pard’autres et dont chacun enrichit sa pratique, pour libérer du temps et avancerplus vite sur d’autres tâches dont la production de ressources et d’outils utilisablespar tous.Cette année 2009-2010 a inauguré ce nouveaumoment d’évolution, d’informationet de réflexion partagées qu’est la formation annuelle de quatre fois un jour.Concrétisées par l’action fédérale, les nouvelles dispositions de la formationont permis, pour la première fois depuis la constitution du pôle, de défrayer lesparticipants. Ces journées classiques de formation professionnelle, ont été pro-longées, pour ceux qui le souhaitaient et le pouvaient, par un travail en communselon des procédures d’association adaptées aux impératifs des divers participants.

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Actes du 7e séminaire national de formation. Ressources, compétences, pratiques pédagogiques auprès des jeunes - 2009/2010LA PERSPECTIVE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE DANS LA SENSIBILISATION À L’ARCHITECTURE, À L’URBANISME ET AU PAYSAGE

Approches et dispositifLe canevas choisi pour chaque journée de formationassociait, autour d’une facette du thème général,l’intervention de spécialistes extérieurs, le travaild’un CAUE, celui d’un autre réseau de sensibilisa-tion et une approche institutionnelle. Commentd’autres organisations et structures culturelles abor-dent-elles des sujets en rapport avec l’AUEP,comment d’autres métiers participent-ils à la sensi-bilisation et à la diffusion dans ce domaine, avecdes contenus distincts de ceux des CAUE, commentfait-on dans d’autres pays ? Cette confrontation deconnaissances, d’expériences et de métiers, de pers-pectives et de politiques, l’analyse de l’actualité na-tionale et internationale, institutionnelle etassociative qui a émaillé chaque réunion, ont aidé àpréciser la conjoncture dans laquelle chacun inscritsa propre action, élargissant et approfondissant ainsile regard qu’il porte sur elle.Chaque journée a été consacrée à un aspect del’approche du développement durable dans lasensibilisation à l’architecture, l’urbanisme, lepaysage : «Patrimoine, ville paysage et nouvellesdonnées du développement durable», «L’œuvrecomme support de sensibilisation au développementdurable», «Les professionnels de la sensibilisationface à l’enjeu du développement durable» et«L’utilisation des SIG et le rapport au développe-ment durable dans la sensibilisation à l’architectureet à l’urbanisme». Les éclairages, volontairementvariés, internes et externes au mouvement CAUE,ont permis, à la fois, de mieux cerner les difficultésd’une prise en compte systématique du développe-ment durable dans toutes les activités de sensibili-sation à l’AUEPet de réfléchir sur des façons de faireefficaces pour différents publics dont les jeunes.Ces journées ayant été adossées aux réunions detravail destinées à conforter et à faire évoluer le voletpédagogie du site fédéral :www.fncaue.fr/pedagogie,les avancées ont été immédiatement réinvestiesdans sa mise en œuvre. Ce dispositif a facilité ledéveloppement des liens entre formation etproduction de ressources. Les apports des journées

de formation ont ainsi directement contribué àconstruire l’arborescence en matière d’environne-ment et de paysage développée à côté de la partie«architecture et urbanisme» tirée de la publicationde 50 Activités.Chantiers à travaillerSi la préoccupation du développement durable a étémieux intégrée au recensement et à la conceptionde ressources, en particulier pour les enseignants detechnologie confrontés en collège à un nouveauprogramme sur l’habitat ; si les contributions dupôle à l’Annuaire des ressources numérisées duministère de la Culture pour l’histoire des arts[www.histoiresdesarts.culture.fr] ont été nourriespar la formation, il reste sur ce point bien desprogrès à accomplir. Du fait de leur caractèresouvent descriptif, la majorité des ressourcesrecensées par le ministère reste assez axée surl’esthétique. Mettre en relief la transversalité despoints de vue caractéristique de l’approche desCAUE et intégrer, entre autres, le développementdurable, est toujours d’actualité.L’étape suivante devrait permettre la production encommun d’outils pédagogiques nouveaux qui n’apas encore été aussi loin que souhaité. L’évolutionde l’activité d’un grand nombre de CAUE versl’accompagnement de projets par des ressourcesconstituées, plus que par des interventions directes,incite à développer de tels outils, à concevoir uneinterface pédagogique pour utiliser les documentsmis à disposition. Il s’agit toujours, par exemplepour le public scolaire, de se saisir des opportunitésdes programmes de l’enseignement de l’histoire desarts ou de technologie pour diffuser l’approchetransversale des CAUE et de s’appuyer sur elle pourintégrer la dimension du développement durable.La partie pédagogie du site fédéral est par défini-tion un chantier perpétuel.

Au moment où la Fédération des CAUE conforteses priorités et repense ses pôles, cet ouvrage veuttémoigner de la vivacité et de la modernité du projetde sensibilisation des CAUE auprès du jeune public.

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Rédaction

Sous la direction de Marie-Claude Derouet-Besson,conseiller scientifique du groupe Ressources, compétences, pratiques auprès des jeunes de la FNCAUECentre Paul Lapie, ENS de Lyon-Institut Français de l’ÉducationCatherine Grandin-Maurin, directrice du CAUE du Rhône,secrétaire générale de l’URCAUE Rhône-AlpesKarine Terral, CAUE du Doubs, du Jura et de la Haute-Saône,animatrice du groupe Ressources, compétences, pratiques auprès des jeunes de la FNCAUE

Mise en forme graphique

Xavier Guillon, CAUE du Rhône

Transcription

Ubiqus

Crédits photographiques

Page 9 : cliché Françoise Miller ; pages 36, 38, 39 : clichés Dominique Gauzin-Muller ; pages 44 et 45 : clichés Marie-ClaudeDerouet-Besson; pages 46, 47 : clichés Romain Thévenet; pages 60 et 61, clichés Pixel ; pages 64-65 : clichés CAUE du Rhône;pages 81, 82, 83, clichés Barbara Feller.

Préparation éditoriale

Groupe Ressources, compétences, pratiques auprès des jeunes de la FNCAUELudivine Lesoin, FNCAUE

Édition

Ressources, compétences, pratiques pédagogiques auprès des jeunesPôle sensibilisationFédération nationale des CAUE

Direction de la publication

Serge Despeyroux, président de la Fédération nationale des CAUE

Impression

Imprimerie Chirat - 42540 Saint-Just-La-Pendue

Mai 2011

Fédération nationale des CAUE108-110 rue Saint-Maur75011 ParisTél. 01 43 22 07 82 – Fax 01 43 21 42 89www.fncaue.frwww.fncaue.fr/pedagogie/

Actes du 7e séminaire national de formation - 2009/2010Groupe Ressources, compétences, pratiques pédagogiques auprès des jeunes

LA PERSPECTIVE DU DÉVELOPPEMENT DURABLEDANS LA SENSIBILISATION À L’ARCHITECTURE, À L’URBANISME ET AU PAYSAGE

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LA PERSPECTIVE DU DÉVELOPPEMENT DURABLEDANS LA SENSIBILISATION À L’ARCHITECTURE,À L’URBANISME ET AU PAYSAGE

Actes du 7e séminaire national de formationGroupe Ressources, compétences, pratiques pédagogiques auprès des jeunes

Paris, 24 septembre 2009, 26 novembre 2009, 4 février 2010, 1er avril 2010

Sous la direction de Marie-Claude Derouet-BessonCentre Paul Lapie, ENS de Lyon-Institut Français de l’Éducation

Désormais partie intégrante d’un large pôle de sensibilisation au sein de laFédération nationale des CAUE, l’éducation des jeunes à l’architecture, l’urba-nisme et l’environnement reste une mission d’intérêt général pour l’ensembledes CAUE. Preuve en est la dynamique constante qu’a insufflée le collectif«Ressources, Compétences, Pratiques pédagogiques auprès des jeunes» depuisdes années, pour rassembler, mutualiser, diffuser, former aux différentes dé-marches que l’on peut entreprendre dans ce domaine.Après la publication de l’ouvrage 50 activités pour découvrir l’architecture etl’urbanisme avec les CAUE, il était indispensable de répondre aux attentes desministères de la Culture et de l’Éducation nationale par une réflexion méthodo-logique qui s’intéresse à la fois aux nouvelles orientations de l’enseignement del’Histoire des arts, mais aussi aux thématiques d’actualité qui suscitent de nom-breuses interrogations de la part d’enseignants de diverses disciplines. Ces actessont une première réponse. Ils réunissent le contenu de quatre journées deformation et d’échanges entre professionnels des CAUE, institutions, structureséducatives françaises et étrangères, qui ont rassemblé leur savoir et expertisesur la perspective du développement durable dans la sensibilisation à l’archi-tecture, l’urbanisme, au paysage.Une lecture indispensable pour tous ceux qui s’engagent dans une démarche pé-dagogique avec des jeunes mais aussi auprès de publics variés, associations,professionnels, élus.

Fédération nationale des Conseils d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement108-110 rue Saint-Maur

75011 ParisTél. 01 43 22 07 82 – Fax 01 43 21 42 89

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