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maison des écrivains étrangers et des traducteurs meeting L’aventure géographique RENCONTRES LITTERAIRES INTERNATIONALES Saint-Nazaire : Base sous-marine LiFE Entrée libre 17 au 20 novembre 2016 21 au 24 novembre à Paris et en Ile-de-France meet : 02 40 66 63 20 - www.meetingsaintnazaire.com

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maison des écrivains étrangers et des traducteurs

meeting

L’aventure géographiqueRENCONTRESLITTERAIRES

INTERNATIONALESSaint-Nazaire : Base sous-marine LiFE

Entréelibre

17 au 20 novembre 201621 au 24 novembre à Paris et en Ile-de-Francemeet : 02 40 66 63 20 - www.meetingsaintnazaire.com

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meet (mi : t) : v/t. rencontrer, aller à la rencontre de ; faire la connais-sance de ; fréquenter ; croiser (dans la rue) ; aller chercher (quelqu’un à la gare) ; satisfaire à ; répondre à (des désirs, des besoins) ; faire hon-neur à (ses engagements) ; confluer avec (rivières) ; v/i. se rencontrer ; se voir ; se réunir (société, gens) ; se joindre, confluer (rivières) ; trouver (un accueil).

Claude Lévi-Strauss écrivait il y a soixante ans que le voyage était déjà fini – jugement très excessif sans doute aux yeux des anthropologues et archéologues d’aujourd’hui qui découvrent encore des peuplades inconnues et des civilisations englouties.

Quant à la littérature de l’Europe, qui depuis toujours se nour-rit de l’ailleurs et de l’étranger, s’en va voir là-bas, comment en ce siècle est-elle confrontée à l’apparition de nouvelles barrières dressées devant l’arrivée des migrants, la question n’est pas nouvelle, et Hugo déjà depuis son exil s’élevait contre les fron-tières : « Étranger ? Que signifie ce mot ? Quoi, sur ce rocher j’ai moins de droits que dans ce champ ? Quoi, j’ai passé ce fleuve, ce sentier, cette barrière, cette ligne bleue ou rouge visible seu-lement sur vos cartes, et les arbres, les fleurs, le soleil ne me connaissent plus ? Quelle ineptie de prétendre que je suis moins homme sur un point de la terre que sur l’autre ! » Comment vivons-nous, écrivains français, polonais ou italiens, ce terrible déséquilibre, nos si faciles aller-retour partout sur la planète, quand l’aller simple est interdit à tant d’autres ? L’aventure géo-graphique nous est-elle interdite ou, au contraire, devons-nous plus encore continuer d’aller voir là-bas ?

Patrick Deville

- 3 -

PrésidentPatrick Bonnet

Directeur littérairePatrick Deville

CoordinatriceElisabeth Biscay

Assistante d’éditionAurélia Le Gallo

L’aventure géographiqueLettre aux invités du meeting

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Justyna Bargielska (Pologne)Jean-Luc Bertini (France)Alain Borer (France)Horacio Castellanos Moya (Sal-vador)Chantal Chen-Andro (France)Thierry Clermont (France)Mauro Covacich (Italie)Marie Darrieussecq (France)Roberto Ferrucci (Italie)

Justyna Bargielska (Pologne)Jean-Luc Bertini (France)Alain Borer (France) Horacio Castellanos Moya (El Salvador)Chantal Chen-Andro (France)Thierry Clermont (France)Mauro Covacich (Italie)Marie Darrieussecq (France)Roberto Ferrucci (Italie)Patrice Franceschi (France)J. A. González Sainz (Espagne)Cédric Gras (France)Simonetta Greggio (Italie)Gabriel Josipovici (Angleterre)

: Auteurs invités

- 5 - - 5 -- 4 -

Jean-Marie Laclavetine (France)Sébastien Lapaque (France)Edwin Madrid (Équateur)Jean-Pierre Morel (France)Wojciech Nowicki (Pologne)Ernest Pignon-Ernest (France)Jean-Christophe Rufin (France)Tiziano Scarpa (Italie)Filip Springer (Pologne)Olga Tokarczuk (Pologne) Felipe Troya (Équateur)André Velter (France)Wang Yin (Chine)

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- 7 -- 6 -

OUVERTURE DU MEETINGTable ronde :Littérature polonaise contemporaineJustyna Bargielska, Olga Tokarczuk, Filip Sringer, Wojciech Nowicki et Agnieszka Żuk Médiathèque Étienne Caux - Saint-Nazaire

18h00 :

21h00 : Film En partenariat avec le Théâtre - scène nationale et l’association Version OriginaleMaison des associations Agora 2 bis, avenue Albert de Mun - Saint-Nazaire

«Wesele» de Wojciech Smarzowski Film polonais - Drame/Comédie - 2004 « La Noce » raconte un mariage qui tourne en catastrophe. Le film a rempporté de nombreux prix dont la mention spéciale du Prix Jeunesse Jury au festival de Locarno.

J. Bargielska © Rozalia Furgal

Pendant les 4 joursVente et signature de livresPendant les rencontres, la librairie Vent d’Ouest propose les ouvrages des auteurs invi-tés et des livres se rapportant à la thématique des rencontres.

jeudi 17 novembre

Déjeuner avec les écrivains :Déjeuner proposé par Froggy Food ouvert au public avec les écrivains au Life (base sous-marine). Tarif / 20 euros - places limitées Sur réservation : 02 40 66 63 20 / meet LIFE - Base sous-marine

Autourdu

L’aventure géographique

12h30 :

dimanche 20 novembre

BarLe caviste Jean-Luc Danto propose comme chaque année une sélection de vins de Loire en dégustation.

Restauration Froggy Food La restauration mobile Froggy Food vous propose des plats à déguster sur place. [email protected] - Base sous-marine

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- 9 -- 8 -

Table ronde :L’aventure géographique Edwin Madrid, J. A. González Sainz, et Wojciech NowickiAnimée par Norbert CzarnyLIFE - Base sous-marine

15h00 :

: vendredi 18 novembre

Table ronde :Littérature italienne contemporaine Mauro Covacich, Roberto Ferrucci, J. A. Gon-zález Sainz, Simonetta Greggio et Tiziano ScarpaAnimée par Yann NicolLIFE - Base sous-marine

19h30 :

Simonetta Greggio © DR

Table ronde :L’aventure géographique Cédric Gras, Jean-Luc Bertini et Thierry ClermontAnimée par Alain NicolasLIFE - Base sous-marine

18h00 :

: samedi 19 novembre

Hommage à Ryszard Kapuscinski par Jean-Pierre Morel Ryszard Kapuściński est un écrivain et journaliste polonais né en 1932 à Pinsk, en Pologne (actuellement en Biélorussie), et mort en 2007 à Varsovie. Ce grand reporter polonais, l’un des plus traduits à l’étranger, est célèbre pour ses reportages réali-sés au cœur de l’Afrique et de ses populations, ses analyses du régime du chah d’Iran et ses descriptions de l’Europe commu-niste.LIFE - Base sous-marine

11h00 :

Table ronde :L’aventure géographique Alain Borer, Patrice Franceschi et Jean-Marie Laclavetine Animée par Damien Aubel en partenariat avec Transfuge LIFE - Base sous-marine

14h30 :

Dialogue :L’aventure géographique André Velter et Ernest Pignon-Ernest LIFE - Base sous-marine

16h15 :

Table ronde :Écrire à Saint-Nazaire Wang Yin, Chantal Chen-Andro, Roberto Ferrucci et Edwin Madrid Animée par Pascal JourdanaLIFE - Base sous-marine

17h30 :

Patrice Franceschi © V. Labadie

Cédric Gras © J. Falsimagne

programme

Prix Transfuge : Remise du prix français Meet/Transfuge à Jean-Marie Laclavetine et le prix Meet/Transfuge étranger à Olga Tokarczuk. LIFE - Base sous-marine

16h00 :

Ernest Pignon-Ernest © DR

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programme

- 11 -- 10 -

Table ronde :L’aventure géographique Horacio Castellanos Moya, Sébastien Lapaque et Wang Yin Animée par Alain NicolasLIFE - Base sous-marine

16h00 :

Table ronde :L’aventure géographique Mauro Covacich, Justyna Bargielska et Filip Sringer Animée par Pascal JourdanaLIFE - Base sous-marine

14h00 :

Jean-Christophe Rufin © G. Arestéanu

Horacio Castellanos Moya © Tusquets editores

André Velter et Olivier Deck © DR

Récital de poésie :Par vent portant

« Certains hommes espéraient entrer dans l’Histoire.Nous étions quelques uns à préférer

disparaître dans la géographie. »

Sylvain Tesson / Sur les chemin noirs

Lecture de poèmes sur le thème de l’aventure géogra-phique. Chansons interprétées par Olivier Deck, sur des textes d’André Velter et musiques d’Olivier Deck.LIFE - Base sous-marine

21h00 :

: dimanche 20 novembre

Dialogue :Jean-Christophe Rufin et Patrick Deville LIFE - Base sous-marine

11h30 :

Table ronde :L’aventure géographique Olga Tokarczuk, Simonetta Greggio et Tiziano Scarpa Animée par Pascal JourdanaLIFE - Base sous-marine

18h00 :

Olga Tokarczuk © DR

Dialogue :Marie Darrieussecq et Yann Nicol LIFE - Base sous-marine

19h30 :

Marie Darrieussecq © Y. Diener/P.O.L

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Les prix littéraires : Soutenu par la ville de Saint-Nazaire, le prix Laure-Bataillon/Courrier international de la meilleure œuvre traduite en français dans l’année sera remis à Gabriel Josipovici et à Bernard Hœpffner (traduction de l’anglais) pour le livre Infini, l’histoire d’un mo-ment, aux éditions Quidam, et le prix Laure-Bataillon classique à Alain van Crugten pour la traduction de Récits du treizième mois de Bruno Schulz paru aux éditions L’Âge d’homme.

Le prix de la Jeune Littérature Latino-américaine 2016 sera remis à l’auteur équatorien Felipe Troya pour son premier roman Écureuils. Animé par Yann Nicol LIFE - Base sous-marineCocktail en l’honneur des lauréats et des écrivains invités.

19h30 :

- 13 - - 12 -

: lundi 21 novembre

: mardi 22 novembre

Maison de la Chine Rencontre avec Wang Yin et la traductrice Chantal Chen-Andro. Tarif : 10 euros/Réservation au 01 40 51 95 00. Animée par Chantal Chen-Andro76, rue Bonaparte - 75006 Paris

17h00 : Lecture de poésie de Wang Yin :

Felipe Troya © José María Avilés

Un week-end à l’Est Avec Filip Springer Lieu à déterminer - renseignements : 02 40 66 63 20

Soirée :

Rencontre :Lycée Alfred Nobel Entretien entre Felipe Troya et les élèves. 20, allée de Gagny - 93390 Clichy-sous-Bois

13h30 :

Wang Yin © DR

programme Paris Ile-de-France

Gabriel Josipovici © DR

Lycée Léonard de Vinci de Bagneux Entretien entre l’auteur Felipe Troya et les élèves.5 avenue Henri Barbusse - 92220 Bagneux

13h00 : Rencontre :

Rencontre :Lycée Champlain Entretien entre Edwin Madrid et les élèves. 61, rue des Bordes - 94430 Chennevières-sur-Marne

10h00 :

19h30 :

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Rencontre :Institut culturel italien Mauro Covacich, Roberto Ferrucci, J. A. González Sainz, Tiziano Scarpa et Simonetta Greggio. En collaboration avec l’Institut cultu-rel italien de Paris. Istituto Italiano di Cultura di Parigi 50, rue de Varenne - 75007 Paris

19h00 :

Rencontre :Inalco - Institut national des langues et civilisations orientales Justyna Bargielska, Agnieszka Żuk, Filip Springer, Wojciech Nowicki65, rue des Grands Moulins - 75013 Paris

12h30 :

- 15 - - 14 -

Rencontre :Librairie La Tour de Babel Rencontre avec Mauro Covacich, Roberto Ferrucci, J. A. González Sainz, Simonetta Greggio et Tiziano Scarpa.10, rue du Roi de Sicile - 75004 Paris

19h00 :Roberto Ferrucci © DR

programme Paris Ile-de-France

Mauro Covacich © D. Zedda

Recontre / Lecture :Librairie Le Divan Entretien avec les écrivains Horacio Castella-nos Moya, Edwin Madrid et Felipe Troya. Animée par Alain Nicolas203, rue de la Convention - 75015 Paris www.librairie-ledivan.com

19h00 :

Lecture/vernissage :Édition Caractères Lecture de la poésie de Wang Yin et ver-nissage d’une exposition de ses photos en présence de sa traductrice Chantal Chen-Andro.7, rue de l’Arbalète - 75005 Paris

18h00 :

Remise de prix littéraire :Maison de la Poésie Remise du prix Laure-Bataillon/Courrier internatio-nal, meilleure œuvre traduite en français dans l’année à Gabriel Josipovici pour le livre Infini, l’histoire d’un moment, traduit de l’anglais (Angleterre) par Bernard Hœpffner aux éditions Quidam. Tarif : 5 euros et gratuit pour les adhérents à la Maison de la Poésie. Passage Molière - 157, rue Saint-Martin - 75003 Paris

19h00 :

: mercredi 23 novembre

Rencontre :Lycée Julie-Victoire Daubié Entretien entre Felipe Troya et les élèves. 9, rue Louis Massignon - 95100 Argenteuil

10h45 :

Bernard Hoepffner © DR

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Revue n°20 Panoramas littéraires bilinguesVenise/VarsovieDepuis 1997, la Maison des écrivains étrangers et des traducteurs publie chaque année un panorama littéraire international bilingue. Chaque numéro est consacré à deux villes ou deux littératures, mises à l’honneur lors du meeting de l’année.

Ce numéro 20 présente une série de quinze photogra-phies de Chrìstos Chryssòpoulos.

Édition Meet - 20 E

* Écrivains invités à Meeting.

/// les publications

Justyna Bargielska *

Gianfranco Bettin

Romolo Bugaro

Mauro Covacich *

Roberto Ferrucci *

Marco Franzoso

J. A. González Sainz *

Simonetta Greggio *

Bożena Keff

Dorota Masłowska

Marilia Mazzeo

Giovanni Montanaro

Wojciech Nowicki *

Tomasz Różycki

Tiziano Scarpa *

Piotr Sommer

Filip Springer *

Marcin Świetlicki

Olga Tokarczuk *

Magdalena Tulli

Agnieszka Żuk *

- 17 -- 16 -

programme Paris Ile-de-France

Rencontre :Maison de la culture YiddishRencontre avec Olga Tokarczuk, Phi-lippe Boukara et Jean-Yves Potel. 29, rue du Château-d’eau - 75010 Paris

19h30 :

: jeudi 24 novembre

Olga Tokarczuk © DR

Médiathèque Louis Aragon de Rosny-sous-BoisRencontre avec Simonetta Greggio. Centre Jean Vilar - 20 mail Jean-Pierre Timbaud - 93110 Rosny-sous-Bois

18h00 :

Rencontre :Maison de la Poésie Olga Tokarczuk, Justyna Bargielska, Agniesz-ka Żuk, Filip Springer et Wojciech Nowicki. Tarif : 5 euros et gratuit pour les adhérents à la Maison de la Poésie. Animée par Agnieszka Zuk Passage Molière - 157, rue Saint-Martin - 75003 Paris

19h00 :

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Recueil n°14L’aventure géographique Chaque année, la Maison publie à l’occasion des rencontres internationales littéraires meeting un recueil de textes iné-dits consacrés au sujet des rencontres, cette année « L’aven-ture géographique ». Édition Meet - 15 E

Filip Sringer Les pays avec et sans poussière

Wojciech Nowicki Albert

J. A. González Sainz L’aventure du voyage vers la tranquillité

Olga Tokarczuk Fin des voyages

Mauro Covacich Trieste, aventure géographique de la langue

Simonetta GreggioGéographies

Roberto FerrucciComme un paquebot

Tiziano Scarpa Je suis un chien qui aboie en pleine nuit

Wang Yin«Parce que» le nez du langage s’étend vers le largele secret découvre ses dentsl’aube fastueuse et dissipéesemble une nouvelle exhortation venue de la Bibleun cheval aux pattes de devant cassées ne peut que s’asseoirsur le pont à regarder le safran diviser les bancs de poissons

Recueil de poésie traduit du chinois par Chantal Chen-Andro.

Édition Les Bilingues, Meet 2016 - 15 E

© DR

- 19 - - 18 -

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Felipe Troya«Écureuils» Prix de la Jeune littérature Latino-américaine 2016

Le lendemain, c’était l’anniversaire de son petit-fils et, comme chaque année, mon oncle ne serait pas présent. Pour se faire pardonner son absence, il essayait de lui expliquer la situation. Il lui expli-quait qu’avoir une entreprise c’était une responsa-bilité énorme, particulièrement une entreprise à laquelle on avait tant donné. « C’est comme avoir un enfant de plus, » disait mon oncle à un gamin de neuf ans. « Un jour tu comprendras tout cela, parce qu’un jour, tu seras l’héritier de l’Empire Familial. » C’était là le nom extravagant que Fer-nando donnait à son entreprise d’installation et d’entretien de piscines : Empire Familial.

Roman traduit de l’espagnol (Équateur) par Françoise Garnier.

Édition Les Bilingues, Meet 2016 - 15 E

© José María Avilés

Les rencontres de Fontevraud«Pour Julio Cortázar» Centenaire Cortázar Meet-La Marelle

La Maison des écrivains étrangers et des traducteurs a organisé en 2014 trois évènements majeurs pour célé-brer le centenaire de la naissance de l’écrivain argen-tin Julio Cortázar, en partenariat avec la Mel et la Villa La Marelle : en avril à Marseille, en mai à l’abbaye de Fontevraud et en novembre à Paris. L’ouvrage sous la direction de Sylvie Protin rassemble l’intégralité des rencontres.

Édition Les Rencontres de Fontevraud, Meet 2016 - 20 E

Julio Cortazar © DR

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Justyna Bargielska Justyna Bargielska, poétesse et romancière vit à Varsovie. Le style de Bargielska se distingue par un langage cru et sensuel où dominent l’absurde et l’humour macabre : elle s’intéresse particulièrement à la corporalité qu’elle montre sous ses divers aspects, comme la sexualité, la maternité ou la mort. Elle a publié deux romans : Obsoletki en 2010 (éditions Czarne) et Petits renards, Les Allusifs, 2016. Elle est également auteure de plusieurs recueils de poèmes dont Nudelman, éd. Biuro Lite-rackie, 2014. Lauréate du prestigieux prix littéraire Gdynia en 2010 et en 2011, elle a également été nommée, tant pour sa poé-sie que pour sa prose, pour de nombreuses autres distinctions, dont la plus importante en Pologne, le prix Nike.

///

En traduction française : Nudelman, (extrait) dans la revue meet n°20 Venise/Varsovie, meet, 2016Petits renards, Les Allusifs, 2016

© Rozalia Furgal

/// les invités

Jean-Luc Bertini Jean-Luc Bertini est photographe indépendant, spécialisé dans le portrait. Son travail est régulièrement publié dans la presse (Le Monde, L’Obs, Libération, L’Express, ELLE, Rolling Stone, Le Magazine littéraire…). Passionné de littérature, il a cofondé la revue la Femelle du Requin, qui vient de fêter son vingtième anniversaire avec un livre, Vertiges de la lenteur, paru en 2015 aux éditions du Tripode. Il est également l’auteur, avec Olivier Rolin qui signe le texte, de Solovki, la bibliothèque perdue aux éditions Le Bec en l’air et de Carnets d’Amérique aux éditions Bulles de Savon. En septembre dernier est également paru Amérique, des écrivains en liberté aux éditions Albin Michel (texte d’Alexandre Thiltges).

///

Quelques titres :La Femelle du Requin, revue

Solovki, la bibliothèque perdue, Le Bec en l’air, 2014

Vertiges de la lenteur, collectif, Tripode, 2015

Carnets d’Amériques, Bulles de savon, 2015

Amérique des écrivains en liberté, Albin Michel, 2016

© Bertini

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Alain BorerAlain Borer, né en 1949, est un écrivain et poète français. Spécialiste d’Arthur Rimbaud, il est aussi professeur à l’École supérieure des Beaux-Arts de Tours depuis 1979 et exception-nellement professeur en littérature française à University of Southern California depuis 2005 . Chevalier (1985) puis officier (1991) des Arts et Lettres, président du Printemps des poètes, Alain Borer a reçu le prix Édouard Glissant 2005 décerné pour l’ensemble de son œuvre. Après le prix Joseph Kessel pour son roman Koba (2003), il est lauréat en 2008 du 70e prix Apolli-naire, le « Goncourt de la poésie » pour Icare & I don’t (Seuil). Son livre De quel amour blessée. Réflexions sur la langue fran-çaise a été récompensé par le prix François Mauriac 2015 et le Grand prix Deluen de l’Académie française 2015.

///

Quelques titres :Koba, roman, Seuil, coll. « Fiction & Cie », 2002 (prix Joseph-Kessel 2003)

Rimbaud en Abyssinie, Seuil, coll. « Fiction & Cie », 1984, réédition 1991, édition revue et augmentée, Points-Seuil, 2004

Icare & I don’t, théâtre, Seuil, 2007 (prix Guillaume-Apollinaire 2008)

De quel amour bléssée, coll. Blanche, Gallimard, 2014 (Grand prix Deluen de l’Académie française 2015 - Prix François Mauriac 2015)

© Hélie Gallimard

Horacio Castellanos MoyaIl est né en 1957 au Honduras, mais il a vécu la majeure partie de sa vie au Salvador. Il a été journaliste à Mexico, a enseigné à Pittsburg et à Tokyo. Son œuvre, à l’écriture vive, mélange folie, violence et humour, comprend dix romans en majorité publiés aux éditions Les Allusifs dont La Mort d’Olga Maria (2004), L’homme en arme (2005), Le bal des vipères (2007). Aux éditions Métailié, sont publié La Servante et le catcheur en 2013 et une suite en 2015, ainsi qu’un un dernier roman Le Rêve du retour (2015).

///

En traduction française :L’Homme en arme, Les Allusifs, 2005

Déraison, Les Allusifs, 2006 Le Bal des vipères, Les Allusifs, 2007Là où vous ne serez pas, Les Allusifs, 2008 Effondrement, Les Allusifs, 2010La Servante et le catcheur, Métailié, 2013

Le Rêve du retour, Métailié, 2015

© Leandro Teysseire

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Chantal Chen-Andro Maître de conférence honoraire de l’université Paris 7-Diderot, elle est membre de l’équipe de recherche de CRCAO (Centre de recherche sur les civilisations d’Asie orientale, UMR 8155-CNRS/ EPHE/ Paris VII/ Collège de France). Elle a participé à de nombreux colloques sur la littérature chinoise contemporaine, en a organisé ; elle a publié une trentaine d’articles sur des sujets rattachés à ce domaine de recherche. Traductrice de poètes et de romanciers chinois contemporains (une cinquantaine d’œuvres), elle est également chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres.

///

Quelques titres : La Maison sur l’estuaire, de Yang Lian, meet, 2001

Fragments et chants d’adieu, de Song Lin, meet, 2006

Poèmes de Saint-Nazaire, de Duo Duo, meet, 2008

Anthologie de la poésie chinoise, collectif, Gallimard, 2015

Un mot de trop est tenace, de Wang Yin, Caractères, 2015

D’autres choses, de Yu Xiang, Caractères, 2016

Le clan des chiqueurs de paille, de Mo Yan, Seuil, 2016

Parce que, de Wang Yin, meet, 2016

© DR

Thierry ClermontÉcrivain, critique littéraire au Figaro né en 1966, il vit à Paris. Il a publié plusieurs recueils de poésie, dont Jubilate ! Poèmes pour soprano (La Différence, 2010) et Le Rire des belettes, préface de René de Obaldia (Naïve, 2012). En 2010, il a com-posé une anthologie critique, Le goût de la Bretagne (Mer-cure de France). Son récit vénitien, San Michele (Seuil), a été finaliste du prix Femina, catégorie essai, en 2014. La même année, il a édité et préfacé les Lettres du palazzo Barbaro de Henry James (Bartillat), puis Voyage en Italie de Cha-teaubriand (Rivages). En 2015, San Michele a remporté le Prix Méditerranée, catégorie essai. Il est également secrétaire du Prix Casanova et juré du Prix Récamier.

///

Quelques titres :Brooklyn : sketches, Maelström/City Lights, 2005

Le goût de la Bretagne, anthologie littéraire, Mercure de France, 2010

Jubilate ! Poèmes pour soprano, La Différence, 2010

Prises d’élan, Obsidiane, 2011

Le goût du Canada, anthologie littéraire, Mercure de France, 2012

Le Rire des belettes, suivi de La nuit défend le jour, Naïve, 2012

San Michele, Seuil, coll. « Fiction & cie », 2014 - Prix Méditerranée (essai)

© DR

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Mauro CovacichMauro Covacich est né en 1965 à Trieste. Il a publié plusieurs essais Storia di pazzi e di normali (Theoria, 1993 ; Laterza, 2007) et Trieste sottosopra (Laterza, 2006 paru en France en 2014 aux éditions Le Jardin d’Essai sous le titre Trieste sens des-sus dessous) ; des romans nommés « Il ciclo delle stelle » paru chez Einaudi : A perdifiato (2003), Fiona (2005), Prima di spa-rire (2008), A nome tuo (2011) ainsi que des recueils de nou-velles, Anomalie (Mondadori, 1998 ; Bompiani, 2015) et La sposa (Bompiani, 2014).

///

En traduction française :Trieste sens dessus dessous, Le Jardin d’Essai, 2014

Tintorello, dans la revue meet n°20 Venise/Varsovie, meet, 2016

Trieste, aventure géographique de la langue, dans L’aventure géographique, meet, 2016

© Daniela Zedda

Marie DarrieussecqÉcrivain et psychanalyste née en 1969 au Pays Basque, elle est l’auteur d’une œuvre littéraire dense, lauréate en 2013 du Prix Médicis pour Il faut beaucoup aimer les hommes. Auteur d’une thèse sur l’autofiction, elle puise ses influences littéraires chez Franz Kafka ou dans la littérature antique, comme Ovide dont elle a traduit les Tristes et les Pontiques (2008).

///

Quelques titres : Truismes, P.O.L, 1996 Le Pays, P.O.L, 2005Zoo, P.O.L, 2006

Mrs Ombrella et les musées du désert, Scali, 2007

Tom est mort, P.O.L, 2007

Péronille la chevalière, Albin Michel Jeunesse, 2008 Clèves, P.O.L, 2008Il faut beaucoup aimer les hommes, P.O.L, 2013 - prix Médicis 2013Être ici est une splendeur, P.O.L, 2016

© Y. Diener P.O.L

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Roberto FerrucciÉcrivain et journaliste né à Venise en 1960, ses romans ont reçu de nombreux prix en Italie. Il est notamment l’auteur de Ça change quoi ? aux éditions du Seuil, préfacé par Antonio Ta-bucchi, un roman Sentiments subversifs (Meet, Les Bilingues, 2010) et en 2016, un récit Venise est lagune (La Contre Allée). Il écrit pour l’édition vénitienne du Corriere della Sera, pour Il Manifesto et Il Fatto Quotidiano, donne parfois des articles à L’Humanité, traduits par Thomas Lemahieu. Il est par ailleurs le traducteur italien de Jean-Philippe Toussaint et Patrick Deville. Il a effectué une résidence à la Meet de Saint-Nazaire en 2008 et a participé aux rencontres de Fontevraud « Pour Tabucchi » et à « meeting » n°8 Franchir la frontière. Il a dirigé la partie italienne de la revue meet n°20 Varsovie/Venise.

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En traduction française :Frontières intimes, dans Franchir la frontière, meet, 2010

Sentiments subversifs, Les Bilingues, meet, 2010

Ça change quoi ?, Seuil, coll. « Fiction & Cie », 2010

Venise est lagune, préface de Patrick Deville, La contre allée, 2016

Revue meet n°20 Venise/Varsovie, collectif, meet, 2016

Comme un paquebot, dans L’aventure géographique, meet, 2016

© Dahuim, Paik

Patrice Franceschi Écrivain, aviateur et marin, Patrice Franceschi partage sa vie entre écriture et aventure. Ses romans, nouvelles, récits, poé-sie ou essais sont inséparables d’une existence engagée, libre et tumultueuse, où il tente « d’épuiser le champ du possible ». En 2015 il a reçu le prix Goncourt de la nouvelle pour Première personne du singulier.

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Quelques titres :La grande aventure de La Boudeuse, Tome 1, Plon, 2008

De l’esprit d’aventure, Éditions de l’Aube, J’ai lu, 2011

Avant la dernière ligne droite, Points, 2013

Le regard du singe, co-auteur avec Gérard Chaliand et Sophie Mousset, Poche, 2013

Mourir pour Kobané, Éditions des Équateurs, 2015

Première personne du singulier, Points, 2015 - Prix Goncourt de la nouvelle 2015

Il est minuit, monsieur K, Points, 2016

© Valérie Labadie

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J. A. González Sainz J. A. Gonzáles Sainz est né en Espagne en 1956. Il a été pro-fesseur à l’université de Venise de 1981 à 2015. Il a publié chez Anagrama Los encuentros en 1989, Un mundo exasperado en 1995, Volver al mundo en 2003, Ojos que no ven en 2010 et en-fin El viento en las hojas en 2014. En version numérique, chez Terra Ferma, en 2014 est paru Due.città, deux nouvelles sur Venise et Trieste.

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En traduction française :Venise ou l’art d’exposer, dans la revue meet n°20 Venise/Varsovie, meet, 2016

L’aventure du voyage vers la tranquillité, dans L’aventure géogra-phique, meet, 2016

© DR

Cédric Gras Cédric Gras est un écrivain et voyageur français né à Saint-Cloud en 1982. Il a vécu et voyagé dix années entre la Russie et l’Ukraine et a notamment créé et dirigé l’Alliance française de Donetsk, dans le Donbass, jusqu’à la guerre. Il est l’auteur de trois ouvrages chez Phébus et a publié chez Stock L’hiver aux trousses (2015). Il a été nominé pour le prix Bouvier en 2014 qui récompense les ouvrages d’écrivains voyageurs. L’hiver aux trousses a reçu le prix Alphonse de Montherot 2015 de la Société de Géographie ainsi que la Toison d’Or du livre d’aven-ture au Festival international du film d’aventure de Dijon 2015.

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Ses parutions : Vladivostok : neiges et moussons, Phébus, 2011

Le Nord, c’est l’Est : aux confins de la Fédération de Russie, Phébus, 2013

Le cœur et les confins, Phébus, 2014

L’hiver aux trousses, Stock, 2015 - Réédition Folio, 2016

Anthracite, Stock, 2016

© J. Falsimagne

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Simonetta Greggio Simonetta Greggio est née à Padoue, en Italie. Écrivaine de langue française, son premier roman La douceur des hommes (2005), a été consacré par le magazine Lire parmi les vingt meilleurs livres de l’année. Depuis, elle a publié huit autres ro-mans et deux recueils de nouvelles. Black Messie (Stock, 2016) est son dernier ouvrage.

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Quelques titres :Les mains nues, Stock, 2008 - Livre de poche 2010

Dolce Vita 1959-1979, Stock, 2010

L’odeur du figuier, nouvelles, Flammarion, 2011 - Prix Messardière 2011

L’homme qui aimait ma femme, Stock, 2012

Les Nouveaux Monstres 1978-2014, Stock, 2014

Femmes de rêve, bananes et framboises, Flammarion, 2015

Black Messie, Stock, 2016

Rivages, dans la revue meet n°20 Venise/Varsovie, meet, 2016

Géographies, dans L’aventure géographique, meet, 2016

© DR

Gabriel JosipoviciGabriel Josipovici est né à Nice en 1940, de parents russo-ita-liens, romano-levantins, qui passent les années de guerre dans un village des Alpes françaises. Il étudie de 1950 à 1956 en Égypte au Victoria College du Caire, avant d’émigrer avec sa mère en Angleterre. Il fait des études d’anglais au St Edmund Hall d’Oxford. Il a enseigné à l’université du Sussex à Brighton de 1963 à 1998, où il est professeur-chercheur à l’École supé-rieure des sciences humaines. Il a été auparavant professeur à la chaire Weidenfeld de littérature comparée à Oxford. Josipo-vici a publié plus d’une douzaine de romans, trois recueils de nouvelles et un certain nombre d’ouvrages critiques. Ses pièces ont été montées en Grande-Bretagne, et diffusées à la radio en France et en Allemagne. Son œuvre a été traduite dans les principales langues européennes ainsi qu’en arabe. Il collabore régulièrement au Times Literary Supplement. Il est membre de la British Academy et de la Royal Society of Literature.

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En traduction française : Deuxième personne à la fenêtre, Ulysse-Fin de siècle, 1988 Contre-jour : Triptyque d’après Pierre Bonnard, Gallimard, 1989 Moo Pak, Quidam éditeur, 2010 Tout passe, Quidam éditeur, 2011 Goldberg : Variations, Quidam éditeur, 2014

Infini, l’histoire d’un moment, Quidam éditeur, 2016 - Prix Laure Batail-lon/Courrier international 2016

© DR

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Jean-Marie Laclavetine Né à Bordeaux en 1954, Jean-Marie Laclavetine est un éditeur, romancier et nouvelliste français. Il est également traducteur de l’italien : Alberto Savinio, Giuseppe Antonio Borgese… En 1991, il entre au comité de lecture des Éditions Gallimard. Parmi ses œuvres : Première ligne (Gallimard, Prix Goncourt des Lycéens 1999), Le voyage au Luxembourg (Gallimard), pièce créée par Miou-Miou au Théâtre de Chaillot en janvier 2000, Œil pour œil (argument pour une chorégraphie de J.C. Mail-lot, création par les Ballets de Monte-Carlo en avril 2001), Le Pouvoir des Fleurs (Gallimard, 2002), Nous voilà (Gallimard, 2009, Prix du roman historique des Rendez-vous de l’histoire de Blois).

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Quelques titres :Donnafugata, Gallimard, 1987 - Prix Valery-Larbaud

En douceur, Gallimard, 1991 - Prix François-Mauriac

Le Rouge et le Blanc, Gallimard, 1994 - Prix de la Nouvelle de l’Acadé-mie française 1995

Première Ligne, Gallimard, 1999 - Prix Goncourt des lycéens

Nous voilà, Gallimard, 2009 - Prix du roman historique des Rendez-vous de l’histoire de Blois

Paris mutuels, éditions Labranche, 2012

Et j’ai su que ce trésor était pour moi, Gallimard, 2016

© Héllie/Gallimard

Sébastien Lapaque Né en Allemagne en 1971, Sébastien Lapaque est romancier, essayiste et critique au Figaro littéraire. Parmi ses publications, Les Idées heureuses (Actes Sud, 1999, prix François Mauriac de l’Académie française) et Mythologie française (Actes Sud, 1998, Goncourt de la nouvelle). Une suite de voyages au Brésil lui ont inspiré un essai d’histoire littéraire : Sous le soleil de l’exil, Georges Bernanos au Brésil 1938-1945 (Grasset, 2001), Court voyage équinoxial (Sabine Wespieser Éditeur, 2003), Le Goût de Rio de Janeiro (Mercure de France, 2004) et La Convergence des alizés (Actes Sud, 2012). Écrivain aux curio-sités multiples, il a également publié de nombreuses préfaces, des livres de cuisine avec le chef béarnais Yves Camdeborde (Room Service, Actes Sud, 2006), des essais consacrés à la vigne et au vin, un pamphlet contre le président de la République (Il faut qu’il parte, Babel, 2012), ou encore ses journaux (Au ha-sard et souvent, contre-journal, Actes Sud, 2010 et Autrement et encore, contre journal, Actes Sud, 2013).

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Quelques titres :

Les Barricades mystérieuses, Actes Sud, coll. «Babel Noir», 1998

Les Idées heureuses, Actes Sud, 1999

Les Identités remarquables, Actes Sud, 2009

La Convergence des alizés, Actes Sud, 2012 / En poche, coll. « Babel », 2013

Théorie d’Alger, Actes Sud, 2016

© Marc Melki

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Edwin MadridEdwin Madrid est né en 1961 en Équateur. Poète, il a écrit de nombreux recueils dont Mordiendo el frío (Espagne, 2004), récompensé par le prix de la poésie hispano-américaine en Espagne. Le recueil Au Sud de l’équateur a reçu le prix unique de Poésie du ministère de la Culture et du Patrimoine de l’Équateur en 2013. Ses poèmes ont été publiés dans un grand nombre d’anthologies de poésie contemporaine hispano-américaine, parmi les plus récentes : Poesía Latinoamericana hoy (Ediciones fósforo, 2011), Cuerpo Plural (Pre-Textos, 2010). Éditeur de Poesía completa, español/inglés, de Jorge Carrera Andrade (2003), il a dirigé la publication du livre Antología poesía ecuatoriana del Siglo XX (Visor, 2007) ainsi que Línea Imaginaria, antología de la poesía ecuatoriana (LOM, 2015). Il a également dirigé l’atelier d’écriture créative de la Maison de la Culture équatorienne à Quito. Actuellement, il dirige la collection « poésie » des éditions Línea Imaginaria. En 2011, il est venu en résidence à la Meet de Saint-Nazaire et a participé aux rencontres littéraires internationales Meeting n°10 en novembre 2012, Quito/Dublin.

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En traduction française : Je ne veux rien dire : sur mon œuvre poétique, dans Ça ne veut pas rien dire, meet, 2012

Chocolats, poésie et rébellion, dans la revue meet n°16 Quito/Dublin, meet, 2012

Au Sud de l’équateur, Les Bilingues, meet, 2016

© DR

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Jean-Pierre Morel Jean-Pierre Morel, né en 1940 à Belfort, à deux pas de l’usine Alstom, est professeur émérite de littérature comparée à l’université Sorbonne nouvelle-Paris III. Il a publié Le Roman insupportable (Gallimard, 1985), Heiner Müller. L’Hydre et l’ascenseur (Circé, 1996), Dos Passos (Belin, 1998), trois livres sur les rapports entre littérature et révolution au XXe siècle. Il a coédité Le Siècle de Kafka (Centre Georges-Pompidou, 1984), présenté Le Procès et Le Château dans la collection « Foliothèque » (1998 et 2008) et codirigé le colloque international Kafka de Cerisy en 2010. Il a traduit des textes de Brecht (L’Arche), Marina Tsvetaeva (Actes Sud), Alexander Kluge (Théâtrales et P.O.L) et Heiner Müller (Éditions de Minuit, L’Arche, Théâtrales, C. Bourgois). Derniers titres, en collaboration : Dans le dehors du monde : exils d’écrivains et d’artistes au XXe siècle (Presses Sorbonne nouvelle, 2010) et Franz Kafka (Cahiers de l’Herne, 2014).

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Quelques titres : Le Siècle de Kafka, Centre Georges-Pompidou, 1984

Le Roman insupportable, Gallimard, 1985

Heiner Müller. L’Hydre et l’ascenseur, Circé, 1996

Dos Passos, Belin, 1998

Dans le dehors du monde : exils d’écrivains et d’artistes au XXe siècle, collectif, Presses Sorbonne nouvelle, 2010

Franz Kafka, Cahiers de l’Herne, 2014

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Wojciech Nowicki Wojciech Nowicki est né en 1968. Écrivain, journaliste et commissaire d’expositions photographiques, il habite à Cracovie. Il tient une chronique culinaire dans l’édition cracovienne du quotidien Gazeta Wyborcza. Il est l’auteur d’essais culinaires Stół jaki jest. Wokół kuchni w Polsce (éd. Musée Ethnographique à Cracovie, 2011), d’essais sur la photographie : Dno oka (éd. Czarne, 2010, nommé pour le prix littéraire Nike), Odbicie (éd. Czarne, 2015). Salki (Greniers, éd. Czarne, 2013), lui a valu le prestigieux prix littéraire Gdynia. Ce récit de nombreux voyages est autant une flânerie dans l’espace que dans le temps. Nowicki extraie du passé l’histoire de sa famille originaire des confins Est de la Pologne et victime des déplacements forcés de population à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. En relatant leurs souvenirs, leurs craintes et leurs griefs, il dépeint un tableau universel du déracinement, de la nostalgie et de la peur.

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En traduction française :Greniers, (extrait) dans la revue meet n°20 Venise/Varsovie, meet, 2016

Albert, dans L’aventure géographique, meet, 2016

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Ernest Pignon-Ernest Ernest Pignon-Ernest, pseudonyme d’Ernest Pignon, est un artiste plasticien né en 1942 à Nice. Il est un des initiateurs, avec Daniel Buren et Gérard Zlotykam de l’art urbain en France. Ernest Pignon-Ernest vit et travaille à Paris. Depuis plus de trente ans il appose des images sur les murs des cités.

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Quelques titres :Ernest Pignon-Ernest, la monographie, André Velter, Galerie Lelong, 2007

Ernest Pignon-Ernest, extases, André Velter, Actes Sud, Galerie Lelong, 2008 - rééd. sous le titre Pour l’amour de l’amour. Figures de l’extase, Gallimard, 2015

Ernest Pignon-Ernest, face aux murs, Galerie Lelong, 2010

Ernest Pignon-Ernest, André Velter, Gallimard, 2014

Dans la lumière déchirante de la mer, Pasolini assasiné, avec Karin Espinosa, André Velter, Actes Sud, 2015

Ceux de la poésie vécue, André Velter, Actes Sud, 2016

© DR

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Jean-Christophe Rufin Jean-Christophe Rufin est né en 1952 à Bourges. Médecin, historien, écrivain, et diplomate français, il a été élu en 2008 à l’Académie française, dont il devient alors le plus jeune membre. Ancien président d’Action contre la faim, il a été ambassadeur de France au Sénégal et en Gambie. Jean-Christophe Rufin a consacré plus de vingt ans de sa vie à travailler dans des ONG au Nicaragua, en Afghanistan, aux Philippines, au Rwanda et dans les Balkans. Cette expérience du terrain l’a conduit à examiner le rôle des ONG dans les situations de conflit, notamment dans son premier essai, Le Piège humanitaire (1986), un essai sur les enjeux politiques de l’action humanitaire et les paradoxes des mouvements « sans frontières » qui, en aidant les populations, font le jeu des dictateurs, et dans son troisième roman, Les Causes perdues (1999). Pour son œuvre littéraire il a reçu de nombreux prix dont le prix Goncourt en 2001 pour Rouge Brésil.

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Quelques titres :Les Causes perdues, Gallimard, 1999 – prix Interallié 1999, Prix littéraire de l’armée de terre - Erwan Bergot 1999 ; rééd. sous le titre Asmara et les Causes perdues en « Folio ».

Rouge Brésil, Gallimard, 2001 - Prix Goncourt 2001 et Grand prix de l’Académie de marine 2001

Immortelle Randonnée : Compostelle malgré moi, éditions Guérin, 2013 - Prix Nomad’s 2013

Check-point, Gallimard, 2015 - Prix Grand Témoin 2015

© G. Arestéanu

Tiziano Scarpa Tiziano Scarpa est né à Venise en 1963. Il a écrit plusieurs ro-mans, nouvelles, essais et pièces de théâtre. En 2000 paraît son petit guide de Venise intitulé Venise est un poisson (Christian Bourgois Éditeur, 2010). Il a obtenu le prestigieux prix Strega pour son roman Stabat Mater (Einaudi, 2008 ; Christian Bour-gois Éditeur, 2011). Son dernier roman est Il brevetto del geco (Einaudi, 2016).

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En traduction française : Venise est un poisson, Christian Bourgois, 2002 - rééd. 2010Stabat Mater, Christian Bourgois, 2011 - Prix Strega 2008

L’immersion, dans la revue meet n°20 Venise/Varsovie, meet, 2016

Je suis un chien qui aboie en pleine nuit, dans L’aventure géographique, meet, 2016

© DR

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Filip Springer Filip Springer est né en 1982 et vit à Varsovie. Reporter et photographe, il a introduit l’architecture dans le reportage littéraire polonais. Dans ses ouvrages, il embrasse la perspective de l’utilisateur de l’architecture – habitant ou simple passant – l’arrachant ainsi des bras des spécialistes.Dévoilant les coulisses de ses investigations, il confronte différentes relations d’un même événement, révèle des témoignages et des documents jusque-là inconnus. Il s’intéresse entre autres au rôle des mécanismes sociaux et économiques dans la détermination de la fonction et de la forme finales des réalisations architecturales mais également à l’impact que peut avoir l’architecture sur les relations sociales et sur le comportement humain. Springer est l’auteur de plusieurs ouvrages portant sur l’architecture contemporaine polonaise et sur celle de la Pologne Populaire. Il a été nommé pour de nombreux prix littéraires dont le prix Ryszard Kapuściński décerné au meilleur reportage littéraire.

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En traduction française :Ferment, dans la revue meet n°20 Venise/Varsovie, meet, 2016

Les pays avec et sans poussière, dans L’aventure géographique, meet, 2016

© DR

Olga Tokarczuk Olga Tokarczuk est née en 1962. Romancière et auteure de nouvelles, elle est double lauréate du prix Nike (équivalent po-lonais du Goncourt). Son dernier roman Księgi Jakubowe (Les livres de Jakób), prix Nike 2015, a suscité un immense intérêt de la part des critiques, des historiens, du public et a provoqué une vive émotion dans les milieux nationalistes polonais. Ce roman historique de neuf cents pages retrace l’histoire mécon-nue des Frankistes, secte messianique juive qui s’est dévelop-pée en Pologne au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Plusieurs œuvres de Tokarczuk ont été adaptées au théâtre et au cinéma.

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En traduction française :Dieu, le temps, les hommes et les anges, Robert Laffont, 1998

Maison de jour, maison de nuit, Robert Laffont, 2001

Les Pérégrins, Noir sur Blanc, 2010 - Prix Nike 2008

Sur les ossements des morts, Noir sur Blanc, 2012

Les livres de Jakób, (extrait) dans la revue meet n°20 Venise/Varsovie, meet, 2016

Fin des voyages, dans L’aventure géographique, meet, 2016

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Felipe Troya Felipe Troya d’origine équatorienne a passé son enfance à Durham, en Caroline du Nord et à Quito. Il a suivi des études de communication et de littérature à l’Université catholique pontificale d’Équateur. Après avoir obtenu une thèse sur le roman policier, il a travaillé comme correcteur de textes et lecteur pour la maison d’édition el Conejo et en tant que pro-fesseur d’anglais pour l’Université de Loja. Écureuils est son premier roman et a été récompensé par le prix de la Jeune Lit-térature latino-américaine 2016.

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En traduction française :Écureuils, Les Bilingues, meet, 2016

© José María Avilés © Patrice Normand

André Velter André Velter, né en 1945 dans les Ardennes, est un poète, essayiste, chroniqueur et homme de radio français. Il partage son activité entre les voyages au long cours et la mise en résonance des poésies du monde entier. Sur France Culture, il a créé Poésie sur Parole. Il a également animé Agora (de 1995 à 1998), Poésie Studio (de 1997 à 1999) et les Poétiques, enregistrées chaque mois en public au Théâtre du Rond-Point, avec Claude Guerre (de 1995 à 1999). Orphée Studio, poésie d’aujourd’hui à voix haute, livre-témoignage sur l’expérience des Poétiques a été publié en Poésie/Gallimard. Ses chroniques littéraires dans Le Monde s’attachent surtout à l’Orient. Il dirige la collection Poésie/Gallimard et, aux éditions Phébus, la revue Caravanes. Résolument attaché à la « voix haute », il tente d’inventer une oralité nouvelle, créant régulièrement avec comédiens et musiciens de vastes polyphonies. Il a reçu de nombreux prix littéraires, dont le « Goncourt/Poésie » en 1996.

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Quelques titres :L’Arbre-Seul, Gallimard, 1990, repris en Poésie/Gallimard, 2001 - Prix Mallarmé

Le Haut-Pays, Gallimard, 1995 - Prix Goncourt de Poésie 1996

L’amour extrême et autres poèmes pour Chantal Mauduit, Poésie/Gallimard, 2007 - Prix des Découvreurs

Jusqu’au bout de la route, livre-récital avec Gaspar Claus, Gallimard, 2014

Ceux de la poésie vécue, Pignon Ernest-Ernest, Actes Sud, 2016

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Wang Yin Wang Yin est né à Shanghai en 1962. Diplômé de l’École nor-male de Shanghai, il commence à publier dans des revues au début des années quatre-vingt. Après une période d’ensei-gnement, Wang Yin se consacre au journalisme. Il a signé des documentaires dont La longue marche, Cent ans de Shanghai, primés respectivement en 1995 et en 1998. En 2009, il a été invité à Paris dans le cadre du Printemps des poètes et reçu en résidence à la Maison des écrivains et des traducteurs à Saint-Nazaire en 2010. En 2014, il est venu au Salon du Livre dans le cadre de Shanghai, ville invitée. Ses photographies, dans le droit fil de sa poésie, laissent la porte ouverte sur l’interroga-tion et le doute. Le lien entre les deux arts est assuré également par l’emprunt que fait Wang Yin aux techniques de l’art pho-tographique : isolement du sujet, jeu sur la distance et sur la mise au point.

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En traduction française :Le ciel en fuite, anthologie, éditions Circé, 2004

Revue Europe «Nouvelle poésie chinoise», nov. déc. 2012 - n°1003-1004

Ville de silence, éditions Caractères, 2014

Un mot de trop est menace, éditions Caractères, 2015

Parce que, Les Bilingues, meet, 2016

© DR

Damien Aubel, rédacteur en chef du magazine culturel Trans-fuge.

Norbert Czarny est professeur de Lettres. Longtemps critique à la Quinzaine littéraire, il l’est désormais pour En attendant Nadeau. Collaborateur régulier de l’École des Lettres. Il est l’auteur d’un récit, Les Valises, publié en 1989 chez Lieu Com-mun, et de postfaces à trois classiques : Jacques le Fataliste, Le Rouge et le Noir, Le Père Goriot collection L’école des lettres au Seuil. Il est aussi l’auteur de l’édition abrégée du Journal d’Hélène Berr dans la collection Points du Seuil.

Pascal Jourdana, chroniqueur littéraire. Il est directeur artis-tique de La Marelle, lieu de programmation et de résidences littéraires à Marseille.

Alain Nicolas, ancien responsable des pages « Livre » de L’Hu-manité, il est aussi l’animateur du Village de Livre de la Fête de l’Huma.

Yann Nicol, chargé de programmation de la Fête du Livre de Bron, journaliste culturel et modérateur de rencontres lit-téraires.

Agnieszka Zuk est traductrice, spécialisée en littérature et en sciences humaines. Agrégée de polonais, elle a enseigné la langue et la littérature polonaise au sein des universités de Nancy 2 et de Paris IV-Sorbonne ainsi qu’au Lycée Montaigne à Paris. Elle a dirigée la partie polonaise de la revue meet n°20 Venise/Varsovie (2016).

Kamil Barbarski, interprète de polonais.

Victoria Bazurto, interprète d’espagnol.

Françoise Garnier, universitaire et traductrice de l’anglais (Gary Snyder, Norma Cole, Eleni Sikelianos, etc.) et de l’espa-gnol (María Negroni, Julio Ricci, Jesús Vargas, etc.).

Ewa Pawlikowska, interprète de polonais.

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les intervenants

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meeting n°1 : Le lecteur idéal Alger/La HavaneLes publications : Le Lecteur idéal, recueil de textesRevue meet n°7 Alger/La HavaneQueen Mary 2 & Saint-Nazaire, ouvrage trilingue

meeting n°2 : Les bonheurs de Babel Pékin/IstanbulLes publications : Les Bonheurs de Babel, recueil de textesRevue meet n°8 Pékin/Istanbul

meeting n°3 : L’Invention du livre São Paulo/Le CapLes publications : L’invention du Livre, recueil de textesRevue meet n°9 São Paulo/Le Cap

meeting n°4 : Lectures lointaines Mexico/SarajevoLes publications : Lectures Lointaines, recueil de textes Revue meet n°10 Mexico/SarajevoLoire & Océan, ouvrage collectif bilingue

les éditions précédentes

meeting n°5 : Avoir vingt ans Tokyo/LuandaLes publications : Avoir Vingt Ans, recueil de textesRevue meet n°11 Tokyo/Luanda

meeting n°6 : L’Histoire ou la Géographie Le Caire/VancouverLes publications : L’Histoire ou la Géographie, recueil de textesRevue meet n°12 Le Caire/VancouverYing Chen, Impressions d’étéAntônio Dutra, Jours de FaulknerEnrique Vila-Matas et Jean Echenoz, De l’imposture en littérature

meeting n°7 : Se donner un genre Copenhague/MadridLes publications : Se donner un genre, recueil de textesRevue meet n°13 Madrid/CopenhagueArmand Gatti, Ces canards qui volaient contre le ventAsli Erdogan, Je t’interpelle dans la nuitJohn Burnside, Chasse nocturne

meeting n°8 : Franchir la frontière Bruxelles/MoscouLes publications : Franchir la frontière, recueil de textesRevue meet n°14 Bruxelles/MoscouHåkan Lindquist, Trois nouvelles au bord de l’eauJuan Carlos Mondragón, Le centre de carèneRoberto Ferrucci, Sentiments subversifs

meeting n°9 : La mémoire juste Phnom Penh/Porto RicoLes publications : La mémoire juste, recueil de textesRevue meet n°15 Phnom Penh/Porto RicoAnna Kim, Figure du souvenirJoanna Laurens, La Reine de cœurEduardo Halfon, Saturne

meeting n°10 : Ça ne veut pas rien dire Quito/DublinLes publications : Ça ne veut pas rien dire, recueil de textesRevue meet n°16 Quito/Dublin Mario Campaña, Avant ils arrivaient en train Martín Felipe Castagnet, Les corps de l’été Collectif, De l’autre côté du vin

meeting n°11 : Comme en quatorze Athènes/Santiago Les publications : Comme en quatorze, recueil de textesRevue meet n°17 Athènes/Santiago Sara Rosenberg, Ceci n’est pas une boîte de Pandore Ronaldo Menéndez, Contes cannibales Marta Leonor Gonzáles, Colombes équilibristes

meeting n°12 : Dire la ville Bogotá/Beyrouth Les publications : Dire la ville, recueil de textesRevue meet n°18 Bogotá/Beyrouth Eugène Savitzkaya, Capolican Faruk Šehić, Sous pression

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meeting n°13 : Traduire la vie Séoul/Port-au-Prince Les publications : Traduire la vie, recueil de textesRevue meet n°19 Séoul/Port-au-Prince César Ramiro Vásconez, Terre trois fois maudite

Retrouvez en ligne les vidéos des précédentes rencontres littéraires Meeting, des interviews d’écrivains et des

traducteurs venus en résidence, des rencontres :www.meetingsaintnazaire.com

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La Maison des écrivains étrangers et des traducteurs de Saint-Nazaire accueille en résidence des écrivains et des traducteurs du monde entier. Elle leur alloue une bourse et met à leur disposition un grand appartement au sommet du Building, au-dessus du port et des Chantiers de l’Atlan-tique.

Elle organise chaque année, le troisième week-end de no-vembre, les rencontres littéraires internationales meeting.

Cette manifestation est soutenue par la ville de Saint- Nazaire, le Conseil général de la Loire-Atlantique, le Conseil régional des Pays-de-la-Loire, le Conseil régional Île-de-France, la Sofia, la Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature et le Centre National du Livre.

Avec le soutien de la Région des Pays-de-la-Loire et du Centre National du Livre, la Maison des écrivains étrangers organise chaque printemps Les Rencontres de Fontevraud, rencontres internationales dans l’abbaye de Fontevraud.

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meet & meeting

meet (mi : t) : v/t. rencontrer, aller à la rencontre de ; faire la connaissance de ; fréquenter ; croiser (dans la rue) ; aller chercher (quelqu’un à la gare) ; satisfaire à ; répondre à (des désirs, des besoins) ; faire honneur à (ses engagements) ; confluer avec (rivières) ; v/i. se rencontrer ; se voir ; se réunir (société, gens) ; se joindre, confluer (rivières) ; trouver (un accueil).

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Président Patrick Bonnet Directeur littéraire Patrick Deville Coordina-trice Elisabeth Biscay Assistante d’édition Aurélia Le Gallo

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www.meetingsaintnazaire.comNewsletterInscrivez-vous !

La Maison des écrivains étrangers propose, sur son site, de nombreuses informations à l’attention de tous.

Retrouvez en ligne les vidéos des précédentes ren-contres littéraires Meeting, des interviews d’écri-vains et des traducteurs venus en résidence.

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Un fonds de ressources en libre accès

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LES OUTILS POUR COMPRENDRE. LES MOTS POUR SE DÉFENDRE.

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l’Humanité Jeudi 17 septembre 201520

Le rendez-vous des livresCulture&Savoirs

Jane sautière P. 21Stations (entre les lignes)

Marie cosnay P. 22Cordelia la guerre

Jean-yVes MoLLier P. 23Une autre histoire de l’édition française

L’espérance révolutionnaire de Louise Michel fut celle d’un siècle. Née deux mois avant les journées de juillet 1830 qui virent se rallumer le brasier de la Révolution française, son existence s’acheva, à presque

soixante-quinze ans, le 9 janvier 1905 à Marseille.

La publication, aux éditions La Découverte, du second tome de ses Mémoires (1), ainsi que la réédition de ses Souvenirs (2) sur la Commune de Paris, sont l’occasion de redécouvrir ce personnage que Victor Hugor déclara « viro major », « plus grande qu’un homme », insti-tutrice, militante inflexible et incorruptible, journaliste, écrivain et poète.

« La Mégère, la Pétroleuse, le Monstre à face humaine »Au lendemain de la Semaine sanglante,

elle fait partie des milliers de communards condamnés par les conseils de guerre à la déportation. Après avoir passé deux ans en prison, elle demeure sept années en Nouvelle-Calédonie. Sur la presqu’île Ducos tout d’abord, à Nouméa ensuite, sa peine commuée en « dé-portation simple ». En Nou-velle-Calédonie, elle se lie avec les habitants par l’in-termédiaire de Daoumi, Kanak travaillant pour l’ad-ministration française. Elle recueille les légendes et chants kanaks et prend fait et cause, en 1878, pour le soulèvement des Mélanésiens contre la spoliation de leurs terres par les colonisateurs.

« La Mégère, la Pétroleuse, le Monstre à face humaine, tels sont les noms que plusieurs générations de bourgeois ont mis à côté de son nom », écrivit Henri Barbusse. Les premiers qui caricaturèrent ainsi la com-battante du Comité de vigilance de Mont-martre et l’animatrice du Club de la Révolution à l’église Saint-Bernard qui fut des ultimes combats de la Commune ne

furent pas les derniers à se presser pour admirer les têtes coupées des chefs kanaks rebelles envoyés par le gouverneur Jean-Baptiste Olry pour la troisième Exposition universelle de Paris. Les 500 survivants du massacre colonial seront vendus comme esclaves à des négriers. Autre « bienfait » local de la colonisation, oubliés sans doute par ses « héritiers », leurs femmes et leurs enfants seront abandonnés comme butin aux troupes. « Eux aussi luttaient pour leur indépendance, pour leur vie, pour la liberté. Moi, je suis avec eux, comme j’étais avec le peuple de Paris, révolté, écrasé et vaincu », écrit Louise Michel. Elle reprend son métier d’institutrice à Nouméa peu de temps avant l’amnistie complète des communards ob-tenue en 1880. Elle avait refusé la sienne l’année précédente.

Fille illégitime de Clément Demahis et de Marie-Anne Michel, domestique au château de Vroncourt-la-Côte, dans la Haute-Marne, Louise Michel reçoit une éducation

mêlant Lumières républicaines et Arts romantiques entourée de son

« grand-père » Étienne-Charles Demahis et de sa « grand-mère » Louise-Charlotte. Elle évoque les années passées auprès d’eux dans le « nid » de son en-fance aux quatre tours car-rées, en ruine presque, au début du premier tome de

ses Mémoires (3). Comme sou-vent, sinon toujours, sa prose est

parsemée de poésies et de chansons. À vingt et un ans, elle devient institutrice et enseigne une année à l’école libre d’Au-deloncourt avant de se rendre à Paris. « École libre, comme on disait », sinon, « il eût fallu prêter serment à l’Empire », écrit-elle. Elle ne le fit jamais. Le coup d’État du 2 décembre 1851 de Louis Napoléon Bona-parte avait mis la République sous le joug du plébiscite et exilé Victor Hugo avec lequel Louise Michel, jeune poète, avait engagé une correspondance. À Paris, elle enseigne rue du Château-d’Eau, puis à Montmartre.

Elle suit des cours d’instruction populaire à la rue Hautefeuille. Républicaine « rouge », elle ravive la cause du féminisme, défend une pédagogie anti-autoritaire et laïque et adhère au socialisme. Elle rencontre Vallès, Varlin, Rigault, Ferré. Blanqui est enfermé. L’Empire s’épuise et s’enlise. Le drapeau noir et rouge flotte sur la marmite et quand, au lendemain de la défaite de Sedan, le Parti de l’ordre et la République « modérée » complotent pour vendre la France à l’Al-lemagne, les travailleurs allemands aux Junkers prussiens et saxons et ceux de France aux Maîtres des mines et des forges, elle est en première ligne pour défendre les hauteurs de Montmartre, le 18 mars 1871.

Une activité militante dans les rangs de l’anarchismeLe second tome des Mémoires de Louise

Michel, inédits depuis leur publication sous forme de feuilletons en 1890 dans le journal l’Égalité, reviennent sur son activité

La publication de deux des ouvrages majeurs de la combattante de la Commune de Paris, militante républicaine, socialiste et anarchiste, est

l’occasion d’une redécouverte de son œuvre à la fois littéraire et politique.

Louise Michel, rouge fleur

de germinal

Portrait de Louise MicheL (1830-1905). Photo FototeCa/Leemage

œiLLets rouges et fLeurs de niaouLi

Dans le film évoquant les années de déportation de Louise michel en Nouvelle-Calédonie, Sólveig anspach fixe une scène où Sylvie testud, dans le rôle-titre, chante avec ses compagnons de déportation la Canaille, d’alexis Bouvier et de Joseph Darcier, une chanson d’avant la Commune. Un film à voir ou à revoir à l’odeur de cerisier et de niaouli, l’arbre de Kanaky. « Ils fredonnaient la marseillaise / Nos pères les vieux vagabonds / Attaquant en quatre-vingt-treize / Les bastilles dont les canons / Défendaient la vieille muraille. » Francesca Solleville l’a chantée de manière magistrale : « Que de trembleurs ont dit depuis : / – “C’est la canaille !” – Eh bien ! j’en suis ! » J. s.

Louise Michel la rebelle, Solveig Anspach, DVD, 90 minutes, 2008.

« dans Les derniers

teMPs de L’eMPire,Lorsque Le PeuPLe s’éVeiLLait, rouge œiLLet, ce fut ton

sourire qui nous dit que tout renaissait. »

Louise MicheL

Jeudi 27 août 2015 l’Humanité 15

Culture&Savoirs

Le rendez vous des livres

RENTRéE liTTéRaiRE P. 16

Les tendances marquantes

SoRj chalaNdoN P. 17

Profession du père

claRo P. 18

Crash-test

Boussole, de Mathias énard.

Actes Sud, 400 pages, 21,80 euros.

Comment vous êtes-vous inté-

ressé à l’orientalisme ?

MaThiaS éNaRd J’ai étudié

l’arabe et le persan à l’Institut

national des langues et civi-

lisations orientales (Inalco),

je suis l’héritier de cette tra-

dition. Quand j’étais encore dans la voie

universitaire, j’étais fasciné par la vision de

l’autre, le double miroir entre l’Est et l’Ouest

et par ce courant orientaliste, la description

des voyageurs dont parle Edward Saïd

(intellectuel palestino-américain, mort en

2003 – NDLR). Tout ce qu’on tient pour

acquis dans la vision de l’autre n’est-il pas

une entreprise de domination ? Saïd ouvre

un champ plus qu’il ne met un point définitif

à la question. Mais il a été crucial pour nous

d’ouvrir les yeux. J’ai beaucoup travaillé

cette question, essentielle pour moi, ces dix

dernières années.

Quel a été le point culminant de ce

mouvement ?

MaThiaS éNaRd L’apogée est à la charnière

du XXe siècle, vers 1890-1910. En musique,

avec le Nancéien Florent Schmitt, en art,

avec la fin du mouvement pompier dont

l’orientalisme rêvé n’a plus rien à voir avec

celui sur le motif des débuts. À la toute fin

du XIXe siècle, à partir des festivités d’ou-

verture du canal de Suez, le voyage en

Orient est devenu un lieu commun.

Est-ce que Boussole forme un ensemble

avec vos livres précédents ?

MaThiaS éNaRd Parle-leur de batailles, de

rois et d’éléphants aborde l’orientalisme

comme moment artistique, le contact es-

thétique entre l’Est et l’Ouest, l’intérêt des

Ottomans pour l’art occidental et l’archi-

tecture italienne. Le point de vue de Rue

des voleurs est très contemporain : l’Europe

ou le monde arabe vu par la jeunesse. Bous-

sole entre dans le vif du sujet, et essaie de

voir la question de plus haut.

Même si le projet est ancien, le livre est-il

une réponse à l’actualité récente ?

MaThiaS éNaRd Malheureusement oui, c’est

aussi un geste politique. En écrivant ce

livre, j’étais sans cesse rattrapé par l’ac-

tualité, l’horreur de la guerre. Au moment

où j’ai écrit les scènes de Palmyre, Daech

était encore loin. Mais je pense qu’il fallait

montrer ou rappeler que

l’islam et l’Orient ne sont

pas que violence aveugle et

bêtise absolue, que nous

sommes tous un peu orien-

taux. On ne peut pas nier

cette violence, que les frères

Kouachi criaient « Allah

Akbar ! ». Mais pour beau-

coup, en Europe, la peur

empêche de voir tout ce

qu’il y a de musulman en

nous.

Les personnages vont en Syrie à l’époque

d’Hafez Al Assad, ce qui a été votre cas.

Vous décrivez une assez grande liberté

laissée aux chercheurs…

MaThiaS éNaRd Par rapport à l’Iran, c’était

flagrant, il y avait beaucoup de chercheurs

étrangers en Syrie. Et tout le monde s’ac-

commodait plus ou moins du régime. Je

n’y suis pas retourné depuis la guerre,

j’aurais pu, mais c’était absurde et dange-

reux, je ne suis pas journaliste. Mais je suis

allé partout autour, au Li-

ban, en Turquie, j’ai des

contacts avec les Syriens,

on essaie d’aider les exilés

à parvenir en Europe. La

destruction du Moyen-

Orient, petit à petit, pays

par pays, est un des grands

drames de ce début de

XXIe siècle. L’Irak est en

guerre depuis 1980.

Aujourd’hui, si on se pose la question des

frontières entre l’Europe et l’Orient, c’est

passionnant et impossible ?

MaThiaS éNaRd Oui, parce que l’Europe est

une chose mixte, on oublie qu’il y a des

musulmans européens de souche, même si

l’expression est horrible. L’islam d’Europe

existe depuis des centaines d’années, en

Bosnie, en Albanie, l’Espagne a été musul-

mane, la Sicile aussi, il y a de grands poètes

arabes de Sicile et de Valence. On peut vrai-

ment parler d’une construction commune.

Le concept qui, pour moi, définirait le mieux

le livre est l’interdépendance, tout est lié,

comme disent les bouddhistes.

Votre corpus documentaire est énorme,

comment l’avez-vous constitué ?

MaThiaS éNaRd J’ai travaillé sur le roman

pendant cinq ans. Il fallait en savoir le plus

possible et avoir un spectre très large : des

missionnaires, des peintres, des scienti-

fiques, des écrivains, des traducteurs… et

faire un échantillon représentatif mais qui

reste romanesque, fluide. Je craignais de

faire un livre indigeste, un annuaire. Dans

chaque discipline, je n’ai gardé que quelques

figures, pas forcément les plus connues, qui

étaient des points de rencontre, comme

l’Autrichien Hammer-Purgstall, qui a côtoyé

Beethoven, qui relie Balzac, Goethe, la Styrie,

la marche de l’Empire. Une rue de Vienne

porte son nom parce qu’il a fondé l’Académie

des sciences, mais son travail d’orientaliste

est complètement oublié.

Est-ce pour canaliser cette érudition que

vos personnages sont des universitaires ?

MaThiaS éNaRd Oui en partie, mais il existe

un roman de la science, du savoir, et

L’auteur de Zone parle de l’islam, de l’interdépendance entre Europe et Orient, et du roman contemporain.Mathias Énard : « Nous sommes

tous un peu orientaux »

MaThiaS éNaRd : « EN écRivaNT cE livRE, j’éTaiS SaNS cESSE RaTTRaPé PaR l’acTualiTé, l’hoRREuR dE la guERRE. » phOtO JOËL SAGEt/Afp

« Au moment

où j’ai écrit

les scènes

de Palmyre,

Daech était

encore loin. »

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ment parler d’une construction commune.

Le concept qui, pour moi, définirait le mieux

le livre est l’interdépendance, tout est lié,

comme disent les bouddhistes.

Votre corpus documentaire est énorme,

comment l’avez-vous constitué

hiaS éNaRd J’ai travaillé sur le roman

pendant cinq ans. Il fallait en savoir le plus

possible et avoir un spectre très large

missionnaires, des peintres, des scienti

fiques, des écrivains, des traducteurs… et

faire un échantillon représentatif mais qui

reste romanesque, fluide. Je craignais de

faire un livre indigeste, un annuaire. Dans

chaque discipline, je n’ai gardé que quelques

figures, pas forcément les plus connues, qui

étaient des points de rencontre, comme

l’Autrichien Hammer-Purgstall, qui a côtoyé

Beethoven, qui relie Balzac, Goethe, la Styrie,

la marche de l’Empire. Une rue de Vienne

porte son nom parce qu’il a fondé l’Académie

des sciences, mais son travail d’orientaliste

est complètement oublié.

Est-ce pour canaliser cette érudition que

vos personnages sont des universitaires

MaThiaS éNaRd Oui en partie, mais il existe

un roman de la science, du savoir, et

Nous sommes

ERRE. » phOtO JOËL SAGE

Jeudi 3 septembre 2015 l’Humanité 17Jeudi 3 septembre 2015 l’Humanité 17

Le rendez-vous des livresCulture&Savoirs

Laurent binet P. 18

La Septième Fonction du langage

anaLyse P. 19

La fiction est-elle fatiguée ?

Mathieu Larnaudie P. 20

Notre désir est sans remède

Vous avez beaucoup hésité

avant d’écrire l’Imposteur.

Craigniez-vous de justifier

Enric Marco, parce que

« comprendre c’est presque

justifier », comme l’écrit

Primo Levi ?

Javier CerCas Mon principal scrupule était

d’écrire le meilleur livre possible. L’imposture

de Marco est injustifiable, même si quelques

personnes ont essayé de le faire. Quant à la

phrase de Levi – qui est peut-être l’ange

tutélaire de ce livre –, elle entre en contra-

diction avec la majeure partie de son œuvre

qui n’est, ni plus ni moins, qu’une tentative

de comprendre comment l’Holocauste fut

possible. Comprendre n’est pas justifier,

c’est plutôt le contraire ; c’est le premier

devoir d’un écrivain.

Pourquoi Enric Marco n’a-t-il pas été dé-

masqué avant 2005 ?

Javier CerCas Marco racontait ce que les gens

voulaient entendre. Sa version des camps

nazis, de la guerre et de l’après-guerre était

édulcorée, épique, sentimentale, consolatrice,

idéale pour les médias car il manquait ce que

Primo Levi appelait les « zones grises », ces

lieux terribles où les victimes se transforment

en bourreaux et vice versa. Marco offrait de

l’histoire récente une version kitsch, la falsi-

fication commerciale de la vérité historique,

l’équivalent pour l’histoire et la mémoire de

l’industrie culturelle en tant que falsification

de la culture dont parlent Adorno et Horkhei-

mer. Une autre raison tient à ce que je quali-

fierais de transformation des victimes en héros,

caractéristique de notre époque. Les victimes

du nazisme, du franquisme, du terrorisme

méritent toute notre compassion, notre sou-

tien, mais ce ne sont pas nécessairement des

héros. Ce livre est une réflexion abondante

sur le sujet : un héros, c’est quelqu’un qui dit

Non quand tout le monde dit Oui. La victime

est passive ; le héros est actif.

L’Espagne post-franquiste était-elle un

terrain favorable à l’émergence d’une telle

imposture ?Javier CerCas La conscience du nazisme, de

la déportation et de l’Holocauste est très

faible en Espagne (peu d’Espagnols sont

capables de faire la distinction, qui est ca-

pitale). Une autre raison est qu’à la fin de la

Seconde Guerre mondiale, les déportés

espagnols ne sont pas retournés dans leur

pays, ils n’ont pas pu adhérer à des associa-

tions, on a perdu leur trace. Certes, on a

recensé de fausses victimes du nazisme, des

imposteurs de l’Holocauste, mais je ne

connais aucun imposteur de la déportation,

à part en Espagne.

L’affaire Marco est symptomatique de la loi

sur la mémoire historique initiée par le

gouvernement Zapatero, adoptée en 2007,

de quoi s’agit-il ?

Javier CerCas Je n’aime pas cette expression,

elle me paraît confuse. J’aime encore moins

ce qu’on appelle en Espagne le « Mouvement

de réappropriation de la mémoire historique »

qui aurait dû en réalité s’appeler « Mouve-

ment de la réappropriation de la mémoire

des victimes du franquisme » (ou de la mé-

moire républicaine). Ce mouvement, qui a

commencé au début du XXIe siècle, était

absolument juste et nécessaire, parce qu’il

voulait dédommager les victimes du fran-

quisme, affronter notre passé le plus noir et

toutes ses conséquences. Mais il a en grande

partie échoué, les fosses communes n’ont

pas été ouvertes, les villes et places portent

toujours le nom de Francisco Franco, El Valle

de los Caídos existe toujours. C’est en partie

dû à la droite mais aussi à la gauche qui s’est

livrée à une instrumentalisation politique

du passé et a transformé la mémoire histo-

rique en industrie.

Marco est l’homme de plusieurs impostures

qui suivent les grands événements de

l’histoire de l’Espagne au XXe siècle. Que

raconte-t-il de votre pays ?

Javier CerCas Marco n’a pas seulement menti

au sujet de son séjour dans un camp nazi, il a

menti sur toute sa vie. Il est, selon moi, le

Maradona ou le Picasso de l’imposture. Le

plus extraordinaire, c’est que sa vraie vie est

bien plus intéressante que celle qu’il s’est

inventée. Mais elle est prosaïque, médiocre,

lâche, et parfois sanglante : elle est, ni plus ni

moins, la véritable histoire de l’Espagne.

Marco est comme l’Homme des foules d’Edgar

Allan Poe, celui qui va dans le sens de la ma-

jorité : anarchiste quand tout le monde l’est,

s’accommodant du franquisme quand tout

le monde le fait, se réinventant antifranquiste

pendant la transition démocratique, etc. Il

est tout le contraire d’un héros.

L’icône antifranquiste, porte-parole des survivants espagnols de l’Holocauste, était un imposteur, démasqué en 2005 par un jeune historien espagnol.

En écrivant sur Enric Marco, Javier Cercas signe un magistral « récit du réel » qui est aussi une réflexion sur le réel et sur la fiction en littérature.

Javier Cercas : « Enric Marco est le Picasso de l’imposture »

Le syndiCaListe CataLan enriC MarCo, en Mai 2003, au CaMP de Mauthausen (autriChe). PHOTO AFP

Javier CerCas a obtenu

Le Prix Méditerranée

étranger 2014 Pour les lois de

la Frontière, et anatomie

d’un instant a été ConsaCré Livre

de L’année 2009.

biograPhie

Javier Cercas est né

en 1962 à Caceres,

en Espagne. Il est l’auteur

de romans, de recueils

de chroniques et de récits.

Ses romans, traduits dans

une trentaine de langues,

ont connu un large succès

international. Il a publié

en France, aux Éditions

Actes Sud, les Soldats

de Salamine (2002),

À petites foulées (2004),

À la vitesse de la lumière

(2006), Anatomie

d’un instant (2010), les Lois

de la frontière (2014)

et l’Imposteur (2015).

l’Humanité 17

des livresP. 20

Notre désir est sans remède

l’histoire de l’Espagne au XX

raconte-t-il de votre pays ?Marco n’a pas seulement menti

au sujet de son séjour dans un camp nazi, il a

menti sur toute sa vie. Il est, selon moi, le

Maradona ou le Picasso de l’imposture. Le

plus extraordinaire, c’est que sa vraie vie est

bien plus intéressante que celle qu’il s’est

inventée. Mais elle est prosaïque, médiocre,

lâche, et parfois sanglante: elle est, ni plus ni

moins, la véritable histoire de l’Espagne.

l’Homme des foules d’Edgar foules d’Edgar foules

Allan Poe, celui qui va dans le sens de la ma-

: anarchiste quand tout le monde l’est,

s’accommodant du franquisme quand tout

le monde le fait, se réinventant antifranquiste

pendant la transition démocratique, etc. Il

est tout le contraire d’un héros.

L’icône antifranquiste, porte-parole des survivants espagnols de l’Holocauste, était un imposteur, démasqué en 2005 par un jeune historien espagnol.

» qui est aussi une réflexion sur le réel et sur la fiction en littérature.est le Picasso de l’imposture »

Javier as a obtenu

rix Méditerranée tranger 2014

les lois de la Frontière,

anatomie d’un instant a été d’un instant a été d’un instant

onsaCré LivreL’année L’année L2009.

Phie

Javier Cercas est né

en 1962 à Caceres,

en Espagne. Il est l’auteur

de romans, de recueils

de chroniques et de récits.

Ses romans, traduits dans

une trentaine de langues,

ont connu un large succès

international. Il a publié

en France, aux Éditions

Actes Sud, les Soldats

de Salamine (2002),

À petites foulées

À la vitesse de la lumière

Anatomie

d’un instant (2010),

de la frontière (2014)

l’Imposteur (2015).

l’Humanité Jeudi 10 septembre 201516

Le rendez-vous des livresCulture&Savoirs

lAURE lIMONGI p. 17Anomalie des zones profondes du cerveau

ChRIstOphE BOltANskI p. 18La Cache

vINGt NOUvEllEs pOlICIèREs p. 19Franco la muerte

B ernard Chambaz publie Vladimir Vladimirovitch. Il répond à nos questions sur ce roman dans lequel il a imaginé un double falot du président russe Vladimir Poutine.

Votre livre, qui traite de la vie imaginaire d’un homonyme de Vladimir Poutine, a vraiment l’air d’un roman russe… BERNARd ChAMBAz On peut considérer Vla-dimir Vladimirovitch comme un roman d’amour pour la terre et le ciel de la Russie, mais aussi pour son histoire, jusque dans son versant tragique et horrible. Je songe également à l’héritage littéraire et ciné-matographique magnifique de ce pays qui ne cesse de me nourrir. Mon précédent roman, Dernières nouvelles du martin-pêcheur (2014, Flammarion – NDLR), était une déclaration d’amour aux États-Unis. Cette fois, je pars de l’autre côté. La Russie m’est proche, voire intime.

Votre héros est-il le porteur définitif de votre opinion sur ce pays ? BERNARd ChAMBAz Non. C’est toujours la même histoire avec la littérature : les per-sonnages sont pour une part la projection de l’auteur. L’homonyme narrateur, Vla-dimir Vladimirovitch, est en partie une projection de moi. La femme dont il est amoureux, Galina, en est une autre. Vla-dimir Vladimirovitch, avec son âge, son désabusement – j’aime ce terme baude-lairien – mais aussi son espoir entêté, au fond me ressemble. Il a sur les épaules tout le poids de l’Histoire.

L’inspirateur plus ou moins secret de ce livre est Nikolaï Gogol. Quelle est la part de satire dans votre roman ? BERNARd ChAMBAz Gogol est présent de ma-nière voulue. J’ai une plus grande tendresse pour Tchekhov mais j’ai retenu Gogol, notamment pour son chef-d’œuvre, les Âmes mortes, sur lequel mon héros a élaboré une thèse lorsqu’il était professeur. Gogol est un auteur que connaît bien le président Poutine. Au-delà des Âmes mortes, il y a le Gogol du Nez et du Manteau. Cet immense écrivain est présent en filigrane pour si-gnifier l’espèce de distance propre à ce mélange de légèreté et de gravité, de drô-lerie et même de cocasserie dont j’ai voulu

doter ma prose. Quand le président Poutine vole à côté d’oies sauvages, je ne l’ai pas inventé. Cela aurait pu très bien sortir d’une page de Gogol !

Poutine est bien sûr un personnage encom-brant, comme la plupart des dirigeants du monde actuel et d’hier. Votre réflexion sur

le pouvoir par le biais de son homonyme qui est un homme minuscule a-t-elle à vos yeux valeur universelle ou est-elle spécifique à la Russie ? BERNARd ChAMBAz C’est un roman, pas un essai. Le désir d’écrire est né de la scène du début : l’élimination de l’équipe de hockey russe en quarts de finale aux JO de

Sotchi et le regard triste du président Pou-tine à la télévision, « ses yeux de phoque ou d’enfant » comme je dis. En Poutine je vois l’enfant. Cela me précipite dans l’écri-ture. Tout s’enchaîne car il y a aussi Maïdan, la guerre larvée en Ukraine et tout ce trouble dans la situation internationale. Poutine n’est-il pas une figure essentielle du jeu politique mondial ? Beaucoup, à son endroit, parlent de fascination dans le sens d’un rejet. On dit : « Je ne veux même pas en entendre parler. C’est un sale type. » Moi, cet homme ne me fascine pas. Il me passionne. J’ai rarement eu à ce point un tel sujet romanesque à explorer. Mon personnage raconte donc la vie de Poutine le président, qui porte le même nom que lui et bouffe sa vie au présent. Je me suis astreint à composer un récit concret, autour d’un personnage historique qu’on tente de percer à jour, même si l’énigme demeure. On avance à travers son histoire, l’enfant, l’adolescent puis l’agent du KGB et enfin le président. Le point commun

entre le président Poutine, mon héros qui est son homonyme,

moi-même et des millions d’individus, c’est que nous sommes confrontés à ce qu’on appelle la chute du commu-nisme. Il est incroyable de voir comment les choses ont évolué en vingt-cinq ans. À la fin des années 1980, la dis-

parition de l’URSS était quasi inenvisageable. Ce qui paraît au-jourd’hui presque naturel et propre à la logique d’un développement historique donné a été un choc considérable. À côté de Gogol, l’étoile tutélaire, je suis redevable à un livre, la Fin de l’homme rouge, de Svet-lana Alexievitch. Elle a recueilli des témoi-gnages sur une décennie à partir des années 1990 en Russie. Son livre est un roman-reportage-poème éblouissant. Toute l’his-toire soviétique y est brassée. La poésie m’importe énormément. J’espère que mon roman n’en est pas dépourvu.

Vladimir Vladimirovitch tranche sur le gros de la rentrée littéraire, où l’on voit beaucoup de récits exclusivement tournés sur le moi de l’écrivain. Vous, vous renouez avec la littérature d’imagination à partir d’un per-sonnage réel toujours à la une de l’actualité.

Le dernier roman de Bernard Chambaz s’attache à la figure d’un homme quelconque qui a le même patronyme que le président russe. Cela envahit sa vie…

L’esprit de Gogol plane sur Poutine

lE ROMAN dE BERNARd ChAMBAz Est sANs CONtEstE l’ExEMplE ACCOMplI d’UNE lIttéRAtURE qUI, à pARtIR dE lA véRIté hIstORIqUE, N’hésItE pAs à déplOyER lEs fAstEs dE l’IMAGINAIRE. photo Laurent troude

Dernières nouvelles

Du martin-pêcheur (flAMMARION, 2014) A REçU lE pRIx NUCéRA, lE pRIx JOUvENEl dE

l’ACAdéMIE fRANçAIsE Et lE GRANd pRIx dE lIttéRAtURE

spORtIvE.

Sotchi et le regard triste du président Pou-tine à la télévision, « ses yeux de phoque ou d’enfant » comme je dis. En Poutine je vois l’enfant. Cela me précipite dans l’écri-ture. Tout s’enchaîne car il y a aussi Maïdan, la guerre larvée en Ukraine et tout ce trouble dans la situation internationale. Poutine n’est-il pas une figure essentielle du jeu politique mondial? Beaucoup, à son endroit, parlent de fascination dans le sens d’un rejet. On dit : « Je ne veux même pas en entendre parler. C’est un sale type. » Moi, cet homme ne me fascine pas. Il me passionne. J’ai rarement eu à ce point un tel sujet romanesque à explorer. Mon personnage raconte donc la vie de Poutine le président, qui porte le même nom que lui et bouffe sa vie au présent. Je me suis astreint à composer un récit concret, autour d’un personnage historique qu’on tente de percer à jour, même si l’énigme demeure. On avance à travers son histoire, l’enfant, l’adolescent puis l’agent du KGB et enfin le président. Le point commun

entre le président Poutine, mon héros qui est son homonyme,

moi-même et des millions d’individus, c’est que nous sommes confrontés à ce qu’on appelle la chute du commu-nisme. Il est incroyable de voir comment les choses ont évolué en vingt-cinq ans. À la fin des années 1980, la dis-

parition de l’URSS était quasi inenvisageable. Ce qui paraît au-jourd’hui presque naturel et propre à la logique d’un développement historique donné a été un choc considérable. À côté de Gogol, l’étoile tutélaire, je suis redevable à un livre, la Fin de l’homme rouge, de Svet-lana Alexievitch. Elle a recueilli des témoi-gnages sur une décennie à partir des années 1990 en Russie. Son livre est un roman-reportage-poème éblouissant. Toute l’his-toire soviétique y est brassée. La poésie m’importe énormément. J’espère que mon roman n’en est pas dépourvu.

Vladimir Vladimirovitch tranche sur le gros de la rentrée littéraire, où l’on voit beaucoup de récits exclusivement tournés sur le moi de l’écrivain. Vous, vous renouez avec la littérature d’imagination à partir d’un per-sonnage réel toujours à la une de l’actualité.

Le dernier roman de Bernard Chambaz s’attache à la figure d’un homme quelconque qui a le même patronyme

L’esprit de Gogol plane

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u martin-pêcheur, 2014) AUCéRA,

ENEl dERANçAIsE

RIx URE

l’Humanité Jeudi 17 septembre 2015

20

Le rendez-vous des livresCulture&Savoirs

Jane sautière P. 21Stations (entre les lignes) Marie cosnay P. 22Cordelia la guerre

Jean-yVes MoLLier P. 23Une autre histoire de l’édition française

L ’espérance révolutionnaire de Louise Michel fut celle d’un siècle. Née deux mois avant les journées de juillet 1830 qui virent se rallumer le brasier de la Révolution française, son existence s’acheva, à presque soixante-quinze ans, le 9 janvier 1905 à Marseille.La publication, aux éditions La Découverte,

du second tome de ses Mémoires (1), ainsi que la réédition de ses Souvenirs (2) sur la Commune de Paris, sont l’occasion de redécouvrir ce personnage que Victor Hugor déclara « viro major », « plus grande qu’un homme », insti-tutrice, militante inflexible et incorruptible, journaliste, écrivain et poète. « La Mégère, la Pétroleuse, le Monstre à face humaine »Au lendemain de la Semaine sanglante,

elle fait partie des milliers de communards condamnés par les conseils de guerre à la déportation. Après avoir passé deux ans en prison, elle demeure sept années en Nouvelle-Calédonie. Sur la presqu’île Ducos tout d’abord, à Nouméa ensuite, sa peine commuée en « dé-portation simple ». En Nou-velle-Calédonie, elle se lie avec les habitants par l’in-termédiaire de Daoumi, Kanak travaillant pour l’ad-ministration française. Elle recueille les légendes et chants kanaks et prend fait et cause, en 1878, pour le soulèvement des Mélanésiens contre

la spoliation de leurs terres par les colonisateurs. « La Mégère, la Pétroleuse, le Monstre à

face humaine, tels sont les noms que plusieurs générations de bourgeois ont mis à côté de son nom », écrivit Henri Barbusse. Les premiers qui caricaturèrent ainsi la com-battante du Comité de vigilance de Mont-martre et l’animatrice du Club de la Révolution à l’église Saint-Bernard qui fut des ultimes combats de la Commune ne

furent pas les derniers à se presser pour admirer les têtes coupées des chefs kanaks rebelles envoyés par le gouverneur Jean-Baptiste Olry pour la troisième Exposition universelle de Paris. Les 500 survivants du massacre colonial seront vendus comme esclaves à des négriers. Autre « bienfait » local de la colonisation, oubliés sans doute par ses « héritiers », leurs femmes et leurs enfants seront abandonnés comme butin aux troupes. « Eux aussi luttaient pour leur indépendance, pour leur vie, pour la liberté. Moi, je suis avec eux, comme j’étais avec le peuple de Paris, révolté, écrasé et vaincu », écrit Louise Michel. Elle reprend son métier d’institutrice à Nouméa peu de temps avant l’amnistie complète des communards ob-tenue en 1880. Elle avait refusé la sienne l’année précédente.Fille illégitime de Clément Demahis et de

Marie-Anne Michel, domestique au château de Vroncourt-la-Côte, dans la Haute-Marne, Louise Michel reçoit une éducation

mêlant Lumières républicaines et Arts romantiques entourée de son « grand-père » Étienne-Charles Demahis et de sa « grand-mère » Louise-Charlotte. Elle évoque les années passées auprès d’eux dans le « nid » de son en-fance aux quatre tours car-rées, en ruine presque, au début du premier tome de ses Mémoires (3). Comme sou-vent, sinon toujours, sa prose est parsemée de poésies et de chansons. À

vingt et un ans, elle devient institutrice et enseigne une année à l’école libre d’Au-deloncourt avant de se rendre à Paris. « École libre, comme on disait », sinon, « il eût fallu prêter serment à l’Empire », écrit-elle. Elle ne le fit jamais. Le coup d’État du 2 décembre 1851 de Louis Napoléon Bona-parte avait mis la République sous le joug du plébiscite et exilé Victor Hugo avec lequel Louise Michel, jeune poète, avait engagé une correspondance. À Paris, elle enseigne rue du Château-d’Eau, puis à Montmartre.

Elle suit des cours d’instruction populaire à la rue Hautefeuille. Républicaine « rouge », elle ravive la cause du féminisme, défend une pédagogie anti-autoritaire et laïque et adhère au socialisme. Elle rencontre Vallès, Varlin, Rigault, Ferré. Blanqui est enfermé. L’Empire s’épuise et s’enlise. Le drapeau noir et rouge flotte sur la marmite et quand, au lendemain de la défaite de Sedan, le Parti de l’ordre et la République « modérée » complotent pour vendre la France à l’Al-lemagne, les travailleurs allemands aux Junkers prussiens et saxons et ceux de France aux Maîtres des mines et des forges, elle est en première ligne pour défendre les hauteurs de Montmartre, le 18 mars 1871.Une activité militante dans les rangs de l’anarchismeLe second tome des Mémoires de Louise

Michel, inédits depuis leur publication sous forme de feuilletons en 1890 dans le journal l’Égalité, reviennent sur son activité

La publication de deux des ouvrages majeurs de la combattante de la

Commune de Paris, militante républicaine, socialiste et anarchiste, est

l’occasion d’une redécouverte de son œuvre à la fois littéraire et politique.

Louise Michel, rouge fleur de germinal

Portrait de Louise MicheL (1830-1905). Photo FototeCa/Leemage

œiLLets rouges et fLeurs de niaouLiDans le film évoquant les années de déportation de Louise michel en Nouvelle-

Calédonie, Sólveig anspach fixe une scène où Sylvie testud, dans le rôle-titre, chante avec ses compagnons de déportation la Canaille, d’alexis Bouvier et de Joseph Darcier, une chanson d’avant la Commune.

Un film à voir ou à revoir à l’odeur de cerisier et de niaouli, l’arbre de Kanaky. « Ils fredonnaient la marseillaise / Nos pères les

vieux vagabonds / Attaquant en quatre-vingt-treize / Les bastilles dont les canons / Défendaient la vieille muraille. » Francesca Solleville l’a chantée de manière magistrale : « Que de trembleurs ont dit depuis : / – “C’est la canaille !” – Eh bien ! j’en suis ! » J. s.Louise Michel la rebelle, Solveig Anspach, DVD, 90 minutes, 2008.

« dans Les derniers teMPs de L’eMPire,Lorsque Le PeuPLe s’éVeiLLait, rouge œiLLet, ce fut ton sourire qui nous dit que tout renaissait. »Louise MicheL

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