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UNIVERSITE CLAUDE BERNARD -‐ LYON 1
FACULTE DE MEDECINE LYON EST
Année 2016 N°
VECU DE LA FRATRIE ENDEUILLEE, PLACE DU MEDECIN GENERALISTE.
Etude qualitative par entretiens semi dirigés auprès de 12 adolescents et adultes jeunes de 14 à 20
ans.
THESE Présentée
A l’Université Claude Bernard Lyon 1 et soutenue publiquement le 18/02/2016
pour obtenir le grade de Docteur en Médecine
par PRUDHOMME Charlotte née le 16 Octobre 1986
à Toulouse (31)
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UNIVERSITE CLAUDE BERNARD – LYON 1
Président François-Noël GILLY
Président du Comité de François-Noël GILLY
Coordination des Etudes Médicales
Directeur Général des Services Alain HELLEU
Secteur Santé
UFR de Médecine Lyon Est Doyen : Jérôme ETIENNE
UFR de Médecine Lyon Sud- Doyen : Carole BURILLON
Charles Mérieux
Institut des Sciences Pharmaceutiques Directrice : Christine VINCIGUERRA
Et Biologiques (ISPB)
UFR d’Odontologie Directeur : Denis BOURGEOIS
Institut des Sciences et Techniques Directeur : Yves MATILLON
De Réadaptation (ISTR)
Département de Biologie Humaine Directrice : Anne-Marie SCHOTT
Secteur Sciences et Technologie
UFR de Sciences et Technologies Directeur : Fabien de MARCHI
UFR de Sciences et Techniques des Directeur : Yannick VANPOULLE
Activités Physiques et Sportives (STAPS)
Polytech Lyon Directeur : Emmanuel PERRIN
I.U.T. Directeur : Christophe VITON
Institut des Sciences Financières Directeur : Nicolas LEBOISNE
Et Assurances (ISFA)
Observatoire de Lyon Directrice : Isabelle DANIEL
Ecole Supérieure du Professorat Directeur : Alain MOUGNIOTTE
Et de l’Education (ESPE)
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Faculté de Médecine Lyon Est Liste des enseignants 2015/2016
Professeurs des Universités – Praticiens Hospitaliers Classe exceptionnelle Echelon 2
Cochat Pierre Pédiatrie Cordier Jean-François Pneumologie ; addictologie Etienne Jérôme Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Gouillat Christian Chirurgie digestive Guérin Jean-François Biologie et médecine du développement et de la reproduction ; gynécologie médicale Mauguière François Neurologie Ninet Jacques Médecine interne ; gériatrie et biologie du vieillissement ; médecine générale ; addictologie Philip Thierry Cancérologie ; radiothérapie Rivoire Michel Cancérologie ; radiothérapie Rudigoz René-Charles Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale
Professeurs des Universités – Praticiens Hospitaliers Classe exceptionnelle Echelon 1
Blay Jean-Yves Cancérologie ; radiothérapie Borson-Chazot Françoise Endocrinologie, diabète et maladies métaboliques ; gynécologie médicale Claris Olivier Pédiatrie Denis Philippe Ophtalmologie Disant François Oto-rhino-laryngologie Douek Philippe Radiologie et imagerie médicale Finet Gérard Cardiologie Gaucherand Pascal Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale Guérin Claude Réanimation ; médecine d’urgence Lehot Jean-Jacques Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Lermusiaux Patrick Chirurgie thoracique et cardiovasculaire Martin Xavier Urologie Mellier Georges Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale Michallet Mauricette Hématologie ; transfusion Miossec Pierre Immunologie Morel Yves Biochimie et biologie moléculaire Mornex Jean-François Pneumologie ; addictologie Moulin Philippe Nutrition Neyret Philippe Chirurgie orthopédique et traumatologique Nighoghossian Norbert Neurologie Ninet Jean Chirurgie thoracique et cardiovasculaire Obadia Jean-François Chirurgie thoracique et cardiovasculaire Ovize Michel Physiologie Ponchon Thierry Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie Pugeat Michel Endocrinologie, diabète et maladies métaboliques ; gynécologie médicale Revel Didier Radiologie et imagerie médicale Rode Gilles Médecine physique et de réadaptation Terra Jean-Louis Psychiatrie d’adultes ; addictologie
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Thivolet-Bejui Françoise Anatomie et cytologie pathologiques Vandenesch François Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
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Zoulim Fabien Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie
Professeurs des Universités – Praticiens Hospitaliers Première classe
André-Fouet Xavier Cardiologie Barth Xavier Chirurgie générale Berthezene Yves Radiologie et imagerie médicale Bertrand Yves Pédiatrie Beziat Jean-Luc Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie Boillot Olivier Chirurgie digestive Braye Fabienne Chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique ; brûlologie Breton Pierre Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie Chassard Dominique Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Chevalier Philippe Cardiologie Colin Cyrille Epidémiologie, économie de la santé et prévention Colombel Marc Urologie Cottin Vincent Pneumologie ; addictologie D’Amato Thierry Psychiatrie d’adultes ; addictologie Delahaye François Cardiologie Devouassoux Mojgan Anatomie et cytologie pathologiques Di Fillipo Sylvie Cardiologie Ducerf Christian Chirurgie digestive Dumontet Charles Hématologie ; transfusion Durieu Isabelle Médecine interne ; gériatrie et biologie du vieillissement ; médecine générale ; addictologie Edery Charles Patrick Génétique Fauvel Jean-Pierre Thérapeutique ; médecine d’urgence ; addictologie Guenot Marc Neurochirurgie Gueyffier François Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie clinique ; addictologie Guibaud Laurent Radiologie et imagerie médicale Herzberg Guillaume Chirurgie orthopédique et traumatologique Honnorat Jérôme Neurologie Kodjikian Laurent Ophtalmologie Krolak Salmon Pierre Médecine interne ; gériatrie et biologie du vieillissement ; médecine générale ; addictologie Lachaux Alain Pédiatrie Lina Bruno Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Mabrut Jean-Yves Chirurgie générale Mertens Patrick Anatomie Mion François Physiologie Morelon Emmanuel Néphrologie Mure Pierre-Yves Chirurgie infantile Négrier Claude Hématologie ; transfusion Négrier Marie-Sylvie Cancérologie ; radiothérapie Nicolino Marc Pédiatrie Picot Stéphane Parasitologie et mycologie Roy Pascal Biostatistiques, informatique médicale et technologies de communication Ruffion Alain Urologie Ryvlin Philippe Neurologie
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Schaeffer Laurent Biologie cellulaire Scheiber Christian Biophysique et médecine nucléaire Schott-Pethelaz Anne-Marie Epidémiologie, économie de la santé et prévention Tilikete Caroline Physiologie Truy Eric Oto-rhino-laryngologie Turjman Francis Radiologie et imagerie médicale Vallée Bernard Anatomie Vanhems Philippe Epidémiologie, économie de la santé et prévention Vukusic Sandra Neurologie
Professeurs des Universités – Praticiens Hospitaliers Seconde Classe
Allaouchiche Bernard Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Argaud Laurent Réanimation ; médecine d’urgence Aubrun Frédéric Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Badet Lionel Urologie Bessereau Jean-Louis Biologie cellulaire Boussel Loïc Radiologie et imagerie médicale Calender Alain Génétique Chapurlat Roland Rhumatologie Charbotel Barbara Médecine et santé au travail Chêne Gautier Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale Cotton François Radiologie et imagerie médicale Dargaud Yesim Hématologie ; transfusion Dubernard Gil Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale Ducray François Neurologie Dumortier Jérome Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie Fanton Laurent Médecine légale Faure Michel Dermato-vénéréologie Fellahi Jean-Luc Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Ferry Tristan Maladie infectieuses ; maladies tropicales Fourneret Pierre Pédopsychiatrie ; addictologie Gillet Yves Pédiatrie Girard Nicolas Pneumologie Gleizal Arnaud Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie Guyen Olivier Chirurgie orthopédique et traumatologique Henaine Roland Chirurgie thoracique et cardiovasculaire Hot Arnaud Médecine interne Huissoud Cyril Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale Jacquin-Courtois Sophie Médecine physique et de réadaptation Janier Marc Biophysique et médecine nucléaire Javouhey Etienne Pédiatrie Juillard Laurent Néphrologie Jullien Denis Dermato-vénéréologie Lejeune Hervé Biologie et médecine du développement et de la reproduction ; gynécologie médicale Merle Philippe Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie Michel Philippe Epidémiologie, économie de la santé et prévention Monneuse Olivier Chirurgie générale Nataf Serge Cytologie et histologie Peretti Noël Nutrition Pignat Jean-Christian Oto-rhino-laryngologie Poncet Gilles Chirurgie générale Raverot Gérald Endocrinologie, diabète et maladies métaboliques ; gynécologie médicale
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Ray-Coquard Isabelle Cancérologie ; radiothérapie Richard Jean-Christophe Réanimation ; médecine d’urgence Rossetti Yves Physiologie Rouvière Olivier Radiologie et imagerie médicale Saoud Mohamed Psychiatrie d’adultes Souquet Jean-Christophe Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie Thaunat Olivier Néphrologie Thibault Hélène Physiologie Wattel Eric Hématologie ; transfusion
Professeur des Universités - Médecine Générale
Letrilliart Laurent Moreau Alain
Professeurs associés de Médecine Générale
Flori Marie Lainé Xavier Zerbib Yves
Professeurs émérites
Baverel Gabriel Physiologie Bozio André Cardiologie Chayvialle Jean-Alain Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie Daligand Liliane Médecine légale et droit de la santé Descotes Jacques Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie Droz Jean-Pierre Cancérologie ; radiothérapie Floret Daniel Pédiatrie Gharib Claude Physiologie Neidhardt Jean-Pierre Anatomie Petit Paul Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Sindou Marc Neurochirurgie Touraine Jean-Louis Néphrologie Trepo Christian Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie Trouillas Jacqueline Cytologie et histologie Viale Jean-Paul Réanimation ; médecine d’urgence
Maîtres de Conférence – Praticiens Hospitaliers Hors classe
Benchaib Mehdi Biologie et médecine du développement et de la reproduction ; gynécologie médicale Bringuier Pierre-Paul Cytologie et histologie Dubourg Laurence Physiologie Germain Michèle Physiologie Jarraud Sophie Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Jouvet Anne Anatomie et cytologie pathologiques Le Bars Didier Biophysique et médecine nucléaire
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Normand Jean-Claude Médecine et santé au travail Persat Florence Parasitologie et mycologie Pharaboz-Joly Marie-Odile Biochimie et biologie moléculaire Piaton Eric Cytologie et histologie Rigal Dominique Hématologie ; transfusion Sappey-Marinier Dominique Biophysique et médecine nucléaire Streichenberger Nathalie Anatomie et cytologie pathologiques Timour-Chah Quadiri Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie clinique ; addictologie Voiglio Eric Anatomie
Maîtres de Conférence – Praticiens Hospitaliers Première classe
Ader Florence Maladies infectieuses ; maladies tropicales Barnoud Raphaëlle Anatomie et cytologie pathologiques Bontemps Laurence Biophysique et médecine nucléaire Chalabreysse Lara Anatomie et cytologie pathologiques Charrière Sybil Nutrition Collardeau Frachon Sophie Anatomie et cytologie pathologiques Cozon Grégoire Immunologie Escuret Vanessa Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Hervieu Valérie Anatomie et cytologie pathologiques Kolopp-Sarda Marie Nathalie Immunologie Lesca Gaëtan Génétique Lukaszewicz Anne-Claire Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Maucort Boulch Delphine Biostatistiques, informatique médicale et technologies de communication Meyronet David Anatomie et cytologie pathologiques Pina-Jomir Géraldine Biophysique et médecine nucléaire Plotton Ingrid Biochimie et biologie moléculaire Rabilloud Muriel Biostatistiques, informatique médicale et technologies de communication Ritter Jacques Epidémiologie, économie de la santé et prévention Roman Sabine Physiologie Tardy Guidollet Véronique Biochimie et biologie moléculaire Tristan Anne Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Vlaeminck-Guillem Virginie Biochimie et biologie moléculaire
Maîtres de Conférences – Praticiens Hospitaliers Seconde classe
Casalegno Jean-Sébastien Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Confavreux Cyrille Rhumatologie Curie Aurore Pédiatrie Duclos Antoine Epidémiologie, économie de la santé et prévention Phan Alice Dermato-vénéréologie Rheims Sylvain Neurologie Rimmele Thomas Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Schluth-Bolard Caroline Génétique Simonet Thomas Biologie cellulaire
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Vasiljevic Alexandre Anatomie et cytologie pathologiques Venet Fabienne Immunologie
Maîtres de Conférences associés de Médecine Générale
Farge Thierry Figon Sophie
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Composition du Jury Président : Professeur Pierre FOURNERET Membres : Professeur Jérôme ETIENNE
Professeur Yves ZERBIB Docteur Elise BENEDINI
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LE SERMENT D'HIPPOCRATE
Je promets et je jure d'être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité dans l'exercice de la
Médecine.
Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans discrimination.
J'interviendrai pour les protéger si elles sont vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur
dignité.
Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l'humanité.
J'informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences. Je ne
tromperai jamais leur confiance.
Je donnerai mes soins à l'indigent et je n'exigerai pas un salaire au dessus de mon travail.
Admis dans l'intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés et ma conduite ne
servira pas à corrompre les mœurs.
Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement la vie ni ne
provoquerai délibérément la mort.
Je préserverai l'indépendance nécessaire et je n'entreprendrai rien qui dépasse mes compétences.
Je perfectionnerai mes connaissances pour assurer au mieux ma mission.
Que les hommes m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses. Que je sois couvert
d'opprobre et méprisé si j'y manque.
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REMERCIEMENTS
Aux membres du jury : Professeur Pierre FOURNERET, Merci de me faire l’honneur de présider mon jury de thèse. Votre expérience dans le domaine de la pédopsychiatrie est une force pour cette soutenance. Professeur Jérôme ETIENNE, Merci de me faire l’honneur de participer à mon jury de thèse, et pour votre bienveillance au près des étudiants de votre université. Professeur Yves ZERBIB, Merci de me faire l’honneur de participer à mon jury de thèse et merci pour votre accompagnement et vos enseignements au cours de notre cursus de médecine générale. Docteur Elise BENEDINI, Merci pour TOUT. D’abord de m’avoir fait confiance pour ce sujet, de ton aide inébranlable et constante durant ces longs mois de travail parfois éprouvants. Merci surtout de m’avoir soutenue et guidée durant mon internat, tu as l’art de rendre agréable toutes nos cessions de travail. Tous les internes devraient avoir la chance d’avoir une tutrice comme toi. Au docteur Sébastien BRUGIRARD, Merci d’avoir été un sénior aussi passionnant et attentif à ses internes. De trouver encore aujourd’hui le temps de nous voir, de répondre à nos SMS de questions et de partager ton expérience autour d’un bon plat. Aux Docteurs Francis PELLET, Thierry SALMACIS, Abderrahmane BOUZIDI et Michel DAVID, Merci pour votre accueil aux Vans, merci de m’avoir initiée à la médecine générale avec beaucoup de patience et de bienveillance, vous avez su me transmettre votre amour du métier, chacun à votre manière, et non sans humour. Je garderais un souvenir inoubliable de mon passage parmi vous. Au Docteur SOULA, Sans le savoir vous avez contribué à mon choix de carrière, merci pour votre exemple.
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A mes parents, Je vous doit tout, merci d’être présents et de veiller sur moi, merci de m’avoir appris non sans mal la persévérance, le travail bien fait, et la rigueur, mais surtout de m’avoir appris à aimer la vie. C’est promis après environ 25 ans de cursus scolaire et d’allergie entre autre à l’orthographe je ne devrais plus vous solliciter du moins pour me corriger. Merci pour votre patience, je vous aime. A ma grand mère, Malgré ton grand âge comme tu aimes à le dire, je ne connais pas d’autre grand mère qui puisse rivaliser avec ta vivacité d’esprit. Ta force et ta détermination sont un exemple pour moi. A Marine, Ma p’tite, comment dire, après toutes ces années et parfois même la distance notre amitié reste intacte. Merci pour toutes ces soirées filles, les T-‐shirt à paillettes sur les péniches…, la fameuse lettre au père Noël (dont on taira le contenu jusqu’à ton EVJF qui arrivera bien un jour !), ton œuvre décorative douteuse à base de prospectus bien choisis et de papier toilette…entre autre. A nos théories sur la vie qui feront peut être un jour l’objet d’un ouvrage…! Sache que le fromage ne périme jamais. Evite de nager trop près des requins, j’espère te revoir bientôt. A Charlotte, Olivier et Luiza 20 ans au moins d’amitié, de rires et de souvenirs, merci de m’avoir inconditionnellement soutenue toutes ces années (mêmes celles de médecine), toutes ces soirées, ces resto, ces sorties shopping, vacances et j’en passe. On a grandi ensemble et on continue aujourd’hui. Olivier, merci pour ton assistance informatique entre autre ☺. Luiza, ce n’est que le début, sache qu’on a plein de choses à te faire découvrir !! A Marianne, Nico et Jules, Merci d’être une confidente depuis de si nombreuses années, on aura fait notre médecine ensemble, et oui on en viendra à bout promis. Je me souviendrai toujours de l’annonce de l’arrivée de mon petit filleul !! Que de belles choses à venir. A Héloise, Merci d’être présente même avec ton emploi du temps de chirurgien, d’avoir continuellement le sourire, de me faire plier de rire avec tes histoires à dormir debout, il y a des choses qui n’arrivent qu’à toi !!! Ne change rien, surtout, et que l’on continue de rire.
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A Audrey, Merci pour ton optimisme, ta bonne humeur et ta motivation notamment pour aller à Génae et dans les bars à vins !! Merci pour ton soutien dans les moments difficiles. Contente que tu sois revenue sur Lyon, notre petit cercle est au complet. On est qu’au début de nos aventures. A Séverine, Merci pour tous ces bons moments, nos soirées filles, nos confidences et nos week ends notamment à la montagne. Je serais partante pour rendre hommage à la montagne plus souvent et cette fois ci je t’embarque pour le skijoering ! Frank, c’est plus fort que moi, mais attention à la rivière !!!! A Marine, Guillaume et Martin, Une amitié qui a commencé à un arrêt de bus, quand on avait 8 ans. Depuis rien n’a changé entre nous, même si on a grandi et que la famille s’est agrandie. Avec le temps on a trouvé pas mal de réponses à nos questions existentielles, si on avait su à l’époque on n’y aurait pas cru !! A Valérie, Alex et Agathe, Merci pour votre soutien tout au long de ses longues années de conf, pour votre amitié et vos bon conseils. On a vu naître votre couple, la jolie petite Agathe et maintenant votre mariage !! Aux futures festivités de cet été sur Montpellier !! A Marion, Merci pour ta présence et ton soutien pendant ces dernières années d’internat. A nos soirées filles et à notre amitié. Je tenais particulièrement à remercier les adolescents et jeunes adultes que j’ai interviewés et sans qui cette thèse n’aurait pas pu voir le jour. Ainsi que les associations de familles endeuillées qui m’ont reçue et aidée dans mon travail.
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RESUME : Contexte : Dans un cadre socio culturel qui prône la jeunesse et la toute puissance de la médecine, comment supporter l’impensable du décès d’un frère ou d’une sœur ? Ce deuil est fréquemment passé sous silence, masqué par la souffrance des parents et le désir de protection de la fratrie vis à vis d’eux. L’étude s’est intéressée au vécu de la fratrie endeuillée et à la place du médecin généraliste.
Matériel et Méthodes : Etude qualitative par entretiens semi-‐dirigés. La population cible était des adolescents et adultes jeunes de 14 à 20 ans ayant perdu un frère ou une sœur 2 ans minimum par rapport à l’étude, recrutés en soins primaires.
Résultats : Le décès d’un frère ou d’une sœur était vécu comme un drame personnel, c’était la perte d’un ami, d’un modèle, d’un allié de vie. C’était aussi une perte qui impactait la dynamique familiale, avec un ébranlement des qualités étayantes parentales et le deuil des relations intrafamiliales antérieures. La fratrie se retrouvait isolée et essayait de s’adapter. L’accompagnement par le médecin généraliste était mal connu des adolescents.
Conclusion : Notre étude permet de mieux comprendre le deuil dans la fratrie avec ses enjeux propres : un repli sur soi pour protéger ses parents, le maintien du lien. Elle apporte des pistes de réflexion aux médecins généralistes pour mieux accompagner ces fratries.
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SOMMAIRE.
I : INTRODUCTION………………………………………………….……………………………………………………20
LEXIQUE. ………………………………………………………………………..……………………………………………23
II : METHODOLOGIE. ……………………………………………………………………………………………..…….24
1-‐ MATERIEL. …………………………………………………………………………………………………..……24
2-‐ METHODE.…………………………………………………………………………………………………………24 -‐ Type d’étude et objectifs.……………………………………………………………………………………….…….24
-‐ Revue de la littérature. ………………………………………………………………………………………………..24
-‐ Elaboration du guide d’entretien.………………………………………………………………………………..25
1-‐ Description du questionnaire………………………………………………...…………….……………………25
2-‐ Notes durant l’entretien………………………………………………………………………………………...….25
3-‐ Test du guide d’entretien……………………………………………………………………………………….….26
-‐ Constitution de l’échantillon et recueil des données. ……………………………………………..…..26
1-‐ Le recrutement……………………………………………………………………………………………………..….26
2-‐ Les difficultés de recrutement…………………………………………………………………………...………29
3-‐ Les critères de sélection…………..................................................................................................................30
4-‐ Réalisation des entretiens. .....................................................................................................................…..30
-‐ Investigateur...............................................................................................................................................................30
-‐ Durée et lieu des entretiens. ...............................................................................................................................30
-‐ Déroulement des entretiens. ..............................................................................................................................31
-‐ Analyse des entretiens. .........................................................................................................................................31
5-‐ Aspects éthiques et règlementaires. ........................................................................................................32
III : RESULTATS. ....................................................................................................................................................34
1-‐ DESCRIPTION DE L’ECHANTILLON. .............................................................................................................34
2-‐ DEUIL A PART. .........................................................................................................................................................35
A-‐ Mise à l’écart, privée et sociale. ............................................................................................................35
B-‐ Déconsidération. ...........................................................................................................................................37
17
C-‐ Indisponibilité parentale. ........................................................................................................................38
D-‐ Insécurité. ..........................................................................................................................................................38
3-‐ ADAPTATION. ............................................................................................................................................39
A – La présence malgré l’absence. .......................................................................................................................39
B – Trouble du comportement, conduites à risque. ..................................................................................41
C – Protection parentale, maturité. ....................................................................................................................43
D – Se recréer une normalité. ................................................................................................................................45
1-‐ Par omission. .............................................................................................................................................................45
2-‐ Par revendication. ...................................................................................................................................................45
3-‐ Par l’intermédiaire des associations. ..............................................................................................................45
4-‐ PLACE DU MEDECIN TRAITANT. .........................................................................................................46 1-‐ Rôle de prescripteur. ..............................................................................................................................................46
2-‐ Rôle lié aux problèmes somatiques. ................................................................................................................47
3-‐ Méconnaissance du rôle d’écoute du médecin traitant. ..........................................................................47
III : DISCUSSION. ...................................................................................................................................................49
1-‐ CRITIQUE DE L’ETUDE. .......................................................................................................................................49
A-‐ Equipe de recherche. ..................................................................................................................................49
-‐ Expérience et entrainement de l’enquêteur. ...............................................................................................49
-‐ Relation avec les participants. ............................................................................................................................50
-‐ Caractéristiques de l’investigateur. .................................................................................................................50
-‐ Pourquoi le choix de ce sujet ? ...........................................................................................................................51
B-‐ Conception de l’étude. ................................................................................................................................53
-‐ Constitution de l’échantillon raisonné. ..........................................................................................................53
-‐ Difficultés de recrutement. ..................................................................................................................................53
-‐ Entretiens semi dirigés. ........................................................................................................................................54
-‐ Lieu de déroulement des entretiens. ...............................................................................................................54
-‐ Elaboration du guide d’entretien. .....................................................................................................................55
-‐ Saturation des données. .......................................................................................................................................55
18
-‐ Validation de la retranscription par les participants. ..............................................................................56
C-‐ Analyse des données. ..................................................................................................................................56
-‐ Résultats. .....................................................................................................................................................................56
-‐ Analyse des données. .............................................................................................................................................56
2-‐ ANALYSE DES RESULTATS CONFRONTES A LA LITTERATURE. ..................................................57
A-‐ Un Deuil à part. .......................................................................................................................................................57
-‐ Mise à l’écart, privée, sociale. .........................................................................................................................57
-‐ Déconsidération. ...................................................................................................................................................58
-‐ Indisponibilité parentale. ................................................................................................................................59
-‐ Insécurité. ..................................................................................................................................................................60
" Sensation d’abandon. ...................................................................................................................................60 " Apparition de conflits. ..................................................................................................................................60
" Angoisses. ..........................................................................................................................................................61
B-‐ Adapatation. .............................................................................................................................................................61
-‐ La présence malgré l’absence. .......................................................................................................................61
-‐ Cannabis, troubles du comportement. .....................................................................................................62
" Troubles du comportement, troubles scolaires. ............................................................................63
" Troubles du sommeil. ..................................................................................................................................63
" Conduites à risques. .....................................................................................................................................63
-‐ Protection parentale et maturité. ................................................................................................................64
" Protection parentale. ...................................................................................................................................64
" Maturité. ............................................................................................................................................................64
-‐ Se recréer une normalité. .................................................................................................................................65
C-‐ Place du médecin traitant. ...............................................................................................................................66
IV : CONCLUSION. ..................................................................................................................................................67
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES. ...........................................................................................................69
19
ANNEXES : .................................................................................................................................................................71
-‐ 1 : Guide d’entretien. ..............................................................................................................................................71
-‐ 2 : Fiche Explicative de l’étude. ..........................................................................................................................73
-‐ 3 : Cartes conceptuelles. ........................................................................................................................................74
A-‐ Deuil à part. ..................................................................................................................................................74
B-‐ Adaptation. ...................................................................................................................................................76
C-‐ Place du médecin traitant. .....................................................................................................................78
-‐ 4 : Déclaration CNIL. ...............................................................................................................................................79
-‐ 5 : Formulaire de consentement. ......................................................................................................................80
-‐ 6 : Mail envoyé aux différentes organisations pour le recrutement. .................................................81
-‐ 7 : Dossier explicatif de l’étude pour les professionnels de santé. .....................................................82
-‐ 8 : Consolidated criteria for reporting qualitative studies (COREQ) : 32-‐item checklist. ........95
-‐ 9 : CD des entretiens et cartes conceptuelles. .............................................................................................96
20
INTRODUCTION
De tout temps, la mort interpelle. Jean Ziegler disait « Rien ne détermine plus
profondément une civilisation que la place qu’elle fait à ses morts ». La mort n’a pas
toujours eu la même place dans la société occidentale au cours des siècles.
Au moyen âge, la mort était acceptée, car elle était fréquente, frappant à tout âge, et ne
choquait pas par sa survenue. Elle était attendue, faisant partie du cycle de la vie. Pendant
des siècles, la société a été frappée par de nombreuses hécatombes dues à des épidémies
comme la peste ou encore le choléra. A partir du 18e et du 19e siècle, la mort est devenue
source d’angoisse, de maléfice, les cimetières ont été transférés hors des villes et
parallèlement, le sentiment de deuil s’est exacerbé. Ces manifestations traduisaient le refus
de la mort, le refus de la perte d’un proche. La mort avait perdu de sa familiarité, elle ne
faisait plus partie du quotidien ou du moins, elle n’était plus acceptée comme telle.
Tout ce processus conduit au 21e siècle où la mort s’efface des consciences, remplacée par
la maladie (1). La médecine moderne ne fait plus de place à la mort mais combat la maladie,
la vieillesse. On repousse au maximum la mort avec les progrès de la médecine, on repousse
l’apparition des stigmates de la vieillesse avec l’explosion de la médecine esthétique. La
société elle même prône la jeunesse éternelle, met en avant ses qualités au dépend des
personnes plus âgées. On ne meurt plus chez soi et en public mais à l’hôpital et seul (2). Les
rituels post mortem aussi se modifient, ils sont plus discrets, plus cachés, on parle peu du
défunt et de son décès. Nous ne disons plus « être en deuil » ce qui attribuait une
reconnaissance aux personnes affectées par la mort d’un proche, marquées par des signes
vestimentaires de tristesse qui symbolisaient la peine éprouvée. Mais on dit aujourd’hui «
faire son deuil », ce qui est devenu une injonction à faire ce travail psychologique pour
reprendre le cours de la vie (1).
La mort est taboue dans notre société, un tabou de plus en plus marqué. Le mot « mort »
lui-‐même devient tabou : on parle, par euphémisme, de départ, de disparition, de fin de vie...
21
On s’interroge même sur ce que l’on peut dire aux enfants, comment leur annoncer. Que
sont ils donc capables d’entendre ? Doit on modifier la vérité ? Doit on leur épargner cette
annonce pour préserver leur développement ? La mort n’a plus de place dans le quotidien,
elle fait exception, c’est une des conséquences de l’évolution de la société occidentale.
Dans ce cadre socio culturel qui prône la jeunesse presque éternelle et la toute puissance de
la médecine, comment supporter l’impensable du décès d’un frère ou d’une sœur ? Cette
perte qui chamboule les lois générationnelles et replonge brutalement la famille dans la
réalité de la condition humaine ? Ce deuil est fréquemment passé sous silence, masqué par
la souffrance des parents et le désir de protection de la fratrie vis à vis d’eux.
Les frères et sœurs partagent des liens uniques, qu’ils soient en compétition l’un envers
l’autre ou qu’ils s’entraident. Ils se confient l’un à l’autre des secrets à cacher au monde des
adultes ; ils se défendent l’un l’autre spécialement dans la vie en dehors de la maison ; ils
apprennent l’un de l’autre, le plus vieux faisant parfois figure de modèle et d’ange gardien
des plus jeunes (3).
Il a été démontré que la relation avec un frère ou une sœur est la plus longue que l’on peut
poursuivre dans une vie : soit environ 80 à 100% de l’espérance de vie (4). L’importance de
cette relation unique préfigure de l’effet que peut avoir la perte d’un enfant sur la fratrie.
Perdre un frère ou une sœur signifie perdre un allié de vie, un compagnon de jeu, un
modèle, un ami. Rien ne peut préparer les survivants à une telle perte. L’identité des
différents membres de la fratrie est intriquée parce qu’ils partagent une histoire commune,
alors lorsqu’un membre de la fratrie meurt, les survivants perdent une partie d’eux mêmes
(5).
Quelles sont les étapes que traversent ces adolescents, quelles sont les épreuves et
difficultés qu’ils ont à surmonter, qu’elles soient sociales, scolaires, familiales ? Quel soutien
est-‐il possible de leur proposer, quelles sont leurs attentes ?
La mort, notamment chez les jeunes, ne fait pas exception, (6). 6 531 jeunes de moins de 24
ans sont décédés en 2012 en France toutes causes confondues, nombre d’entre eux faisant
partie d’une fratrie (un foyer sur deux a plus d’un enfant). Le deuil de la fratrie n’est donc
22
pas anecdotique ou isolé. Il touche des milliers de familles chaque année. En 2012, il y avait
101 886 médecins traitants exerçant en France dont 64 188 en libéral. L’incidence par
médecin serait donc d’environ 1 patient par décennie, soit environ 3 fratries concernées par
carrière de médecin.
Le médecin généraliste, médecin de 1er recours, est confronté à la souffrance des familles
endeuillées. Il n’existe pas d’enseignement spécifique en 2nd cycle hormis en psychiatrie
mais ciblé sur le deuil pathologique, ni en 3ème cycle. Cet évènement expose le médecin à des
difficultés. Comment aborder ce sujet si douloureux ? Que faire des émotions que nous livre
le patient et comment l’accompagner durablement ?
Le deuil et la mécanique du deuil dans la fratrie en soins primaires sont des sujets peu
abordés dans la littérature. Quel est le vécu du deuil dans la fratrie, quelle est la place du
médecin traitant ?
23
LEXIQUE
-‐ AVP : Accident de la voie publique.
-‐ CMPEA : Centre Médico Psychologique de l’Enfant et de l’Adulte.
-‐ HAD : Hospitalisation A Domicile.
-‐ HFME : Hôpital Femme Mère Enfant.
-‐ IHOP : Institut d’Hématologie et d’Oncologie Pédiatrique.
-‐ ITEP : Institut Thérapeutique Educatif et Pédagogique.
-‐ JPV : Association Jonathan Pierre Vivante.
24
METHODOLOGIE
1. MATERIEL.
Un dictaphone analogique puis un smartphone ont permis l’enregistrement des entretiens
avec les adolescents et jeunes adultes. Le traitement des données a été fait avec un Pack
Office 2011 et un ordinateur.
2. METHODE.
-‐ Type d’étude et objectifs. (Annexe 1, 2 et 5)
C’était une étude qualitative réalisée par des entretiens semi-‐dirigés jusqu’à saturation des
occurrences. Elle explorait le vécu de la fratrie endeuillée et permettait d’aborder toutes les
thématiques souhaitées. Elle avait pour but de mieux comprendre les difficultés spécifiques
traversées et la place éventuelle du médecin généraliste auprès de jeunes recrutés en soins
primaires.
-‐ Revue de la littérature.
La recherche bibliographique internet a été faite sur le portail de recherche de l’université
Lyon 1 avec les moteurs de recherche à disposition : DocCISMef, EMpremium, FRANCIS,
PASCAL, ERUDIT, Pubmed et le SUDOC.
Cette recherche a été complétée par le moteur de recherche CAIRN avec les mots clés
francophones : « deuil fraternel » puis « deuil » et « fratrie » par l’équation de recherche
« boléen ».
Les mêmes équations de recherches ont été faites dans les moteurs de recherche :
DocCISMef, EMpremium, FRANCIS, PASCAL, ERUDIT, Pubmed avec les mots clés « sibling »
et « behaviour » ou « death ».
Des ouvrages papiers tels que des livres ou des articles ont été utilisés pour élargir les
thématiques, ces supports ayant été conseillés par des associations de fratries endeuillées.
25
-‐ Elaboration du guide d’entretien.
A l’issue de la recherche bibliographique et d’entretiens téléphoniques avec des
responsables d’associations de fratrie endeuillée, des hypothèses ont été formulées et ont
permis l’élaboration du guide d’entretien. Ce guide d’entretien explorait les différentes
sphères du vécu du deuil de la fratrie. Il a été enrichi d’un entretien à l’autre en fonction des
nouveaux thèmes abordés. (annexe 1).
1-‐ Description du guide d’entretien :
L’entretien débutait par la précision des données socio administratives, quelques questions
sur les loisirs des ados et leurs ambitions professionnelles pour créer un climat de
confiance propice au dévoilement. Ensuite le drame était évoqué par les adolescents avec la
chronologie de leur vécu, les épreuves traversées seul ou en famille, leurs difficultés mais
aussi leurs facteurs aidants comme les proches et quelques professionnels de santé. La
religion a aussi été abordée. A tout moment durant l’entretien, les ados pouvaient parler
librement et rebondir sur un autre sujet en fonction du fil de leur réflexion. La place du
médecin généraliste était aussi explorée. L’entretien finissait par leur ressenti de notre
échange.
L’ordre des questions et leur formulation n’étaient pas figés mais adaptés au déroulement
de l’entretien. Il n’y avait pas de contrainte de temps, l’entretien se terminait à l’issue des
questions et des différentes ouvertures. Le chercheur pouvait relancer les ados dans leur
narration pour explorer des sujets ou en développer d’autres.
2-‐ Notes durant l’entretien :
Durant l’entretien, peu de notes sur la communication non verbale ont été prises pour
respecter le cheminement de la pensée et éviter d’interrompre le cours de la parole. Elles
ont été retranscrites dans les entretiens lors de l’écoute des enregistrements.
26
3-‐ Test du guide d’entretien :
Le guide d’entretien a pu être testé auprès de trois adolescents qui répondaient aux critères
d’inclusion lors de la réalisation du mémoire de stage praticien de niveau 1 de médecine
générale. Le guide a été modifié après chaque entretien suite aux nouveaux thèmes abordés.
La formulation des questions a été adaptée à la sensibilité de chaque adolescent.
Les adolescents n’ont pas remis en question le guide.
-‐ Constitution de l’échantillon et recueil des données.
1-‐ Le recrutement.
Le recrutement a débuté en mai 2014 et s’est terminé en mars 2015.
Il a été fait en partie par l’intermédiaire d’associations de familles endeuillées avec des
antennes frères/sœurs par envoi de mail (annexe 6) : l’association Jonathan Pierre Vivante,
l’association LocoMotive, l’association Naitre et Vivre, l’association Vivre son deuil,
l’association Albatros et une association à Bourgoin Jallieu en Isère (38).
Un mail (annexe 6) a été envoyé aux responsables de l’association Jonathan Pierre Vivante
de chaque département du sud de la France et de Paris pour des raisons d’accessibilité.
Sur les 11 antennes de l’association contactées, une réponse a été négative. Ils n’avaient pas
dans leurs membres de jeunes de l’âge recherché, mais l’appel à témoin avait été diffusé
dans l’association.
Deux autres réponses ont été positives, une de la région Rhône-‐Alpes avec un recrutement
possible sur Grenoble et Chambéry et l’autre dans le département de l’Hérault avec un
recrutement possible sur Montpellier.
Ces deux antennes ont diffusé mon appel à témoin dans leurs différentes permanences et
réunions dans le département.
Mon appel à témoin a été intégré à leur page Facebook pour une plus grande visibilité.
Ces antennes de JPV ont permis de recruter 4 jeunes.
Les autres antennes n’ont pas répondu, sans savoir si l’appel à témoin a été diffusé ou non.
27
Le même mail a été envoyé aux responsables de l’association LocoMotive de Grenoble et
Chambéry qui s’occupe aussi des familles endeuillées et ayant une branche frère/sœurs.
Les réponses ont été positives et mon appel à témoins a été diffusé dans les différentes
permanences et journées organisées.
Ces antennes ont permis de recruter 2 jeunes.
L’association Naitre et Vivre à Paris a été contacté via son site internet, une première
réponse a été positive puis sans suite.
Vivre son deuil est une association européenne également contactée par mail. L’appel à
témoin avait été posté sur leur forum. Plusieurs mois après, une jeune femme de Paris a
répondu.
Albatros à Lyon est une association pour personnes endeuillées. Le mail leur a été envoyé,
sans réponse.
Une association à Bourgoin Jallieu en Isère (38) dirigée par un médecin généraliste a aussi
été contactée par mail. Une rencontre avec le responsable a été organisée pour exposer ce
travail de thèse. Aucun recrutement n’en a résulté.
Le même mail (annexe 6) a été envoyé à une mailing liste de médecins généralistes faisant
partie d’une association de Formation Médicale Continue de la région Rhône-‐Alpes.
Sur 315 médecins contactés, aucune réponse n’a mené à un recrutement. Leurs réponses
étaient encourageantes mais leur patientèle, selon eux, n’était pas concernée par ce sujet.
La directrice de thèse, le Dr BENEDINI, a permis de recruter trois jeunes dans sa patientèle
en région Lyonnaise.
28
Des médecins ont été sollicités de façon individuelle par la directrice de thèse dans les
départements de l’Ardèche, de l’Isère, du Rhône, et de l’Hérault, avec diffusion par les
réseaux de permanence de soins.
Une jeune a ainsi pu être recrutée à Montpellier, par l’intermédiaire de son médecin
traitant.
Ayant parlé de l’étude à mon entourage, une jeune a ainsi été recrutée par bouche à oreille.
Les services de pédiatrie de Vienne, Montélimar, Bourgoin, Villefranche, Bourg en Bresse et
Lyon HFME, IHOP, HAD pédiatrique du Centre Léon Bérard et de la clinique de l’Union ont
aussi été contactés par mail en vue du recrutement.
Ces services Lyonnais ont aussi été démarchés personnellement par visite sur site pour
présenter mon travail.
Seul le service de pédiatrie de Lyon, HFME, a répondu. Quelques mails avec les pédiatres
ont été échangés relevant du conseil mais ne débouchant pas sur un recrutement.
Le mail à été envoyé au chef de service de réanimation pédiatrique de l’HFME ainsi qu’à son
équipe sur conseil des pédiatres.
Une rencontre a été organisée pour exposer ce travail de thèse, sa méthodologie et son but.
Pour cette rencontre un dossier complet explicatif avait été fait et remis. (Annexe 7)
La rencontre avait conduit au renforcement de l’aspect éthique de l’étude avec une
soumission à un comité d’éthique et à la proposition de mener une étude similaire dans le
service de réanimation. Il n’a pas été donné suite à la proposition car l’étude était ciblée sur
les soins primaires. Aucun recrutement n’a été fait par l’intermédiaire de cet échange.
Les CMPEA de Bourgoin, le Verpillière, Villefontaine, L’Isle D’Abeau et les CMP des
différents arrondissements de Lyon ont également été contactés, sans réponse.
Les psychologues des services de pédiatries de l’Hôpital Femme Mère Enfant ont été
contactées de même que celles de l’IHOP du centre Léon Bérard, sans résultat.
29
Les critères d’inclusions ne correspondaient pas à leur pratique et elles ne souhaitaient pas
participer à l’étude sans la participation de leur service.
Les pédopsychiatres de l’annuaire téléphonique de Lyon ont été contactés par téléphone.
Aucune réponse n’a été donnée suite aux messages laissés.
Des appels à témoin ont été postés sur différents forums internet comme « psychologie »,
« au féminin », « doctissimo » et autres forums spécialisés dans le deuil pour toucher un
publique le plus large possible. Des réponses ont été données mais ne correspondaient pas
aux critères de recrutement.
Les responsables de l’association Jonathan Pierre Vivante et Locomotive ont été rencontrés
en entretien individuel pour présenter mon travail avant de me mettre en contact avec
certains de leurs membres sur la base du volontariat. Ils ont aussi apporté leur aide sur un
plan théorique, en donnant des pistes de thèmes à aborder, en expliquant les difficultés
rencontrées par ces jeunes au vu de leurs expériences dans leur associations respectives.
Que ce soit par l’intermédiaire des associations ou des médecins généralistes, mon travail
était d’abord exposé au jeune et celui ci acceptait ou non que ses coordonnées me soient
transmises après un délai de réflexion.
2-‐ Difficultés de recrutement.
Très peu de réponses positives ont été obtenues lors du recrutement par rapport au
nombre de personnes sollicitées.
Il n’est pas possible d’en calculer le ratio car la diffusion a été large et relayée par d’autres
personnes que l’investigateur et le nombre exact de personnes ayant pris connaissance de
l’appel à témoin n’est pas connu.
Le taux de réponse a été faible parmi les associations et il a été nul parmi les professionnels
de santé.
30
3-‐ Les critères de sélection.
Les critères d’inclusion étaient d’être un adolescent ou adulte jeune de 14 à 20 ans ayant
perdu un membre de sa fratrie, quelle que soit la cause du décès, depuis plus de 2 ans.
Les critères d’exclusion étaient la non maitrise de la langue française, le handicap
psychique ne permettant pas un entretien en autonomie, perte d’un frère ou d’une sœur en
intra-‐utérin ou le refus de participer à l’entretien.
Les entretiens se sont déroulés dans l’ordre des acceptations. L’âge, le sexe, le milieu de vie
et les catégories socio professionnelles n’ont pas été des critères de sélection du fait des
difficultés de recrutement.
Les catégories socio professionnelles des parents ont été classées selon la nomenclature de
l’Institut National de la statistique et des études économiques (tableau 1).
4-‐ La réalisation des entretiens.
-‐ L’investigateur :
Un seul investigateur a réalisé les entretiens. Il prenait à la fois le rôle de modérateur et
d’observateur, tout en assurant le bon fonctionnement de l’enregistrement. Les rendez vous
des entretiens se sont donnés en fonction des disponibilités de l’investigateur et de chaque
témoin.
Identité et statut de l’investigateur : Melle Charlotte PRUDHOMME, étudiante de la faculté
Lyon-‐ EST, Interne en médecine générale lors des entretiens, puis médecin remplaçant et
auteur de ce travail.
-‐ Durée et lieu des entretiens :
Le recueil des données a débuté le 26 mai 2014 et a été arrêté le 30 mars 2015. Les
31
entretiens ont duré entre 17 minutes et 52 minutes. Les rencontres se déroulaient
individuellement. Il n’y a jamais eu de tiers. Elles avaient lieu dans un endroit calme, choisi
avec les interviewés et l’investigateur, soit au domicile du témoin, soit, une fois, au domicile
de l’investigateur. Les échanges n’étaient pas dérangés et les témoins pouvaient s’exprimer
librement sans gêne ni retenue. Il n’existait pas de contrainte de lieu ou de temps.
-‐ Déroulement de l’entretien :
Un premier temps a été consacré à la présentation de l’investigateur, son identité et son
statut. Il exposait également l’objet de son étude et de l’entretien ainsi que les modalités de
sa mise en œuvre (annexe 2). Ces explications ont été adaptées à chaque témoin. Le
consentement des témoins a été recueilli pour l’enregistrement audio des entretiens, la
retranscription des interviews, l’utilisation des verbatim dans le travail de thèse et les
informations relatives à chacun (âge, sexe, catégorie socio-‐professionnelle). Le caractère
confidentiel des données recueillies et le respect de l’anonymat ont été garantis aux
interviewés et rappelés en début d’entretien. A ce titre, les interviewés ont été nommés
dans ce travail par la première lettre de leur prénom associé à un numéro qui correspond à
l’ordre chronologique des entretiens.
Pendant l’entretien, l’enquêteur a cherché à être en position d’écoute active et à veiller au
respect de la grille d’entretien en utilisant les techniques de reformulation, de relance, sans
pour autant influencer l’interviewé au risque de constituer un biais qui aurait rendu
ininterprétable l’étude.
-‐ Analyse des entretiens :
Les entretiens ont été analysés au fur et à mesure du recueil. La première étape consistait
en une analyse verticale des données selon une méthode d’analyse intuitive du contenu
thématique. Elle reposait sur une lecture répétitive de chaque entretien où l’enquêteur
relevait les verbatim (unité d’analyse) des interviewés et les classait par thèmes. Une
analyse horizontale a ensuite été réalisée pour repérer les occurrences des thèmes et sous
thèmes. Chaque thème et sous thème ont été classés à l’aide du logiciel SimpleMind®
(annexe 3).
32
Aucune nouvelle thématique concernant notre question n’a été relevée à partir du dixième
entretien. Le recueil des données a été poursuivi jusqu’au douzième entretien pour
s’assurer qu’aucune nouvelle thématique ne soit évoquée. Ainsi l’étude a été menée jusqu’à
saturation des occurrences marquant la fin du recueil.
Un deuxième chercheur, la directrice de thèse, a réalisé de manière indépendante une
analyse thématique des résultats qui a été mise en commun et discutée afin de développer
une arborescence de différents thèmes. La confrontation des deux analyses (triangulation)
a permis d’assurer la crédibilité des résultats.
5-‐ Les aspects éthiques et réglementaires.
• L’étude a été conduite conformément à :
La loi n°78-‐17 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés.
Une déclaration à la CNIL a été faite et acceptée le 6 Février 2015 (annexe 4).
Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêt.
• Confidentialité :
Selon le Code de la Santé Publique, toutes personnes appelées à collaborer ou prendre
connaissance de l’étude sont tenues au secret professionnel.
• Information et consentement :
Les patients ont été informés de l’étude, du temps de passation et de l’utilisation des
données dans un langage clair, et il leur était remis une fiche descriptive (annexe 2).
Les participants mineurs et leurs parents signaient un formulaire de consentement de
participation nominatif (annexe 5).
Le consentement pouvait être retiré à tout moment sans motif.
33
• Archivage des données :
Aucune donnée brute ou nominative informatisée ne sera conservée à l’issue du travail.
Seul le format papier et anonymisé sera conservé au bureau des thèses et référencé.
34
RESULTATS
1. DESCRIPTION DE L’ECHANTILLON.
L’échantillon se composait de 12 jeunes de 14 à 20 ans. Il se constituait de 9 filles et de 3
garçons. 11 d’entre eux étaient étudiants : 4 en formation professionnelle à divers niveaux,
5 en école supérieure, 1 au collège, 1 en structure adaptée d’apprentissage et de soins.
Un était en recherche d’emploi à la suite de sa formation professionnelle.
La date du décès du frère ou de la sœur variait de 2001 à 2013. Le frère ou la sœur
interviewé avait à l’époque du drame entre 7 et 18 ans. L’âge de décès du frère ou de la
sœur variait de la naissance à 26 ans.
L’ensemble des milieux de vie était représenté. La description de l’échantillon est
représentée dans le tableau 1.
Tableau 1 : Description de l’échantillon.
Tém
oin
Age Sexe Statut
familial
Catégorie
SP parents
Catégorie
SP
témoin
Milieu Age de
décès et
année
Contexte Moyen
de
contact
E -‐ 1 19
ans
F Fratrie de
3, parents
divorcés
Employé et
Artisan
Etudiante Urbain 3 ans et
demi -‐
2001
AVP Médecin
traitant,
Lyon
G -‐ 2 16
ans
M Fratrie de
3, parents
divorcés
Employés et
Artisan
Etudiant Urbain 3ans et
demi -‐
2001
AVP Médecin
traitant,
Lyon
E -‐ 3 17
ans
M Fratrie de
3, parents
divorcés
Profession
libérale et
Employé
Etudiant Rural 18 ans et
demi -‐
2012
AVP JPV,
Grenoble
I -‐ 4 14
ans
M Fratrie de
7, famille
recompos
ée
Profession
libérale et
Professeur
Collégien Semi-‐
Rural
23 ans -‐
2012
Pendaison JPV,
Grenoble
35
M -‐
5
19
ans
F Fratrie de
6, parents
divorcés
Employés ITEP Rural 23 ans -‐
2010
Accident
de
montagne
JPV,
Chambéry
M -‐
6
17
ans
F Fratrie de
2, parents
mariés.
Profession
libérale,
Professeur
Lycéenne Urbain 18 ans -‐
2012
Suicide JPV,
Saint
Etienne
A -‐ 7 17
ans
F Fratrie de
2, parents
mariés.
Ouvrier et
Professeur
des écoles
Lycéenne Semi-‐
rural
17 ans -‐
2011
Maladie LocoMotiv
e,
Grenoble
F -‐ 8 19
ans
F Fratrie de
4, parents
mariés.
Employé,
mère au
foyer
Etudiante Urbain 6 mois -‐
2002
Maladie LocoMotiv
e,
Grenoble
J -‐ 9 19
ans
F Fratrie de
6 enfants,
parents
mariés.
Employé et
Profession
libérale
Etudiante Urbain Post
naissanc
e -‐ 2001
Maladie A entendu
parler du
travail,
Lyon
J -‐
10
20
ans
F Fratrie de
2, parents
divorcés.
Employés Etudiante Urbain 14 ans -‐
2012
Maladie Vivre son
deuil,
Paris
L -‐
11
19
ans
F Fratrie de
3, parents
mariés.
Ouvrier et
Invalidité
En
recherche
d’emploi
Semi-‐
rural
Naissanc
e -‐ 2001
Complicati
on
obstétrical
Médecin
traitant,
Lyon
N -‐
12
20
ans
F Fratrie de
3, parents
divorcés.
Professions
libérales
Etudiante Rural 26 ans -‐
2013
AVP Médecin
traitant,
Montpelli
er
2. UN DEUIL A PART
A -‐ Mise à l’écart privée et sociale.
Suite au décès d’un frère ou d’une sœur, des réactions de mise à l’écart, plus ou moins
conscientes de l’entourage vis à vis des frères et sœurs survivants ont été observées.
36
Dans le domaine privé, familial ou amical, certaines personnes s’étaient éloignées. Un
sentiment d’abandon était exprimé.
J10 « Mes deux meilleurs amies m’ont laissé tombé. »
A7 « Il y en a aussi beaucoup qui sont partis quand ils ont su, beaucoup, même de la
famille. », « Il y en a d’autres qui n’ont pas envie d’être là, dans la même mouise. »,
« Il ne faut pas laisser tomber comme ça sinon on se dit que la famille ça ne sert à
rien. »
Au sein de la famille, les relations changeaient, les codes étaient modifiés.
J10 : « J’ai perdu ma norme de jeune fille quand mon frère est mort. », « Je suis
vraiment nulle part quoi. En plus tous les adultes vont toujours demander comment
vont tes parents. »
M6 :« Je ne peux pas dire que je suis fille unique. »
J10 : « Je vais enterrer mes parents et mes grands parents toute seule. »
Le regard des autres était aussi différent.
M6 : « Ce qui est dur aussi c’est le regard des autres, on ne me voyait plus que comme
la fille qui a perdu son grand frère. », « Il y en a beaucoup qui m’ont regardée avec de
la pitié, c’est pas agréable d’être regardé comme ça ».
La parole ne circulait plus librement.
F8 « Il y a ceux qui ne veulent plus parler des frères et sœurs une fois qu’on leur a dit
ça, c’est compliqué ».
Une incompréhension était ressentie.
A7 :« Ca les rend mal à l’aise », « La relation avec les gens est différente », « Moi je
n'étais plus du tout dans le même trip, après quand on est comme ça c'est compliqué
d'avoir des amis. »
37
Certains pensaient que du fait de leur jeune âge, les circonstances du décès leur étaient
cachées.
I4 : « Je pense qu’il y en a qui savent, mais ne veulent pas me le dire, ils pensent que
je suis trop jeune ».
Ce sentiment de mise à l’écart, dans les différentes sphères de la vie pouvait entrainer un
sentiment de déconsidération.
B -‐ Déconsidération.
La fratrie restante se retrouvait isolée avec sa souffrance et déchue de son ancien statut
social.
J10 : « J’ai perdu mon rôle de sœur. J’ai perdu ma norme de jeune fille quand mon
frère est mort. »
L’entourage éludait la souffrance du frère ou de la sœur survivante.
J10: « Je l’ai vraiment mal vécu parce que moi les gens partaient du postulat que ça
allait, moi je suis vivante, je suis en forme, je me démerde dans la vie donc ça va
quoi. », « Bah et comment je vais moi enfin ? »
Un sentiment de détresse et de non reconnaissance était exprimé.
J10: « C’est horrible ce que je vis et ça ne se voit pas. Je suis handicapée et personne
ne le voit ».
Les plus jeunes ressentaient une déconsidération de leur entourage par soucis de
protection.
E1: « Alors moi je n’ai vu personne et je n’avais même pas le droit de rentrer dans la
chambre. »
I4 : « Non au début il ne voulait pas me dire qu’il était pendu. »
38
Dans ce chamboulement des différents liens sociaux, il apparaissait une indisponibilité
parentale.
C -‐ Indisponibilité parentale.
Après le choc de l’annonce du décès de leur enfant, certains parents n’étaient plus
disponibles pour leurs enfants.
M6: « Mon père s’est un peu recroquevillé sur lui même en en parlant peu. »
A7 : « Les parents sont plus là pour celui qui est malade ce qui est normal et nous on
est un peu mis de côté. »
Les modifications brutales autour de ces fratries alimentaient un sentiment d’insécurité.
D – Insécurité.
La disparition brutale favorisait le sentiment d’insécurité et d’abandon.
M6 :« J’avais l’impression qu’il nous avait abandonné moi et mes parents. »
E3 : « Que quelque part il m’avait abandonné puisqu’il n’était plus là. »
J10 : « Je vais enterrer mes parents et mes grands parents toute seule. »
La perte d’un enfant exposait le couple parental à des difficultés.
M6 : « Il y a eu beaucoup de conflits familiaux »
J10 : « Mes parents se sont séparés un an après sa mort, je n’étais plus à ma place. Je
devais choisir. »
L’anxiété réactionnelle était importante. L’angoisse de mort d’un proche était évoquée avec
une notion d’imprévisibilité et d’immédiateté.
G2 : « Après la peur de perdre un autre proche ça c’est… avant cet accident non…
mais maintenant voilà, tous les jours… »
M6 : « Du jour au lendemain on peut perdre n’importe qui », « Je ne suis à l’abri de
rien. »
39
M5 : « J’ai quand même peur pour mon neveu, il est petit, il est fragile».
La peur de répétition dans le temps était exprimée.
J10 : « Ca fait un peu, pas malédiction, mais un truc lourd comme ça sur la famille, où
je me dis bah mon père a perdu sa sœur, moi j’ai perdu mon frère, j’ai peur de perdre
mes enfants ou qu’ils perdent un frère ou une sœur. », « J’ai une empreinte de mort
sur moi et que je porte. »
J9: « Tout le monde a cette crainte mais quand on en a déjà vu un qui meurt, tu te
rends compte que la vie… »
F8 : « C’est déjà arrivé une fois, je croise les doigts pour ne pas que ça recommence.
J’essaye de ne pas trop y penser. ».
Il existait des peurs liées au contexte du décès du frère ou de la sœur.
M5 : « Je fais des cauchemars de la mer, de la montagne. »
L11 : « J’ai une angoisse aussi d’accoucher, j’ai pas envie de perdre un enfant. »
La peur pouvait complètement envahir le quotidien.
J10 :« Mais là j’ai peur de tout quoi, de perdre mon copain, mes parents, mes amis,
de mourir, de prendre l’avion»
Des comportements de prudence se mettaient en place.
G2 : « Après voilà je suis prudent. »
3. ADAPTATION.
A – La présence malgré l’absence.
Les jeunes personnes rencontrées avaient manifesté leur besoin d’entretenir le souvenir de
leur frère ou leur sœur par des rituels répétitifs ou intemporels.
40
G2 : « Toutes les années à son anniversaire et au jour de sa mort on met des
lampions. »
M6 : « On y est retournés avec mes parents, c’est notre façon de lui rendre visite. »
M5 : « Les soirs, je m’endors tout près d’elle. »
Porter le nom du disparu et l’évoquer maintenaient le lien.
M6: « Pour mon anniversaire je lui ai rendu hommage, surtout une preuve
d’amour. »
J10 : « Je me suis fait tatouer son nom. »
L11 : « J’ai une gourmette, je m’en suis fait faire une, avec sa date. »
N12: « Je préfère y penser positivement, garder les moments, les souvenirs, penser à
ce qu’elle aurait fait, ce qu’elle aurait dit enfin voilà, continuer comme ça. »
J9 : « On faisait la prière ensemble, c’était le moment de parler de lui de penser à lui
en famille. »
N12 : « Je rêve d’elle mais pas en cauchemars. »
M5: « J’aime bien faire des rêves de ma sœur. »
M6 : « Dans mes rêves je le voyais dans des évènements de ma vie future. »
Associées à ces manifestations personnelles, il y avait aussi des manifestations plus
publiques et sociales pour ré assoir la place de la personne défunte et entretenir son
souvenir.
Evoquer le défunt le réhabilitait dans son rôle et permettait de lutter contre l’oubli.
J10 : « Il n’y a plus de preuves quoi à part les photos, à part moi, mon histoire. », « J’ai
besoin de faire exister les choses », « Dès que j’ai l’occasion d’en parler j’en parle. »
A7: « Ca évite que les autres l’oublient. »
E3 : « J’en discute souvent avec ma mère, ça me fait du bien. »
M6: « J’ai besoin de le rendre vivant, pour moi il existe encore, dans nos cœurs, dans
nos têtes. » « J’ai besoin dans mes paroles de parler de lui constamment. ».
Des manifestations publiques de souvenirs avaient été faites.
41
M5 : « Ma mère a décidé de faire un livre sur sa vie, c’est moi qui ai pris les photos et
dessiné. »
J10 : « Je lisais mes textes, ce n’était pas juste pour moi, c’était aussi pour m’adresser
aux gens. »
B – Troubles du comportement, conduites à risque.
Des troubles du comportement à type d’agressivité avaient été ressentis par différents
jeunes.
E4: « Peut être que je suis un peu plus…comment dire…agressif. »,
M5 : « Oui ça m’a rappelé des choses et je l’ai frappé. »
A7 : « Je commençais un peu à péter les plombs sur mes parents et j’envoyais un
peu chier tout le monde. »
L11 : « J’étais agressive, je ne parlais plus aux gens, je n’avais pas envie d’aller à
l’école, je n’avait pas envie qu’on me parle, voilà c’est tout. ».
Certains avaient ressenti des troubles de la concentration, de l’attention.
G2 : « Je n’arrivais plus à me concentrer. »
D’autres exprimaient de l’angoisse.
M5 : « J’ai arrêté de faire des malaises mais j’ai commencé à faire des crises. »
E1 : « J’ai fait des grosses crises pendant un moment. »
E3 : « J’ai eu un traitement parce que j’avais des angoisses. »
Ces troubles étaient vécus comme envahissants.
J10 : « Ca m’empêche pas de vivre mais c’est des idées qui me parasitent et qui sont à
mon avis liées à la mort de mon frère. », « Je vais prendre le métro le matin et si
j’entends un bruit je vais me dire qu’il y a une bombe. »
42
Certains jeunes dans les suites avaient présenté des troubles du sommeil, à type d’insomnie
ou à type de cauchemars.
M6 : « J’avais des insomnies un an après sa mort. »
Les cauchemars étaient souvent liés aux circonstances du décès.
M6 : « Je rêvais de lui et le voyais sauter de cette falaise tout le temps. »
J9 : « Je faisais très peu de cauchemars mais les pires c’est ça, il y a des morts où on
menace mes frères et sœurs. »
J10 : « Quand je m’endormais je pensais au corps de mon frère dans sa tombe. »
Ces cauchemars étaient sources d’angoisses.
I4: « Au début niveau cauchemars ça foutait le trac, carrément peur, je faisais
tellement de cauchemars que ça me réveillait, j’étais en sueurs, je criais et dans tout
l’appartement. »
Ces angoisses entretenaient les troubles du sommeil.
J10 : « Tu ne peux plus te reposer parce que tu as peur de te réveiller, tu as peur de
dormir, tu as peur de faire des cauchemars et c’est un cercle vicieux. »
Les jeunes évoquaient des conduites suicidaires.
M6 : « J’ai souvent songé à dire que s’il n’était plus là et bien pourquoi pas aller le
rejoindre, mais j’ai pensé à mes parents. », « J’ai eu des périodes difficiles où j’ai du
être mise sous anti dépresseurs. »
D’autres s’étaient tournés vers le cannabis pour soulager leurs symptômes.
E4 : « Je fumais du shit pour que ça passe tellement ça ne le faisait pas. ».
J10 : « Je n’ai jamais prit d’anti dépresseurs mais j’ai fumé le soir », « Ca m’a aidé
notamment à m’endormir », « ça coupe les pensées surtout, trop de pensées tout le
temps. »
43
C – Protection parentale, maturité.
La protection envers les parents s’exprimait de différente manière chez les jeunes
interrogés. Il y avait tout d’abord une notion d’épargne parentale.
M6 : « Je les épargne oui, je ne pleure pas devant eux, j’essaye d’être au maximum…je
fais ça depuis un petit moment déjà, de prendre sur moi tout le temps. », « Et c’est
vrai que j’ai toujours fait passer mes parents avant sa mort. », « Je ne pouvais pas les
abandonner, je suis la dernière chose qui leur reste. », « J’ai toujours fait passer mes
parents avant en me disant qu’ils étaient plus malheureux que moi et que moi je
n’avais pas le droit d’être aussi malheureuse qu’eux alors qu’au final on avait chacun
notre douleur. », « Je sais qu’à des moments il y a des choses que je ne pourrais pas
aborder avec mon père ou ma mère », « C’est trop dur pour eux »
I4 : « Pas à ma mère parce qu’elle a ses problèmes, je ne vais pas lui rajouter des
problèmes encore. », « Des fois je la réconforte quand elle est mal et ça passe. »
A7: « Je n’aime pas parler de ça avec mes parents, déjà qu’ils sont mal. », « Ils
auraient peu être pensé que j’allais mal. »
J10: « J’oserais pas forcément dire de choses de peur de lui faire du mal. », « J’ai pas
envie de leur rajouter de la peine quoi. »
N12: « J’essaye d’être plus attentive. »
L11: « En fait on était plus soucieuses pour ma mère en fait, on a plus mis le souci sur
ma mère que d’abord sur le frère. », « Au début c’était ma mère le principal. »
De cette épargne parentale découlait une intériorisation et un non partage de leurs
sentiments.
E3: « Du coup je gardais pour moi, je prenais sur moi. »
44
M6: « Je me suis empêchée de trop exposer ma douleur. »
Les comportements adoptés pour protéger leurs parents, les parentalisaient.
J10 : « Je suis plus dans une posture de guerrière qui va bien, que d’enfant, que de
sœur qui a perdu son frère, j’avoue je me suis mise à leur niveau et ça me pèse. »
« Tu es le moteur de la famille, c’est comme si d’un coup tu avais tout le poids de la
famille sur toi et que de toute façon je ne pouvais pas abandonner, je ne pouvais pas
me laisser aller. », « C’est le seul moyen que j’ai trouvé pour compenser l’absence de
mon frère dans ma relation familiale quoi. », « C’est dur de se détacher des trucs
qu’on s’est imposés quoi. »
L’absence des parents lors des entretiens était citée comme facilitatrice de parole. Tout
pouvait être exprimé. Il n’y avait pas besoin de modérer ses paroles pour protéger ses
parents.
A7 : « Pas avec mes parents, par contre avec des gens extérieurs. »
J10: « N’empêche que c’est trop personnel pour que j’en parle à mes parents, alors
que ça ne l’est pas du tout pour que j’en parle avec mes amis ou avec des inconnus. »
J9 : « Moi je ne tiens pas à en parler, parce que c’est un peu remuer des trucs pas
agréables quoi et limite je préfère en parler à d’autres gens qu’avec ma famille. »
Une maturité plus précoce était exprimée comme réactionnelle aux difficultés de la vie.
N12 : « On se rend compte de plus de choses. »,
L11 : « On est plus mature que nos copines ou même que ma cousine. »,
A7 : « On devient plus vite mature en fait. »,
E1 « : Enfin on a tous appris ça nous a appris beaucoup de choses. »,
I4 : « Ca fait grandir ces trucs, dans ta tête tu muris c’est sur ça. »
M6 : « Je relativise beaucoup plus qu’avant. »
De cette maturité découlait un changement de vision de leur avenir, de leurs valeurs.
45
D – Se recréer une normalité.
1-‐ Par omission.
Certains jeunes pour ne pas être confrontés à la différence liée à la perte d’un frère ou d’une
sœur préféraient omettre d’en parler à certaines personnes ou dans certains milieux.
J9 : « Je me suis dit que tout le monde n’a pas besoin de savoir. »
M6 : « Je n’avais pas non plus envie que tout le monde sache. »
I4 : « Moi j’étais normal, parce que je faisais des conneries et tout, mais c’était même
avant que mon frère soit mort. », « C’est surtout au collège, je ne veux pas que ça se
sache, parce qu’après quand ils voient mon dossier ils pensent que c’est à cause de
lui. »
2-‐ Par revendication.
J10 : « J’ai perdu mon rôle de sœur et je sais qu’en en parlant là on restitue enfin on
réhabilite mon rôle de grande sœur que je suis. », « Ca a été hyper compliqué pour moi
et j’avais besoin de le revendiquer. »
3-‐ Par l’intermédiaire des associations.
Les associations leur permettaient d’échanger avec des personnes proches en âge et ayant
le même vécu.
M6 : « J’y suis allée parce que ça fait du bien, surtout de partager le diner, c’est
vraiment bien, il y a des gens qui nous écoutent, on dit des choses, c’est vrai que c’est
un peu dur, on peut pleurer… », « Ce qui est enrichissant c’est de rencontrer
quelqu’un et en parler avec quelqu’un de vrai. »
46
G2 : « C’est bien, on rencontre des gens qui nous comprennent vraiment, qui ont vécu
la même chose que nous et qui peuvent rentrer dans notre tranche d’âge donc voilà
c’était bien. »
E1 : « C’était pas la même histoire mais on en parlait. », « On faisait des rencontres »,
« On a créé des liens. »
A7 : « Et quand on va à l’association on retisse des liens quoi, c’est des moments
partagés, de conneries, de rires… », « C’était des moments magiques et on s’est tous
compris, les uns les autres et on a commencé à parler et on voit comment on ressent
les choses par rapport aux autres. »
E3 : « J’avais bien discuté avec une mère et son fils qui étaient venus, et j’ai pas mal
discuté avec le jeune, on a bien parlé. », « Ca fait du bien de se dire qu’il y a d’autres
gens qui ont connu la même chose et qu’ils ressentent la même chose que nous. »
4-‐ LA PLACE DU MEDECIN TRAITANT.
1-‐ Rôle de prescripteur.
Pour certains jeunes interrogés, le rôle du généraliste était essentiellement de donner
comme réponse à un problème donné une prescription.
A7 : « Mon médecin traitant m’en a parlé avec des adresses de psy et puis voilà. »
E3 : « Bah mon médecin généraliste, une fois parce que j’ai eu un traitement parce
que j’avais des crises d’angoisses. »
J9 : « J’ai pas vraiment de médecin traitant, j’ai du le voir trois fois où j’étais malade
et pour un certificat, mais on n’en a jamais parlé, je ne sais même pas s’il le sait. »
J10 : « Il soigne mes angoisses parce qu’il répond à ça quoi (par des examens
complémentaires), je n’ai pas parlé de mon frère avec mon médecin parce qu’il est
tout azimut mais je lui dois en tout cas le fait qu’il ait vu la maladie de mon frère. »
47
2-‐ Rôle lié aux problèmes somatiques.
Il y avait aussi la notion que le médecin traitant ne répondait qu’exclusivement aux
problèmes somatiques.
I4 : « Non peut être pas les médecins traitants, tu vas les voir quand tu as un mal de
gorge, vous voyez ce que je veux dire, c’est pas une personne que tu vois souvent, et
en plus quand c’est une mort comme ça… »
M5 : « Mon médecin c’est le médecin de ma mère, je vais le voir quand il y a des
petits problèmes. », « C’est pour mon état de santé. »
J10 : « Il n’a vraiment aucune psychologie, déjà il ne réalise que c’est moi qu’à la fin
des séances et il me dit « ah mais vous avez des frères et sœurs ? » à chaque fois il me
pose la même question, et il me dit « ah mais non c’est vrai, vous. » et l’autre jour il a
vu ma mère dans la salle d’attente et il m’a dit «ohh mais ça va votre maman ? » et
oui encore un… voilà donc voilà pour le coup j’ai un médecin traitant et une psy, ça
ne sert à rien de mélanger les deux il ne faut pas demander plus aux gens que ce
qu’ils sont capables de donner quoi. »
3-‐ Méconnaissance du rôle d’écoute du médecin traitant.
M5 : « Non j’en n’ai jamais parlé avec un médecin, j’en ai parlé avec une psychologue
de l’IME et ça m’aidait. »
M6 : « Non je n’en n’avais pas parlé avec lui de ça. »
L11 : « Je ne comptais pas lui en parler. »
48
Tableau 2 : Résultat de l’analyse thématique.
UN DEUIL A PART -‐ Mise à l’écart privé et sociale.
-‐ Déconsidération
-‐ Indisponibilité parentale.
-‐ Insécurité
" Sensation d’abandon.
" Apparition de conflits.
" Angoisses.
ADAPTATION -‐ La présence malgré l’absence.
" Rituels.
" Entretiens des sentiments pour garder le lien,
place des rêves.
" Evoquer le mort pour le réhabiliter dans son
rôle, peur de l’oubli.
-‐ Troubles du comportement, conduites à risque.
" Agressivité.
" Troubles du sommeil.
" Cannabis.
-‐ Protection parentale, maturité.
-‐ Se recréer une normalité.
" Par omission.
" Par revendication.
" Par l’intermédiaire d’associations.
PLACE DU MEDECIN
TRAITANT
-‐ Rôle de prescripteur.
-‐ Rôle lié aux problèmes somatiques.
-‐ Méconnaissance du rôle d’écoute du médecin
traitant.
49
III : DISCUSSION.
L’étude de données qualitatives a été perçue comme étant la meilleure approche
pour répondre à nos objectifs en nous permettant de décrire de manière précise les
opinions, comportements et attentes des participants sur les thèmes abordés.
Une étude quantitative par questionnaire standardisé n’était pas adaptée à l’exploration de
notions subjectives, non quantifiables et non accessibles à une approche statistique.
1-‐ CRITIQUE DE L’ETUDE
Afin de critiquer objectivement l’étude, il a été choisi d’utiliser comme support la
grille de lecture : COnsolidated criteria for REporting Qualitative research publiée dans
l’International Journal for Quality in Health care (ANNEXE 8). Elle a été réalisée à partir
d’une méta-‐analyse de l’ensemble des grilles de lecture publiées dans la littérature. Les 32
items de cette grille sont utilisés pour la critique.
A-‐ L’équipe de recherche.
L’identité de l’investigateur, ses qualifications et son occupation au moment des entretiens
ont été décrits dans la partie Matériel et Méthode. Les participants ne connaissaient pas
l’hypothèse de l’étude avant l’entretien.
-‐ Expérience et entraînement de l’enquêteur.
L’enquêteur était novice et a expérimenté là sa première étude qualitative. L’unique
formation théorique acquise était une journée d’enseignement sur les études qualitatives
réalisée par le Département de Médecine Générale.
50
Le manque de connaissance du chercheur a été contrebalancé par l’expérience du directeur
de thèse Dr Elise BENEDINI, expérimentée et formée à la réalisation des études qualitatives
ainsi que par une recherche bibliographique sur la méthodologie des études qualitatives.
Un cercle de thèse extraordinaire a été organisé par le Dr BENEDINI avec une
psychothérapeute qui nous a permis de réfléchir sur notre posture d’interviewer, et
d’améliorer le déroulement de nos entretiens.
Le manque d’expérience de l’investigateur a pu constituer une limite d’influence. L’absence
d’entraînement à la réalisation d’entretiens semi-‐dirigés a pu influencer la réponse des
participants par la personnalité, la subjectivité, la façon de poser des questions ouvertes, à
la reformulation, à la relance et le manque d’expérience du chercheur.
Cette limite a été atténuée par la réalisation d’un guide d’entretien détaillé avec des
questions de relances multiples.
-‐ Relation avec les participants.
Le mode de recrutement s’est fait selon un mode indirect, limitant ainsi le risque d’une
relation établie préalablement à l’étude.
-‐ Caractéristiques de l’investigateur.
L’interviewer était un interne en médecine générale. Ce statut a pu constituer une limite et
influencer la direction des entretiens en inhibant la réponse des jeunes avec une peur de
« mal répondre », de juger la prise en charge effectuée par leur médecin généraliste.
L’enquêteur arrivait avec des a priori de médecin sur les représentations et les
comportements vis-‐à-‐vis du deuil ce qui a pu orienter les jeunes dans leurs réponses.
Encore une fois, l’élaboration du guide d’entretien a été l’élément-‐clé pour limiter cette
influence.
51
-‐ Pourquoi le choix de ce sujet ?
L’enquêteur avait accepté ce sujet car il travaillait dans un contexte qui avait fait écho à ce
sujet.
« C’était à l’époque où je travaillais en HAD et où on accompagnait à domicile des parents en
fin de vie qui avaient à la maison des enfants même parfois en bas âge.
On leur proposait un accompagnement psychologique, de même qu’à leurs enfants, mais il
était de courte durée car non pris en charge par l’HAD après le décès.
Ce soutien n’était pas spécialisé ou adapté aux enfants et souvent même refusé par ces
jeunes.
On se retrouvait donc au domicile fréquemment dans des situations difficiles où la relation
n’avait pas été établie avec les enfants et où l’on se devait leur annoncer le décès d’un de
leur parent.
Le seul mot qui me venait à l’esprit était : brutalité.
Après deux situations similaires je me suis posée la question du ressenti, du vécu de la
maladie et du décès d’un proche sur un enfant ou un jeune adulte en construction.
Plusieurs questions se sont imposées :
-‐ Quels sont les motifs du refus d’une aide extérieure ?
-‐ Quelles sont leurs ressources ?
-‐ Que leur dire ? Comment ?
-‐ Quel impact peut avoir notre intervention plus ou moins maladroite sur le
déroulement de leur deuil ?
Voilà pourquoi le sujet du Vécu du Deuil dans la Fratrie m’a intéressé.
C’est avoir un retour a posteriori sur leur vécu, sur leur expérience pour mieux avancer sur
un plan professionnel et humain.
Mes freins :
Avant de commencer mon travail j’avais beaucoup d’a priori.
52
C’était très difficile pour moi de parler de décès, de mort d’une personne proche, cela me
renvoyant à mes propres interrogations.
Je craignais de raviver une douleur, une brèche difficile à cicatriser, je craignais de
perturber le processus de deuil.
J’avais peur d’être maladroite sur un sujet qui me paraissait si sensible.
J’avais l’impression que ma demande de rencontrer des jeunes endeuillés était incongrue,
malvenue, déplacée comme si c’était des personnes qu’il ne fallait pas déranger pour qu’ils
puissent avancer.
Comme si parler du deuil était toxique, délétère.
Je ne pensais pas recevoir un si bon accueil.
Mes représentations sont tombées dès mon premier entretien.
Ce que ça a changé dans ma pratique :
Depuis ces entretiens je me suis rendue compte qu’il était important d’aborder en
consultation tous les sujets mêmes les plus difficiles.
Les aborder, sans forcément les développer.
Il faut que ce soit une volonté du patient de développer et avec sa temporalité.
Le fait d’évoquer avec le patient des sujets difficiles permet de rompre le tabou, de libérer la
parole et d’ensuite les accompagner.
Cela permet de montrer au patient que la consultation peut être et doit être un lieu sans
tabou.
Ces entretiens m’ont permis de me rendre compte que même sans expérience en
psychologie, rien que le fait de libérer la parole est bénéfique. Ensuite quel qu’en soit le
contenu, s’il y a nécessité, on peut orienter le patient vers des spécialistes de soins
secondaires.
Tout tabou parasite la relation médicale et l’aide que l’on peut apporter à son patient.
Depuis cette étude je n’ai plus d’appréhension à aborder les sujets difficiles pour les
dépister. »
53
B-‐ Conception de l’étude
La méthodologie choisie, le processus d’enregistrement, les notes prises durant les
entretiens et leurs durées ont été décrits dans la partie Matériel et Méthode. Les entretiens
n’ont pas été répétés.
-‐ Constitution de l’échantillon raisonné.
Contrairement aux études quantitatives, l’échantillon étudié ne doit pas être représentatif
de la population générale. La représentativité de l’échantillon peut constituer une limite car
il ne prend pas en compte les cas atypiques et déviants.
L’échantillon raisonné n’est pas préétabli avant les études dans la méthodologie qualitative.
Le chercheur sélectionne les participants selon leurs caractéristiques pour diversifier au
mieux les opinions et comportements afin d’élargir l’éventail de données à recueillir.
L’échantillonnage a tenté de suivre ces règles.
Les différentes cause de décès étaient représentées : accident, maladie, crime, suicide.
Peu d’adolescents garçons ont été interviewés. Ils auraient pu enrichir notre description. La
représentativité de l’échantillon peut présenter une limite d’interprétation car il ne prenait
pas en compte les adolescents ayant refusé de participer, ni leur motif de refus et prenait en
compte essentiellement des adolescents issus d’associations. L’étude n’a pas permis
d’obtenir leurs témoignages, nécessaire à la description complète et fidèle du phénomène
étudié.
-‐ Difficultés de recrutement.
Le recrutement a été difficile, il est impossible de connaître le nombre exact de refus et de
non répondants.
On peut évoquer des hypothèses de non réponse ou de refus de participation des différents
organismes, et professionnels contactés :
-‐ L’oubli.
54
-‐ Le désarroi ressenti face à la mort d’un jeune.
-‐ Le refus d’en parler à une inconnue.
-‐ Le manque de temps.
-‐ Le manque d’intérêt.
-‐ Les a priori:
Pourquoi remuer des sentiments douloureux au risque de faire souffrir.
La légitimité à aborder ce sujet.
Que personne n’a envie d’en reparler.
-‐ Entretien semi-‐dirigé.
L’entretien individuel a permis aux adolescents de s’exprimer librement dans la
mesure où ceux ci ne subissaient pas la pression psychologique d’autres participants. Cela
aurait pu être le cas s’il avait été réalisé des focus-‐group pour le recueil de données. Les
adolescents pouvaient s’affranchir en partie des considérations liées à l’image qu’ils
souhaitaient donner d’eux-‐mêmes.
-‐ Lieu de déroulement des entretiens.
Les lieux des entretiens ont été choisis par les jeunes et le chercheur par souci de confort
pour aborder ce sujet si difficile dans les meilleurs conditions, pour que le travail de
mémoire et de restitution ne soit pas perturbé ainsi que l’enregistrement des entretiens.
Aucun entretien n’a été effectué dans un lieu public.
10 entretiens ont été effectués au domicile de l’interviewé dans un environnement calme et
sécurisant, les parents étant dans une autre pièce.
1 entretien a été effectué au domicile du chercheur.
1 entretien a été effectué chez la grand mère d’une des interviewés, la grand mère n’étant
pas présente lors de l’entretien.
Il n’y a pas eu d’événement perturbant extérieur hormis la présence d’animaux.
55
Une pause a été effectuée lors des entretiens 9 et 10 aux vues de leur longueur et de
l’intensité de l’échange. La pause peut représenter une limite de déperdition de données.
Dans notre cas elle a permis de relancer l’entretien sur de nouveaux thèmes non abordés
précédemment.
Dans cette étude, la diversité des lieux n’a pas entrainé de différence dans la durée ou la
qualité de l’entretien.
Un des entretiens n’a duré que 17 minutes, l’ensemble des thèmes a été abordé mais peu
développé. Nous pouvons évoquer comme cause la relation chercheur interviewé qui a pu
être mal établie, l’interviewé étant elle même étudiante en médecine.
-‐ Elaboration du guide d’entretien.
Il n’a pas été trouvé d’étude comparable traitant la place du médecin généraliste lors du
deuil d’un frère ou d’une sœur dans la bibliographie.
Dans cette étude, trois entretiens pilotes ont été réalisés afin de vérifier la compréhension
des questions posées aux participants. Ces interviews ont permis de faire évoluer le canevas
d’entretien.
-‐ Saturation des données.
Le recueil et l’analyse des données après chaque entretien a permis de repérer les
occurrences des thèmes et sous thèmes exprimés par les jeunes. Il est apparu une
redondance des idées formulées à partir du dixième entretien. Les entretiens ont été
poursuivis jusqu’au douzième pour s’assurer de l’absence d’apparition de nouvelles
thématiques.
56
-‐ Validation de la retranscription par les participants.
La retranscription des entretiens n’a pas été retournée aux jeunes pour s’assurer de sa
fidélité. Le retour des participants aurait pu valider la crédibilité de l’étude en confirmant
que la retranscription correspondait bien à ce qu’ils voulaient exprimer. La relecture d’un
entretien retranscrit au mot près n’est pas facile à lire et cela aurait pu être un moment de
censure de la part des jeunes.
C-‐ Analyse des données.
Deux chercheurs ont participé à l’étude. Les thèmes et sous thèmes n’ont pas été préétablis
et sont issus de l’analyse progressive des entretiens.
L’analyse transversale classifiant les thèmes et sous thèmes sous forme de carte
conceptuelle avec le logiciel SimpleMind® est présentée dans l’annexe 3.
Le travail n’a pas été retourné aux participants pour avoir leur avis.
-‐ Résultats.
Les résultats ont été décrits par thèmes répondant à la question d’étude. Ils étaient illustrés
par les citations les plus pertinentes et marquantes.
Il existe une limite de mémoire, inhérent à l’ancienneté des faits, qui étudie le vécu de la
perte d’un frère ou d’une sœur a posteriori.
Pendant les rencontres il pouvait exister une limite d’investigation dans le recueil de
données puisque le thème abordé était un sujet difficile, sensible, et l’émotion des jeunes et
du chercheur pouvait influer sur les réponses.
-‐ Analyse des données.
Les deux analyses réalisées de manière indépendante par les chercheurs ont permis de
réduire la perte d’information et de vérifier la cohérence et le sens des idées exprimées en
57
limitant les risques d’interprétation, de faciliter la création du plan commun
d’interprétation.
Les thèmes ressortant dans l’entretien et ne répondant pas à la question posée pour l’étude
n’ont pas été traités.
2-‐ ANALYSE DES RESULTATS CONFRONTES À LA LITERRATURE.
A-‐ Un Deuil à part.
-‐ Mise à l’écart privée et sociale.
De nombreux auteurs ayant étudié le deuil de la fratrie notent l’importance de lutter contre
cette mise à l’écart.
Un tiers, membre de la famille ou bénévole est souvent nécessaire pour maintenir le lien,
car le risque pour les parents est de placer l’enfant au second plan et de l’isoler lors du
drame(7). Lorsqu‘ils sont en état de choc, un accompagnateur est nécessaire pour éviter
que les autres enfants ne se sentent responsables ou coupables.
Les circonstances et les raisons du décès sont à expliquer aux enfants avec des mots
adaptés à leur âge. La fratrie doit participer aux funérailles (8,9). Ces jeunes ont besoin
d’explications claires et adaptées à leur niveau de compréhension. Ils ont besoin de savoir
ce qui c’est passé et de comprendre les réactions des adultes. Ils doivent pouvoir les
interroger et participer concrètement à tout ce qui se met en place après le décès (9).
La plupart des enfants désirent pouvoir dire au revoir à celui qui va mourir ou qui est
décédé. Ils expriment des regrets quand cela n’a pas été possible.
Les réticences fréquentes de les laisser assister aux funérailles, viennent des parents et de
l’entourage (8).
Cette désocialisation du deuil n’est pas sans conséquence pour les enfants. Il a été mesuré
que sans explication et sans voir le corps du défunt les enfants commes les adultes ont du
mal à comprendre la mort (8).
Participer leur offre la possibilité d’exprimer une dernière fois leur affection, leur permet de
prendre conscience de la réalité de la mort (8), et les préserve du deuil pathologique (9).
58
En amont du décès, une étude explique l’importance d’impliquer la fratrie lors d’une prise
en charge hospitalière, pour que le lien fraternel s’adapte et pour que ce lien se poursuive
après la mort et serve d’aide à la communication entre la fratrie survivante et les parents,
aux différents stades de développement de la fratrie (10). Chaque stade du développement
de la fratrie remet jeu, en partie, le travail du deuil éffectué (10).
Le deuil de la fratrie est un deuil oublié. M. Fugain (11) l’exprime à plusieurs reprises :
« Moi on ne m’a jamais demandé comment j’allais », comme si la douleur était réservée à
certains membres de la famille en fonction de leur statut (12) .
Une étude sur les fratries endeuillées par le SIDA, en Afrique du Sud met en évidence une
mise à l’écart selon la cause de la mort (13). Celle ci n’est pas spécifique au SIDA mais se
retrouverait quelques soient les causes de décès dans la fratrie au vue de notre étude.
Certaines circonstances de décès, peuvent majorer cette mise à l’écart, comme par
l’incompréhension autour d’un suicide dans nos sociétés.
La fratrie a beaucoup de difficultés à parler du défunt à leurs amis ou leur famille, lié au
tabou de la mort dans notre société (1,2). L’entourage se sent mal à l’aise, le sujet est
soigneusement éludé. Or la parole et l’expression vis à vis du défunt font parties des rituels
mis en place pour cheminer dans le deuil (5,7,8,9,10).
Cette mise à l’écart privée et sociale, volontaire ou inconsciente, rend le deuil de la fratrie
particulier et parfois invisible pour l’entourage. Dans ces moments difficiles pour tous les
membres de la famille, la fratrie est la grande oubliée. Il peut être facile de l’ écarter sous
prétexte de la protéger.
-‐ Déconsidération.
Ne pas être reconnu par l’autre dans la spécificité de ses émotions et affects entrave la
transformation par la pensée de la souffrance et gêne le déploiement du travail de deuil
(14,15).
59
Le souci de protection de la fratrie par l’entourage, en l’isolant de ce qui est estimé difficile,
revient à nier par ce biais toute individualité à cette fratrie et donc toute émotion (14).
Le langage et le maintien de la circulation des mots luttent contre l’isolement (16).
Dissimuler à quelqu’un quelque chose qui le concerne le dépouille de ses choix de libre
arbitre et de sa position de sujet. Ceci est valable quelque soit l’âge et la position intra-‐
familiale (16).
Une lacune de communication contribue à la sensation d’isolement de la fratrie et lui fait
ressentir clairement qu’elle ne vit pas la même intensité de souffrance (17).
Souvent, l’entourage demande à la fratrie, de façon plus ou moins implicite de contenir ou
de masquer sa souffrance (5). Les injonctions de compréhension avec nécessité de passer à
autre chose sont fréquentes (18).
La mort déchoit de leur place et rôle de frère ou sœur les endeuillés.
Cette déconsidération peut être liée à plusieurs causes. Le contexte socioculturel actuel
cherche à protéger les fratries qui se retrouvent maladroitement mises à l’écart (19).
Mais il y a aussi une autre cause indirecte. La fratrie elle même pour protéger son cocon
familial va cacher et sous estimer sa souffrance. Elle renverra une fausse image de force.
-‐ Indisponibilité parentale.
On peut définir la famille comme un cocon protecteur où les parents sont les piliers et les
enfants des êtres en devenir qui gravitent autour de ces piliers. Ce cocon est nécessaire au
développement des enfants, et permet à chaque individualité, enfant ou parent de
s’épanouir (14). Pour que ce cocon perdure dans le temps, malgré les épreuves, il est
nécessaire que les piliers résistent (14).
L’annonce entraîne chez les parents, un état de sidération affective et cognitive qui entrave
leurs capacités de soutien envers leurs enfants (8,14).
Cette carence parentale peut exacerber les symptomes liés au deuil comme l’asthénie, les
troubles du sommeil, troubles alimentaires, la culpabilité, l’isolement, les idées suicidaires
(12).
60
Les traumatismes dans l’enfance sont un risque pour le développement de maladies
psychiatriques notamment lorsqu’ils sont associés à un rôle défaillant de l’entourage
proche (20).
Pour limiter l’impact de cette indisponibilité, un proche ou un professionnel de santé peut
servir de tuteur à la fratrie endeuillée (17, 21). Prendre en charge la détresse parentale,
permet de restituer au groupe familial un fonctionnement étayant (19).
-‐ Insécurité.
" Sensation d’abandon.
Le sentiment d’abandon est fréquemment rapporté par les frères et sœurs, quelque soit leur
âge (22,23). La peur qui en découle met du temps à disparaître et passe par la création de
nouveaux liens harmonieux intra familiaux (19). Un des risques majeurs est la perturbation
du processus d’attachement de ces enfants en particulier au moment de l’adolescence ou au
début de la vie amoureuse (19).
" Apparition de conflits.
La perte d’un enfant est une épreuve pour le couple parental (8, 11). Chaque parent est en
conflit intérieur, le travail du deuil étant une confrontation intérieure à la réalité de la perte,
de la mort, de la souffrance, du drame et du traumatisme (24). Ce chaos intérieur rend la
communication et la relation à l’autre difficile, pouvant entrainer des conflits (14).
Dans une étude Canadienne hospitalière publiée en 2012 de 39 jeunes frères et sœurs de 12
à 17ans, 8% des fratries interrogées avaient le sentiment que la famille s’était éloignée (25).
Certains couples n’ont pas survécu à la perte de leur enfant et certaines familles au sens
large (oncles, tantes, grands parents) se sont éloignés.
Chaque individu de la famille est transformé. Ce n’est pas uniquement le deuil du défunt,
mais aussi le deuil de la vie d’avant, des parents d’avant (11,14).
61
" Angoisses.
Les angoisses sont fréquentes (3,8,10,12,15). Le deuil est intrinsèquement porteur
d’angoisses car il est l’expression même de la finitude du défunt, et de la relation qui s’était
tissée avec lui. Il ramène chacun à sa propre fin (19).
Les angoisses peuvent se cristalliser autour des circonstances du décès.
Elles concernent leur santé, celle de leurs parents, de la fratrie restante, de leur grossesse
future et de la santé de leur futurs enfant (10, 26).
Les symptomes de stress post traumatiques rapportés sont des pensées et souvenirs
envahissants, des troubles de la concentration, une agitation avec des troubles du
comportement psychomoteur (12).
Cette anxiété génère une modification du comportement des jeunes endeuillés, plus
prudents pour ne pas risquer de revivre des morts prématurées.
B-‐ Adapatation.
-‐ La présence malgré l’absence.
Le concept des « continuing bonds » que l’on pourrait traduire par « les liens au cours du
temps » a commencé à être évoqué en 1991 (4,5) et a été repris dans diverses études
anglosaxones (5,10,27). Son importance n’est pas discuté, mais les détails de ces liens
restent, flous et non hierarchisés.
Les « continuing bonds » sont les liens créés et entretenus tout au long de la vie de la fratrie
et qui se poursuivent après la mort d’un de ses membres. Ils continuent d’évoluer après la
mort. C’est une relation qui n’est pas fixée dans le temps (5).
Le maintien de ces liens est bénéfique et ne relève pas de la pathologie. Il est recommandé
de ne pas les rompre, mais de les encourrager pour faciliter le travail de deuil (5).
Dans le cas de la maladie, les liens fraternels se modifient durant l’évolution de la maladie et
ces modifications participent à la capacité de résilience de la fratrie (24). L’intégration de la
fratrie aux soins est recommandée pour développer ces liens (10).
62
Dans notre étude, nous avons identifié trois types de liens après le décès :
-‐ Les liens physiques et matériels regroupent les différents rituels familiaux
(recueillement sur la tombe, à l’endroit du décès, commémoration de la date de naissance
ou de décès), les objets du défunt (photos, bijoux, peluches, CD ) tatouages, gourmette avec
le prénom du défunt. Ces liens peuvent être interprétés comme une manière indélébile de
maintenir leur fonction de frère ou sœur. Les jeunes exprimeraient ainsi leur volonté de ne
pas se faire déposséder de ce lien avec leur frère ou leur sœur décédé et de ne jamais
oublier celui ci ou celle ci. Par cette matérialisation, ils afficheraient leur identité de fratrie.
C’est aussi un moyen de garder en eux un peu de leur frère ou de leur sœur (27).
-‐ Les liens psychologiques, spirituels comprennent les souvenirs, les pensées
positives (vie future avec leur frère ou leur sœur, conseils du défunt sur leur vie), les rêves
avec messages du défunt.
-‐ les liens publiques sont représentés par le besoin de parler, de transmettre, avec
l’entourage proche ou publiquement. Ces liens sont garants du souvenir, des moyens de ne
pas faire mourir une seconde fois leur frère ou sœur (28).
Dans notre étude nous n’avons pas retrouvé de fratrie qui poursuivait un but ou travail
entrepris par le défunt, comme par exemple une collection ou un but sportif ou
professionnel (10). Dans ce cas précis nous pourrions nous interroger sur ce type de lien
qui pourrait s’assimiler à « l’enfant de remplacement » qui mimerait les qualités du défunt
dans un espoir de combler son absence, à ses yeux et à celui de ses parents (19).
-‐ Cannabis, troubles du comportement.
" Troubles du comportement, troubles scolaires.
Les troubles du comportement sont à type d’agressivité envers les parents, la fratrie et les
amis. Ils sont signes d’un processus de deuil toujours en cours, même si ils ont lieu à
63
distance du décès (29). La mort d’un frère ou d’une sœur confronte la fratrie à un deuil qui
va évoluer par phases successives tout au long de son développement psychique.
Reconnaître cette colère qui habite l’adolescent est nécessaire pour lui permettre de
l’exprimer autrement sans être jugé (29). Cette colère peut aussi être le moyen d’attirer
l’attention (3).
Une étude Canadienne interrogeant les professeurs de fratrie endeuillé retrouvait un sur-‐
risque faible d’agressivité chez les fratries en milieux scolaire et uniquement envers leurs
pairs et non envers les professeurs (30).
La persistance ou la survenue à distance de difficultés scolaires sont très mal connues, car le
lien de cause à effet est difficile à confirmer (29).
" Troubles du sommeil.
Les troubles du sommeil sont quasiment constants dans les premiers temps du deuil (29).
Les réveils nocturnes sont à relier au contexte anxieux. Les cauchemars sont en rapport
avec le contexte du décès, ou la peur des revenants (15). Celle ci est liée à la culpabilité
éprouvée vis à vis du frère ou de la sœur décédée (15).
" Conduites à risques.
Le cannabis était utilisé à visée anxiolytique et sédative.
Les consommation addictives ne sont pas évoquées dans la littérature dans le cadre du
deuil de la fratrie, chez les adolescents et adultes jeunes.
L’utilisation du canabis a pu être mise en avant par, la méthodologie de l’étude qui
permettait d’aborder tous les sujets et par la disponibilité et l’attitude de la chercheuse qui
se mettait dans une position d’égale avec l’interviewé pour qu’il n’y ait pas de rapport de
hierarchie que ce soit par l’âge ou le statut de chercheur. La proximité générationelle de la
chercheuse a pu faciliter le développement de certains sujets réservés aux jeunes et a pu
permettre l’emploi d’un vocabulaire franc par les interviewés.
64
-‐ Protection parentale et maturité.
" Protection parentale.
L’adolescent oscille entre le désir de protéger sa famille en deuil et de manifester ses
sentiments (31).
La mort fragilise les liens familiaux. Chaque membre se rend compte de la précarité de ce
lien protecteur et nouricier qui peut lâcher à tout moment, obligeant à une recomposition
de l’ensemble de la trame relationelle familiale (14). Pour la fratrie, cette recomposition
relationnelle passe par le soutien parental au dépend de son ressenti personnel. C’est une
manière pour la fratrie de renforcer le cocon familial pour ne pas qu’il s’effondre, se délite
(14).
Il existe des risques d’exès dans ces postures de protection des fratries envers les figures
parentales, avec des sentiments d’emprisonnement dans ce rôle d’enfant trop parfait,
résistant à tout.
La fratrie protège ses parents, ne leur crée aucune difficulté, voire elle se place, elle même,
en position parentale vis à vis d’eux. La fratrie devient ainsi anti dépresseur pour ses
parents. Elle adopte un rôle de consolateur, toujours disponible pour eux (15).
Ce schéma excessif, s’il perdure, peut se faire au dépend du développement de la fratrie et
de son travail de deuil (3,21).
" Maturité.
Une étude américaine quantitative avait retrouvé un résultat similaire dans un groupe de
soixante et onze fratries endeuillées par le cancer (32). Ce résultat avait été confronté à
l’avis des parents qui avaient été interviwés sur la fratrie et les réponses étaient
concordantes (32).
Cette maturité survient de la même manière si la fratrie est jeune, et plus la fratrie est jeune
plus cette maturité est accompagné d’un regard sévère sur la vie, ne laissait que peut de
place pour un développement classique de l’adolescent (3). Ce sont des adolescents plus
solitaires et adultes qui développent moins de relations sociales (3). Ils deviennent souvent
65
plus à l’aise avec la conception de la mort et du deuil et sont prêts à aider d’autres
adolescents qui vivent la même chose (3).
Les associations de fratrie endeuillés peuvent être le lieu de cet échange, de cette entraide.
-‐ Se recréer une normalité.
Le décès d’un frère ou d’une sœur donnerait un sentiment d’anormalité par rapport aux
autres adolescents. A cet âge, les jeunes se définissent par leur appartenance à un groupe.
Le groupe est normatif. Cette différence, crainte de stigmatisation pourrait alimenter le
tabou entourant un tel décès.
Certains préféraient se taire pour éviter les réactions d’évitement, les changements de
comportements de leurs pairs et ainsi se fondre dans une normalité.
Pour d’autres, le revendiquer, bousculer les tabous leur permettaient de retrouver une
normalité (11).
Par le vécu partagé, les associations de fratries endeuillées peuvent proposer un espace
où l’anormalité devient normalité. Elles aideraient à sortir de la solitude ressentie par la
mise à l’écart de l’entourage. Elles permettraient de mettre en contact des jeunes endeuillés
de même âge et de leur redonner un sentiment d’appartenance à un groupe normatif.
Dans une étude américaine, 10% des adolescents ont cité une association de famille
endeuillée dans les aides au deuil. En apprenant de leurs expériences mutuelles et en
échangeant sur leurs sentiments, ils se sentaient moins seuls (18).
En France il y a très peu d’études sur les goupes de fratries endeuillées encadrés par des
professionnels de santé, car peu développés sur le territoires contrairement au Canada et
au Royaume-‐Uni (31). Il est difficile d’évaluer objectivement l’impact des associations pour
les fratries dans le temps. Une étude française a tenté d’évaluer des ateliers
médiatisés organisés par un service de soins palliatifs (33). Ces ateliers étaient ouverts aux
enfants de 6 à 18 ans et animés par deux animatrices, psychologues ou psychothérapeutes
formées à animer ces ateliers. Une supervision après chaque atelier était faite par un
pédopsychiatre psychanalyste pour repérer les enfants ayant besoin de suivis individuels.
Quatre ateliers à un mois d’intervalle étaient organisés, le premier consacré à l’expression
66
de leurs vécu par le dessin, le deuxième à l’expression de leurs émotions par le mandala des
émotions, le troisième était un atelier de decoupage-‐collage pour exprimer leur vécu du
moment et leurs projections dans l’avenir, le quatrième atelier était une synthèse du
parcours fait lors des 3 premiers ateliers. Au cours de ces ateliers il y avait des moments de
paroles qui faisaient suite aux moments de production et chaque atelier était cloturé par un
travail de synthèse où chaque enfant apportait une trace par rapport au vécu de la séance.
La conclusion était positive en terme de faisabilité, de satisfaction immédiate et post
immédiate des parents et enfants endeuillés. Ce dispositif a été développé sous la forte
demande des services concernés ( réanimation, médecins scolaires…).
C-‐ Place du médecin traitant.
Pour la plupart des adolescents interviewés le médecin traitant avait un rôle de
prescripteur en réponse à un symptôme somatique. Ils ne lui connaîssaient pas le rôle
d’écoute, d’accompagnement et de soutien psychologique.
Médecin de 1er recours , mais aussi médecin de famille, le médecin généraliste est
l’interlocuteur privilégié pour accompagner une fratrie endeuillée. Sa connaissance du
fonctionnement familial est utile et le soutien qu’il peut apporter aux parents permet de
limiter l’isolement de la fratrie (34).
Lors du décès, contacter les parents est très souvent nécessaire du fait de leur sidération
(35). Le médecin généraliste peut à cette occasion, rappeler sa disponibilité pour les
parents mais aussi la fratrie. Il peut proposer des consultations dédiées avec un suivi adapté
aux besoins de chacun. Noter dans le dossier médical de la fratrie le décès peut permettre
de créer des liens avec ce drame quelque soit le motif de consultation des jeunes. Il peut
expliquer les circonstances du décès, avec des mots adaptés, même à distance de la mort. Il
peut également proposer et coordonner un suivi spécialisé, et informer les jeunes de
l’existence des associations de fratries endeuillées.
67
IV : CONCLUSION.
68
69
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Médecine générale. Soutenue à l’Université Claude Bernard Lyon 1, 2014.
71
ANNEXES
-‐ Annexe 1 : Guide d’entretien.
Guide d’Entretien
-‐ Âge/ date de naissance.
-‐ Sexe
-‐ Adresse/numéro si doit recontacter mais enquête anonyme.
-‐ En quelle classe es-‐tu? Tu fais quoi comme études?
-‐ Qu'est-‐ce que tu fais en dehors de l'école? Tu as une passion ou un loisir?
-‐ Tu voudrais faire quoi plus tard?
-‐ Que font tes parents?
-‐ Comment est-‐il décédé?
-‐ C'était à qu'elle date?
-‐ Quel a été ton ressenti d'enfant à ce moment là?
-‐ Raconte moi tes sentiments à ce moment là ?
-‐ Et maintenant avec le recul?
-‐ Comment as-‐tu appris le décès de?
-‐ Comment te l'a t'on expliqué ?
-‐ Avec le recul qu'est ce que tu aurais aimé que l'on t'explique ou non?
-‐ Qu'est ce que ça a changé dans ta relation avec tes parents ? et la fratrie?
-‐ Qu'est ce que ça a changé à l'école?
-‐ Comment ça c'est passé avec tes amis ?
Comment en parles tu à tes frères/sœurs ou à tes parents?
-‐ Comment as tu été entouré (ou non) ?
-‐ As tu vu quelqu'un pour en parler? Comment ?
-‐ Et les professionnels de santé ? (ton médecin, une infirmière, une psychologue ou autre). Comment ton médecin a t’il abordé ce sujet avec toi ?
-‐ Que penses tu des groupes de parole de personnes ayant vécu la même chose?
72
-‐ Comment se passent tes nuits depuis le décès ? est ce que tu as plus de craintes dans ta vie quotidienne? Est ce que ça t'empêche de faire certaines choses? Raconte moi
-‐ Comment reparles tu de ton frère/sœur et avec qui?
-‐ Te fais tu du souci pour tes parents?
-‐ As tu ou essaye tu encore de protéger tes parents par rapport à ce décès?
73
-‐ Annexe 2 : Feuille d’explication de l’étude.
Bonjour, Je suis actuellement interne en médecine générale et je travaille sur le deuil dans la fratrie chez les adolescents et jeunes adultes de 14 à 20 ans. J'évalue le retentissement du deuil dans la fratrie, dans les différentes sphères de la vie (scolaire, amicale, relations frère/sœur/parents...) pour mieux en définir les difficultés spécifiques et pour adapter les réponses à apporter. C'est un deuil assez peu connu et parfois occulté dans la société. Sur votre accord et celui de vos enfants, s'ils sont prêts, je souhaiterais les rencontrer pour recueillir leur témoignage. Ce sera sur le mode d'un entretien informel, enregistré mais strictement anonyme. N'hésitez pas à me joindre pour plus d'information Merci pour votre aide et j'espère a bientôt, Cordialement, PRUDHOMME Charlotte [email protected] 0659084318
74
-‐ Annexe 3 : Cartes conceptuelles.
A-‐ Deuil à part.
75
Deuil à part
Mise à l'écart
privé
G2:"N
on ça c'est ma m
ère qui allait les voir" enparlant des m
édecins, "nous on ne nous a pasvraim
ent posé la question"
A7:" Il y en a beaucoup qui sont
partis quand ils ont su, beaucoup,m
ême de la fam
ille."
A7: "Il y en a d'autres qui
n'ont pas envie d'^tre là,dans la m
ême m
ouise."
J10: "Mes deux m
eilleuresam
ies m'ont laissé tom
bé."
SocialI4: en parlant de la cause de décès "je pense qu'il y en
a qui le savent, mais ne veulent pas m
e le dire, ilspensent que je suis trop jeune."
M6:" C
e qui est dur aussi c'est le regard desautres. O
n ne me voyait plus que com
me la fille
qui a perdu son grand frère."
M6: "Il y en a beaucoup qui m
'ontregardé avec de la pitié, c'est pas
agréable d'être regardé comm
e ça."
M6: "Je ne peux pas dire que
je suis fille unique"
A7:"La relation avec lesgens est différente."
A7: "C
a les rendm
al à l'aise."
F8: "Il y a ceux qui ne veulent plusparler des frères et soeurs une fois
qu'on leur a dit ça, c'est compliqué."
J10:"Je suis vraiment nulle part quoi, en plus
tous les adultes vont toujours demander
comm
ent vont tes parents."
A7:" M
oi je n'étais plus du tout dans le mêm
etrip, après quand on est com
me ça c'est
compliqué d'avoir des am
is."
J10:"Maintenant je
suis toute seule."
Déconsidération
E1: "Alors m
oi je n'ai vu personne etje n'avais m
ême pas de droit de
rentrer dans la chambre."
I4:"Non au début il voulait pas m
edire qu'il était pendu."
J10:"J'ai perdu ma norm
e de jeune fillequand m
on frère est mort."
J10:"J'ai perdu mon
rôle de soeur."
E1: Quand on allait à l'hopital c'était
pas pour voir mon frère, c'était pour
voir la psychologue."
J10:"Je l'ai vraiment m
al vécu parce que moi les
gens partaient du postulat que ça allait, moi je suis
vivante, je suis en forme, je m
e démerde dans la
vie donc ça va quoi."
J10:"Bah et com
ment je
vais moi enfin?!?"
J10:" C'est horrible ce que je vis et ça
ne se voit pas."" Je suis handicapée etpersonne ne le voit."
Insécurité
G2:"A
près la peur de perdre un autre proche çac'est... avant cet accident non...m
aism
aintenant voilà, tous les jours..."
G2:"A
près voilà jesuis prudent."
M5:" Je fais des
cauchemars de la m
er, de la montagne"
M5:"J'ai quand m
ême peur pour m
onneveux, il est petit, il est fragile."
Abandon
E3:"Que quelque part il m
'avaitabandonné puisqu'il n'était plus là."
M6: J'avais l'im
pression qu'ilnous avait abandonné m
oi etm
es parents."
Conflits
M6:" Il y a eut beaucoup de
conflits familiaux."
J10:" Mes parents se sont séparés un
ans après sa mort. Je n'étais plus à m
aplace je devais choisir."
M6:"D
u jour au lendemain on peu
perdre n'importe qui."
M6:"Je ne suis à
l'abris de rien."
F8:" C'est déjà arrivé une fois, je croise les
doigts pour ne pas que ça recomm
ence.J'essaye de ne pas trop y penser."
J9:" Tout le monde a un peu cette crainte
mais quand on en a déjà vu un qui m
eurt, tute rends com
pte que la vie..."
J10:" Ca fait un peu, pas m
alédiction mais un truc
lourd comm
e ça sur la famille, où je m
e dis bah mon
père a perdu sa soeur, moi j'ai prdu m
on frère, j'aipeur de perdre m
es enfants ou qu'ils perdent unfrère ou une soeur."
J10: "J'ai une emprunte de m
ortsur m
oi et que je porte."
J10: "je vais enterrer mes parents et m
esgrand parents toute seule."
J10:Mais là j'ai peur de tout quoi, de perdre
mon copain, m
es parents,mes am
is, dem
ourir, de prendre l'avion, en fait je suis dansun état post traum
atique."
L11: J'ai une angoisse aussid'accoucher, j'ai pas envie de
perdre un enfant."
Angoisses
Indisponiblité parentale
M6:" M
on père s'est un peurecroquevillé sur lui m
ême en
n'en parlant peu."
A7:"Les parents sont plus là pour celui quiest m
alade ce qui est normal et nous on
est un peu mis de coté."
76
B-‐ Adaptation. (en deux parties complémentaires)
Adaptation
Présencemalgré
l'absenceRituels
G2:"Toutes les années à sonanniversaire et au jour de sa mort
on met des lampions."
M5:" Le soir je m'endorstout près d'elle."
M6:"On y est retourné avec mesparents, c'est notre façon d'aller
lui rendre visite."
M6:" Pour mon anniversaire je luiait rendu hommage, surtout une
preuve d'amour."
J10:"Je me suis faittatouer son nom."
L11:"J'ai une gourmette, je m’en suisfait faire une, avec sa date."
entretien des sentiments pourgarder le lien, place du rêve
M5:" J'aime bien faire desrêves de ma soeur."
M6:"Dans mes rêves je levoyait dans des évènements
de ma vie future."J9:"On faisait la prière ensemble,
c'était le moment de parler de lui, depenser à lui en famille."
N12:"Je préfère y penser positivement, garderles moments, les souvenirs, penser à ce
qu'elle aurait fait,ce qu'elle aurait dit enfin voilàcontinuer comme ça."N12:"Je rêve d'elle mais
pas en cauchemars."
Evoquer le mort pour le réhabiliterdans son rôle, peur de l'oubli
E3:"J'en discute souvent avec mamère ça me fait du bien."
M5:"Ma mère a décidé de faire unlivre sur sa vie. C'est moi qui ait prit
les photos et dessiné."
M6:"J'ai besoin dans mes paroles deparler de lui constamment." M6:"J'ai besoin de le rendre vivant,
pour moi il existe encore, dans noscoeurs, dans nos têtes."
A7:"Ca évite que lesautres l'oublient."
J10:" je lisais mes textes, ce n'étaitpas juste pour moi, c'était aussi pour
m'adresser aux gens."
J10:"Dès que j'ai l'occasiond'en parler j'en parle."
J10:"J'ai besoin de faireexister les choses."
J10:"Il n'y a plus de preuvequoi à part les photos, à part
moi, mon histoire."
Se recréer unenormalité
Protectionparentale,maturité
Troubles du comportement,conduites à risque
Troubles du sommeil
E4:"Au début niveau cauchemars ça foutait le trac,carrément peur, je faisais tellement de cauchemars
que ça me réveillait, j'étais en sueurs, je crais etdans tout l'appartement"
M6:"J'avais des insomniesun an après sa mort"
M6:"Je revais de lui et le voyait sauterde cette falaise tout le temps"
J9:"Je fais très peu de cauchemars mais lespires c'est ça, il y a des morts ou on menace
mes frères et soeurs"
J10:"Quand je m'endormais jepensais au corps de mon frère
dans sa tombe"
J10:"Tu ne peux plus te reposer parce que tuas peur de te réveiller, tu as peur de dormir,tu as peur de faire des cauchemars et c'est
un cercle viscieux"
Troubles ducomportement
E1:"J'ai fait des grosses crisespendant un moment."
G2:"Jen'arrivais plus àme concentrer."
E3:"J'ai eut un traitement parceque j'avais des angoisses
E4:"Peu être que je suis un petit peuplus... comment dire...agressif"
M5:"Oui ça m'a rappelé deschoses et je l'ai frappé"
M5:"J'ai arrêté de faire desmalaises mais j'ai commencé
à faire des crises"
A7:"Je commençais un peu à péter lesplombs sur mes parents et j'envoyais
chier un peu tout le monde"
J10:"Ca ne m'empeche pas de vivre mais c'est desidées qui me parasitent et qui sont à mon avis liés àla mort de mon frère." "Je vais prendre le métro le
matin et si j'entends un bruit je vais me dire qu'il y aune bombe"
L11:"J'étais agressive, je ne parlais plus aux gens, jen'avais pas envie d'aller à l'école, je n'avais pas envie
qu'on me parle, voilà, c'est tout"
Conduites à risque
E4:"Je fumait du shit pour que ça passetellement ça ne le faisait pas"
M6:"J'ai eut des périodesdifficiles où j'ai du être mise
sous anti dépreseurs"
M6:"J'ai souvent songé à dire que s'il n'étaitplus là et bien pourquoi pas aller le rejoindre,
mais j'ai pensé à mes parents"
J10:"Je n'ai jamais pris d'antidépresseur mais j'ai fumé le soir"
J10:"Ca m'a aidé notamment àm'endormir" "Ca coupe les pensées
surtout, trop de pensées tout le temps"
77
Adaptation
Présencem
algrél'absence
Se recréer unenorm
alité
les associations
E1" On faisait des rencontres""On a créé des liens."
E1:"C'était pas la mêm
ehistoire m
ais on en parlait"
E1:" Avant elle y allait pour se faire aider,m
aintenant elle vient pour aider, c'estdéjà plus la m
ême chose"
G2:" C'est bien on rencontre des gens qui nouscom
prennent vraiment, qui ont vécu la m
ême chose
que nous et qui peuvent rentrer dans notre tranched'âge donc voilà c'était bien."
E3:"J"ai bien accroché c'est pour ça quej'aim
erais bien y retourner"
E3:"Ca fait du bien de se dire qu'il y a d'autresgens qui ont connu la m
ême chose et qu'ils
ressentent la mêm
e chose que nous."
E3:" J'avais bien discuté avec une mère et son
fils qui étaient venus, et j'ai pas mal discuté
avec le jeune, on a bien parlé."
M5:"J'y suis allée parce que ça fait du bien, surtout de
partager le diner, c'est vraiment bien, il y a des gens qui
nous écoutent, on dit des choses, c'est vrai que c'est unpeu dur, on peu pleurer..."
M6:" Ce qui est enrichissant c'est derencontrer quelqu'un et en parler
avec quelqu'un de vrai."
A7:"C'était des mom
ents magiques, et on s'est
tous compris, les uns les autres et on a com
mencé
a parler et on voit comm
ent on ressent les chosespar rapport aux autres"
A7:" Et quand on va à l'association on retissedes liens quoi, c'est des m
oments partagés,
de conneries, de rires..."
Omission
I4:" Moi j'étais norm
al, parce que je faisais des conneries ettout, m
ais c'était mêm
e avant que mon frère soit m
ort""C'est surtout au collège je ne veux pas que ça se sache,
parce qu'après quand ils voient mon dossier ils pensent que
c'est à cause de lui"
M6:" Je n'avais pas non plus envie
que tout le monde sache"
J9:" Je me suis dit que tout le m
onden'a pas besoin de savoir."
Revendication
J10:" J'ai perdu mon rôle de soeur et je sais qu'en
en parlant là on restitue, enfin on réhabilite mon rôle
de grande soeur que je suis"
J10:" Ca a été hypercom
pliqué pour moi et j'avais
besoin de le revendiquer"
Protectionparentale,m
aturité
E1:"Avant peu être qu'avec mam
anon avait plus de m
al parcequ'elleavait besoin de tem
ps."
Maturité
E1:"Enfin on a tous appris ça nous aappris beaucoup de choses."
I4:'Ca fait grandir ces trucs, dans tatête tu m
uris c'est sûre ça"
M6:"Je relativise
beaucoup plus qu'avant."
A7:" On devient plusvite m
ature en fait"J10:"J'ai eut l'accélérateur de lam
aladie qui m'a bien fait grandir."
J10:"J'ai l'impression
d'avoir 52 ans."
L11:"On est plus mature que nos copines
ou mêm
e que ma cousine."
N12:"On se rend compte
de plus de choses."
E3:"Du coup je gardais pourm
oi, je prenais sur moi."
I4:"Pas à ma m
ère parcequ'elle a sesproblèm
es, je ne vais pas lui en rajouterdes problèm
es encore."
I4:"Des fois je la réconforte quandelle est m
al et ça passe."
M6:"Je ne pouvais pas les
abandonner, je suis la dernièrechose qui leur reste."
M6" Et c'est vrai que j'ai
toujours fait passer mes
parents avant sa mort."
M6:"J'ai toujours fait passer m
es parents avant en me disant
qu'ils étaient plus malheureux que m
oi et que moi je n'avais pas
le droit d'être aussi malheureuse qu'eux alors qu'au final on
avait chacun notre douleur."
M6:"Je m
e suis empêchée de
trop exposer ma douleur."
M6:'Je les épargne oui, je ne pleure pas
devant eux j'essaye d'être au maxim
um...je
fais ça depuis un petit mom
ent déjà, deprendre sur m
oi tout le temps."
M6:'Je sais qu'à des m
oments il y a des choses que
je ne pourrais pas aborder avec mon père ou m
am
ère.""C'est trop dur pour eux."
A7:"Pas avec mes parents, par contre
avec des gens extérieurs."
A7:"Je n'aime pas parler de
ça avec mes parents, déjà
qu'ils sont mal."
A7:"Ils auraient peu êtrepensé que j'allais m
al."
J9:" Moi je ne tiens pas à en parler, parce que
c'est un peu remuer des trucs pas agréables
quoi et limite je préfère en parler à d'autres
gens qu'avec ma fam
ille."
J10:"J'oserais pas forcément
dire des choses de peur delui faire du m
al"
J10:"J'ai pas envie de leurrajouter de la peine quoi."
J10:"N'empêche que c'est trop personnel pour que
j'en parle à mes parents, alors que ça ne l'est pas
du tout pour que j'en parle avec mes am
is ouavec des inconnus."
J10:"Je suis dans une posture de guerrière quiva bien que d'enfant, que de soeur qui a perdu
son frère, j'avoue je me suis m
ise à leurniveau, et ça m
e pèse."J10:"C'est le seul m
oyen que j'ai trouvé pourcom
penser l'absence de mon frère dans m
a relationfam
iliale quoi.""C'est dur de se détacher des trucsqu'on s'est im
posés quoi."
J10:"Tu es le moteur de la fam
ille, c'est comm
e si d'uncoup tu avais tout le poids de la fam
ille sur toi et que detoute façon je ne pouvais pas abandonner, je ne pouvais
pas me laisser aller."
L11:"En fait on était plus soucieuses pour ma
mère en fait, on a plus m
is le soucis sur ma
mère que d'abord sur le frère.""Au début c'était
ma m
ère le principal."
N12:"J'essaye d'êtreplus attentive."
Troubles du comportem
ent,conduites à risque
78
C-‐ Place du médecin traitant.
Place du médecin traitant
Role lié aux problèmes somatiques
I4:"Non peut être pas les médecins traitants, tu vas les voirquand tu as un mal de gorge, vous voyez ce que je veux dire,c'est pas une personne que tu vois souvent, et en plus quand
c'est une mort comme ça..."
M5:"Mon médecin c'est le médecin de ma mère, jevais le voir quand il y a des petits problèmes."
"C'est pour mon état de santé"
J10:"Il n’a vraiment aucune psychologie, déjà il ne réalise que c’est moiqu’à la fin des séances et il me dit « ah mais vous avez des frères et
sœurs ? » à chaque fois il me pose la même question, et il me dit « ahmais non c’est vrai, vous…. » et l’autre jour il a vu ma mère dans la salle
d’attente et il m’a dit «ohh mais ça va votre maman ? » et oui encoreun… voilà donc voilà pour le coup j’ai un médecin traitant et une psy, ça
ne sert à rien de mélanger les deux il ne faut pas demander plus auxgens que ce qu’ils sont capables de donner quoi.
Rôle de prescripteur
E3:" bah mon médecin généraliste, une foisparce que j'ai eut un traitement parce que
j'avais des crises d'angoisses."
A7:" Mon médecin traitant m'ena parlé avec des adresses de
psy et puis voilà"
J9:"J'ai pas vraiment de médecin traitant, j'ai dule voir trois fois où j'étais malade et pour un
certificat, mais on en a jamais parlé, je ne saismême pas s'il le sait"
J10" Il soigne mes angoisses parce qu'il répond à ça quoi, jen'ai pas parlé de mon frère avec mon médecin parce qu'il est
tout azimut mais je lui dois en tout cas le fait qu'il ait vu lamaladie de mon frère"
Ne lui connaît pas ce rôle
M5:" Non j'en n'ai jamais parlé avec unmédecin, j'en ai parlé à une psychologue
de l'IME et ça m'aidait."
M6:" Non je n'en n'avais pasparlé avec lui de ça"
L11:"Je ne comptaispas lui en parler"
79
-‐ Annexe 4 : Déclaration CNIL.
Madame PRUDHOMME Charlotte
7 AV DU CHATEAU
69003 LYON
1833988 v 0
DÉCLARATION DE CONFORMITÉ À
UNE MÉTHODOLOGIE DE
RÉFÉRENCE
Finalité : MR1 - Recherches biomédicales
Transferts d'informations hors de l'Union européenne : Non
Isabelle FALQUE PIERROTIN
Présidente
Fait à Paris, le 06 février 2015
Par délégation de la commission
Traitement déclaré
Nom : Madame
Service :
Adresse : 7 AV DU CHATEAU
Code postal : 69003
Ville : LYON
Organisme déclarant
RÉCÉPISSÉ
du 06 février 2015
N° SIREN ou SIRET :
Code NAF ou APE :
Tél. : 0659084318
Fax. :
A LIRE IMPERATIVEMENTLa délivrance de ce récépissé atteste que vous avez effectué une déclaration de votre traitement à la CNIL et que votre dossier est formellement complet. Vous pouvez mettre en œuvre votre traitement. Cependant, la CNIL peut à tout moment vérifier, par courrier ou par la voie d’un contrôle sur place, que ce traitement respecte l’ensemble des dispositions de la loi du 6 janvier 1978 modifiée en 2004. En tout état de cause, vous êtes tenu de respecter les obligations prévues par la loi et notamment :1) La définition et le respect de la finalité du traitement,2) La pertinence des données traitées,3) La conservation pendant une durée limitée des données,4) La sécurité et la confidentialité des données,5) Le respect des droits des intéressés : information sur leur droit d’accès, de rectification et d’opposition.
80
Annexe 5 : Formulaire de consentement.
Formulaire de consentement
ACCORD ECRIT DE PARTICIPATION A UNE OBSERVATION DE PRATIQUE PROFESSIONNELLE
Je soussigné ................................................................................................................., exerçant
à/ domicilié(e)
............................................................................................................................................................
......,
accepte de participer à la thèse d’exercice de docteur en médecine de Charlotte
PRUDHOMME Interne en médecine générale ayant pour thème « le deuil dans la fratrie » lors d'un entretien enregistré le .....................................
Je déclare avoir été informé de façon loyale et claire que cet entretien est confidentiel.
J'accepte que l'intégralité de cet entretien anonymisé soit retranscrite et que les données
soient utilisées dans le cadre exclusif de cette thèse et d’une publication scientifique.
J’ai noté que je pouvais retirer mon consentement à tout moment.
Etabli en deux exemplaires, un exemplaire pour moi, un exemplaire pour l’enquêteur.
Fait à ............................
Le .................................
Signature:
81
-‐ Annexe 6 : Mail envoyé aux différentes organisations pour le recrutement.
Bonjour, Je suis interne en médecine générale et je travaille sur le deuil dans la fratrie depuis quelques mois pour ma thèse. J'évalue le retentissement du deuil dans la fratrie dans les différentes sphères de la vie (scolaire, amicale, relations frère/sœur/parents...), pour mieux en définir les difficultés spécifiques et les réponses à apporter. Je procède par des entretiens semi dirigés, enregistrés et anonymes chez des adolescents de 14 à 20 ans ayant perdu un frère/sœur à au moins 2 ans de l'entretien. J'ai beaucoup de difficultés à trouver ces adolescents pour leur proposer de témoigner. Je me permets donc de vous solliciter pour m'aider dans cette recherche. N'hésitez pas à me contacter si vous connaissez des adolescents dans cette situation. Merci par avance Je reste bien évidement disponible pour plus d'information, Cordialement, PRUDHOMME Charlotte [email protected] 0659084318
82
-‐ Annexe 7 : Dossier explicatif de l’étude pour les professionnels de santé.
Lundi 19 Janvier 2015.
Vécu de la Fratrie endeuillée, place du médecin généraliste.
Charlotte PRUDHOMME, Interne MG.
[email protected] Directrice de thèse : Dr Elise Bénédini.
83
Table des matières -‐ Introduction. -‐ Objectifs. -‐ Méthode. -‐ Analyse des données. -‐ Aspect réglementaire et éthique. -‐ Références. -‐ Annexes.
84
Introduction La mort est taboue dans notre société, un tabou même de plus en plus marqué. On repousse au maximum la mort avec les progrès de la médecine, on repousse l’apparition des stigmates de la vieillesse avec l’explosion de la médecine esthétique. Alors dans ce cadre socio culturel qui prône la jeunesse presque éternelle et la toute puissance de la médecine comment supporter l’impensable du décès d’un frère ou d’une sœur ? Cette perte qui chamboule les lois générationnelles et replonge brutalement la famille dans la réalité de la condition humaine ? Ce deuil est fréquemment passé sous silence, probablement non intentionnellement, masqué par la souffrance des parents et le désir de protection de la fratrie vis à vis d’eux. Le médecin généraliste, médecin de 1er recours, est confronté à la souffrance des familles endeuillées. Il n’existe pas d’enseignement spécifique en 2nd cycle, ni en 3ème cycle. Cet évènement expose donc le médecin à des difficultés, comment aborder ce sujet si douloureux, que faire des émotions que nous livre le patient et comment l’accompagner durablement. Le deuil et la mécanique du deuil dans la fratrie est un sujet très peu abordé dans la littérature. Comment s’intègrent les étapes du deuil dans une dynamique familiale ? Peu d’ouvrages sont publiés sur ce sujet, probablement par la difficulté de l’accès à ces populations et la variabilité lié aussi au vécu du deuil selon le contexte socio culturel de la famille.
85
Objectifs
Quel est le vécu de la perte d’un frère ou d’une sœur ? Quelles sont leurs attentes vis à vis de leur médecin généraliste ?
86
Méthode Type d’étude : Etude qualitative par entretiens semi dirigés, menés jusqu’à saturation des occurrences. Population :
-‐ Critères d’inclusion : adolescents et adultes jeunes de 14 à 20 ans ayant perdu un membre de leur fratrie, quel que soit la cause du décès, survenu au moins deux ans avant l’entretien.
-‐ Critères d’exclusion : non maitrise de la langue française, handicap psychique ne permettant pas un entretien en autonomie, perte d’un frère ou d’une sœur intra-‐utérine
Lieu d’étude : Rayon de deux heures autour de Lyon (voiture ou train) dans des lieux privés, définis conjointement avec le participant par souci de confort lié à la sensibilité du sujet. Procédure : Le recrutement a été effectué par l’intermédiaire d’une mailing list de médecin généraliste participant à des formations médicales continues par une association de FMC indépendante (Conférences Paul Savy), par des appels à témoin déposé sur des forums publiques et réseaux sociaux, par des associations de familles endeuillées en Rhône Alpes (Jonathan Pierre Vivante à Lyon et Grenoble, Naitre et Vivre à Paris, et Locomotive à Grenoble) Une extension du recrutement est souhaitable aux services hospitaliers concernés, d’où ma démarche. Méthodologie utilisée : Les participants me contactent par mail ou SMS, ou je reçois les coordonnées des participants (pour les associations de familles endeuillées) et je les recontacte en leur exposant mon travail et son but. (cf : Annexe 1) Suite à ce premier contact, je réponds à toute question complémentaire ou inquiétude et leur propose de participer. Le premier accord est donc oral. Je précise à ce moment là, l’anonymisation des participants (qui seront cités par « frère ou sœur de » en hommage à celui-‐celle-‐ci lors de la rédaction) Une date de rendez vous avec un lieu est convenu, et je fais signer aux participants mineurs et à leurs parents un formulaire de consentement de participation à mon étude. Une nouvelle présentation de l’étude est faite au moment de proposer le consentement écrit et je précise que ce consentement peut être retiré à tout moment. Le guide d’entretien a été élaboré à partir de recherches bibliographiques, dont des livres de témoignage de fratrie endeuillée, de livre traitant le deuil de l’enfant, et d’articles issus de différentes revues. Ce guide a ensuite été modifié après relecture par la directrice de thèse. Il explore le vécu au moment du drame, l’impact dans la vie actuelle, et les différents professionnels de santé rencontrés. Les participants n’ont pas critiqué ce guide et il a été enrichi suite aux 1ers entretiens réalisés (comme il est méthodologiquement recommandé de le faire pour une étude qualitative) Les entretiens durent entre 20 et 40 minutes, sont enregistrés à l’aide d’un dictaphone puis ultérieurement retranscrit, après anonymisation, mots à mots. Les renseignements sociodémographiques collectés sont le sexe, l’âge, le niveau d’étude, la profession des parents et le projet professionnel à venir ou la profession actuelle.
87
Analyse des données Gestion des données : Les entretiens enregistrés sont stockés anonymement (attribution de numéros par ordre chronologique associé à la première lettre du prénom (ex : entretien n° 1, E). Ensuite ils sont intégralement retranscrits et anonymisés. Les informations sociodémographiques qui servent uniquement à décrire la population étudiée, sont enregistrées dans un dossier distinct. Les données nominatives ne sont pas stockées informatiquement. Celles ci ainsi que les coordonnées et les consentements, sont conservés à mon domicile dans mon dossier de travail. La saisie des informations est faite par l’investigatrice et seule l’investigatrice et la directrice de thèse y ont accès. Analyse des données : Par analyse de Contenu et codage ouvert selon une procédure ouverte et inductive. Les catégories d’analyse sont issues des interviews. Puis le codeur compare et regroupe les sous catégories en dimensions plus globales et plus larges. Les codages et catégories sont triangulés avec la directrice de thèse, qui réalise son analyse de façon indépendante.
88
Aspects réglementaires et éthiques
L’étude sera conduite conformément à :
-‐ La loi n°78-‐17 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés. Confidentialité : Selon le Code de la Santé Publique, toutes personnes appelées à collaborer ou prendre connaissance de l’étude sont tenues au secret professionnel. Information et consentement : Les patients sont informés de l’étude, du temps de passation et de l’utilisation des données dans un langage clair, et il leur est remis une fiche descriptive. Les participants mineurs et leurs parents signent un formulaire de consentement de participation nominatif. Le consentement peut être retiré à tout moment sans motif. Archivage des données : Aucune donnée brute ou nominative informatisée ne sera conservée. Seul le format papier et anonymisé sera conservé au bureau des thèses et référencé.
89
Références
1-‐ Vivre sans toi, témoigner après la mort d’un frère ou d’une sœur. A.Triponel, N.Hamza. Chroniques sociales.
2-‐ Accompagner les enfants en deuil. F.Plon. Eres. 3-‐ Accompagner la fratrie au funérarium. M.Derome. Edition Cazaubin, le Carnet PSY. 4-‐ L’enfant à la maladie grave et à la mort. Y.Chazelle. JAMALV revue n° 114. 5-‐ Frère et Sœur, les oubliés du deuil. S.Gandillot. Revue La Vie, 3 mai 2012. 6-‐ Réflexions du groupe Frères et Sœurs de L’Association Jonathan Pierres Vivante d’octobre 2004. 7-‐ Peer Relationships of Bereaved Sibling and Comparison classemates After a Child Death from Cancer.
Cynthia A Gerhardt. Journal of Psychology 37(2)pp 209-‐219 2012. 8-‐ Sudden death of father or sibling in early childhood increases risk for psychotic disorder. Mary C
Clarke. Schizophrenia Research 143(2013) 363-‐366. 9-‐ La mort d’un enfant : un processus de deuil dans le groupe familiale. IM.Coq, R.Scelles.
Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence, 59(2011) 356-‐361. 10-‐ Fratries confrontées au traumatisme, sous la direction de R.Scelles. Collection Psychanalyse et Santé. 11-‐ La résilience à quel prix. M.Hanus. Maloine. 12-‐ Moi on n’e m’a jamais demandé comment j’allais. M.Fugain. Collection J’ai Lu.
90
Annexes
-‐ Fiche explicative de l’étude servant aussi d’appel à témoin. -‐ Formulaire de consentement de participation. -‐ Guide d’entretien.
91
Annexe 1 : Bonjour, Je suis actuellement interne en médecine générale et je travaille sur le deuil dans la fratrie chez les adolescents et jeunes adultes de 14 à 20 ans. J'évalue le retentissement du deuil dans la fratrie, dans les différentes sphères de la vie (scolaire, amicale, relations frère/sœur/parents...) pour mieux en définir les difficultés spécifiques et pour adapter les réponses à apporter. C'est un deuil assez peu connu et parfois occulté dans la société. Sur votre accord et celui de vos enfants, s'ils sont prêts, je souhaiterais les rencontrer pour recueillir leur témoignage. Ce sera sur le mode d'un entretien informel, enregistré mais strictement anonyme. N'hésitez pas à me joindre pour plus d'information Merci pour votre aide et j'espère a bientôt, Cordialement, PRUDHOMME Charlotte [email protected] 0659084318
92
Annexe 2 :
Formulaire de consentement
ACCORD ECRIT DE PARTICIPATION A UNE OBSERVATION DE PRATIQUE PROFESSIONNELLE
Je soussigné ................................................................................................................., exerçant à/
domicilié(e) ..................................................................................................................................................................,
accepte de participer à la thèse d’exercice de docteur en médecine de Charlotte PRUDHOMME
Interne en médecine générale ayant pour thème « le deuil dans la fratrie » lors d'un entretien
enregistré le .....................................
Je déclare avoir été informé de façon loyale et claire que cet entretien est confidentiel.
J'accepte que l'intégralité de cet entretien anonymisé soit retranscrite et que les données soient
utilisées dans le cadre exclusif de cette thèse et d’une publication scientifique.
J’ai noté que je pouvais retirer mon consentement à tout moment.
Etabli en deux exemplaires, un exemplaire pour moi, un exemplaire pour l’enquêteur.
Fait à ............................
Le .................................
Signature:
93
Annexe 3 : Entretien
-‐ Âge/ date de naissance.
-‐ Sexe
-‐ Adresse/num si doit recontacter mais enquête anonyme.
-‐ En quelle classe es-‐tu? Tu fais quoi comme études?
-‐ Qu'est-‐ce que tu fais en dehors de l'école? Tu as une passion ou un loisir?
-‐ Tu voudrais faire quoi plus tard?
-‐ Que font tes parents?
-‐ Comment est-‐il décédé?
-‐ C'était à qu'elle date?
-‐ Quel a été ton ressenti d'enfant à ce moment là?
-‐ Raconte moi tes sentiments à ce moment là ?
-‐ Et maintenant avec le recul?
-‐ Comment as-‐tu appris le décès de?
-‐ Comment te l'a t'on expliqué ?
-‐ Avec le recul qu'est ce que tu aurais aimé que l'on t'explique ou non?
-‐ Qu'est ce que ça a changé dans ta relation avec tes parents ? et la fratrie?
-‐ Qu'est ce que ça a changé à l'école?
-‐ Comment ça c'est passé avec tes amis ?
Comment en parles tu à tes frères/sœurs ou à tes parents?
-‐ Comment as tu été entouré (ou non) ?
-‐ As tu vu quelqu'un pour en parler? Comment ?
-‐ Et les professionnels de santé ? (ton médecin, une infirmière, une psychologue ou autre). Comment ton médecin a t’il abordé ce sujet avec toi ?
-‐ Que penses tu des groupes de parole de personnes ayant vécu la même chose?
-‐ Comment se passent tes nuits depuis le décès ? est ce que tu as plus de craintes dans ta vie quotidienne? Est ce que ça t'empêche de faire certaines choses? Raconte moi
-‐ Comment reparles tu de ton frère/sœur et avec qui?
94
-‐ Te fais tu du souci pour tes parents?
-‐ As tu ou essaye tu encore de protéger tes parents par rapport à ce décès?
95
Annexe 8 : Consolidated criteria for reporting qualitative studies (COREQ) : 32-‐item checklist
(ii) Participant selection: Researchers should report how
participants were selected. Usually purposive sampling isused which involves selecting participants who share particu-lar characteristics and have the potential to provide rich, rele-vant and diverse data pertinent to the research question
[13, 17]. Convenience sampling is less optimal because itmay fail to capture important perspectives from difficult-to-reach people [16]. Rigorous attempts to recruit participantsand reasons for non-participation should be stated to reducethe likelihood of making unsupported statements [18].
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Table 1 Consolidated criteria for reporting qualitative studies (COREQ): 32-item checklist
No Item Guide questions/description
Domain 1: Research team and reflexivityPersonal Characteristics1. Interviewer/facilitator Which author/s conducted the interview or focus group?2. Credentials What were the researcher’s credentials? E.g. PhD, MD3. Occupation What was their occupation at the time of the study?4. Gender Was the researcher male or female?5. Experience and training What experience or training did the researcher have?Relationship with participants6. Relationship established Was a relationship established prior to study commencement?7. Participant knowledge of the
interviewerWhat did the participants know about the researcher? e.g. personal goals, reasons for doing theresearch
8. Interviewer characteristics What characteristics were reported about the interviewer/facilitator? e.g. Bias, assumptions,reasons and interests in the research topic
Domain 2: study designTheoretical framework9. Methodological orientation and
TheoryWhat methodological orientation was stated to underpin the study? e.g. grounded theory,discourse analysis, ethnography, phenomenology, content analysis
Participant selection10. Sampling How were participants selected? e.g. purposive, convenience, consecutive, snowball11. Method of approach How were participants approached? e.g. face-to-face, telephone, mail, email12. Sample size How many participants were in the study?13. Non-participation How many people refused to participate or dropped out? Reasons?Setting14. Setting of data collection Where was the data collected? e.g. home, clinic, workplace15. Presence of non-participants Was anyone else present besides the participants and researchers?16. Description of sample What are the important characteristics of the sample? e.g. demographic data, dateData collection17. Interview guide Were questions, prompts, guides provided by the authors? Was it pilot tested?18. Repeat interviews Were repeat interviews carried out? If yes, how many?19. Audio/visual recording Did the research use audio or visual recording to collect the data?20. Field notes Were field notes made during and/or after the interview or focus group?21. Duration What was the duration of the interviews or focus group?22. Data saturation Was data saturation discussed?23. Transcripts returned Were transcripts returned to participants for comment and/or correction?Domain 3: analysis and findingszData analysis24. Number of data coders How many data coders coded the data?25. Description of the coding tree Did authors provide a description of the coding tree?26. Derivation of themes Were themes identified in advance or derived from the data?27. Software What software, if applicable, was used to manage the data?28. Participant checking Did participants provide feedback on the findings?Reporting29. Quotations presented Were participant quotations presented to illustrate the themes / findings? Was each
quotation identified? e.g. participant number30. Data and findings consistent Was there consistency between the data presented and the findings?31. Clarity of major themes Were major themes clearly presented in the findings?32. Clarity of minor themes Is there a description of diverse cases or discussion of minor themes?
A. Tong et al.
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ber 17, 2013http://intqhc.oxfordjournals.org/
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-‐ Annexe 9 : CD des entretiens et cartes conceptuelles.
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Prudhomme Charlotte : Vécu de la fratrie endeuillée, place du médecin généraliste. Etude qualitative par entretiens semi dirigés auprès de 12 adolescents et adultes jeunes de 14 à 20 ans. Th. Méd : Lyon 2016 n° RESUME : Contexte : Dans un cadre socio culturel qui prône la jeunesse et la toute puissance de la médecine, comment supporter l’impensable du décès d’un frère ou d’une sœur ? Ce deuil est fréquemment passé sous silence, masqué par la souffrance des parents et le désir de protection de la fratrie vis à vis d’eux. L’étude s’est intéressée au vécu de la fratrie endeuillée et à la place du médecin généraliste.
Matériel et Méthodes : Etude qualitative par entretiens semi-‐dirigés. La population cible était des adolescents et adultes jeunes de 14 à 20 ans ayant perdu un frère ou une sœur 2 ans minimum par rapport à l’étude, recrutés en soins primaires.
Résultats : Le décès d’un frère ou d’une sœur était vécu comme un drame personnel, c’était la perte d’un ami, d’un modèle, d’un allié de vie. C’était aussi une perte qui impactait la dynamique familiale, avec un ébranlement des qualités étayantes parentales et le deuil des relations intrafamiliales antérieures. La fratrie se retrouvait isolée et essayait de s’adapter. L’accompagnement par le médecin généraliste était mal connu des adolescents.
Conclusion : Notre étude permet de mieux comprendre le deuil dans la fratrie avec ses enjeux propres : un repli sur soi pour protéger ses parents, le maintien du lien. Elle apporte des pistes de réflexion aux médecins généralistes pour mieux accompagner ces fratries. MOTS CLES : Fratrie, deuil, médecin généraliste. JURY :
Président : Monsieur le Professeur Pierre FOURNERET Membres : Monsieur le Professeur Jérôme ETIENNE
Monsieur le Professeur Yves ZERBIB Madame le Docteur Elise BENEDINI
_________________________________________________________________________ DATE DE SOUTENANCE : 18 Février 2016 _________________________________________________________________________ Mail de l’auteur : [email protected]