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N o 77 - 11 / 2013 Revue des francs-maçons du Grand Orient de Suisse Zeitschrift der Freimaurer des Grossorients der Schweiz Rivista dei liberi muratori del Grande Oriente della Svizzera Cahiers bleus Blaue Hefte Quaderni blù Réinstallé au Panthéon en 1995, ce pendule a été initialement installé par Foucault en 1851. Il mesure 67 mètres et porte une masse de 28 kilogrammes.

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  • No 77 - 11 / 2013

    Revue desfrancs-maçons

    du Grand Orient de Suisse

    Zeitschrift derFreimaurer

    des Grossorientsder Schweiz

    Rivista deiliberi muratori del

    Grande Orientedella Svizzera

    Cahiers bleus

    Blaue Hefte

    Quaderni blù

    Réinstallé au Panthéon en 1995, ce pendule a été initialement installé par Foucault en1851. Il mesure 67 mètres et porte une masse de 28 kilogrammes.

  • Sommaire - Inhalt

    Cahiers bleus Blaue Hefte Quaderni blùRevue des francs-maçons du Grand Orient de Suisse

    Zeitschrift der Freimaurer des Grossorients der SchweizRivista dei liberi muratori del Grande Oriente di Svizzera

    No 77 - 10 / 2013

    Impressum GOS - Cahiers bleus Blaue Hefte Quaderni blù. Editeur: Grand Orient de Suisse: GOS - c/o Coopérativel’Acacia, Av. H.-Dunand, 14,1205 Genève Site internet: www.g-o-s.org. Rédacteur: René Mathey ([email protected]).La rédaction n’est nullement responsable des documents qui lui sont envoyés. Les articles expriment l’opinion personnel-le de leurs auteurs et n’engagent en aucun cas le GOS. Sauf avis contraire, les noms des auteurs ne sont pasindiqués.Copyright: reproduction autorisée avec la mention visible de la source et l’envoi d’un justificatif.

    G∴O∴S∴

    Éditorial 2

    Nouvelles du GOS 3Une Loge se présente: Zum Flamenden Stern 4

    Le Rite Écossais Rectifié: survol de son historiqueet spécificité 5Petite histoire de la Fédération suisse de l’OrdreMaçonnique Mixte International 7

    Camea: Centro attivita’ massoniche esoteriche accettate 9La diversité des religions et doctrines 11

    Aristote 13El Ingenioso Hidalgo Don Quijote (Invitation à lire) 15

    La grappe de raisins et l’Obédience 17L’amitié 19

    Agenda / Arbeitsplan 21

    Prochain numéro: N° 78 - 03 -2014

    www.g-o-s.org

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  • Éditorial

    Franc-Maçonnerie et Religions

    par le F∴ Gr∴M∴C∴

    Cette réflexion s’adresse plus particulièrement àdes hommes encore étrangers à la Franc-Maçonnerie, qui se posent des questions et trèssouvent se sentent influencés, plus par de vieux lieuxcommuns qui ne reposent sur aucune recherchesérieuse, que sur de vraies études sans a priori.

    La plupart des peuples vivant en Europe géographiquepratiquent ou sont issus des trois religions du livre: leJudaïsme, le Christianisme (catholicisme, protestantisme,orthodoxie etc.) ou l’Islam.

    Tous ces courants religieux s’appuient sur un dogme etquelque part, en créant des différences de vues, instituentpour le moins une dualité qui malheureusement trop sou-vent se traduit dans les faits par des antagonismes, voiredes luttes de clans.

    La Franc-Maçonnerie elle, est adogmatique, même sidans certains de ses rites, elle s’appuie sur ce que l’onpourrait appeler un Christianisme primitif, par exemple:plusieurs rites Maçonniques, et à des degrés divers voientavec un certain intérêt la croix comme un emblème fort.

    Dans la plupart de nos loges, la Franc-Maçonnerie laisseà ses membres une totale liberté d’opinion permettantainsi à des hommes religieux ou non de travailler à leurévolution spirituelle et morale.

    D’ailleurs, il est très important de rappeler que tout pro-sélytisme religieux ou politique est totalement banni denos travaux.

    Si dans les religions dogmatiques citées plus haut onpeut penser que tout est dit et que l’œuvre humaine va rési-der dans l’acceptation obligatoire du dogme, l’étude de sesorigines et l’action à travers la prière, en Franc-Maçonnerie rien n’est gravé dans le marbre, si ce n’est l’i-dentification des outils mis à notre disposition et leur uti-lisation pour tout simplement apprendre à mieux seconnaître et s’améliorer.

    Dans ces mêmes religions, seuls les détenteurs de l’au-torité sacerdotale connaissent une initiation.

    En Franc-Maçonnerie, grande Tradition initiatique s’il enfut, chaque membre vit «l’initiation» à la Gloire du GrandArchitecte de l’Univers et peut ainsi «quitter» symbolique-ment une vie spirituelle au déroulement prévu et instinctif,pour une évolution personnelle à travers des travaux derecherche qui vont l’amener à se remettre sans arrêt enquestion et abandonner de fausses certitudes pour de vraidoutes.

    Mais des doutes, ô combien enrichissants, car par le tra-vail qu’ils imposent, le Franc-Maçon va au fond de sonêtre pour trouver cette incommensurable puissance divineaux noms si divers.

    Si, dissimulés derrière l’équerre et le compas, se cachenttrès souvent de nombreux symboles religieux, la recherchede la non-dualité fondée sur des principes simplescomme le:

    «connaît toi, toi même» de Socrate, ou «aime ton pro-chain comme toi-même» de Jésus-Christ, peuvent nousamener à des comparaisons avec les principes de basedu bouddhisme, où la recherche de la vérité se fait dansl’intimité de chacun.

    Si la Franc-Maçonnerie n’est pas une religion, c’estnéanmoins dans les principes de ses fondements: respectde l’autre, connaissance de soi et des sciences, pratique dela Clémence, de la Charité et de la Fraternité, etc. Un for-midable outil d’évolution humaine dans la société moderneet sans cesse en progression que nous connaissons.

    Il y a fort longtemps un grand initié nous exhortait déjàà la compréhension et à la tolérance avec ce:

    «sicut et nos dimittimus, debitoribus nostris».Cherchons et ne l’oublions jamais.

    Èques a Compassione.▲

    2

  • 3

    Agenda du Grand Orient de Suisse

    09 novembre 2013 Convent du GOS à Morges

    31 mai 2013 Délai pour le thème 2012/2013 du GOS:«Entre attachement à la liberté individuelle…»

    Thème du GOS 2013/2014:«Phénomène migratoire et Droits de l’Homme, sommes-nous tous Frères?

    « La rédaction des Cahiers Bleus recherche activement des FF∴ se proposantà la traduction de français en allemand et d’allemand en français.

    Nous vous remercions de prendre contact avec le rédacteur ou sur le mail:[email protected] »

  • 4

    Une Loge se présentUne Loge se présentee ::

    La J∴ & P∴ L∴Zum Flamenden SternZum Flamenden Stern

    à l’O∴ de Berne

    L’«étoile flamboyante»se situe au milieu denotre pays – entre laSuisse alémanique et la Suisseromande. Nous nous considé-rons, en quelque sorte, commela charnière d’une porteouverte. Une porte ouverte surles autres régions linguistiqueset comme une ambassade de laculture maçonnique.

    L’atelier le plus proche dupoint de vue géographique estsitué à Neuchâtel – une loge quitravaille dans une autre langue etavec un autre rituel, le rite écos-sais ancien et accepté. Tandisque toutes les loges alémaniquesutilisent le rite le plus répandu enAllemagne, une adaptation des«maçons anciens et acceptés»(AFuAM). Des contacts plus oumoins fréquents enrichissent nosconnaissances maçonniques etnous permettent d’observer lesmentalités et aptitudes de nosfrères dans leur entourage parti-culier. De comparer par exemple– en exagérant quelque peu – ledynamisme de la loge zurichoiseissue des milieux de l’économieavec l’envolée intellectuelle decertaines loges romandes quisemblent peuplées par des pro-fesseurs.

    Il n’y a pas que les apprentis etles compagnons qui profitent de

    notre situation géographique pourapprofondir leur expérience; les ren-contres fraternelles favorisent égale-ment les liens amicaux à «longue dis-tance». Nous sommes souvent surprisde constater combien ces liens étaientsolides. Que ce soit à Genève ou enpays de Vaud, nombreux sont ceux quidemandent des nouvelles des frèresqu’ils avaient rencontrés à l’époque.Un de nos passés Vénérables sembleavoir tellement voyagé que je m’amu-se parfois à prétendre représenter l’ate-lier «Kurt».

    «Le voyage instruit» – conforme audicton allemand, je me permets devous encourager à repartir en voyage.Pas uniquement pour passer une soiréepassionnante ou pour «garnir» descolonnes, mais surtout pour découvrirla richesse et la variété de la franc-maçonnerie libérale, pour faire laconnaissance de tout ces jeunes hom-mes qui sont prêts à s’investir, et parta-ger les préoccupations qui nousconcernent tous, comme l’acquisitionde nouveaux membres. J’irai mêmejusqu’à dire qu’il y aurait moins deconflits au sein de notre Obédien-ce sinous avions plus souvent l’occasion deparler en personne avec ceux quidéfendent une autre opinion plutôt quede s’envoyer des courriels.

    C’est ainsi que nous définissonsnotre engagement au Grand Orient deSuisse. Bien que nous nous opposonsévidemment à abandonner notre indé-

    pendance, nous cherchons le dialogueet le compromis bien helvétique avantqu’une majorité n’impose son point devue.

    Notre loge a allumé ses feux en 1978et comme notre Temple se situe dansun souterrain de la zone industrielle deBerne, on pourrait nous appeler la loge«underground» de l’Orient de Suisse.Etroit et rudimentaire, il ne ressemblepas aux temples somptueux que l’onrencontre ailleurs, mais il ne manquepas d’harmonie. Plutôt que de forcervotre imagination, venez nous rendrevisite!

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    Le Rite Écossais Rectifié:Survol de son historique et spécificité

    F∴ C. H.

    La maçonnerie française del’époque s’est structuréevers 1786-1787 en un Sys-tème connu plus tard sous le nom de«Rite français», avec ses trois gradeset ses quatre ordres. Sans oublier lesdivers grades dont la combinaison aabouti à ce qu’on appelle «l’Écossis-me».

    Premier volet:Toutefois il faut ici souligner que le

    «Rite Écossais Rectifié» n’a d’écossaisque le nom, et il n’a aucune ressem-blance avec le système de «grades phi-losophiques», structuré en 33 grades,même s’il englobe néanmoins les élé-ments de la tradition écossaise.

    C’est à ce Rite que travaillait JeanBaptiste Willermoz (1730-1824) en1750 mais, très vite, il est persuadé queles vrais secrets de la maçonnerie setrouvent dans les Rituels des HautsGrades.

    En mai 1767, il rencontre celui quideviendra son Maître à penser,Martínès de Pasqually. Ce dernier,Kabbaliste émérite et thaumaturge, éta-blit un système qui était appelé«l’Ordre des Chevaliers Maçons ÉlusCoëns (prêtres élus) de l’Univers».Martinès de Pasqually est l’auteur duTraité sur la réintégration des êtres.

    Jean Baptiste Willermoz considèreque la doctrine de la réintégration est àla base de la maçonnerie primitive etauthentique, qu’il s’agit de retrouverpar la réunion sur cette base de tous les« rites et systèmes », en une véritable

    «science de l’Homme».

    Deuxième volet:La Stricte Observance Templière est

    aussi connue sous le nom de«Maçonnerie rectifiée» ou «Réforméede Dresde». Ce Système allemand futfondé en 1751 par le Baron CarlGotthelf von Hund, l’aspect chevale-resque y prime sur l’aspect maçon-nique, et il prétendait non seulementhériter, mais aussi restaurer l’ancienOrdre du Temple proscrit en 1312.

    En 1772, JBW rejoint la Loge LaCandeur à l’Orient de Strasbourg quis’est rattachée à la Stricte ObservanceTemplière.

    Depuis le départ, JBW cherchait à«rectifier» la maçonnerie pour établirun système contenant les deux sourcesspirituelles qui sont:

    La doctrine «ésotérique» de Martínèsde Pasqually, dont l’essentiel du conte-nu concerne l’origine première, lacondition actuelle et le destin ultime de

    l’être humain et de l’univers.La tradition chrétienne indivisible,

    nourrie par les enseignements desPères de l’Église.

    Il envisage donc d’utiliser les rituelsde l’ancien Rite Français pour les troispremiers grades et ceux de la S.O.T.pour les deux grades de Chevalerie, etde les lier entre eux par un 4° gradecelui de Maître Écossais de SaintAndré.

    À partir de là, Willermoz a donné àson système, ou Rite, une architectureconcentrique, en l’organisant en clas-ses de plus en plus intérieures de mêmeque de plus en plus secrètes, chaqueclasse étant inconnue de celle qui luiétait extérieure.

    D’un autre côté, il a doté le parcoursinitiatique développé de grade en graded’un enseignement doctrinal progressi-vement plus précis et explicite, grâceaux «instructions» qui font partie inté-grante du rituel de chaque grade.

    C’est sur un plan national que laconception de l’ensemble de JBW estofficiellement approuvé en novembre-décembre 1778 par le Convent desGaules, tenu à Lyon qui, à part la rati-fication des modifications des 3 pre-miers grades, ratifie également le Codemaçonnique des Loges réunies et recti-fiées et le code de l’Ordre desChevaliers Bienfaisants de la CitéSainte, qui demeurent les textes consti-tutionnels, toujours en vigueur, duRégime.

    En une seconde étape sur le planeuropéen, en août-septembre 1782, il y

    Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824)

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    eut le Convent de Wilhelmsbad, enAllemagne, tenu sous la présidence duduc Ferdinand de Brunswick-Lunebourg et du prince Charles deHesse, principaux dirigeants de laStricte Observance, qui se rallièrent àce qu’on appelait à l’époque la«Réforme de Lyon».

    JBW voit adopter toutes ses thèses etest chargé de la rédaction définitive desrituels, qu’il achèvera en 1783 pour les3 premiers grades et seulement en1809 pour le quatrième.

    JBW continuait à vouloir perfection-ner la doctrine du R.E.R. et, en 1788, ilréécrit, sans que personne ne le luidemande, les Rituels des 3 premiersgrades en y introduisant plus de démar-che chrétienne et en les mettant davan-tage en phase avec les principes de laRéintégration.

    Un exemplaire de ces rituels, quifurent donnés à la R.L. Triple Union deMarseille, se trouve à la BibliothèqueNationale de Paris. C’est cette versionqui a été remise à l’Union des Cœursen Suisse quand il souhaitèrent tra-vailler au RER. Ce furent ces mêmesrituels qui furent remis à CamilleSavoire, Édouard de Ribaucourt etGustave Bastard, lors de leur arme-ment au grade de CBCS au sein duGrand Prieuré d’Helvétie le 9 juin1910 et qui les ramenèrent en France.

    Après cette approche historique duRite, que dire du Rite lui même dont ladémarche maçonnique utilise les thè-mes principaux communs aux autresrites maçonniques. Les grades symbo-liques du RER sont axés sur la recons-truction intérieure de l’homme parl’approfondissement de la foi et la pra-tique assidue des vertus chrétiennes.Sans faire partie du RER, il est diffici-le de l’extérieur de comprendre de quoiil s’agit, mais ce Rite se proclame chré-tien et requiert le baptême ou la dispo-sition à l’être de ses membres.Mais cela ne veut pas dire pourautant qu’il ait une connotationreligieuse, puisque:

    Le Baptême n’est ni catho-lique, ni protestant, niorthodoxe, mais juif etEssénien en particulier.Chrétien vient du grec

    Christos soit celui qui a reçul’Onction en un mot l’Oint.

    Pourquoi est-ce que RabbiYeshua Ben Yosef (Jésus filsde Joseph) devrait-il être l’u-nique Oint?

    Les Esséniens pratiquaientaussi un Rituel de la résurrec-tion. La mort du vieil hommeet la naissance de l’hommenouveau. Cela ne rappelle-t-ilpas un certain H... sur le plan

    maçonnique?

  • Petite histoire de laFédération suisse de l’Ordre

    Maçonnique MixteInternational

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    Quelques mots tout d’abordpour introduire « Le DroitHumain » (DH). L’OrdreMaçonnique Mixte International(OMMI) «le Droit Humain» a vu lejour dans les dernières années duXIXe siècle, le 4 avril 1893. Cette finde siècle se caractérise par un largemouvement de revendication d’éga-lité des droits entre hommes et fem-mes. La Révolution française avaitfait naître beaucoup d’espoirs d’ou-verture aux idées nouvelles mais lavie sociale au XIXe siècle marquepeu d’évolution, notamment pour lesfemmes qui restent des citoyennes desecond ordre.

    Le 14 janvier 1882 pourtant, unefemme est initiée franc-maçon dansune loge masculine du Pecq, «LesLibres-Penseurs», de la Grande LogeSymbolique Ecossaise, grâce au coura-ge et à la ténacité de quelques FrèresMaçons. Ainsi, dans les années 1870-1880 de nombreuses discussions s’é-taient engagées dans des Loges mascu-lines en faveur de l’initiation des fem-mes (ceci peut nous rappeler des évé-nements récents en France voisine).Cette femme, Maria Deraismes, est lapremière femme à recevoir l’initiationmaçonnique dans les mêmes condi-tions qu’un homme. C’est une femmetrès cultivée, issue de la bourgeoisierépublicaine, éditorialiste et brillanteconférencière, animée de convictionsprofondes pour la reconnaissance desdroits des femmes. Elle est connue

    pour ses engagements sociaux et poli-tiques, ardente républicaine et laïque,elle est également adhérente à la«Libre Pensée».

    Les remous provoqués par sonInitiation au sein même de sa Logeamenèrent Maria Deraismes à s’enretirer. Dans ce contexte, MariaDeraismes, réduite à l’état de maçonnesans atelier, rencontre le médecinGeorges Martin qui cherche à faireadmettre des femmes au sein de laGrande Loge Symbolique Écossaise.Ensemble, ils élaborent discrètement, àpartir de 1891, une structure maçon-nique destinée à recevoir de futuresmaçonnes. De juin 1891 à mars 1893,des rencontres informelles, auxquellesassistent des féministes, se déroulentchez Maria Deraismes. En 1893, 16autres femmes seront initiées, reçuesau grade de Compagnon puis élevées àla Maîtrise.

    Le 4 avril 1893, les fondateurs signè-rent la Charte de «La Grande Logesymbolique Ecossaise Mixte de FranceLE DROIT HUMAIN» reconnue parla Loi française. Le 6 février 1894,Maria Deraismes meurt. Son combatpour la mixité aura été incessant.

    Dès 1895, l’Ordre MaçonniqueMixte International «LE DROITHUMAIN» créa de nouvelles Loges enFrance. En 1896, la première Logeétrangère voit le jour à Zurich. Bienque n’ayant survécu que 10 ans, elleamena les fondateurs de «La GrandeLoge symbolique Ecossaise Mixte deFrance LE DROIT HUMAIN» à envi-

    sager la création d’une structure inter-nationale. Le 12 juin 1901, le«Suprême Conseil Universel MixteInternational» fut constitué à Paris.Le premier Convent International setint à Paris du 8 au 15 août 1920; lesséances réunirent 70 délégués manda-tés par 312 Ateliers répartis entre 25pays. Durant ce premier ConventInternational, les bases de laConstitution Internationale seront éta-blies. Les principales caractéristiquesde l’Ordre Maçonnique MixteInternational «LE DROIT HUMAIN»sont: la mixité, l’internationalisme, l’a-dogmatisme et la continuité initiatiquedu 1er au 33e Degré d’après le «RiteÉcossais Ancien et Accepté». Cespoints sont explicités dans la déclara-tion de principe de la «ConstitutionInternationale» régissant le fonctionne-ment de l’ensemble de l’organisation. L’Ordre Maçonnique Mixte Interna-tional «LE DROIT HUMAIN» assureson unité en laissant une large autono-mie aux Fédérations nationales aux-quelles il demande seulement de res-pecter sa Constitution Internationale.«Le Droit Humain en Suisse »:

    La Fédération Suisse témoigne de laplus longue existence de l’Ordre horsdes frontières de France. Cette existen-ce date de 1896! Trois ans à peineaprès la naissance de l’Ordre. Cettedate correspond à l’allumage des feux,à Zurich, de la Loge «Zu denEidgenossen» qui porta le n° 9 desLoges de l’Ordre et qui restera activejusqu’en 1905. Cet événement connut

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    des suites inestimables à l’époque, caril venait confirmer, pour la premièrefois, la capacité de notre Franc-Maçonnerie mixte à devenir uneObédience internationale. C’est eneffet après cet allumage que le DocteurGeorges Martin envisage «la créationd’Ateliers dans le monde entier». Puis,1910 verra la constitution d’unTriangle à Genève qui deviendra en1913 la Loge «Georges Martin» n° 44.Son premier président fut JohannesReelfs, né à Amsterdam en 1888 où ilavait déjà créé une loge, qui s’étaitinstallé en Suisse en 1906. Polyglotte,il fut professeur de littérature à l’écolede Madame Rollier. Initiée en Franceen 1910, cette dernière jouera un rôleimportant dans le développement du«DROIT HUMAIN» en Suisse. LaLoge n° 44 reprendra ses travaux en1914. Deux autres Loges furent fon-dées à Neuchâtel et la Chaux-de-Fondsen 1920 et une à Lausanne en1923.Le climat régnant avant la DeuxièmeGuerre mondiale rendit les activitésmaçonniques plus discrètes. Mais lesLoges ne furent point interdites grâce àla décision des citoyens suisses et auxefforts de nombreux maçons de toutesobédiences. La réunion mondiale del’Ordre Maçonnique Mixte Internatio-

    nal «LE DROIT HUMAIN» organiséeen 1936 à Genève témoigne de cettevolonté. Cependant, devant la montéedu fascisme, les Loges ferment pen-dant la Seconde Guerre mondiale.Après la guerre, au ConventInternational de 1954, le même F∴Reelfs déclare: « Nous avons réussi àorganiser cinq loges dans nos villes.Nous espérons arriver, par notre tra-vail, à développer le D.H. et l’idéemaçonnique. La Suisse, en somme, estun pays avancé et nous n’avons pasbesoin de combattre pour la liberté. Laliberté nous a été donnée depuis 1291et nous ne la lâcherons plus ...»1.Les Loges reprennent lentement leurstravaux et, en 1958, la Sœur IrèneMarti, déléguée du Suprême Conseil,entame les démarches constitutives denotre Fédération. Ce long travail depréparation aboutit le 18 octobre 1981.Les années qui suivent cette naissancesont assez florissantes; par malheur, leschisme qui se produit en 1999 ne lais-sera que cinq Loges en activité, toutesmarquées par la scission et qui ontconnu des moments très difficiles. En2000, le travail était patiemment àrefaire. Les dix années qui ont suivi ontété consacrées avant tout à consoliderl’existant, à redonner de l’âme.

    Aujourd’hui, la Fédération a rouvert unAtelier en Suisse alémanique, à Zürich,et Genève a allumé les feux d’une troi-sième Loge. La Fédération, forte de160 membres, vit son chantier durenouveau avec patience et bonheur.Elle compte à ce jour sept LogesBleues, deux Ateliers de Perfection,deux Chapitres, un Aréopage et unConsistoire.

    Louis Guerrero, Président du ConseilNational OMMI «Le Droit Humain»,Fédération suisse

    1«Esquisse sur les origines et l’évolution del’O.M.M.I. le D.H.»:p. 40 ‐ sous l’égide du Suprême ConseilMixte « Le Droit Humain »‐ 1993

  • 9

    Il C∴A∴M∴E∴A∴ (CentroAttività Massoniche Esoteri-che Accettate), nasce nel lonta-no 1958, per volontà del Ven∴mo ePot∴mo Fr∴ Aldo Vitale 33∴,membro Effettivo del Sacro Con-vento Universale dei SupremiConsigli, il quale fra gli alti incarichiin seno al Sublime Organo possede-va la delega di Ispettore per il R∴S∴A∴A∴ per l’Italia.

    Questo incarico tanto prestigiosoquanto oneroso, lo indusse a creare suespressa delega del «Sublime Orga-no», attingendo da un elite di FF∴ cre-sciuti nel seno della più ortodossaTradizione di Piazza del Gesù, ungruppo che si attivasse per ricostituireun’unità assoluta fra tutte leObbedienze Massoniche Scozzesi pre-senti sul territorio Nazionale.I Lavori continuarono fecondi per trelustri portando i “Cameini” a dialoga-re proficuamente, con i più AltiDignitari delle Famiglie MassonicheItaliane, con il vivo intento di dareseguito ai desiderata del “Convento”,che avrebbe voluto nuovamente poterinteragire con un ricostituito SupremoConsiglio Unico per l’Italia.

    La dedizione alla causa, fu tale cheportò nel 1973, all’integrazione di ungruppo di oltre trecento FF∴ dellaCAMEA nelle file della Gran Loggiad’Italia, Palazzo Vitelleschi.

    Questa cooperazione avvenne anchecon i FF∴ del Grande Oriente d’Italia,Palazzo Giustiniani e con numerosi

    nitisi Ritual-mente in sede di SupremoConsiglio, deliberarono che i tempi,non erano più idonei per continuare ilnobile progetto di riunificazione. Pergarantire continuità iniziatica, ed iltramando della Tradizione ininterrottadalla costituzione del SupremoConsiglio per l’Italia avvenuta nel1805, e continuata dal 1908 nella rico-nosciuta legittimità di Piazza delGesù, il Supremo Consiglio decise diconvogliare il CAMEA nel seno dellaSerenissima Gran Loggia NazionaleItaliana degli A.·.L.·.A.·.M.·. Comu-nione di Piazza del Gesù, unica legitti-ma discendente dello storico depositodella Trasmissione di Piazza del Gesù.Questa operazione aveva il precisointento di salvaguardare e tramandarei valori dello Scozzesismo, che inItalia riposavano fecondi ed ininterrot-ti nella Tradizione della Comunionedi Piazza del Gesù. Questo lungoperiodo di “articolato silenzio”, è ser-vito ai vertici del CAMEA per conti-nuare un amorevole lavoro di relazio-ni nazionali ed internazionali, prope-deutiche ad un mirato risveglio chegiungerà ben quattro lustri più tardi,dopo attente e ponderate valutazionisugli uomini e gli scenari attuali.A febbraio del 2003 infatti una Dietadel Supremo Consiglio fu creata perrisvegliare tutti i Fratelli Camea insi-gniti del 33˚ Grado. Roberto Luongo,attuale sovrano Gran Commendatore,fu nominato Conestabile. Cinque mesipiù tardi fu promulgato il Decreto dinomina del primo Gran Maestro

    Camea: Centro attivita’ massoniche esoteri-che accettate

    esponenti delle più importantiFamiglie Massoniche, ma tali nobilitentativi non diedero i frutti sperati,poiché già allora il panorama murato-rio nazionale era gravato da troppiinauditi individualismi.

    Questo fondamentale progetto, nonpoteva rimanere lettera morta, quindi siproseguiva nella realizzazione dell’-Architettonico disegno. Nel 1978, ilCAMEA ridava forza e vigore alla suagià poderosa struttura stilando altresì,uno Statuto nel quale si ribadiva il piùrigoroso ed Ortodosso rispetto delleGrandi Costituzioni Scozzesi dell’anno1786, con la relativa appendice deiRegolamenti Generali, nelle modificheapportate dal Convento Universale deiSupremi Consigli riuniti a Losanna edadottate nella seduta del 22 settembre1875 e gli Statuti Generali dellaSocietà dei Liberi Muratori del 1820. Questa linea emersa unanime in senoal Supremo Consiglio, dava un segnaleforte a tutte le sedicenti Obbedienzeregolari che da tempo avevano disatte-so il cammino nel Solco dellaTradizione Scozzese. Proprio la rigoro-sa Ortodossia, e la chiarezza d’intenti,aveva portato CAMEA ad un proficuoe rigoglioso sviluppo su tutto il territo-rio nazionale, portando nei primi anniottanta a coprire tutta l’Italia, con unacapillare e qualitativamente elevataschiera di Fratelli. I tristi eventi di que-gli anni, che sconvolsero l’intero pano-rama massonico, gettarono su tutte leObbedienze Italiane una pesante col-tre. I vertici del CAMEA nel 1982, riu-

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    dell’Ordine, il Ser.·.mo Fr.·. LeonardoCavallaro. Ad Alessandria, il 21 set-tembre, venne realizzata la prima GranLoggia del Camea dopo il suo risve-glio. Il 17 settembre 2004, il giornoprima della celebrazione della secondaGran Loggia del Camea, muore aRoma il Ven.·. mo e Pot.·.mo SovranoAldo Vitale. Il risveglio del CAMEAha ridato quindi linfa ad un progettomai sopito che ha attraversato periodibui per la massoneria nazionale, giun-gendo a questa “primavera iniziatica”,ove si vede accrescere l’interessegenerale verso la nostra anticaIstituzione. I progetti del CAMEArestano i medesimi, con la continuaattenzione ai valori morali che leganoi Fratelli, al recupero e la salvaguardiadella più pura Ortodossia Rituale e conla conservazione ed il tramando dellaTradizione di quello che fu il terzoSupremo Consiglio del Mondo in ordi-ne di costituzione ed infine, ma nonper ultimo, l’obiettivo perseguito èsempre quello dell’unificazione delletante famiglie massoniche italiane.Attualmente con i suoi Templi contapiù di venti Logge, sedenti pressoOrienti da Udine a Trapani, da Torinoa Reggio Calabria, annovera Officinein Europa ed intrattiene numerosiTrattati di Amicizia e Reciprocità conle più note Potenze straniere. Spero che i lettori abbino trovato esau-

    tradizione massonica attiva, cherealizzi quanto di meglio si possadesiderare per l’umanità intera icui valori si identificano con iprincipi dì Libertà-Uguaglianza-Fratellanza.Ringraziandovi della preziosa ami-cizia sono sicuro che saremo insie-me per difendere i nostri ideali,auspicando un lungo e gratificantepercorso comune delle nostreFamiglie. Fraternamente viabbraccio.”

    F∴ Ant. O.▲

    stiva questa presentazione, consideratii 55 di storia che il CAMEA possiede.Trovo positivo conoscere altre realtà,affinchè si risvegli in noi Fratelli ildesiderio di trovare la giusta alchimiaper poter supportare e, laddove possi-bile, sanare quanto di negativo vive lanostra società. Solo con il confronto siproducono idee e si puo’ meglioapprofondire la percezione di cio’ checi circonda. Porgo i miei saluti e rin-graziamenti al Gran Maestro delCAMEA Daniele Margiotta, il quale,informandolo che avrei riportatoall’interno dei Cahiers Blues tale lavo-ro, ha gentilmente inviato un messa-gio:

    “Un grazie di vero cuore al GOS eal Fratello Antonio Oppedisanoper la Tavola sul Camea, special-mente nell’anno in cui ricade il55° anniversario della fondazione.Momento esaltante per me, cheintendo vivere fraternamente inletizia e serenità, con l’impegno dicreare un corpo armonioso fautoredella unificazione fra Obbedienzeper far sì che la Massoneria ritor-ni ad essere una e potente alfine didare supporto positivo agli avveni-menti importanti e, purtroppo gra-vi, che viviamo.Il CAMEA continua nel suo cam-mino per una Massoneria unitaportando avanti il progetto di una

  • La diversité des religionset doctrines

    F∴ P. A.

    d’élaboration théologique, chaque reli-gion ayant sa propre appréciation de cequ’il convient d’appeler religion.

    Aujourd’hui nous pouvons admettreque le mot «religion» désigne unensemble déterminé de croyances et dedogmes amenant le rapport de l’hom-me avec le sacré. Il est possible de dif-férencier trois types de religions: cellesqui reposent sur l’affirmation d’undieu unique et créateur, les religionsmonothéistes, celles qui célèbrent unepluralité de divinités, les religionspolythéistes et celles qui s’accordentprincipalement à une sagesse ou à unephilosophie.Judaïsme, christianisme, islam

    Le fondateur du judaïsme, Abraham,s’installe en Canaan, terre promise parDieu, vers 1850 av. J.-C. Les textesfondamentaux du judaïsme sontregroupés dans la Bible (l’AncienTestament des chrétiens) qui comprendla Loi écrite, la Torah sans oublier d’a-jouter les commentaires formant leTalmud. La profession de foi juive estla parole de Moïse: «Ecoute, Israël,l’Éternel notre Dieu, l’Éternel est un».La religion juive s’expose comme unealliance de Dieu avec les patriarchesqu’il a choisis pour répandre son culteau sein des peuples. Cette allianceimplique de la part des enfants d’Israëll’engagement d’être fidèle à Dieu et àla Torah.

    Le christianisme est apparu au seindu judaïsme. Jésus de Nazareth, des-cendant du roi David et de Salomon, seprésente non pas comme un prophète,

    Ce qui était courammentappelé religion par lesLatins était le respect descoutumes, de ses parents, desdevoirs civiques ou des liens desociété. La religion ne se distinguepas de la politique et les actes reli-gieux ont une valeur juridique. LesRomains ont ainsi la religion deRome et s’ils reconnaissent les reli-gions des autres cités, ils restentpersuadés d’avoir la meilleureparce que Rome domine le monde.Le terme latin religio a été définipour la première fois par Cicéroncomme le fait de s’occuper d’unenature supérieure que l’on appelledivine et de lui rendre un culte.

    Mais une question reste d’actualitéet ouverte à la question de savoirqu’est-ce qu’une religion?

    Devons-nous nous contenter de pen-ser que les religions ont toujours uneforme institutionnelle avec un clergé,des pasteurs, des imams, des rabbins,des moines ou des gourous ou alorsnous permettre d’imaginer et de consi-dérer la philosophie, voire le sport oul’ésotérisme comme une certaine reli-gion?

    La religion peut être comprisecomme une manière de vivre et unerecherche de réponses aux questionsles plus profondes de l’humanité, maiselle peut aussi être vue comme cequ’il y a de plus contraire à la raison etjugée synonyme de superstition. Lanotion de religion peut être l’objet

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    un de plus à cette époque, mais commele fils de Dieu lui-même. Les Évangi-les formulent ses actions et son ensei-gnement. Le christianisme est une doc-trine de salut. Au sein du christianisme,des divisions confessionnelles appa-raissent au cours de l’histoire. La reli-gion orthodoxe est apparue par unschisme en 1054 lorsque MikhaïlKeroularios, patriarche de Constan-tinople, refuse la suprématie de l’é-vêque de Rome. Le protestantisme, lui,est issu de la Réforme qui à partir de lapublication des thèses de MartinLuther, en 1517, soustrait à l’obédien-ce de l’Église catholique une partie dela chrétienté européenne, cherchant àrevenir à un christianisme primitif.Quant à l’anglicanisme, il a une origi-ne politique. Au début du XVIe siècle,le roi Henri VIII se déclare chef de l’É-glise d’Angleterre, refusant la condam-nation papale de son mariage.

    L’islam est la religion fondée au VIIesiècle par Mahomet auquel l’angeGabriel a donné des révélations frag-mentaires successives, formant leCoran, parole de Dieu. La pratiquereligieuse repose sur cinq obligations,appelées «piliers». La profession defoi: il n’y a de divinité que Dieu(Allah) et Mahomet est l’envoyé deDieu; les cinq prières quotidiennes;l’aumône; le jeûne intégral du ramadanet le pèlerinage à la Mecque. La loi del’islam (charia) régit non seulement lerapport à Dieu, mais aussi toute la viesociale, individuelle et politique. Lesunnisme, courant majoritaire de l’is-

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    75 % de sunnites15 % de chiites

    Hindous, 952 millionsNon-religieux, 700 millionsBouddhistes, 470 millionsReligions chinoises, 460 millionsAthées, 140 millionsNouvelles religions, 63 millionsSikhs, 25 millionsJuifs, 17 millions

    Bibliographie:Texte réalisé à partir d’une lectured’un article parut dans Alpina.

    lam, s’oppose au chiisme, à propos dela désignation du successeur du Pro-phète. Le sunnisme, contrairement auchiisme, rejette toute interprétationmystique ou ésotérique du Coran.Hindouisme, shintoïsme, bouddhisme

    L’hindouisme est ordonné autourd’un ensemble de textes sanskritsconsidérés comme la «révélation»,comprenant notamment les Vedas etupanishads. Ceux-ci décrivent un ordrecosmique (dharma), subtil équilibreentre les dieux et les démons. Les riteset les sacrifices sont destinés à assurercet équilibre précaire. L’hindouisme secaractérise par un ordre social, le brah-manisme, fondé sur le système des cas-tes. Il place le brahmane, spécialistedes rites, au sommet de la hiérarchie.Entre 600 av. J.-C. et 300 apr. J.-C.,l’hindouisme est réinterprété. S’y jointune métaphysique de la transmigrationdes âmes qui rend possible la voie de lalibération (moksa) par un idéal derenoncement.

    Le shintoïsme est une religion poly-théiste ancestrale du Japon. Elle reposesur la vénération des dieux (kami), per-sonnification des forces naturelles ouâme des ancêtres.

    Le bouddhisme apparaît en Inde auVe siècle av. J.-C. comme une réformedirigée contre le brahmanisme hindou.Il repose sur les enseignements duBouddha assemblés dans les «quatrenobles vérités» que sont l’existencehumaine est souffrance; la cause de lasouffrance est le désir; pour se libérerde la souffrance, il faut supprimer lacause; la voie ouverte par le Bouddhaconduira à l’ultime but de l’existence,le nirvana, la fin des renaissances suc-cessives.Jaïnisme, taoïsme, confucianisme

    Comme le bouddhisme, le jaïnismeest dirigé contre le brahmanisme. Ilreprésente le chemin de libération de lasouffrance par l’ascèse, la non-violen-ce et le respect scrupuleux de tout êtrevivant, et son essor fut contemporaindu bouddhisme.

    C’est également au VIe siècle av. J.-C.

    qu’est apparu en Chine le taoïsme,dont l’objectif est de montrer la voiequi mène au Tao (ou Dao) absolu, leprincipe d’ordre qui fait l’unité de l’u-nivers. L’un des textes majeurs est leTao-t-King attribué à Laozi.

    Le confucianisme partage avec letaoïsme une même origine géogra-phique et chronologique, un mêmesouci de l’harmonie, mais il estdépourvu de préoccupation métaphy-sique. La doctrine de Confucius comp-rend essentiellement des préceptesmoraux pour la vie dans le monde:piété filiale, fidélité aux chefs, justicemorale, altruisme, bienfaisance.Et du côté de la franc-maçonnerie

    C’est de Grande-Bretagne que sontvenus les textes fondateurs de la franc-maçonnerie spéculative. Dans lesConstitutions de 1723, on peut lirequ’un maçon est obligé d’obéir à la loimorale, et s’il comprend bien l’Art, ilne sera jamais athée stupide ni libertinirréligieux. Mais quoique dans lestemps anciens les maçons fussent tenusdans chaque pays d’être de la religionde ce pays ou de cette nation, il estnéanmoins considéré maintenant com-me plus convenable de les astreindreseulement à cette Religion sur laquelletous les hommes sont d’accord, lais-sant à chacun ses propres opinions;c’est-à-dire d’être des hommes de bienet loyaux, ou hommes d’honneur et deprobité, quelles que soient les dénomi-nations ou confessions qui puissent lesdistinguer.Statistiques

    En 2011, nous avons les estimationssuivantes concernant les appartenancesreligieuses de la population mondiale:Chrétiens, 2,30 milliards (environ33% de la population mondiale), dont:

    1,15 milliard de catholiques430 millions de protestants380 millions de chrétiens

    indépendants270 millions d’orthodoxes88 millions d’anglicans

    Musulmans, 1,60 milliard (environ21%), dont:

  • La parfaite amitié est celle deshommes bons et semblables envertu. Chacun veut bien à l’autrepour ce qu’il est, pour sa bontéessentielle. Ce sont les amis parexcellence, eux que ne rappro-chent pas des circonstances acci-dentelles, mais leur nature pro-fonde. Leur amitié dure tout letemps qu’ils restent vertueux, etle propre de la vertu en généralest d’être durable. Ajoutons quechacun d’eux est bon dans l’ab-solu et utile à son ami, bon dansl’absolu et agréable à son ami(Aristote, Éthique à Nicomaque,liv.VIII).

    Aristote fut l’élève de Platondont il suivit l’enseignement àl’Académie pendant plus devingt ans. S’il partage certaines pré-misses de son maître, comme celle del’immortalité de l’âme, Aristote bous-cule le fondement de sa doctrine. Ilrécuse l’existence des idées dans unmonde intelligible séparé du mondesensible auquel il redonne de ce faittoute son importance: si les chosessensibles ne sont pas la forme déchueou dégradée de modèles idéaux, ilimporte de les connaître pour elles-mêmes. C’est pourquoi apparaît avecAristote l’exigence proprement ency-clopédique d’explorer tous les domai-nes du savoir, à commencer par celuide l’homme, de ses actions et sesinteractions. Éthique et politique sont

    des Idées platonicien n’existe pas:Aristote est réaliste, Platon était idéa-liste.

    Aristote explique les relations de laforme à la matière par la «théorie desquatre causes». Prenons une statued’Aphrodite. Le support de la formed’Aphrodite est une matière détermi-née, le marbre dans ce cas: c’est sacause matérielle. C’est par le travaildu sculpteur que ce marbre a été trans-formé de l’état de bloc où il se trouvaiten statue qu’il est à présent: voilà lacause efficiente. Mais ce travail n’ad’abord été possible que parce que lesculpteur a eu une intuition, et quedirigeant son action vers un but, ils’est donné une cause finale.Aphrodite est enfin ici cause formelleen ce qu’elle a fourni le modèle, leprincipe d’organisation de la matière.Les quatre causes sont les étapesnécessaires au passage de ce qu’unechose est en puissance (la possibilitéde la statue dans le bloc de marbre) àce qu’elles sont en acte (la statued’Aphrodite).Vie bonne et politique

    Dans le domaine éthique, on ne peutprétendre selon Aristote au degré decertitude qui est possible en matière deconnaissance. Les règles qui doiventprésider aux actions ne sont vraies oujustes que relativement à un contextedonné. L’action bonne requiert donccette autre forme d’intelligence, hété-rogène au domaine des vérités immua-bles, qu’il nomme la prudence. Lebonheur est donné à celui qui agit de la

    13

    d’ailleurs intimement liées dans lamesure où elles procèdent toutes deuxde ce que l’homme est le seul animaldoué de logos. Aristote a fondé leLycée, où l’on pensait en marchant, eta trouvé une postérité durable dansl’école dite «péripatéticienne» qui yreçut sa formation.L’hylémorphisme

    Aristote rejette la théorie des Idéesde Platon: ce qu’il y a d’immuabledans les choses sensibles n’est pas uneréalité qui existerait dans un mondeintelligible. Aristote déplace la problé-matique de Platon, qui était ontolo-gique (c’est-à-dire qu’elle voulait ren-dre raison de ce qui existe), sur le plande la logique (qui postule que la struc-ture de l’être doit être identique à celledu discours vrai): il n’y a pour lui quedeux types d’êtres : la substance, quiest le sujet d’un jugement de type Spour «substance» et P pour «prédi-cat», et les attributs ou prédicats, quisont ce qui peut se dire de S, en l’oc-currence P. seule la substance existeréellement. Dans un énoncé tel que «larose est blanche», la blancheur pourAristote existe moins que la rose, maissurtout, elle n’en est pas séparable, caril n’existe pas quelque chose commela blancheur qui aurait une réalitéindépendante d’une substance donnée.La théorie d’Aristote est dite «hylé-morphique» parce que la matière n’yest pas séparable de sa forme. Oncomprend dans ce cas que les formesne puissent avoir d’existence autreque sensible, autrement dit que le ciel

    AristoteAristote(384 - 322)

    F∴ P. A.

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    seule manière qui soit raisonnable pourAristote, c’est-à-dire dont l’action visele souverain Bien défini comme l’ac-tualisation de toutes les vertus qui sonten puissance dans l’homme. L’amitiéjoue ainsi un rôle éthique de premièreimportance, car comme l’expliqueAristote dans l’Éthique à Nicomaque,le véritable ami, pour qui nous avonsestime et admiration, nous pousse àdevenir meilleurs pour nous rendredignes de lui. Mais la vie bonne estaussi par excellence celle qui se réalisedans la communauté politique. En tantqu’il est doué de logos (c’est-à-dire de«langage» et de «raison»), l’homme estun animal «politique». Parce qu’il peutse prononcer sur le bien et le mal, lejuste et l’injuste, il est capable de justi-ce. La communauté politique est aucorps social ce que l’amitié est à l’indi-vidu: elle lui permet de devenir cequ’est en acte, c’est-à-dire qu’elleréalise ses potentialités de justice et dece type de bonheur qu’est le bien com-mun.Poétique et rhétorique

    Platon voit dans l’art une imitationdangereuse de la nature: les chosessensibles correspondant à une versiondégradée de l’Idée, leur imitation enta-che l’œuvre d’art d’un éloignementsupplémentaire par rapport à leurmodèle intelligible. Pour Aristote aucontraire, qui pense la matière et laforme comme indissociable et fait por-ter sa réflexion sur les causes de leur

    union, l’art est l’actualisation d’unepuissance proprement humaine, et ilest en cela vertueux de plusieurs pointsde vue. Il coïncide d’abord avec larecherche d’une perfection plus gran-de. Aristote inverse ici radicalement laperspective de Platon en montrant que,s’il imite souvent la nature, l’art peutaussi «mener à son accomplissementce que la nature est par elle-mêmeincapable de mener à son terme».Ainsi la tragédie, où culmine cette par-tie de l’art que constitue la poétique,rend-elle possible la catharsis ou lapurification des passions, en prélevantdans le réel ce qui est susceptible deconstituer un modèle, d’avoir unevaleur exemplaire. Il en va de mêmepour la rhétorique ou art de persuader:condamnée par Platon comme relevantdu domaine de l’opinion, elle est réha-bilitée par Aristote. En effet, les sphè-res éthique et politique ne sont pas cel-les de la connaissance, mais par excel-lence celles où les hommes doiventfaire usage de leur logos, c’est-à-direargumenter et convaincre.

    Source:Le grand livre de la philosophie

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    Bref rappel historique: Noussommes en 1605. Après l'èreglorieuse de Charles Quintet Philippe II, l'Espagne a amorcéune période de déclin. Le désastrede l'Invincible Armada a eu lieu en1588. Le rôle dominant de l'Espagneen Europe s'effrite. Malgré l'apportde métaux précieux des colonies, lepays se dépeuple et s'appauvrit. Laréussite militaire et économique del'aventure sud-américaine effacedifficilement le désastre humain etles crimes qu'elle a entraînés. Lepays traverse une profonde crisemorale, dont le paradigme avait été,dès 1550/1, la «Controverse deValladolid» (sorte de forum théolo-gique et racial sur l'origine, la natu-re et l'éventuelle essence divine desindigènes).

    Pourquoi parler d’un personnageque tout le monde connaît, qui estentré depuis longtemps dans l’image-rie populaire? Par goût, par plaisir,mais aussi parce que tout le mondeconnaît la légende, mais pas forcémentl’ouvrage de Cervantès.

    Don Quichotte a été publié en 1605,il y a donc 4 siècles. Pourtant, il resteun livre étonnement moderne.L’ouvrage a fait l’objet de milliers dethèses et d’essais. Je ne puis donc riendire de nouveau sur le sujet, sinonqu’exprimer le plaisir que j’y trouve etrelever quelques-unes de ses multiplesfacettes. Et, peut-être, vous encoura-gez à le lire ou à le relire.

    Parmi les innombrables vertus duQuichotte, il y a celle, par exemple, depouvoir être abordé à n’importe quelchapitre et de nous captiver d’emblée.Toutes proportions gardées, je diraiqu’on peut le lire comme on regardeune «série» à la TV. A chaque chapitre,on retrouve nos personnages dans unépisode qui a son unité de temps et delieu et qui se tient. De plus, Cervantèss’est donné la peine de prévoir pourchaque chapitre un titre descriptif ducontenu du récit, qui nous permet dechoisir quelle aventure nous voulonssuivre. Exemples: De l’étrange aven-ture qui arriva au valeureux donQuichotte avec le brave chevalier desMiroirs. Ou encore: Qui traite ducurieux discours que fit Don Quichottesur les armes et les lettres.

    La paire Quichotte et Sancho Pançaconstitue en soi un mythe, que j’osecomparer aux anciens mythes grecs ouégyptiens, bien qu’appartenant à unautre temps. Je dis bien un mythe,c’est-à-dire, une histoire d’inspirationpopulaire, mettant en scène des forceset des situations exemplaires de lacondition humaine.

    En découvrant Cervantès, on décou-vre aussi sa malicieuse inclination àjouer entre fiction et mystification. Sasuprême coquetterie a été d’ailleurs desuggérer que ce n’était pas lui l’auteurdu don Quichotte. En effet, dans ladeuxième partie du livre, il introduit lerécit comme si le vrai narrateur étaitun certain auteur arabe du nom deCide Hemete Benengeli. Le récit com-

    mence ainsi: «Cuenta Cide HemeteBenengeli en la segunda parte de estahistoria...». En fait, Cervantès sedonne beaucoup de peine pour fairecroire que l’histoire de don Quichotteaurait été écrite par Benengeli enarabe, que lui-même aurait trouvé lemanuscrit par hasard dans un marchéde Tolède et l’aurait fait traduire parun bachelier formé à l’Université deSalamanca nommé Sanson Carrasco,avant de le faire publier. Il ne seraitdonc pas l’auteur, mais en quelquesorte l’éditeur du livre. Pour corrobo-rer cette thèse, il introduit le personna-ge de Carrasco dans le récit, et c’estlui que l’on voit rendre compte à DonQuichotte de ses propres aventures etde sa renommée, telles que narrées parBenengeli. En somme, il invente unartifice littéraire d’avant-garde – l’au-teur est-il lui-même une fiction? –,qui fait encore aujourd’hui les délicesdes érudits et qui a été repris par cer-tains écrivains modernes (à maconnaissance, Paul Auster, dans LaTrilogie de New York et JosteinGaarder, dans Le Monde de Sophie).

    Dès sa publication, on a accrédité lathèse que le don Quichotte avait pourbut de combattre la mode des romansde chevalerie qui sévissait en cette findu XVIe siècle et qui faisait tournerbien des têtes jeunes et moins jeunes,en les éloignant de la fidélité au roi et,surtout, de la bonne foi catholique. Parprudence ou ruse, car il fallait montrer«patte blanche» à l’autorité royale,Cervantès a lui-même contribué à

    «El Ingenioso Hidalgo Don Quijotede La Mancha»

    (Invitation à lire Don Quichotte)

    F∴ F. M.

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    maintenir cette idée, qui subsisteencore aujourd’hui. Le Quichotte estpeut-être cela, mais il est heureuse-ment, bien plus que cela.

    Selon ma lecture, la paire Quichotteet Sancho compose une dualité desplus universelles. Ce n’est pas la dua-lité du bien et du mal, ni celle de l’om-bre et de la lumière, mais bien celle del’idéal, de l’imagination, du rêve,voire de la folie, face à la pesanteur duquotidien, aux contraintes de l’exis-tence réelle, à l’empire du raisonnable.En admettant qu’il s’agît vraimentd’une satire des romans de chevalerieet des idéaux qu’ils proclamaient,alors il fallait comprendre cette satireau deuxième degré. Je veux dire nonpas comme une simple farce, maiscomme un cri de détresse, signifiantque les idéaux de justice, de liberté, denoblesse d’esprit dont il traite ne sontqu’une utopie qu’on n’atteindrajamais. À cet égard, il faut noter quepour les historiens, hormis quelqueschroniques sérieuses plus ou moinsfidèles sur la vie de certains chevaliersdu moyen âge, la plupart des récits etromans de chevalerie sont des légen-des et de la pure fiction. Le fameuxcliché du chevalier errant voué à ladéfense du faible, de la veuve et del’orphelin n’a que très peu de vraisem-blance. Pourtant, ces récits véhicu-laient des valeurs que Cervantès - je lepense - voulait finalement mettre enlumière.

    C’est donc parce que Cervantès étaitprofondément conscient du matérialis-me, de l’injustice, de la corruption etde la violence qui régnaient dans sonépoque, qu’il va s’inspirer des légen-des chevaleresques pour mettre enscène l’histoire d’un fou qui croit à lajustice et qui est prêt à sacrifier sa viepour le bien. Face au pouvoir royalabsolu, à la cupidité du clergé, aux for-ces de l’argent, l’idéal de justice nepeut être qu’une farce et une folie.

    On le sait, l’aventure de donQuichotte le conduira à la débâcle et àla mort. Mais au passage, sa folie va

    contaminer quelques autres personna-ges et les contraindre à entrer dans lejeu de la fiction, qui prendra souvent lepas sur la réalité. À commencer parSancho, notable représentant du bonsens, qui finira par croire au rêve fou:être le gouverneur d’une île. D’autresfolies vont nourrir le paradoxe. Pourconvaincre don Quichotte à rentrerdans son village et à s’y tenir coi, lecuré et le barbier, avec la participationactive de Carrasco vont justement luijouer une farce. Carrasco, déguisé enchevalier errant, va défier donQuichotte en espérant le vaincre et l’o-bliger à rentrer, en vertu des devoirs duvaincu selon les règles de la chevalerie.Hélas! au cours d’un épisode hilaranttrop long à raconter, Don Quichottesort vainqueur et Carrasco se trouvedémasqué et humilié.

    Une clé importante du livre me paraitrésider dans les épisodes où DonQuichotte est l’hôte des Ducs, lorsqu’ilest invité devant leur cour à exposerses idéaux, le but de sa quête, de sonerrance. L’originalité du personnage,ses fabulations deviennent évidem-ment le sujet d’un amusement bienve-nu dans un château où l’on s’ennuie.Mais l’auditoire hésite à trancher s’il aaffaire à un bouffon ou à une âme vrai-ment noble. En tout cas, la force de sesconvictions, la poésie et la noblesse deses propos imposent l’admiration et lerespect. De sorte que la cour applaudit.Et l’on ne sait si elle est reconnaissan-te pour le divertissement, ou si elles’incline devant la force de l’idéal.Cette ambiguïté, qui persiste à traverstout le récit, nous interroge.

    L’idéal, est-il toujours une foliecondamnée au désastre? N’y a-t-ild’autre voie possible que de se plieraux contraintes du réel, aux impératifsde la raison?

    Don Quichotte est un personnagecomplexe, ambigu, délirant, et pour-tant profondément humain par sa capa-cité de sacrifice et d’amour. ElIngenioso Hidalgo Don Quijote de laMancha est un livre moderne, en ce

    sens qu’il exprime des préoccupationsde toujours. Il l’est par son esprit cri-tique à l’égard de son époque, par lesouffle de révolte qui le traverse, parson aspiration à la justice. Et la moind-re de ses vertus n’est pas celle de nousfaire rire. Lisez...

  • La grappe de raisins et

    l’Obédiencel’Obédience

    F∴ J.-C. B.

    17

    Quand la colombe eûtapponté avec un rameaud’Olivier au bec, Noé pous-sa un grand ouf de soulagement.Tout le monde descendrait sain etsauf de l’arche, parce que chacunavait respecté ses engagements ethonoré ses devoirs en acceptant lesordres sans rechigner. Sitôt sur terreferme, Noé planta un cep de vigne,histoire de concocter un nectar pourremercier le Destin. La récolte futgénéreuse et le vin de grande qualité.Et pourtant, à observer de près lesgrappes, chaque grain était diffé-rents, petits et gros, verts ou dorés,acides ou sucrés, certains presquedesséchés et d’autres juteux. Si tousavaient été identiques, le vin auraitperdu l’essentiel de ses qualitésorganoleptiques.

    Quelques siècles plus tard, le sculp-teur Rodin, fasciné par le pouvoirexpressif des mains, les étudia sansrelâche et exprima à travers elles toutela gamme des humains.

    Notamment cette main de pianistequi court avec virtuosité sur le clavier.Elle semble défier toutes les lois de lamécanique humaine tant elle paraît

    libre que de faire ce qu’elle fait. Etpourtant, elle suit, sans la moindre fan-taisie, la baguette du chef d’orchestrequi s’efforce lui aussi, de révéler avecle concours de tout l’orchestre sym-phonique, l’émotion du compositeur.

    Sur la nécessité de l’ensemble pourmagnifier l’harmonie, il en va demême en maçonnerie. Chaque F∴,aussi libre croit-il être, est cosolidairede la vie de son atelier. Il doit assistan-ce et obéissance au VM∴ de sa logequi, elle aussi a prêté allégeance à uneObédience, elle-même soumise à laConstitution de la maçonnerie univer-selle. Chacun est donc responsable del’ordre auquel il doit discipline, obéis-sance, et labeur.

    Aucun doigt, aussi virtuose soit-il,n’est capable d’interpréter seul unconcerto pour piano, aucun grain deraisin, aussi sucré soit- il n’est suffisantpour devenir un grand cru, aucuneLoge dissidente à force d’indépendan-ce, n’est capable de diffuser dans lemonde profane, le message d’exempla-rité dont elle a vocation. Pour remplir

    ce devoir chaque F∴ doit sur-passer son soi-même pouradhérer sans réserve auxcontraintes que tout atelieraccepte en se plaçant volontai-rement sous la voûte de l’obé-dience.

    Cette main d’artiste est laLoge que certains d’entre nous souhai-tent indépendantes, mais si chaquedoigt joue ce qui lui convient, bonjourla cacophonie. Il faut aussi que le chef

    d’orchestre, en l’occurrencel’Obédience, intervienne pour organi-ser l’harmonie. Cette harmonie quetout F∴ entend atteindre en travaillantà la gloire du grand compositeur del’univers.

    L’importance de la méthode maçon-nique en ces temps troublés oùl’Homme est à la recherche de valeurset de perspectives pour trouver un sensà sa vie, au-delà des contingencesmatérielles et au service de société, estde rendre attentif la société que labanalisation du mal est pire que tout etque la décadence et l’effondrement del’Occident passent par la petite portedes gens ordinaires, par la baisse duniveau de sensibilité, par la disparitiondes égards et des considérations.

    La Franc-Maçonnerie n’est pas unesociété philosophique.

    La Franc-maçonnerie n’est pas uneamicale d’entraide, ou d’intérêt.

    Les associations profanes charita-bles, les ONG sont nombreuses et lefont mieux que nous.

    La Franc-maçonnerie est un Ordreinitiatique, une manifestation dela Tradition primordiale.

    Tradition primordiale qui n’est autre,me semble-t-il, que la SophiaPerennis:

    «Vérité totale et, par voie deconséquence, vouloir le Bien etaimer la Beauté ; et cela conformé-ment à cette Vérité, donc en pleineconnaissance de cause. La Sophiadoctrinale traite du Principe divind’une part et de sa Manifestation

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    lement que notre projet est un retourvers la Tradition puisqu’il vise àremettre le cœur vibrant de notredémarche au centre de notre vie com-mune et de rendre à l’épiderme sonrôle de protection périphérique.

    L’autorité de l’Obédience et de sonGrand Maître, loin d’être affectée parcette involution, en sortirait renforcée,car elle serait de nouveau irriguée parle sang initiatique issu des Loges alorsqu’elle s’est aujourd’hui asséchéedans l’illusion d’une toute-puissancequi n’existe que pour ceux dont elle estle moteur, asséchée au point d’êtrerejetée par tous ou presque…

    Affirmer que l’Obédience n’est pasun Ordre, ce n’est pas la rabaisser,mais bien l’élever. C’est la rendre à lanoblesse de sa fonction, celle de pro-tectrice du dépôt sacré confié à lafranc-maçonnerie traditionnelle et quis’épanouit dans l’Ordre maçonniqueimmatériel. C’est la rendre à l’humili-té de celui qui sert sans rien attendreen retour d’autre que l’accomplisse-ment d’un devoir. C’est montrer qu’ilest permis d’espérer en un hommemaçon débarrassé de ses passions et enune structure obédientielle fondée surune confiance partagée.

    Très Chers FF∴ à l’heure dudoute, souvenez-vous de l’arche deNoé, de la grappe de raisin et descinq doigts unis de la main.

    universelle d’autre part: donc deDieu, du monde et de l’âme, endistinguant dans la Manifestationentre le macrocosme et le micro-cosme; ce qui implique que Dieucomporte en lui-même - extrinsè-quement tout au moins - desdegrés et des modes, c’est-à-direqu’il tend à se limiter en vue de saManifestation.»(Extrait de: «Sur les Traces de laReligion Pérenne», Paris, 1982)La transmission initiatique de la

    manifestation maçonnique de laTradition repose sur la dramaturgiedes rituels dont les «catéchismes» cer-tes, rendent compte avec une relativeprécision, mais qui nécessite pouracquérir un statut d’efficience, la par-ticipation active des initiés dans unespace et un lieu sacrés et selon desrègles et des usages parfaitement défi-nis.

    Le souci de remettre à niveaul’Ordre et les Obédiences, n’est pasune stricte préoccupation du GOS.Notre F∴ d’Alpina, sur le site de sonObédience, s’exprime ainsi:

    «L’Ordre maçonnique est unechose, l’Obédience en est uneautre, mais l’Ordre ne peut perdu-rer que par le truchement desObédiences dans leur rôle deregroupements de Loges. ChaqueObédience présente une colora-tion spécifique par sa structureadministrative, les Rites qu’elle

    fédère, la mixité ou la non-mixitédes membres, la place qu’elleentend accorder à l’absolue liber-té de conscience et le principe dereconnaissance.»Elle est une puissance régulatrice,

    apte à délivrer des patentes et à cons-tituer un cadre administratif, mais ellene peut en aucun cas prétendre s’iden-tifier à l’Ordre maçonnique dont ellene constitue en définitive qu’une sim-ple courroie de transmission. Par défi-nition, et l’Histoire de la Franc-Maçonnerie en témoigne largement,les Obédiences sont divisibles à l’infi-ni. Par définition pareillement, et laperpétuité de la transmission initia-tique de la Franc-Maçonnerie entémoigne tout aussi largement,l’Ordre est indivisible, qu’on leveuille, qu’on l’accepte ou non…

    Pourvu qu’elle soit régulière sanspour autant être reconnue parLondres!

    En souhaitant remettre les Loges aucentre de l’Obédience , Marius Lepa-ge, L’Ordre et les obédiences, chezDervy 1993, lui aussi, rappelle que cesont les Loges qui constituent l’exis-tence même de l’institution maçon-nique, l’assise et les colonnes duTemple que nous élevons à la Gloiredu Grand Architecte de l’Univers.Nous n’opérons donc «aucune remiseen cause des règles fondamentales denotre Maçonnerie de Tradition». Nousaffirmons bien au contraire solennel-

  • L’amitiL’amitiéé !!

    F∴ P. A.

    19

    Dans son journal, JulesRenard donne une défini-tion lapidaire de l’amitié:«mariage de deux êtres qui ne peu-vent pas coucher ensemble».L’amitié est un rapport intime d’af-fection et de confiance mutuelle sanscaractère sexuel. Par ailleurs, le lienqui unit deux amis n’implique aucu-ne parenté. En conséquence, l’amitiédépend d’une relation intellectuellepuisqu’elle se déploie hors du désircharnel et enfin, elle est à concevoircomme indépendante de toute atta-che naturelle: un ami n’est pas unparent. Pour que l’amitié naissevéritablement, il faut égalementqu’elle soit partagée. L’amour, en cesens, est différent, dans la mesure oùune personne peut être amoureused’une autre qui ne le lui rend pas, oumême, qui se soustrait ostensible-ment à cet amour.

    Philosophiquement, l’amitié est undes thèmes de prédilection de la penséegrecque antique. D’un point de vuemétaphysique, pour Platon, l’amitié estun bien infiniment précieux qui nouspermet de cheminer vers les idées et lavérité. Grâce à l’amitié que nous nousportons mutuellement, nous nous enri-chissons du désir commun d’aller versl’essence des choses tout en nous amé-liorant nous-mêmes. Par exemple, lesqualités morales de mon ami m’inci-tent à des exigences identiques pourmon propre comportement, tandis quenos discussions ont un effet libérateur à

    l’égard de la force des préjugés. PourAristote, la seule véritable amitié estl’amitié vertueuse. Cette dernière estrecherchée par tout homme, même sitout homme ne la rencontre pas néces-sairement. Elle peut naître entre deuxindividus d’égale vertu. Dans le der-nier livre de l’ «Éthique à Nicomaque»,Aristote évoque l’amitié qui est le bon-heur le plus important.

    Dans le Temple, j’ai deux sortes d’a-mis; ceux que je connaissais avant etceux qui sont devenus des amis grâce àcette merveilleuse fraternité qu’est laFranc-maçonnerie, toutes obédiencesconfondues. À mes yeux, dans la véri-table amitié, les différences d’âge, decondition n’ont aucune importance, aucontraire, souvent on ne choisit pas sesamis, ils le deviennent. Par contre, l’a-mitié se travaille, se construit, se déve-loppe, rien n’est acquis, il faut avoir lavolonté et l’envie, pensez au mot «fra-ternité».

    La relation d’amitié est, aujourd’hui,généralement définie comme une sym-pathie durable entre deux personnes.Elle naîtrait notamment de la décou-verte d’affinité ou de points communs.Pour moi, ceci ne suffit pas à créer unevéritable amitié, il y a beaucoup plus.Pour moi, l’ami est le seul qui me per-met de progresser, car il est le miroirdans lequel il est possible de me voirtel que je suis. Et je sais aussi que jepeux compter sur mon ami, ceci danstoutes les situations, pas uniquementquand tout va bien; de son côté, il pos-sède la même certitude, à chaque

    moment de la vie, joyeux ou difficile, ilsait que je reste à sa disposition, qu’ilpeut et doit compter sur moi. De monami, je peux naturellement recevoirune critique et pas exclusivement posi-tive, nous sommes là pour avancer,pour nous améliorer, pour philosopherensemble. «Avec toi, mon ami, je suisen symbiose avec la vie.»

    Ces quelques mots du poète arabeAbû Al-Atahiyah traduisent une partiede ma pensée:

    Ton véritable frère est celui quireste avec toi,

    Celui qui se fait du tort pour tonavantage propre,

    Celui qui, lorsqu’une épreuve dutemps tombe et t’écrases,

    Dépense tous ses biens pour te veniren aide.

    "Should you be out of my sight, neverto my heart" – Abu-l-'Atahiya

    (Modern style),

  • 20

    Est-ce une déclaration? Oui, j’avoue,je fais une véritable déclaration d’ami-tié et je n’ai pas honte de le dire.J’arrive très bien et très facilement àmettre mon côté «macho» de côté, cecigrâce à vous, grâce à vous tous, grâce àvotre écoute, votre chaleur, votre ami-tié.

    J’ai recherché, dans les textes et enréflexion personnelle à discerner unedéfinition qui me convienne à cettecondition de l’amitié; je n’arrive pas àtrouver exactement ce que je ressens, àdécrire mes sentiments. En relisantMontaigne, je crois avoir compris l’es-sentiel dans cette recherche et je lecite: «Si on me presse de dire pourquoije l’aime, je sens que cela ne se peutexprimer qu’en répondant: par ce quec’est lui, par ce que c’est moi!».

    En fait, à mes yeux l’amitié ne s’ex-plique pas, elle se vit. Bien sûr quenous avons, de temps en temps, despoints de vue différents, mais commedisait Saint-Exupéry: «Si tu diffères demoi, loin de me léser, tu m’augmen-tes».

    Nous savons que les choses de la viene sont pas toujours simples, souventmême injustes, l’indétermination pré-vaut et l’enchevêtrement des détermi-nismes entraîne une grande imprévisi-bilité dans notre existence. Mais notreamitié reste plus forte et plus audacieu-se.

  • 21

    Evolution

    Valentin 62 bis

    1004 Lausanne

    2e et 4e jeudis

    Venoge

    Le Lavoir

    1305 Cossonay-Gare

    1er et 3e lundis

    Phoenix

    Rue du Port 11

    1815 Clarens

    2er et 4e jeudis

    Odyssée

    Valentin 62 b1004 Lausanne

    1er et 3e

    mercredis

    Carpe Diem

    Le Lavoir

    1305 Cossonay-Gare

    1er et 3e mardis

    Agenda des Loges du Grand Orient de SuisseArbeitsplan der Logen des Grossorients der Schweiz

    Fidélité & Liberté

    14, av. H.-Dunant

    1205 Genève

    1er et 3e jeudis

    Apollonius de Tyane

    14, av. H.-Dunant

    1205 Genève

    2e, 3e et 4e lundis

    Mozart & Voltaire

    14, av. H.-Dunant

    1205 Genève

    2e et 4e vendredis

    Les Trois Temples

    14, av. H.-Dunant

    1205 Genève

    2e et 4e jeudis

    Les Amis de St-Jean

    14, av. H.-Dunant

    1205 Genève

    1er vendredi

    et 3e lundis

    Le Labyrinthe

    Rte de Colovrex, 25

    1218 Genève

    1er et 3e mardis

    José de San Martin

    Rue de l’Athénée,12

    1206 Genève

    4e vendredi

    Genève Vaud Neuchâtel

    Bern

    Zürich

    Zug

    Aristote

    Rue du Temple 5

    2014 Bôle

    1e et 3e lundis

    Zum Flammenden Stern

    Zentweg 19

    3001 Bern

    1. und 3. Freitag

    Heinrich Pestalozzi

    Falkenstrasse 23

    8008 Zürich

    1.,3. und 5. Mittwoch

    Libertas et Progressus

    Eschenweg 14

    6340 Inwill/Baar

    1. und 3. Donnerstag

    Saint-Gall

    Officium et Fidelitas

    7320 Sargans