wirth feio roma beleza-deformidade

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  • 7/26/2019 Wirth Feio Roma Beleza-Deformidade

    1/10

    j

    '

    i

    Jean

    'Wi

    rth

    t

    t

    '

    *

    tas

    ou

    1

    est

    et1

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    osa

    e

    or

    J

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    u

    1a1

    a 1

    e

    o

    ue

    ro

    alne

    )

    t

    '

    Dans

    un

    passage

    fort

    connu

    de

    l'azlpplp/e

    Guillaume

    de

    suirl/-nferry,

    saint

    ernard

    dnonce

    le

    dcor

    scttlpt

    des

    clotres

    romans:

    .Du

    reste,

    que

    viennent

    .

    .

    faire

    dans

    1es

    clohres,

    face

    aux

    frres

    qui

    lisent,

    cette

    ridicule

    monstruosit,

    cette

    tonnante

    beaut

    diflbrme

    et

    cette

    belle

    diflbrzuit?

    Que

    vierment

    faire

    es

    singes

    immondes,

    ces

    lions

    cruels,

    ces

    centaures

    monstrueux.

    ces

    ees

    .

    j

    moiti-hommes,

    ces

    tigres

    tachets,

    ce5

    chevaliers

    au

    combat,

    ces

    chasseurs

    onnant

    du cor?

    On

    voit

    plusieurs

    corps

    sous

    une

    tte

    et

    plusieurs

    ttes

    sur

    un

    orps.

    On

    discerne

    ici

    un

    quadrupde

    queue

    de

    serpent,

    l

    un

    poisson

    tte

    E

    de

    quadrupde.voici

    une

    bte

    qui

    cornmence

    en

    cheval

    et

    dont

    la

    moid

    '

    infrieure

    est

    celle

    d'une

    chvre;

    voil

    un animnl

    cornu

    l'arrire-tmin

    de

    )

    cheval.

    11

    apparat

    eniin

    une

    telle

    varit

    de

    formes

    si

    nombreuses

    et

    si

    dverses

    n

    tous

    lieux

    qu'on

    aime

    neux

    lire

    dans

    les

    narbres

    que

    dans

    1es

    livres

    et

    s'occuper

    toute

    La

    journe

    admirer

    chaque

    dail

    que

    mditer

    la

    1oi

    divine.

    on

    Dieu

    Si

    l'on

    n'a

    pas

    honte

    de

    l'ineptie,

    comment

    alors

    ne

    pas

    regreaer

    la

    dpense?h-l

    :

    Les

    termes

    utiiss,

    Sidejmis

    jmositas

    ac

    jormosa

    deformitasn,

    suggrent

    l'existence

    dans

    l'art

    roman

    de

    ce

    que

    nous

    appellerions

    aujourd'hui

    une

    sthtique

    du

    Laid.

    Le

    phnomne

    se

    dtinit

    pr

    deux

    traio

    caractstkues.

    Le

    preluier

    est

    le

    choix

    de

    sujets

    ridicules

    ou

    odieux,

    parce

    qu'ils ont voirj

    :

    wec

    la

    luxure,

    comme

    le5

    singes

    ou

    1es

    centaures,

    et

    avec

    la

    violence,

    comme

    1es

    fauves, 1eS

    chevaliers

    et

    1es

    chasseurs.

    Le

    second

    est

    la

    clislocaon

    et

    l'hybriclation

    des

    formes

    donnes

    par

    Dieu

    aux

    crattres:

    on

    trouve

    un

    corps

    sous

    plusieurs

    ttes

    ou

    une

    tte

    sur

    plusieurs

    corps,

    mais

    aussi

    de5

    monsaes

    '

    1

    SAINT

    BERNARD,

    zz.yofopb

    aff

    Guilldtnutn

    (Operc,

    Roma,

    1957-1977,

    t.

    3),

    81-108,

    en

    aruculier

    106.

    La

    prernire

    partie

    de

    cet

    essai

    rsume

    quelques

    dvdoppemene

    d'un

    .

    ouvrage

    pamee:

    L'f?lld:r

    daw

    l'art

    mmcn..

    .(

    )

    :

    q

    .

    COMPARIAIISON

    2

    (1996)

  • 7/26/2019 Wirth Feio Roma Beleza-Deformidade

    2/10

    combinant

    l'aspect des

    diirentes

    espces

    animales.

    11

    s'agit

    bien d'un

    chox

    esthtique,

    puisque

    l'auteur

    insiste

    sur le

    plaisir

    que

    prennent

    1es frres

    contempler

    de

    telles images,

    a.u lieu

    dc

    s'adonner

    de

    pieuses

    lectures.

    On

    a

    souvent

    soulign

    le sens de

    l 'observation dont

    faisait

    preuve

    le

    passage de

    saint

    Bernard,

    non

    sans

    souponner une

    complaisance

    inavoue

    derrire

    la

    conclamnation

    puritaine.z

    11

    faut

    aussi

    remrquer

    qu'il

    touche

    l'essentiel

    en

    quelques

    lignes.

    Les

    deux

    problmes

    fondamentaux

    que

    pose

    une

    grande

    partie du

    dcor

    roman

    sont

    en

    efl-et

    l'inconvenance

    de5

    sujets

    dans

    le

    contexte monastique

    et

    l'acharnement

    dcomposer

    et

    recmposer

    les

    tres

    sans

    le

    moindre

    gard

    pour

    l'ordre

    divin

    de

    la

    Cration. On

    essayera

    donc de

    cerner plus

    prcisment

    l'tendue

    et

    l e sens

    du

    phnomne

    esthtique

    Soudainement mis

    en

    cause

    autour

    de

    1125.

    En faisant

    tat

    dans

    les

    mmes

    quelques

    lignes

    de

    l'incongruit

    des sujets

    et

    de

    l'hybridation des formes,

    saint

    Bernard

    ne

    confond

    paS

    des

    problmes

    dtincts,

    car

    1es

    deux

    choses ont

    partie

    lie.

    La

    Sirne et

    le

    cenuure

    ne

    sont

    pas

    simplement

    des

    cratures

    hybrides,

    mais

    i1s

    voquent

    tous

    1es

    deux

    la

    sexualit et

    la

    violence.

    La

    sirne

    est

    une

    dangereuse

    tentatrice

    aux seins nus,

    le

    cenuure

    un

    tre

    lubrique

    et

    violent. Dans

    les

    deux

    cas,

    la

    prsence

    de

    l'animalit

    dans

    l'homme

    c5t

    exprime par la

    division du

    corps

    dont

    la

    moiti

    infrieure rvle

    la

    vraie

    nattzre. La

    principale

    occupation

    des

    hybridesy

    sur

    1es

    chapiteaux ronuns,

    est de

    s'enlacer

    et

    de

    s'entre-dvorerdans

    une

    efioyable

    conftzsion. S'il

    fallait

    trouver

    une

    omission dans

    le

    texte,

    ce

    serait

    celle

    de

    l'lment

    vgtal,

    car

    1es

    sculpteurs

    romans

    mlent

    galenlent

    l'animal

    et

    le

    vgtal.

    Dans

    d'innombrables

    exemples, le

    corps

    des

    hybrides

    se

    termine

    par

    une

    queue

    vgtale.

    I1s

    habitent

    1es

    rinceux

    envahissants

    qu'ils

    dglutissent ou

    qui

    naissent

    du bas

    de

    leurs

    coz'ps

    et

    qu'ils

    avalent

    alors

    dans

    une

    consommation

    frnltique

    de

    soi-mme.

    De

    tels sujets

    occupent

    une

    place

    assez

    bien

    dlimite

    dans 1eS

    difices

    romans. I1s

    sont

    rares

    claps

    la

    peinture

    murale

    et

    se

    concentrent

    dans

    les

    pardes

    sculptes. 11

    est

    galement

    rare qu'ils

    occupent un

    emplacement

    privilgi

    du

    dcor

    sculpt

    comme

    le

    tympan,

    normalement

    rserv

    la

    reprsenttion de

    Dieu,

    de la

    Vierge

    et

    des

    saints.

    Ils font en

    revanche

    une

    forte

    concurrence

    aux

    scnes

    narratives

    caractre

    religieux

    sur

    1es

    chapiteaux

    et

    s'installent

    volontiers

    dans leS

    voussures

    des

    portails

    ou

    sur les

    frises

    qui articulent

    les

    faades,

    parfbis,

    comme Souillac,

    sur

    le

    trumeau.

    Dans tous

    1es

    cas,

    ils

    occupent

    des

    emplacemencs

    subordonns

    par

    rapport

    aux

    portraits

    des

    saints

    et

    aux

    thmes

    narratifs

    lis

    .

    la

    littrature

    religieuse.

    IlS ont

    tendance

    1es

    encadrer,

    en

    constituant

    l'extrieur

    profane

    de

    la

    reprsentation

    exemple

    au

    portail de

    la

    cathdrale

    de

    Chors

    o

    des

    scnes

    de

    chasse e t

    de

    luxure

    occupent

    archivoltes,

    frises

    et

    modlonsr

    autour

    d'un

    tympan

    consacr

    .

    l'ascension

    du

    Christ

    et

    la

    vie

    de

    saint

    Etienne.

    On

    trouve

    deS

    sujets

    comparables

    dans

    le

    dcor

    des

    manuscrits;

    ils

    ornent

    alors

    l'initiale

    du

    texte

    laquelle

    i1s

    s'intgrent

    comme

    .

    une

    architecture.

    L'apparition

    du

    genre

    dcoraf

    dcrit

    par

    saint

    Bernard

    s'est

    faite

    en

    plusieurs

    tapes.

    11

    y

    a

    d'zbord

    des

    motifs

    hrits

    de

    l'Antiquit. La

    Sirne

    mdivale

    queue

    de

    poisson

    est

    une

    reprise

    de la

    tritonne

    paenne.

    Les

    cenuures

    et

    1es

    nnotaures

    sont

    frquents

    en

    Auvergne

    o

    1es

    vestiges

    antiques copier

    ne

    manquaient

    pas.

    Les

    sirnes-oiseaux

    et

    1es

    sphinges

    viennent

    du

    mme

    rpertoire,

    soit

    directemenq

    Soit

    par

    l'intermdiaire

    deS

    objets

    prcteux

    imports

    du

    monde

    arabe,

    de

    Byzance

    et

    du

    Moyen

    Orient

    qui

    fournissent

    aussi

    de

    nouveaux

    hybrides,

    comme

    1es

    aigles

    deux

    ttes,

    des

    animaux

    afiionts

    qui

    peuvent

    lutter

    sauvagement

    ou

    encore

    des

    scnes

    de

    chasse.

    C'est

    l'poque

    des

    grandes

    invasions

    que

    s'installent

    les

    eneelacs,

    souvent

    zoomorphes,

    et

    donc

    l'habitude

    d'assouplir

    le

    corps

    des

    animaux

    en

    courbes

    rgulires

    et

    enchevtres.

    Au

    cours du

    XIe

    sicle,

    la

    scuipture

    monumentale

    se

    redploie

    et

    reprend

    tous

    ces

    motifs,

    en

    particuer

    pour

    orner

    1es

    chapiteaux.

    Elle

    ne

    Se

    contente

    pas

    d'emp-runter

    des

    motifs,

    mais

    s'approprie

    des

    manires

    de

    1es

    combiner

    qui

    Sont

    originzes

    par

    rapport

    la

    tradition

    ntiquisante.

    La

    plus

    caractristique

    est

    celle que

    1es

    ethnologues ont

    dnomme

    split

    representation

    et

    qui

    consiste

    ddoubler

    symtriquement

    1es

    proflls

    d'une

    figure

    de

    part

    et

    d'autre

    de

    le

    tlte,

    prsente

    en

    frontalit.

    Durant

    la

    seconde

    moiti

    du

    XIe

    sicle,

    deux

    voludons

    tmnsforment

    ce

    rpertoire

    htrogne

    de

    motifs,

    pour

    en

    faire

    un

    systme

    dcoratif

    adnmble

    de

    cohrence

    et

    d'unit.

    La

    premire

    est

    la

    synthse

    des

    diFrentes

    formes

    ornementales.

    Au

    lieu

    d'utiliser

    soit

    des

    feuilles

    d'acanthes,

    soit

    des

    palmettes,

    soit

    deS

    entrelacs

    pour

    animer

    la

    surface

    d'un

    chapiteau,

    on

    1es

    combine.

    Les

    rinceaux

    s'animent

    pour

    devenir

    des

    dragons,

    lesquels

    peuvent

    g'agner

    en

    monstruosit

    par

    le

    splitting

    ou

    s'entrelacer

    l'aide

    de

    leurs

    cous

    serpentins.

    C'est

    encorc

    grce

    au

    splitting

    qu'on

    se

    met

    prsenter

    frontalement

    la

    sirne-

    poisson,

    tenant

    de

    ses

    mains

    ses

    deux

    queues

    symtriquement

    releves.

    Des

    allgories

    ntiques

    qui

    n'appartenaient

    pas

    originellement

    au

    vocabulire

    dcoratif,

    se

    joignent

    au

    rpertoire. L'allgorie

    de

    la terre

    sous l a

    forme d'une

    femme

    allaitant

    deS

    animux

    devient

    une

    reprsentation

    de

    la

    luxurieuse,

    ies

    seins

    tts

    ou

    mordus

    par

    deS

    serpents.:

    sacre.

    par

    3j. tEcnEau-lanAxep.,

    vDe

    la

    terre-mre

    i

    luxure.

    A

    propos

    de

    la

    migndon

    des

    symbolesh,

    Cobkrs

    de

    Cl'vf/l'lnrlbrl

    Mdilale,

    t.

    18

    (1975),

    37-43.

    COMPARIAIiSON

    2

    (1996)

    2

    Par exemple,

    M. SCHAPIRO,

    AOn

    the

    Aesthetic

    Attitude in

    Romanesque

    Arr

    (1947)hh,

    repris

    daru:

    Ronkanesque

    zzlr/,

    London

    1977,

    1-27.

    t7oMPAR(A)IsoN

    241996)

  • 7/26/2019 Wirth Feio Roma Beleza-Deformidade

    3/10

    En mme temps

    que la

    combinaison

    de5

    formes produit une

    sorte de

    pand-

    monium, une

    seconde

    voluon se produit pour

    y

    mettre

    de

    l'ordre.4

    A partir

    d'un seul

    lment,

    la denli-palmette confondue avec l'lment de

    rinceu,

    on

    invente une combinatoire rigoureuse. Au lieu de reformer la palmette

    entire,

    les demi-palmettes

    peuvent par exemple

    s'adosser

    ou se

    superposer par dplace-

    ment des axes de symtrie. L'inversion

    ou

    la rotat ion d'un lment ou d'un

    groupe

    d'lments

    multiplie

    1eS

    possibilits de cette

    grammaire

    formelle.

    Le5

    figtlres

    animales

    et plus

    ou moins

    hunlaines

    s'inscrivent

    dans la

    mme

    courbe

    fondamentale

    de la derni-palmette,

    comme

    le dragon qui l'pouse avic son

    corps et

    son

    cou, undis

    que ses

    ailes imitent l'excroissance feuillue du rinceau.

    Une

    gomtrie

    souveraine,

    dnue de

    raideur

    parce

    que fonde sur 1es

    mta-

    morphoses

    d'une

    courbe gracieuse,

    impose

    son ordre

    l'anarchie

    tmtplogique

    des

    hybrides qui

    s'entre-tuent,

    se

    mangent et

    se

    transforment

    1es

    uns dans

    les

    autres. Dans

    1es

    pays de langue

    d'Oc

    et le nord de l'Espagne, cette formosa

    Je-/irrrlff

    eSt

    en place

    ds 1e5 environs de 1080.E11e s'exhibe clans des monumenB

    particulirement frquents

    et influene, 1es

    glises

    de

    plerinage,

    Saint-

    Jacques de Compostelle, Saint-sernin

    de Toulouse ou Sainte-Foy de Conques.

    A la fin du sic le, elle envahit 1es chapiteaux des clotres, partir de celui de

    Moissac, et

    donc

    un espace que 1es moines

    se

    rserventpour la mditation. Dans

    la

    gncation qui sui t, elle s 'implantc

    dans tous 1es

    lieux

    o

    l'on

    pratique un

    dcor

    sculpt

    consquent,

    en

    particulier

    en

    Lombardie

    et en

    Aquitne.

    Selon 1es

    rgions,

    la thnutique

    de

    la

    violence

    et

    du

    sexe est

    plus ou moins

    explicite. Dans l'Ouest

    de

    la

    France, elle prend

    Souvent

    un

    relief particulier

    par

    la

    mise

    n scne, non

    paS de

    monstres

    fantasques, mais

    d'tres humains.

    Dans

    l'glise

    angevine

    de

    Cunault

    ou

    encore

    sur la faade de

    la

    cathdrale

    d'Angoulme,

    1es combaB

    des

    chevalie:s

    font

    concurrence

    ceux

    des

    monstres.

    En

    Poitou,

    comme

    d'ailleurs clans le nord de l'Espgne, les scnes de cot

    ne

    sont pas mres, ni la reprsentation

    d'rtexhibitionnistes,), en

    l'occurrence

    d'hommes

    et de

    femmes

    montrant au

    specuteur

    des

    organes

    sexuels

    dmesurs,

    lorsqu'ib ne les

    lchent pas eux-mmes dans des contorsions

    d'acrobates.s

    En

    confrontant ces scnes

    avec le rpertoire plus mystrieux

    des

    hybrides, on

    comprend qu'il

    s'agit

    de

    prsentations

    sans

    fard

    des

    mmes sujets. La sirne

    bifide

    brandissant sa double queue, dont la

    jonction S'orne d'un

    coquillage

    ou

    d'un

    motif

    en

    forme

    d'mande,

    est une

    variante plus dlicate

    de la

    femme

    qui

    carte 1es jambes pour exhiber son

    sexe

    bant,

    telle

    qu'on

    l

    trouve,

    par

    exemple,

    Saint-Hilaire

    de

    Poitiers

    ou dans la petite glise de

    Champagnolles.

    4

    J.

    YALTRUIAITIS,

    Flrutatiotu,

    Wrhllf7fl'(7rll.

    & Jly1ll;'NC Ortletl 'etttalc D/IJ

    la .sCI/YIlIrC

    ron,ane,

    2e

    d., Par is 1986

    (lre

    d. 1931).

    5

    A. 'WEIR

    er J.

    JERMANN.

    Ittfages

    1,1/.61.

    Sexual Carvlgs

    0rl

    Medieval C/lllrc'.,

    3e

    d.,

    London 1993.

    8

    Les

    nnomures

    qui

    dvorent

    les

    fruie

    pendant

    leur

    propre

    queue

    vgule,

    comme

    dans

    1es

    g1i5e5

    auvergnates

    de

    Besse-en-chandesse

    ou

    de

    Bulhon,

    correspondent

    de

    la

    mme

    manire

    aux

    acrobates

    lubriques

    des

    glises

    poitevines.

    Qu'elles

    Soient

    directes

    ou

    indirectes,

    les

    images

    obscnes

    insistent

    sur

    l'animalit.

    Si

    le5

    sirnes

    bifdes

    peuvent

    ee

    trs

    sduisantes

    dans

    leur

    composante

    humaine,

    conmw

    celles

    de

    Brioude,

    de

    Chanteuges ou

    de

    Saint-

    Michel

    de

    Pavie,

    les

    pet-sonnages

    engags

    dans

    des

    activits

    sexuelles

    explicites

    efi-myent

    gnralement

    par

    leur

    facis

    bestial

    et

    leur

    gueule

    grande

    ouverte.

    On retrouve

    ainsi une

    reladon systmatique

    entre le

    sexe,

    l'animalit

    et h

    manducation.

    Le

    systme

    dcoratif

    que

    nous

    venons

    de

    dcrire

    reste

    jusqu'au

    bout

    consdtutif de

    l'art

    ronun

    et

    bon

    nombre

    de

    ses

    lmcnts

    1ui

    survivent.

    Mais,

    ds

    les

    environs

    de

    1120,

    il

    connat

    des

    inflexions.

    Les

    reprsentations

    caricaturales

    de

    l'tre

    humain

    commencent

    rgresser.

    Les

    facis

    bestiaux

    sont

    rsews

    aux

    diables

    etjusqu'

    un

    ceruin

    point,

    aux

    damns. La

    chose

    est

    pardculirement

    nette

    Saint-Lazare

    d'Autun,

    non

    seulement

    sur

    le

    tympan

    du

    Jugement

    dernier,

    thme

    dont

    le

    succs

    favorise

    le

    glissemenq

    mais

    encore

    sur

    1eS

    chapiteux.

    Cela

    laisse

    place

    une

    image

    positive

    de

    l 'homme qui

    n'est

    pas

    seulement

    celle

    du

    saint.

    Les

    rinceaux

    monstrueux

    ou

    habits

    de

    monstres

    se

    mainennent

    dans

    le

    dcor

    des

    glises,

    mais

    en

    perdant

    de

    leur

    agresivit.

    IlS

    deviennent

    souvent

    plus

    gracieux

    qu'eFraynts.

    Les

    sirnes-oiseaux

    qui

    se

    rpandent

    dans

    la

    deuxime

    moiti

    du

    sicle.

    de

    Saint-Germin-des-prs

    Sainr-toup

    de

    Naud,

    puis

    de

    Chlons-sur-Marne

    Saint-pierre

    de

    Genve,

    sont

    un

    bon

    exemple de

    cet

    adoucissement.

    11

    va

    sans

    dire

    que

    1es

    constructions

    cisterciennes

    et

    autres

    qui

    subissent

    l'inpuence

    de

    saint

    Bernard

    renoncent

    ce

    genre

    de

    dcor.

    Par

    ses

    dates

    comme

    par

    sa

    rpartion

    gographique,

    le

    phnomne

    dcrit

    par

    saint

    Bernard

    correspond

    l'ambince

    de

    l

    rforme

    grgorienne.

    Sans

    reprendre

    ici

    l'analyse de

    ce

    wste

    mouvement

    politico-religieux,

    on

    remarquem

    qu'il

    se

    caractrise

    simulmnment

    par

    une

    vague

    d'asctisme

    fonde

    sur

    un

    mpris

    mdical

    de

    la

    chair,

    sur la

    dprciation

    des

    activits

    lies

    la

    conservadon

    de

    l'espce.

    conunencer

    par

    la

    manducation

    et

    la

    sexualit,

    par

    une

    inciution

    faire

    son

    salut

    par

    1es

    uvres,

    en

    particulier

    par

    1es

    dontions

    qui

    permettent

    de construire

    et

    d'enrichir

    les

    glises,

    et

    par

    la

    condamnation

    de

    la

    guerre

    intesne. La

    richesse,

    soustraite

    aux

    usages

    charnelr

    par

    1es

    donations

    et

    la

    destruction

    par

    la

    Pix de

    Dieu,

    sert

    embellir

    le

    lieu

    de

    culte

    et

    produit

    un

    dcor

    qui

    dnonce

    son

    tour

    la

    violence

    guerrire,

    l'avarice

    et

    les

    plaisirs

    charnel.

    Une

    reprsenution

    extrmement

    ngative

    des

    occupations

    profanes,

    plus

    ou

    moins

    directe

    ou

    mtuphorise

    par

    le5

    bats

    de

    monstres,

    doit

    paradoxalement

    rendre

    l'glise

    attmcive,

    pour

    qu'elle

    attire

    encore

    neux

    1es

    donaons.

    Dans

    le

    passage

    de

    son

    Apologie

    prcdnt

    la

    tirade

    sur

    1es

    clotres,

    COMPARIAIISON

    2

    (1996)

    COMPAKIAIISON

    2

    (1996)

  • 7/26/2019 Wirth Feio Roma Beleza-Deformidade

    4/10

    analyse

    lucidement

    l'aspect

    conomique

    de

    cette

    esthtique:

    4411

    existe

    un

    art

    de

    semer

    l'argent

    qui

    le

    multiplie.

    On

    le

    dpense

    pour

    qu'il

    augmente

    et

    sa

    perte

    engendre

    l'abondance.

    A

    la

    vue

    de vnits

    sompmeuses

    mais

    tonnantes,

    1es

    hommes

    sont

    plus

    excits

    donner

    qu'

    prier.

    Ainsi,

    1eS

    richesses

    drainent 1e5

    ricbesses,

    l'argent

    attire

    l'argent,

    car

    -

    je ne

    sais

    pourquoi

    c'est

    1.

    o

    l'on

    voit

    le

    plus

    de

    richesses

    que

    l'on

    offie le

    plus

    volontiersv.6

    L'tranget

    des

    contenus

    iconographiques

    n'est

    pas

    seulement

    le

    produit

    du

    caprice

    et

    rpond

    une

    construction

    thorique

    que

    sint

    Bernard

    ne

    semble

    ras

    vouloir

    prendre

    en

    compte

    dans

    ce

    contexte. 11

    s'agit

    de

    la

    dEnition

    mme

    de

    l'imge.

    Jusque

    vers

    1100,

    1es

    thologiens

    occidentaux

    se

    servent

    explicitement

    ou

    implicitement

    d'une

    dnition

    de

    l'image

    qui

    remonte

    saint

    Augustin.?

    L'ilmge

    eSt

    un

    signe

    qui

    possde

    une

    double

    relation

    son

    modle.

    D'une

    part,

    elle

    en

    est

    l'expression,

    tire

    de

    lui

    et

    destine

    le

    signiiier.

    D'autre

    part,

    elle

    en

    possde

    la

    ressemblance,

    ce

    qui

    la

    distingue

    des

    signes

    arbitmires

    du

    langage.

    Cette

    dfinition

    est

    valablc

    pour

    l'homme,

    image

    de

    Dieu

    de

    nature

    difrente,

    comme

    pour

    le

    Christ,

    image

    de

    Dieu

    de

    mme

    namre.

    Xlle

    est

    valable

    pour

    les

    images

    naturelles

    que

    sont

    1eS

    hommes

    et

    le

    Christ,

    comme

    pour

    1es

    images

    artificielles.

    Si

    chaque

    homme

    est

    l'image

    de

    Son

    pre.

    de

    mme

    nzture

    que

    lui,

    l'homme

    est

    l'image

    de

    Dieu

    dans

    une

    nature

    disrente,

    comme

    la

    monnaie

    est

    l'egie

    de

    l'empereun8

    11

    y

    a

    donc

    deS

    inlages

    p1u5

    ou

    moins

    palites.

    La chute

    a

    fait

    de

    l'homme une image

    moins

    pazite

    de

    Dieu.

    mais

    qui

    possde

    encore,

    jusqu'

    un

    certain

    point,

    la

    ressemblance

    divine.

    saint

    Bernard

    Dans

    le

    commentaire

    de

    Gense,

    1,

    26,

    o il

    est

    dit

    que

    Dieu

    fit

    l'homme

    son

    image

    et

    ressemblance,

    Guibers

    de

    Nogent,

    puis

    Rupert

    de

    Deutz

    en

    viennent

    cxpliquer

    que

    l'homme

    est

    rest

    l'image

    de

    Dieu,

    mais

    en

    a

    perdu

    la

    ressemblance.g

    Malgr

    l'immense

    utorit

    dont

    jouit

    saint

    Augustin,

    on

    voit

    apparatre

    le

    thme

    de

    la

    perte

    de

    la

    ressemblnce

    qui

    modifie

    totalement

    sa

    dfinition

    de

    l'image.

    Par

    le

    pch,

    l'homme

    devient

    une

    image

    non

    ressemblante

    ou

    encore,

    seloh

    une

    expression

    chre

    aux

    cisterciens, il

    erre

    dans

    la

    vrgion

    de

    la

    dissemblncelh.lo

    6

    SA:XT

    BEaxaan,

    v.

    cff.,

    1O4

    ct

    ss.

    7

    Six'r

    Aucus-rlx,

    Ljber

    e

    divtrsis

    quaestionibus,

    d.

    G.

    Bardy,

    J.-A.

    Beckaert,l.

    Bouret,

    aris

    1952,

    q. 74,

    326

    et

    5s

    i

    SAIXT

    AucusTlx,

    Servlon j

    9

    (De

    de'cehl

    cordis),

    tn:

    Patrologie

    lcffne,

    d.

    J.-P.

    Migne'

    ol.

    38,

    col.

    82.

    9

    GulyEa'r

    oE

    Nocsx'r,

    -uoral

    in

    Geae-fvl,

    in:

    Patrologie

    f:lI'rle,

    vol.

    156,

    col.

    55.,

    RUPERT DE

    DEu-rz,

    De

    'Jhbfldcle et

    operibus

    C/NJ,

    lre

    partie,

    1. 2,

    c.

    2

    et

    ss.,

    3'''e

    artic: 1.

    1,

    c.

    P

    1.

    d.

    H.

    Haacke,

    Turnhout

    1971-1972,

    vol. 1.

    186

    et

    S.,

    vol. 4,

    1833

    et

    Ss.0

    E.

    Gll-sox,

    m

    f/olq

    pllyyffgue

    de

    saint

    Berncrf,

    Paris

    1934, entre

    autres

    62.

    problme

    thologique

    sans

    rapport

    avec

    1es

    images

    zrtistiques,

    car

    Augustin

    fait

    de

    l'hormne

    l'image

    de

    Dieu

    par

    son

    esprit

    et ne

    voit

    dans

    son

    corps

    qu'une

    image

    extrmement

    vague

    du

    divin.

    11

    condamne

    d'aitleurs

    comme

    idole

    toute

    image

    fabrique.ll

    Mais

    vez.s

    1100,

    la

    condmnation

    des

    images

    est

    juge

    hrtique

    e t, f ace

    aux

    juifs

    ou

    aux

    mus-

    ulmans,

    1es

    thologiens

    revendiquent

    non

    seulement la

    fabrication

    des

    images

    en gnral,

    mais

    encore la

    fabriction

    et

    le

    culte

    des

    images

    de

    Dieu.

    Leur

    attitude

    repose

    sur

    l'ide

    que

    l'image

    mne

    du

    charnel

    au

    spiritttel,

    qu'il

    est

    possible

    de

    donner

    voir

    ou

    adorer

    les

    choses spirituelles

    par

    la

    reprsenution

    du

    monde

    sensible.

    Concrtement,

    la

    beaut

    ou

    la

    laideur

    morale

    sont

    reprsentes

    par

    leurs

    quivalents

    corporels.

    On

    utilise

    les

    habitudes

    iconographiques

    issues

    de

    l'Antiquit

    pour

    reprsenter

    le

    Christ et

    1es

    saints

    dans

    des

    vtements

    anachroniques,

    ma

    prestigieux,

    tandis

    que 1es

    hornmes

    livrs

    aux

    passions

    charnelles et

    donc

    dgrads

    au

    rang de

    btes

    5e

    voient

    confrer

    des

    traits

    bestiaux

    ou

    expriment

    leur

    animalit

    par

    des

    arrire-tmins

    de

    bovids, de

    fauves

    ou

    de

    reptiles.

    La

    perte

    de

    la

    ressemblance

    spirimelle

    du

    divin

    se

    traduit

    donc

    par

    la

    perte

    de

    la fgure

    hulmine.

    11

    sut,

    pour

    montrer

    qu'il

    en

    va

    bien

    ainsi,

    dc

    collecter

    clans

    la.

    littrature

    difante les

    images

    quivalentes

    celles

    des

    artistes.

    On

    y

    trouve

    frquemrnent

    celle de

    l'hybride,

    nzi-hunuin

    mi-bestial,

    pour

    dsigner

    soit

    le

    pcheur,

    soit

    1es

    vices, de

    Pierre

    Darnien

    Alain

    de

    Lille,

    en

    passant

    par

    Pierre

    le

    Chantre.

    La

    chute

    de

    l'homme

    peut

    tre

    prsente

    comnne

    une

    momorphose,

    par

    exemple

    chez

    Honorius

    Augustoduncnsis:

    comme

    il a

    cd

    la

    tentation

    du

    serpent. l'honnme

    se

    transforme

    en

    serpents

    aprs

    5a

    mort

    (les

    mots

    latins

    Sjseeto

    et qpernlf.p

    signient

    la

    fois

    le

    Serpent,

    le

    dmgon

    et

    le

    ver).12

    La

    circularit

    insense

    des

    passions

    et plus

    gnralement

    de la

    vie

    dans

    le

    monde

    est

    un

    lieu

    commun

    littraire

    comparable

    la

    circularit

    des

    rinceaux

    qui

    emprisonnent

    les

    tres

    dans

    le

    dcor.

    Dns

    le

    mme

    ordre

    d'ide,

    on

    parle

    cohstamment

    des

    qliens

    du

    pch.

    La

    comparaison

    avec

    les

    textes

    n'aboutit

    cependant

    pas

    une

    superposition

    exacte

    des

    deux

    imageries.

    Dans

    la

    littmture

    asctkue

    apparaissent

    deS

    expresons

    de

    ia

    laideur

    que 1es

    sculpteurs

    n'ont

    pas

    cru

    souhaitable

    de

    transposer.

    Ce

    sont

    celles

    qui ont rapport

    avec le

    sordide, comme

    la

    salet,

    les

    scrtions

    et

    la

    pourriture.

    La

    chair

    peut

    tre

    compare

    deS

    hardes

    ou

    un

    linge

    tach

    par

    1es

    menstrues;

    elle est

    frquemment

    prsente

    coznme

    un

    cadavre

    dont

    la peau

    cache

    la nlture

    ftide.

    Sint

    Anselme

    va

    jusqu'

    proposer

    une

    grande

    dame

    de

    A

    premire

    vue,

    il

    s'git l

    d'un

    1

    l

    sAlx'r

    AucusTlx,

    Quaestkones

    in

    Heptateuihuttt,

    1. 5,

    q.

    4,

    in:

    Patrologie

    ladnek

    vol.

    34,

    col.

    749

    et s.

    12

    Hoxoltlus

    Aucus-ronuxExsls,

    Speculutu

    Eccksiae, in:

    Patrologie

    Dfae,

    vol.

    172,

    col.

    1:82

    et

    s.

    COMPARIAIISON

    2

    (1996)

    COMPARIAIISON

    2

    (1996)

  • 7/26/2019 Wirth Feio Roma Beleza-Deformidade

    5/10

    coucher

    avec le

    cadavre

    de

    son

    ancien

    amant pour

    se

    dgoter des

    joies de

    la

    chainl3

    Le

    macabre

    est cependant

    extrmement

    rare dans

    l'art

    roman:

    la

    corruption

    de

    la

    chair

    est rendue

    mtaphoriquement

    par

    des

    mtamorphose

    plus plaisantes

    au regard.

    On

    comprend

    que

    1es

    mots,

    ayant

    une force

    de

    suggestion

    moindre

    que

    celle des

    imagesppuissent

    aller plus

    loin dans

    l'expression

    de l'horreur.

    Mais.

    d'aut res poques,

    comme

    la

    fin

    du Moyen

    ge,

    ayant mis

    en

    image

    des

    thmes

    macabres

    sans leS

    mmes

    rcences, i l faut

    bien admettre

    que

    l'art

    roman

    donne

    des

    limites

    la

    reprsentation

    du

    Laid.

    Ce

    qui

    est

    vrai

    des

    thmes

    l'est

    aussi

    des

    formes

    qu'on

    leur donne.

    Si

    l'enchevtrement

    des

    cramres

    est

    destin

    voquer le

    dsordre,

    il

    n'en res te pas

    moins

    tmnscend

    par

    un ordre

    gomtrique

    rigoureux

    et

    plac

    en

    position

    subordonne dans

    l'dice,

    occupnt

    des

    zones bien

    dlimites.

    Au

    niveau

    de la

    composition,

    il

    n'est donc

    pas

    possible

    du tout

    de

    parler

    d'esthtique

    du

    Laid.

    Cela

    est

    encore

    plus

    vident

    si

    l'on

    tient

    compte

    d'habitudes romanes

    qui

    pourraient

    induire

    la confusion

    dans un

    esprit moderne.

    Les personnages

    obscnes

    se

    caractrisent par

    une

    dispropoytion

    monstrueuse

    des

    organes

    gniuux,

    mais

    il

    faut

    renmrquer

    que,

    dans

    1es

    scnes religieuses

    nrratives

    qui n'ont aucune

    intention

    cricaturale,

    la

    disproportion

    des

    pares

    du

    corps

    juges signitkatives,

    en

    l'occurrence

    du

    visage

    et

    des

    mains,

    est

    des

    plus frquentes.

    Pareitlement,

    l'hybridation

    n'est

    pas

    un

    privilge

    dcs

    monstres:

    1es

    anges

    aussi

    sont

    des

    hybrides.

    .

    Au

    terme

    de ces

    obserwtions, on pourmit

    se

    demander

    s

    le

    dcor

    fanmsque

    roman

    procde

    vraiment

    d'une

    esthtique

    du

    Laid. Au

    niveau

    formel

    de

    la

    composition,

    .c

    n'est

    absolument

    pas

    le

    cas.

    Au

    niveau

    des

    contenus

    iconograplques,

    les

    manifestations

    les plus

    rpugnantes

    de la

    laideur sont

    cartes.

    Celtes

    qui restent

    constituent

    en quelque

    sorte une

    laideur

    de

    convent ion qui

    renvoie

    l'organisation

    du systmc

    symbolique.

    A

    titre

    d'exemple,

    le

    serpent,

    instigateur

    de la

    chute,

    et

    la

    colombe, instrument

    de

    l'Incrnation, forment

    un couple

    d'opposit ion l i

    au

    ciel

    et

    la

    terre.

    La

    chair

    ayant

    t modele

    du

    l imon, elle

    peut se symboliser

    par

    la

    terre,

    le

    ciel tant

    la

    patrie du

    spiriruel.

    La

    mer, lieu

    de

    tous

    1es

    prils,

    possde

    comme

    la

    terre une

    connotation

    ngative,

    de

    Sorte

    que

    les corps reptiliens

    attachs la

    terre

    et

    les

    corps cailleux

    qui leur

    ressemblent

    mais sjournent

    dans

    l 'eau, servent

    t'igurer

    la

    chair et

    le

    M:I

    sous

    un

    aspect

    bestial.

    Dans

    le jeu

    des

    hybridations.

    un

    bas

    du corps

    reptilien transforme un

    oiseau en

    animal

    diabolique

    et

    une

    queue

    de

    poisson

    fait

    d'une

    fernme

    une sirne. En

    passant

    en revue

    les formes

    du

    Laid dans

    le

    dcor

    roman,

    on

    s'aperoit

    qu'il

    ne s'agit

    jamais

    d'une

    hideur

    intrinsque

    sur

    laquelle rgnerait

    un

    consensus

    par-del

    les sic les, comme

    cel le, par exemple,

    deS

    tams

    phpiques.

    Le

    serpent ou

    le

    fuve

    ne sont

    pas laids

    13

    salx'r

    ANSELME,

    Epistolae,

    II, 169

    (d.

    SCHMIT-T',

    vol. 4.

    46-

    50).

    en soi, pas

    mme l'poque romne o

    l'hrldique

    naissante emprunte leurs

    gures pour symboliser

    des

    maisons

    nobles.

    Plus

    fondamentzement,

    on s'aperoit

    aussi que

    la laideur

    suppose

    des

    tres

    repose

    sur

    des jugements

    de

    vzeur

    qui

    ne sont

    pas d'ordre

    esthtique.

    Elle

    correspond la catgorie

    du

    Mal,

    qu'il

    s'agisse

    des

    animaux

    dangereux

    ou

    nuisibles,

    des

    hybrides

    et

    des

    monstres qui transgressent

    l'ordre

    de

    la

    Cration

    divine,

    ou encore

    de

    la

    violence prdatrice

    et de la

    lubricit.

    C'est

    donc eavers

    unjugement

    idendfant

    le

    Laid

    au

    MZ

    et

    travers une

    conception

    assez

    particulire

    du

    Mal,

    puisqu'il

    est

    identi l'existence charnelle,

    que

    se

    dnit la laideunA

    l'vidence,

    cejugement

    repose sur

    une conception

    asctkue

    du

    monde

    qui est principalement celle

    du c le rg grgorien

    et

    qu'on imagine

    nnal

    tre

    partage

    par la socit

    tout

    entire. De

    plus, elle s'inchit

    assez

    mpidement

    dumnt la

    premire

    moiti

    du

    Xlle

    sicle, l'insistance

    croissante de

    la

    thologie sur

    l'Incarnation amenant

    une

    relative

    rhabilitation

    de

    la

    chair.

    Enfin, mme

    le

    moine le

    plus asctique

    doit

    rver

    quelquefois aux

    plaisirs de

    la

    chair et

    de la guerre,

    la

    nattzre

    sauvage et

    frnssante

    qui

    consdtue

    l'extrieur

    absolu du

    clotre. N'est-ce

    pas par un

    phnomne

    de

    compensation

    qu'on

    introduit jusque

    dans

    1es

    clotres la reprsentation

    d'apptits

    drgls?

    La

    laideur

    du dcor ronmn

    est ambivalente

    et

    formosa

    deformitas

    de Bernard

    exprime

    exactement ce

    qu'elle donnait ressentir

    un saint qui

    tait d'abord

    un

    homme,

    issu d'une

    artocratie

    militaire

    frue

    de

    chasse et de

    combat.

    11

    S'agit donc

    d'une es' thtique

    du

    MZ

    ou,

    mieux encore, de la

    tenution.

    Avant

    d'en conclure

    qu'il

    n'y

    aurait

    pas, proprement

    parler,

    d'esthtique

    du

    Laid

    dans

    l'art roman,

    il fut encore

    se

    demander

    s'il existe

    vraiment

    de5

    esthtiques

    du

    Laid.

    11

    e5t tout

    de

    mme

    troublant

    'que, de

    sa

    naissance au

    'lieu

    du

    XVIIIC

    sicle

    jusqu'

    Rosenkmrz,

    l'esthtique

    comme

    dcipline

    l

    philosophique

    ne

    parle

    pratiquement

    jamais du Laid

    et

    ne fasse

    pas gmnd-

    chose pour

    le

    dfinir. A

    lire j'Xsthetik des

    Hsslichen

    o

    le

    problme

    est

    enfin

    trait,

    on

    dcouvre une

    situation

    analogue

    sur

    plus

    d'un

    point

    cel le que

    nous venons

    de

    dcrire.ll

    11

    ne s'agit

    pas de forcer

    la

    comparaison

    entre

    la

    pense

    du

    disciple

    de

    Hegel

    qui cherche largir

    l'esthtique

    pour

    pawenir

    rendre

    compte

    du

    rolmntisme et

    du ralisme

    naissant

    et

    celle des

    thologiens

    mdivaux.

    Notons,

    pour

    viter

    tout malentendu,

    que

    Rosenbrantz

    carte

    en

    thorie

    la

    convergence

    entre

    i'esthtique

    et

    l'thique, allant

    jusqu ' admet tre le caractre

    esthdque

    du MZ voulu pour

    soi.15

    11

    reste cependant mdival

    sur

    deux points

    essentiels

    qui

    sont

    troitement

    lis.

    Le

    prener

    est que

    le

    Laid, comme

    du

    reste

    le

    Mal,

    14

    K.

    RosnxlaA

    z,

    Asteti

    des

    Hdsslicen, Koenipberg

    1853.

    15

    zg.

    29.

    COMPARIAIISON 2

    (1996)

    COMPARIAIISON

    2

    (1996)

  • 7/26/2019 Wirth Feio Roma Beleza-Deformidade

    6/10

    na

    que

    comme

    ngation

    ou privation

    du

    Beau.

    Le

    second

    est

    que

    la

    namre

    est

    une

    cration

    de

    l'Esprit

    qui

    en

    exhale

    le

    rayonnement.'E

    On

    comprend

    facilement

    que

    ce point

    de

    vue

    cradonniste

    interdise

    une

    conception

    positive

    du

    Laid,

    puisque

    le

    Laid

    apparatrait

    comme

    une

    erreur

    de

    l'Esprit,

    en

    l'occurrence

    de

    Dieu.

    En

    mme

    temps,

    le

    Beau se

    dfinit

    par

    l'adquation

    l'Esprit,

    ce

    qui

    entrane

    la

    tentation

    de

    dvaloriser

    1es

    formes

    de

    la vie

    juges

    1es

    moins

    spirimelles,

    mme

    si

    elles

    appartiennent

    de plein

    droit

    la

    Cration.

    Si

    la

    scolastique

    du

    XIIIC

    sicle,

    saint

    Thomas en

    particulier, vite soigneusement

    le

    pige,

    on

    ne

    peut

    en

    dire

    auunt

    de

    l'asctisme

    grgorien

    et

    de

    la

    pense

    de

    Kosenkrantz.

    La

    relativisation

    du

    Laid

    a en

    efl-et

    des

    limites

    chez

    Rosenkrantz:

    ffcertains

    animaux,

    crit-il,

    1es

    mduses, 1es

    seiches,

    1es

    lalwes,

    1es

    araignes,

    les

    raies,

    1es

    PaS

    d'existence

    propre,

    mais

    n'existe

    lzards,les

    grenouillessles

    czupaucKles

    rongeurs,

    les

    pachydermes,

    les

    singes

    sonr

    positivement

    laicba.

    11

    en va

    insi

    de

    tous

    les

    amphibies,

    lesquels

    constituent

    une

    sorte

    d'Aamphibologie

    naturellelh.l?

    11

    admet la

    beaut

    du

    corps

    humain

    dans

    sa

    nudit,

    mais

    prcise:

    fdtant

    que

    la

    sexualit

    n'intervient

    pap).

    En

    eft:

    rtuobscne

    ne

    commnce

    qu'avec

    le

    rapport

    sexuel,

    parce que

    l'instinct

    sexuel

    excite

    1es

    parties

    honteuses

    de

    l'homme

    et

    leur

    donne une

    forme

    laide

    qui,

    dans

    cet

    t.at,

    entre

    en

    dsaccord

    avec

    son

    apparence

    gnrale.l8

    Le

    philosophe

    idaliste

    se

    retrouve

    en

    communion

    avec

    le

    mpris

    grgorien

    de

    l

    chair

    et

    ce

    qu'il

    dit

    de

    l'instinct

    sexuel

    et

    de ses

    consquences

    esthtiques

    concide

    exactement

    avec la

    fomes

    et

    la

    foeditas

    hrdi

    ircs

    qu'on

    attribuait

    au

    pch

    originel.

    Mais

    il

    y

    a

    mieux:sa

    doctrigejustifie

    le

    genre

    d'obscnit

    du

    dcor

    roman

    dans la

    mesure

    o

    il

    relve

    du

    comique

    par la

    caricamre.

    Dans

    cette

    dimensiony

    le

    comique

    est

    en

    eget

    la

    dnonciation

    de

    la

    laideur, ou

    encore

    l'hommge

    que le

    Laid rend

    au

    Beau.

    Le

    Laid

    txnt la

    ngation

    dialectique

    du

    Beau, la

    caricature

    apparah

    comme

    la

    ngation

    de

    la

    ngation

    et

    rrablit

    ainsi le

    rgne

    du

    Beau.lg

    Le

    passage

    sur

    1es

    exemples

    de

    laideur

    nimale

    dveloppe

    une

    remarque

    plus

    prudente

    de

    Hegel

    qui

    ne

    parlait

    pas

    d'animaux

    objectivement

    laids,

    mais

    disait

    seulement

    que

    Anous

    ne

    'pouvons

    considrer

    comme

    beaux

    certains

    poissons,

    1es

    crocodiles,

    1es

    tortuesyainsi

    que

    beaucoup

    de

    varits

    d'insectesp.zg

    Comme

    l'indique

    le

    contexte, i l

    s'agit

    d'animaux

    qui

    nous

    dplaisent

    par

    leur

    inertie,

    l'activit

    et la

    mobilit

    t-tnt

    1es

    signes

    d'une

    idalit

    plus

    leve de

    la

    vie.

    Nous

    ne

    pouvons

    davantage

    trouver beaux

    1es

    hybrides,

    comme

    l'orni-

    thorynque,

    qui

    dfent

    notre

    pressenriment

    des

    lois

    de

    la

    namre.

    Rosenkrantz

    1f'

    Id. 6O.

    17

    u.

    15

    et

    26.

    18

    Id.

    235.

    19

    Id.

    67

    et

    ss,

    20

    G.'wE

    HEGEL,

    Estbtique,

    trad.

    S.lanklvitch,

    aris

    1979,

    vol. 1,

    182

    et

    5.

    adapte

    le

    texte

    de

    Hegel

    en

    supprimant

    d'une

    part

    1es

    allusions

    subjecvit

    du

    J'ugement,

    d'autre

    part

    l'ornithorynque

    que

    Cuer

    avait

    iini

    par

    faire

    admetee

    parmi

    les

    zzmmmigres.

    11

    est

    probable

    que

    les

    pzchydermes

    sgurent

    ici

    pour

    illustrer

    la

    lenteur

    motrice,

    peut-tre

    aussi

    1es larves,

    nuis ce

    n'est

    ceruinement

    pa5

    le

    cas

    des

    autres

    exemples.

    Le

    passage

    de

    l'hybride

    l'amphibie,

    tout

    en

    maintenant

    un

    tabou

    sur

    1es

    animaux

    cliciles

    cl%ser,

    remphce

    de5

    organismes

    dfectueux

    par

    des

    tres

    capables

    de

    se

    mouvoir

    facilement

    d'un

    lment

    lkutre.

    Dans

    l'ensemble,

    Rosenkrantz

    met

    en

    scne

    des

    animaux qui

    prsentent

    un

    danger

    symbolique

    pour

    l'intgrit

    du

    corps

    humain.

    Outre

    le

    singe,

    double

    velu

    et

    lubrique

    de

    l'hornme, il

    s'agit

    d'tres

    soit

    visqueux,

    comme 1es

    mduses

    et

    1es

    crapaucls,

    soit

    grouillants,

    comme

    1es

    araignes

    et

    1es

    racs,

    au

    point

    qu'il

    faut

    se

    demander

    si

    l'angoisse

    fce

    la

    sexualit

    ne

    dtermine

    pas

    leur

    choix.

    La

    laideur

    suppose

    de

    l'homme

    en

    rection,

    ne

    tmoigne-t-elle

    pas

    d'une

    cminte

    comparable

    de

    l'agression?

    S'il

    en

    est aasi.

    on

    retrouve

    implicitement

    chez

    Rosenkmntz

    l'associatn

    du

    Laid

    et du

    Mal,

    mais

    sous

    la

    forme

    particulire

    de

    la

    nvre.

    Et

    c'est

    sans

    doute

    l

    ce

    qui

    distingue

    le

    plus

    son

    attude

    esthtique

    de

    celle

    de

    la

    rforme

    grgorienne.

    Dans

    ce

    derer

    cas,

    il

    n'est

    pas

    vmiment

    possible

    de

    parler de

    nvrose.

    La

    rpulsion

    est

    produite

    par

    cela

    mme

    qui

    est

    jug

    mauvais,

    savoir

    la

    sexuat,

    et

    par

    ce

    qui

    la

    reprscnte

    dans

    un

    symbolisme

    conscient.

    11

    y

    a

    certes

    ambiwlence

    face

    la

    sduction

    du

    Ma1,

    mais

    cette

    ambivalence

    eSt

    son

    tour

    avoue:

    l'instinct

    sexuel

    est

    identis

    comme

    cause

    d'ot.s

    morbides,

    qualifs

    de

    tentations,

    et

    1es

    religietzx

    utilisent

    pour

    se

    calmer

    des

    remdes

    appropris,

    tels

    que

    la

    prire,

    le

    jene

    et

    l'auto-iagellation.

    Sous

    deux

    formes

    assez

    distinctes,

    l'art

    roman

    et

    l'esthtique

    de

    Rosenkrantz

    associent

    doncspun

    de

    manire

    directeyrautre

    malgr

    ses

    dngadomzle

    Laid

    et

    le

    Mal.

    On

    en

    vient

    se

    demander

    si

    la

    rencontre

    est

    signitkative,

    si

    une

    esthdque

    du

    Laid

    n'est

    pas

    toujours

    plus

    ou

    moins

    une

    esthtique du

    Mal.

    On

    peut

    esayer

    de

    rpondre en

    partant

    de

    deux

    principes

    qu'il

    semit

    long

    et

    (Iicile

    dejuser

    dans

    un

    bref

    essai.Le

    premier

    est

    de

    ne

    prsupposer

    aucune

    dfnition

    du

    Beau

    et

    du

    Laid,

    mais

    seulement le

    fait qu'

    existe,

    pour

    une

    conscience

    et

    dans

    un

    contexte

    dtermins,

    des

    objets

    beaux

    et

    laicls. Le

    second

    consiste

    distinguer

    le

    Beau

    artistique,

    d

    un

    artiste

    qui

    choisit

    des

    matriaux et

    1es

    met

    en oeuvre dans

    une composition

    ordonne,

    et le Beau

    naturel,

    inhrent

    aux

    choses

    qui,

    darls

    un

    art

    guratif,

    sont

    l'objet

    de

    la

    reprsentation.

    Qu'on

    la

    dfnisse

    comme on

    voudra,

    la

    hideur

    doit

    ncessairement

    se

    simer

    dans

    les

    choses

    extrieures

    l'art

    ou

    dans

    1es

    uvres

    d'art.

    S'il

    s'agit

    d'art

    guratif,

    elle

    se

    situe

    dans

    les

    choses

    reprsentes,

    relles

    ou

    izrmginaires,

    ou

    dans

    la

    manire

    de

    1es

    reprsenter.

    On

    peut

    admettre,

    lorsque

    l'uvre

    est

    de

    caractre

    fguratif,

    que

    le

    Beau

    et

    le

    Laid

    proprement

    rdstiques

    sont

    thoriquement

    distincts

    de la

    beaut

    ou

    de

    la

    laideur

    des

    objet.s

    reprsents.

    insisuntes

    la

    COMPARIAIISON

    2

    (1996)

    COMPARIAIISON

    2 (1

    996)

  • 7/26/2019 Wirth Feio Roma Beleza-Deformidade

    7/10

    Ds lors,

    le Laid artistique peut avoir

    trois

    causes.

    11 se peut

    que

    l'artiste

    choue simplement dans

    la

    qute du

    Beau. 11

    se

    peut aussi

    qu'il

    rige la

    laideur

    en

    norme esthtique ou,

    plus

    exactement,

    qu'il dplace

    la norme

    esthtique pour faire admettre

    comme

    belle une

    organisation

    de

    l'oeuvre

    qui

    contredit 1es jugemene

    en vigueur. Le

    pointillisme

    et

    le cubisme

    procdent

    certainement d'une telle volont

    de

    modifer

    le

    jugement

    esthtique.

    Mais il

    se

    peut

    encore que l'ardste refuse d'accepter

    ou d'tablir une norme du Beau,

    qu'il

    fasse du

    ralisme

    ou de

    l'expression, par

    exemple, le sens

    unique

    de

    son

    art,

    considrant

    l'une

    ou

    l'autre

    de ces

    fins

    comme exclusive

    de la

    recherche

    du Beau .

    Dans aucun

    de

    ces trois

    cas,

    il ne

    parat

    souhaitable

    de

    parler d'une

    esthtique

    du Laid.

    L'chec

    de la

    qute

    du Beau prsuppose le Beau

    comrne

    norme esthque.

    L'recon

    de

    la laideur en norme esthdque n'est qu'un

    dplacement conflictuel

    de

    la norme

    du Beau,

    l nns formant cet te norme s' il

    russit,

    consdtuant

    une

    esthtique

    laide plutt qu'une esthtique du Laid

    s'zl'

    choue. EnEn les

    conceptns

    de

    l'art

    qui

    relvent d'une

    autre

    norme

    que

    celle du Beau dEnissent

    l'art

    comme

    indpendant

    de

    l'esthtique. 11

    s'agit

    d'un phnomne

    trs

    rpandu depuis des dcenrlies, mais peu explicite. La

    rfxnce

    au

    Beau semble en eget

    tre

    devenue dsute

    et

    inconvenante dans

    la

    critique d'art. Ds lors, l'art auquel on

    f i- ai re ne

    relve

    plus

    de

    l'esthtique.

    Du point

    de

    vue du Beau artistique, il

    est

    finalement contradictoire de

    parler

    d'une esthtique

    du

    Laid

    et

    Outologique

    de

    parler

    d'esthtique

    du Beau.

    La question se

    complique pour la reprsentation du Laid

    naturel,

    inhrent

    aux objee. C

    omment

    les

    caractres esthtiques

    propres

    aux objets

    reprsents

    se

    sittzent-ilj par mpport ceux du systme

    de

    reprsenution? On admet en

    gnrl que

    la

    reprsentation d'un objet

    laid n'afcte

    pas

    la beaut de l'oeuvre

    d'art. C'est dj

    le

    cas

    de

    saint

    Bonavenmre

    qui

    prend

    en

    exemple la reprsenu't-

    tion du

    diab1e.21

    En fait, i l semble dmontmble qu'elle l'aFecte en proportion

    du

    caractre

    znimtque

    de la

    reprsentation

    et en

    proportion inverse de

    l'imporunce

    des

    ingrdients pon rnimtkues

    de

    l'oeuvre.

    Prenons en eFet 1es

    cas

    limites

    de la

    ressemblance

    maximale

    et

    nrlimale

    entre

    l'objet

    reprsent et l'uvre. La ressemblance

    maximale

    correspond

    l'identit

    des deux objets, un cas qui n'est pas exclure puisqu'il est

    frquent

    dans le

    pop'art

    et

    dans ses drivs.

    On

    peut

    trouver

    dans

    1es

    muses des

    reliefs

    de repas en

    dcomposition.

    Pour un specuteur qui considre comme laid

    ce

    type

    d 'obje t, on admet tra que le sentiment de la laideur 1ui est aisment

    communiqu par l'uvre. Inversement,

    dans le

    cas

    de la

    ressemblance mini-

    male,

    telle qu'elle

    a

    t pratique

    par

    Dacla,

    en metmnt des uvres sans

    caractre

    mimtique

    en relation avec des objets par le truchement du titre, il

    21

    SalxT

    BONAVENTURE,

    Cbplrllenfufre des xsenteuces,

    1.

    1,

    dis t: 31,

    2, a. 1, q.

    3 (d.

    dc

    Quaracchi,

    vol. 1, 544

    et s).

    va de

    5oi

    que

    l'oeuvre

    n'est

    pas

    aFecte

    par

    la

    laideur

    ventuelle

    de

    l'objet,

    sinon

    travers

    1es

    assoctions

    d'ides que le

    titre

    peut

    suggrer.

    Pour

    revenir

    l'exemple

    roman,

    1es

    monstres

    reprsents

    communiquent

    une

    certaine

    deformitas

    l'oeuvre,

    tand is que la

    composition

    artistique

    fait

    entrer ces

    monstres

    dans

    une

    gomeie

    lgante qui

    leur

    connmunique une

    formositas.

    L'immense

    majorit

    des

    'oeuvres d'art

    fguratives 5e

    situent

    de

    la

    mme

    manire quelque

    part

    entre

    1e5

    deux

    lintes.

    11

    est

    donc

    raisonnable de

    penser,

    contmirement

    ce

    qui

    est

    aujourd'hui

    une

    ide reue,

    que

    la

    beaut

    et

    la

    hideur

    des

    objets

    reprsents

    aFecteni

    celle

    de

    l'uvre

    d'art.

    Mieux

    encore,

    en

    proportion

    du

    caractre

    mimdque

    de

    l'uvre,

    l'organisation

    formelle

    de

    l'objet

    se

    confond avec

    la

    sienne. Si

    le

    Beau

    artistique

    est

    distinct

    de

    la

    beaut

    naturelle

    de

    l'objet

    reprsent,

    il

    n'en

    est donc pas

    indpendant. La

    beaut ou

    la

    laideur

    de

    l'objet

    d'art

    Egumtif

    relve

    simultanment

    des

    normes du

    Beau

    arstique et

    du

    Beau

    naturel.

    Cela

    dit,

    nous

    n'avons

    pas

    examin

    le cas o,

    loin

    d'attnuer

    la

    laideur

    par

    des

    moyens

    artistiques,

    l'artte

    utise

    ces

    moyens pour

    l'accentuer. 11

    s'agit

    de

    la

    caricature,

    chre

    Rosenkrantz.

    Comme

    il 1'a

    bien vu,

    ce

    genre

    n'oblit

    pas

    le

    Laid

    comme

    norme,

    mnis

    dnonce h

    laideur,

    en

    constituant la

    ngadon

    de la

    ngation

    du

    Beau.

    La

    caricature,

    en tant

    qu'elle

    est

    une

    caricature,

    n'est

    pas

    belle

    en

    elle-mme,

    mais fait

    obliquement

    rfrence

    au

    Beau. 11

    semble

    alors plus

    judicieux

    de

    parler

    d'un

    art

    du

    Laid que

    d'une

    esthque

    du

    Laid.

    Comme manifesuon

    du

    jugement

    esthtique,

    la

    caricamre vise

    eorimer la

    laideur

    du

    Laid

    et

    corrme

    ainsi

    la

    beaut

    du Beau.

    Sa

    russite

    ne

    provoque

    pas

    le

    sentiment

    de

    la

    beaut,

    mais

    le

    rire

    complice.

    Lorsque le

    spectateur

    n'admet

    pas

    le

    jugement

    esthdque

    implicite,

    par

    exemple

    dans

    le

    cms

    d'une

    caricamrejuge

    inconvenante,

    elle

    choue

    en

    provoquant, non

    pas

    le

    sendment

    du

    Iaaid,

    mais la

    colre

    dewnt

    le

    procd. La

    caricature

    est

    en

    dfinitive

    une

    conrmadon

    au

    second

    degr

    d'une

    esthtique

    du

    Beau.

    Le

    seul

    cas

    o

    il

    reste

    lgitime de

    parler

    d'une

    esthtique

    du

    Laid pour

    des

    uvres

    d'art

    concerne

    celles qui

    combinent le

    Beau

    artisque

    et

    le

    Laid

    namrel,

    et

    c'est

    certainement

    ce que

    fait saint

    Bernard en

    parlant

    defommsa

    deformtas.

    Mais

    ici

    encore,

    il

    faut

    prcisenLouqu'un

    peintre

    fait

    le

    portrait d'une

    personne

    laide

    et

    attnue

    1es

    traits

    disgracieux du

    visage pour

    la

    sattsfaire.

    il

    ne

    pmtique

    pas

    une

    esthtique

    du

    Laid.

    11

    faut

    pour

    cela que

    l 'ardste uttli '

    se

    intention-

    nellement

    des

    objets

    lais

    dans

    un

    but

    esthtique et

    pas

    n'importe

    lesqueb. En

    efl-et,

    si

    ces

    objel

    sont

    univoquement

    hicls,

    i.ls

    ne

    pourror comme on l'a

    lit,

    qu'importerde

    alaideurdansl'uvre

    enproporuon

    de son

    camctre

    nmdque.

    11

    semble

    donc

    que

    la

    queson de

    l'esthtique

    du

    I-aid renvoie

    ulmement

    une

    quivoque, ou

    rnieux

    une

    ambivalence,

    dans

    la

    dfnition

    du

    teaid

    nattzrel.

    Les

    imprcations

    de

    saint

    Bernard

    concernent le

    choix des

    objets

    reprsents, rels,

    comme

    1es

    singes

    qu'il

    n'aime pas

    p lus que

    Rosenkrantz.

    ou

    COMPARIAIISON

    2

    (1996)

    COMPARIAIISON

    2 (1996)

  • 7/26/2019 Wirth Feio Roma Beleza-Deformidade

    8/10

    imaginaires

    comme

    1es

    cenuures

    hybrides,

    ou

    1es

    sirnes hybrides

    et

    amphibies.

    Le

    jugement

    port

    sur

    leur reprsentation trahit un

    conit.

    Si ce

    conit tait

    interne

    l'esthtique,

    il

    prendrait

    cerminement

    une

    forme moins

    vive. On

    peut,

    par

    exemple,

    prfrer le

    Sublime l'Agrable

    ou l'inverse,

    sans pour

    auunt

    rejeter l'un ou

    l'autre

    dans

    le

    Laid.

    L'ambivalence de saint

    Bernard

    eaduit

    en

    fait

    la

    rpression

    d'un

    plaisir

    esthtique

    pour des

    z'aisons

    qu'il faut

    chercher dans

    l'ordre

    de la morale.

    On

    ne

    voit pas

    quelle

    autre

    instance

    condamnemit

    certaines

    reprsentations

    comme laides,

    alors mme

    qu'on leur

    reconnat une

    beaut,

    et ce

    sont

    bien

    les

    reprsentations tentatricej

    du Ma1

    qui

    sont

    ici

    dsignes

    comme

    belles et

    laides

    la fois.

    L'atitude de

    Rosenkrantz

    montre un

    parasitage

    compamble,

    mais

    nvroque,

    de

    l'esthtique

    par l

    momle.

    Compte

    tenu

    de

    son

    puritanisme,

    il

    est tmnge

    de le

    voir manifester

    la plus grande

    tolrance dans

    la sphre du

    comique

    caricamral. Comment

    peut-on

    en

    eget

    rejeter

    ce

    point la sexualit

    et ce qui

    l'voque,

    la

    frivolit

    de

    la

    Pucelle

    d'Orlans ou

    de la

    posie

    de Parny,

    tout en

    aclmmnt

    sans

    rsezve

    le

    thtre

    d'Aristophane? C'est

    clairement

    l'association

    du

    ricule et

    de

    l'obscne qui

    fait

    pour

    Rosenkrantz

    la

    diflrence.

    Ds lors

    qu'il

    croit

    percevoir une

    prsentation

    rprobatrice

    de

    l'obscne

    chez le

    comique

    grec, il

    peut

    en

    jouir sans

    scnzpules. S'il

    dnonce

    le rire

    frivole, i l

    S'accommode

    du

    rire

    grivois.

    En

    toute rigueur

    logique.

    il

    est

    contmdictoire

    de

    parler

    d'esthtique

    du

    Tmld.

    Cette expression

    n'est

    lgitime

    que

    sous

    la

    forme

    rhtorique

    de

    l'oxymore,

    tout comme.

    jmosa

    deformitas,

    car on

    ne

    voit

    pas ce

    qu'elle pourmit

    dsigner

    d'auee

    qu'une

    esthque du Mal. Le

    glissement

    s'opre

    par l'amalgame entre

    le MaI

    et le

    Laid,

    te1

    qu'on

    le

    pmdque dans

    l'ducaon

    des

    enfant.

    Les

    parents

    et

    les

    pdagogues

    s'applkuent

    par

    un

    te1

    procd

    leur faire

    prouver

    de la

    rpulsion

    pour

    1es

    actes

    qu'ils condamnent,

    mais qui

    pourraient leur

    donner

    sans cela un

    plaisir dpourvu

    de

    gne.

    Comme

    cette

    gne

    n'exclut

    pas

    la

    persistance du plaisir,

    la

    reprsenotion ngative

    de

    l'objet

    du

    dsir

    devient

    sduisante,

    tandis

    que

    sa

    reprsentation

    positive

    qui

    contredit

    l'amalgame

    est

    rejete

    comme

    choquante. Les

    contlitions

    sont

    alors

    runies

    pour que

    la

    simple

    volont

    de

    plaire

    conduise

    l'mbivzence

    esthtique.

    Le

    dcor

    fantas-

    que

    des

    glises romanes illustre

    remarquablement

    ce fait gnral. 11 serait

    dicile

    juster

    pour

    sa

    valeur didactique

    de

    sorte que saint

    Bernard l'oppose

    au livre

    au

    lieu

    d'y

    voi r une

    fbible

    des

    illettrsv.

    En revanche,

    il

    reconnat sa

    sduction et en

    tmite

    dans le contexte

    plus gnral

    des

    moyens

    arttiques

    par

    lesquels

    1es

    glises

    riches

    s'enrichissent encore

    plus. On

    peu t donc

    lgitimement

    supposer que la

    rforme

    grgorienne

    tir e un prot

    matriel

    du

    clivage moral

    et

    esthdque qu'elle

    produit eze-mme l'aide

    de

    telles images.

    Univenit de

    Gerl'e

    Jiirgen

    Nieraad

    Apotheosen

    des

    Untergangs..

    das

    Erhabene

    o.

    Das

    Erhabene

    hat

    Konjunkmnl

    Im

    antiken

    Verstndnis

    eine

    rhetorische

    Technik

    zur

    Erhhung

    der

    Schnheita

    steigt

    es

    im

    18. Jahrhundert

    zum

    Medium

    der

    Bewsltigung

    iiberwltigender

    Erfahrungen

    auf. In

    der

    sthetik

    der

    Moderne

    wird

    es

    zum

    Statthalter

    einer

    anders

    nicht

    mehr

    kommunizier-

    baren

    Wahrheit,

    um

    schlielkich

    in

    der

    Postmoderne

    ein

    Geschehen

    der

    reinen

    Pr:senz zu

    indizieren. In

    all

    diesen

    Figuren

    hat das

    Erhabene

    den

    Chamkter

    eines

    Ereignisses,

    das

    den

    gesicherten

    Ezhnmgszusammenhang

    unterbricht.

    eines

    Ausnahmezustandes, der den

    Bestand

    des

    Subjekts

    gefhrdet,

    dabei

    Lust

    und

    Anpt

    provozierend

    und

    zuletzt

    Glck

    erzeugend.

    Solches

    Gliick

    entsteht

    flir

    das 18.

    Jahrhundert

    aus

    der

    Selbstarnution

    des

    Vernunftsubjeke

    im

    Untergang des

    :sthetischen

    Subjekts,

    fr clie

    Moderne

    in

    dessen

    Standhalten

    gegeniiber

    der

    unveegbaren

    Wahrheit

    des

    Kunstwerb.

    fr

    die

    Postmoderne

    im

    Untergang

    des

    Erkenntnissubjekts

    in

    der

    sthetischen

    Pisenz.

    Das

    Erhabe-

    ne bietet

    also

    die

    Arenz, in der

    Cogito-subjekt

    und

    ssthetisches

    Subjekt

    zum

    lampf auf

    Leben

    und Tod

    antreten

    -

    ein

    lampf

    mit

    wechselnden

    Fronten

    und

    Ergebnissen,

    denen dieser

    Aufsatz,

    im

    AnscluB

    an

    das

    dazu

    bereie

    mo-

    nographisch

    AusgeRhrtez,

    nachgehen

    will.

    1.

    Kunst

    und

    Litcmtur

    sind

    seit dem

    neuzeidichen

    Einsatz des

    theoriege-

    leiteten

    Diskurses

    ber

    sie

    subsunriell

    nt

    der

    Vorstellung

    des

    Schnen ver-

    kniipft

    -

    und

    zwar

    im

    Horizont

    iner Philosophie

    des

    Guten, Wahren und

    Schnen, die

    erstmals

    mit

    lang

    anhaltender

    Autorit;t

    Platon

    instnzmentiert

    1

    Vgl.

    J.-L.

    NANCY

    (Hg.),

    D/

    sublitt6e. Paris

    1988)

    Ch.

    PRIES

    (Hg.).

    Das

    Er/luetle.

    Zwcen

    Gre/zel/infr

    und

    Gr4enwan,

    Weinheim

    1989,-

    M.I.I

    AGUADO,

    Xsthetik

    des

    Erbabenen.

    Burke,

    Kant,

    Adorno,

    Lyotard,

    Wien

    1994.

    ZJ..

    NIERAAD,

    Dfe

    Spur

    &r

    Gewalt. Zur

    Gescbicbte keJ

    Scbreckltett

    in

    der

    Hteratur

    und

    i'rcr

    l-beortk,

    Liineburg

    1994.

    COMPARIAIISON

    2

    (1996)

    OMPARIAIISON 2

    (1996)

    19

  • 7/26/2019 Wirth Feio Roma Beleza-Deformidade

    9/10

    Trable

    des

    rnatires

    Advisory

    board

    Gabriele

    Aldo Bertozzi

    (Pescara), Yves

    Chevrel

    (Paris),

    Hans-lost

    Frey

    (Ziirich),

    Armando Gnisci gkoma),

    Gerhart von

    Graevenitz

    (Konstanz), Werner Hamacher

    (Baltimore), Ernest

    Hess-Liittich (Bern),

    Ferdinand van Ingen (Amsterdam),

    Wolfgang Iser

    (Konstanz), Renate Lachmann

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    Claudio Magris

    (Trieste),

    Maria

    Moog-Grinewald

    (Tbingen),

    Wainer

    Ngele

    (Baltimorel,virgilNemoianu

    (Washington), George

    Steiner (Genve),

    Karlheinz Stierle (Konstanz), George Hugo

    Tucker (lkeading),

    Mario J.valds (Toronto),

    Giannivattimo (Torino).

    Editor:

    Michaellakob, Institut

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    Germanistik

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    deruniversitt Bern,

    Unitobler, Linggass-

    Stasse 49, CH-3000

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    Berne 1997

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